AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,26

sur 66 notes
5
0 avis
4
3 avis
3
4 avis
2
4 avis
1
1 avis
Thème du mois de janvier 2022 de notre club de lecture : "un livre avec un prénom ou un nom dans le titre". Anniversaire oblige, j'avais Molière en tête (Don Juan !) et puis en me baladant dans la rubrique théâtre, j'ai découvert que Racine avait écrit une tragédie ayant pour sujet et titre Alexandre le Grand, l'un de mes personnages historiques préférés. Bingo !
J'ai déjà "fait connaissance" avec Racine avec l'étude de deux de ses oeuvres : @Phèdre et @Britannicus dont la puissance de la tragédie, l'expressivité de sentiments et le déchirement de dilemmes moraux, servis par une maîtrise de la langue française quasi divine, m'avaient profondément marquée et impressionnée.
Du coup, j'ai trouvé Alexandre le Grand un peu "fade". Il y a bien un dilemme pour l'héroïne, partagée entre sa fidélité fraternelle et son amour pour l'ennemi de sa famille; un dilemme pour Taxile partagé entre sauver son royaume tout en acceptant l'ennemi amant de sa soeur ou risquer de tout perdre et se révolter pour gagner le coeur de la reine qu'il aime. Mais je dirais que ces dilemmes sont bien vite tranchés avant de s'être pleinement "développés" et ça tombe un peu "à plat". Seul le personnage d'Axiane reine manipulatrice donne un peu d'ampleur à la tragédie. Porus incarne force, fidélité et constance, s'est rebellé et en est finalement récompensé en gardant son trône et en gagnant la reine qu'il convoitait. Quant à Alexandre ? Non seulement il tarde à entrer en scène, même s'il est le "noeud" du problème, mais en plus il ne fait pas grand'chose à part vaincre et dragouiller Cléofile ... Pardon Racine, mais n'aurait-il pas mieux fallu comparer Louis XIV à Porus ?
Côté écriture, les alexandrins sont magnifiques, mais parfois trouver la rime semble avoir primé sur la compréhension immédiate du message, avec toues ces inversions compléments-verbes-sujets ...
j'ai tenté l'exercice de la lecture à haute voix : au bout de 10 vers on perd son souffle mais aussi un peu la conscience de ce qu'on raconte, pour se concentrer sur la forme : heureusement que je ne jouais pas pour l'auteur au XVII°s. Reste que la langue est très riche, avec un vocabulaire parfaitement choisi : plaisir !
Je suis quand même allée rafraîchir mes connaissances sur l'épisode de l'Hydaspe et de la guerre contre Porus.
Bref : un bilan en mi-teinte, sans regret de l'avoir lu (pas perdu mon temps) mais pas une révélation non plus.
Commenter  J’apprécie          20
Après la trilogie Alexandre de Valerio Manfredi, quoi de plus naturel que d'enchaîner avec la pièce de Racine ?

Évidemment, avec les conditions de temps et de lieu imposées au théâtre classique, impossible pour Jean Racine de passer en revue l'ensemble de la carrière du conquérant. L'auteur se concentre sur l'affrontement d'Alexandre et des princes Indiens au bord du fleuve Hydaspe. Il s'inspire des antiques, surtout Quinte-Curce, mais ne suit pas leur Histoire à la lettre et se permet quelques inventions afin de renforcer la romance.
Alexandre débarque donc au bord de l'Hydaspe et, comme d'habitude, veut imposer sa domination. le raja Taxile est hésitant. Il est prêt à accepter la suprématie d'Alexandre pour préserver la paix. le raja Porus ne fait aucune concession ; c'est son honneur et sa gloire de s'opposer au Macédonien, de vaincre ou de mourir, peu importe à la limite.

C'est là que la romance s'impose. Axiane – personnage inventé – est la reine d'un autre royaume d'Inde que les deux rajas convoitent. Et il est clair que la belle tend plus du côté de Porus d'un point de vue politique (et amoureux, mais chut). Elle cherche à faire basculer Taxile dans son camp. Cependant elle ne l'admire pas ; porter la guerre impressionne plus que rechercher la paix dans le coeur de cette femme.
Là où ça se complique, c'est que Taxile est lui-même déchiré entre Axiane qu'il adore et sa propre soeur Cléofile qui ressent une attirance partagée pour Alexandre (elle aurait effectivement été sa maitresse) et cherche à le faire basculer dans l'autre camp.

Bref, amour et politique sont profondément intriqués. La pièce donne la part la plus importante à Porus, au point que l'on pourrait se demander pourquoi Racine l'a appelée Alexandre le Grand. Deux raisons possibles à cela : les conflits entre troupes de théâtre parisiennes – les « autres » opposant un Porus à cet Alexandre – et le fait qu'il s'agit avant tout d'amadouer Louis XIV qui se reconnaîtra plus dans le conquérant que dans le vaincu.

Porus m'a fait penser au Cinna de Corneille. La même opposition au tyran, et la même clémence dudit tyran envers un adversaire valeureux. Mais les amours dominent et guident la politique chez Racine. Un peu trop à mon goût – je suis plus Cornélien. La biographie d'Alexandre fourmille de situations qui auraient pu faire de grandes tragédies. Si l'on reste au bord de l'Hysdaspe, imaginer un Taxile qui aurait pris les armes contre Alexandre, déchirant ainsi Cléofile entre son amour et son frère, aurait pu tailler des croupières à Horace de Corneille. Développer l'opposition entre Alexandre et les Macédoniens fatigués refusant de le suivre plus avant avait aussi un énorme potentiel tragique.
Ce n'est pas cela qu'on lit. C'est bien fait ceci dit. Racine est très fort dans son genre de prédilection. Mais je n'ai été que moyennement satisfait.

