La fuite en avant

L'histoire d'une double enquête policière, des 2 côtés de l'Atlantique : aux États-Unis et en France.

À New York, l'inspecteur Jack Dilger, 33 ans, du 19e commissariat, qui s'est marié avec la beauté taciturne, Flora Simpson, même âge et originaire de Kansas City, fait la connaissance d'un commerçant qui tient boutique de tableaux dans la très chique Madison Avenue, près de Central Park, non loin de la boutique de Flora. Jack soupçonne ce Herbert Bulfinch, "aux vagues allures d'escroc" de négoce illégal, à savoir la vente de tableaux de maître, certains d'ailleurs "dérobés", à des narcotrafiquants colombiens.

Pendant ce temps, de l'autre côté de l'océan, pour être plus précis, à Nice, l'inspectrice de la Police Judiciaire (PJ), Madeleine Leclerq, affectée à la Brigade financière après avoir réussi un DES d'économie, soupçonne une grosse boîte d'immobilier et de construction de différentes magouilles. Elle est sûre que les propriétaires, les frères Jean-Pierre et Bruno Sestri, se rendent coupables de pots-de-vin, de corruption et de toutes sortes de transactions financières illicites. Madeleine est une femme élégante, ambitieuse et consciencieuse, qui veut s'attaquer aux hommes instruits qui "agissent par cupidité". En d'autres mots, les criminels en col blanc.

Le problème majeur qui se pose aux 2 représentants de l'ordre est d'obtenir l'autorisation nécessaire pour entamer une enquête. Bulfinch a pignon sur rue comme le meilleur expert new-yorkais de tableaux anciens et le chef de Jack se montre très réticent.
À Nice, c'est même pire, car les frères Sestri ont coutume d'arroser royalement députés, politiciens et partis politiques, et tutoient par exemple maire et ministre de la justice. Madeleine profite de l'absence du procureur pour obtenir l'autorisation d'un jeune substitut, originaire de Lyon et qui ne connaissait pas les Sestri, pour effectuer une perquisition.

Que les enquêtes démarrent plutôt mal est un bel euphémisme.

À part la jeune réceptionniste à l'entrée du Palace Sestri, personne ne semble surpris par cette descente de la police. Il est clair pour Madeleine que quelqu'un a vendu la mèche. le PDG de l'auguste compagnie, Jean-Pierre, vient de partir avec sa douce moitié gentiment à Courchevel faire du ski, son frère Bruno visiblement les a attendu. Pleins de documents ont disparu ou ont été brûlés. La brigade financière découvre cependant assez de papiers compromettants pour embarquer tout ce beau monde.

À New York c'est carrément la catastrophe. Par une indiscrétion, notre Jack a appris que Bulfinch garde chez lui un tableau de l'artiste peintre lorrain Georges de la Tour (1593-1652), célèbre entre autres pour son superbe tableau de 1635 "Le tricheur à l'as de carreau". Il s'agit de "La porteuse de chandelle" qui ressemble à son fameux "La leçon de nuit" et est assuré pour 5 millions de dollars. Au moment où Jack se présente chez Bulfinch, la fine équipe des narcotrafiquants colombiens arrivent et la confrontation se termine en tuerie : l'expert artistique, les inspecteurs O'Malley et Brock, le trafiquant Jorge Zaragon, son garde de corps Vargas. le jeune Victoriano Zaragon avant de s'échapper a tiré sur Jack et une balle lui a traversé le côlon, une autre lui a brisé la hanche et une 3e lui a arraché à demi une oreille. le toile de la Tour, vieux de 3 siècles et demi, a été lacéré sans merci.

Je ne vais pas résumer davantage, autrement les nombreuses surprises que l'auteur nous a réservées ne le seront plus et ce serait évidemment dommage. Sachez cependant que Jack et Madeleine vont se rencontrer et joindre leurs efforts et devront vaincre toute une série d'aventures extrêmement périlleuses.

Robert Daley, qui est né en 1930, connaît les endroits où "La fuite en avant" est située : Nice, où il a vécu de 1959 à 1964 comme correspondant du "New York Times" et, bien sûr, New York où il est né et a été, en 1971, nommé le numéro 2 de la NYPD (New York Police Department). Nice, il doit bien aimer puisqu'il s'y est installé et y vit actuellement avec son épouse française.

Robert Daley a écrit 31 livres, traduits dans 14 langues, dont 6 ont été porté à l'écran. Deux d'ailleurs par le grand réalisateur américain Sidney Lumet (1924-2011) : "Le prince de New York" en 1981 et "Dans l'ombre de Manhattan" de 1996 avec un très convaincant Andy García dans le rôle principal.

Moi, qui ai parfois tendance à me plaindre des éditeurs français pour manque de traduction d'oeuvres qui en valent la peine, je dois féliciter les responsables de la collection du "Livre de poche", qui ont assuré la publication de la plupart des policiers de Robert Daley et que j'ai fièrement dans ma bibliothèque. Bien que le thriller que je viens de commenter soit une édition grand format de Belfond. Apparemment je n'ai pas voulu ou pas pu attendre la version poche et je ne le regrette pas.