Ecrit en 1984, "
La queue du scorpion" est l'un des premiers romans policiers français menés à l'américaine. Des chapîtres courts qui donnent un rythme soutenu et qui alternent les lieux et les personnages, donnant ainsi l'impression que l'action a lieu sur tous les fronts à la fois. Cette alternance renforce le suspense.
La totalité de l'action se passe sur cinq jours. le lecteur est vite happé par ce rythme effréné et il est difficile de poser le livre. C'est ce que les Anglo-Saxons appellent un "page turner": on a envie de connaître la suite et de savoir qui la roulette russe va toucher. Parmi les personnages secondaires, un bébé sur qui plane la menace: on voudrait sauter des chapîtres pour savoir s'il va s'en tirer ou pas.
Ce polar français dont l'action se situe à New York (rappelons que l'auteur a été professeur d'anglais, ça laisse des traces!) est bien mené, bien écrit, quasiment sans argot ni vulgarité, et montre une palette de personnages assez différents.
L'industrie pharmaceutique, le monde de la télévision, la sphère politique, bref tous les puissants de la société américaine, sont égratignés au passage. Alex Curden mène l'enquête sans faire de concessions, quitte à passer outre le refus que lui oppose sa hiérarchie. Il alterne tension et humour pour rendre le suspense supportable.
Seul bémol: le dernier chapître sous forme de parabole qui n'était peut-être pas nécessaire.
Lorsque j'ai lu ce livre pour la première fois, il venait de se voir attribuer le Grand Prix de Littérature Policière (1985), je l'avais apprécié, il y a donc près de trente ans. A mon avis, il marquait le début d'une ère nouvelle du polar.Je me demandais récemment si je serais déçue en le relisant aujourd'hui, au vu de l'évolution qu'a connue le roman policier. Et j'en ai lu un certain nombre. Eh bien, il n'a pas pris une ride!