Jugement très subjectif, j'en conviens.
Commenter  J’apprécie          383
Alexandre le Grand, tragédie en cinq actes, fut représentée à Paris à partir du 4 décembre 1665 par la troupe de Molière au Palais-Royal, puis concurremment au bout de deux semaines par le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, plus réputé pour le tragique (trahison que Molière ne pardonna jamais à Racine). Après le demi-échec de la Thébaïde, tragédie de la fatalité, Racine s'est tourné vers le genre de la tragédie romanesque et galante qui triomphait alors : monde sans épaisseur, caractères sans profondeur, avec un Alexandre parfait amant, un Porus à la fois amoureux et héros au langage fleuri de préciosité. La tragédie plut : l'amour y était traité avec grâce ; et Racine était lancé.



Commenter  J’apprécie          110
Alex, ou la Diva.
3 Actes et demi.
Il faut 3 Actes et demi avant qu'Alex daigne monter sur scène. Alors oui, c'est un effet théâtral que de construire un personnage par rapport à ce qu'en disent les autres mais un peu de mesure tout de même !
A part ça, Axiane est le personnage le plus à baffer. Elle navigue entre deux hommes et les fait courir bien comme il faut. Ces deux rois ont naturellement des caractères biens différents: Taxile, celui qui ne voit pas trop de problème de se soumettre à Alex D autant plus que sa soeur et Alex se trouvent à leur goût et Porus, le roi qui ne veut pas comprendre qu'il se fera éclater par Alex surtout lorsque Axiane lui fait les yeux doux.
Vers favoris:
"Voulez-vous pour témoins de vos faits éclatants
Des pays inconnus même à leurs habitants ?"
Oui, j'aime la demi-mesure.
Commenter  J’apprécie          00
L'amour promis par Axiane a quelque chose d'un marché perdu d'avance. Si les rois se battent, ils vont à une mort certaine. Ils pourront obtenir l'amour d'Axiane mais seulement dans la mort. S'ils refusent de combattre, ils vivent mais perdent toute chance avec elle. Néanmoins, Porus peut gagner l'honneur et l'amour dans la mort tandis que Taxile peut gagner la vie de ses hommes et l'intégrité de son royaume. Racine favorise cependant celui qui choisit l'honneur et l'amour et par un retournement de situation, sauve celui qui était perdu et condamne celui qui s'est montré lâche. C'est l'amour qui est le plus méritant. On est loin d'une certaine intelligence politique ou raison d'État qui aurait pu l'emporter sur le reste, peut-être comme aurait pu le faire Corneille. Mais ce renversement pose problème car Taxile n'est pas un personnage qui suscite l'empathie. On aurait pu le rendre plus riche en développant les raisons de son choix (son amour pour son peuple…).
D'autre part, les personnages ne cessent de reprocher à Alexandre ses ambitions démesurées et sa soif de conquête et de gloire. Même si l'on est plus fort, quel besoin y a-t-il de conquérir les pays voisins ? Ce reproche pourrait s'adresser à la politique conquérante d'un pays comme la France. Sa soif de conquête, de gloire, de destruction, est freinée par la belle résistance de Poros et Axiane.
Il y a quelque chose d'assez naïf que ce soit dans l'amour qui guide ces personnages – aussi fou soit-il – ainsi que dans l'esprit politique de ces rois qui ne sont en fait que des adolescents animés uniquement d'amour, d'envie de gloire et de peur. Les dialogues amoureux de Cléofile et Alexandre sont d'ailleurs sans intérêt alors qu'on aurait pu également rehausser l'intérêt du personnage de Cléofile.
En revanche, les descriptions de combat racontées, les bravades de Axiane et Porus, la magnanimité d'Alexandre qui d'une décision transforme deux ennemis acharnés en amis, a quelque chose de celle du Cinna cornélien. Mais cela colle mal au personnage d'Alexandre, mal défini, incohérent, décrit comme orgueilleux, capable autant d'être touché de la détresse d'Axiane que de lui proposer des marchés horribles à Axiane (sauver Porus en acceptant de se marier avec Taxile). Selon la logique, il devrait perdre l'amour de Cléofile pour avoir laisser mourir son frère mais il ne semble même pas en être question.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
Commenter  J’apprécie          00
Alexandre le Grand n'est pas vraiment la plus grande pièce de Racine. Loin des grandes tragédies ambitieuses, cette pièce est en effet une "tragédie galante", autrement dit une pièce mettant en scène de tendres amants dévoués à leurs maîtresses. Voilà un sujet qui n'est pas bien tragique. Et pourtant... Et pourtant... Là, l'histoire est d'un grand potentiel tragique : une guerre, deux partis pris différents, de l'héroïsme, des déchirements... Mais tout cela est annihilé. Les personnages pourraient pourtant être intéressants. Porus pourrait être un Mithridate. Alexandre pourrait être plus terrible... Mais non, mais non, il n'en est rien. Il y a bien quelques passages intéressants, et les vers, s'ils n'ont pas la puissance d'émotion qu'ils auront plus tard, ont cependant un quelque chose, un je ne sais quoi, qui n'est pas déplaisant.
Commenter  J’apprécie          130
Dans sa deuxième pièce, Racine n'est pas encore parvenu au sommet de son talent. La construction est bancale, certains personnages sont peu approfondis - Taxile est un lâche prêt à toutes les humiliations. Et surtout, c'est une pièce dédiée au Roi, jouant sur le parallèle louangeur Alexandre/Louis XIV, ce qui donne lieu à des tirades de vers louangeurs et hyperboliques assez lourds pour un lecteur d'aujourd'hui. Dans la préface, Racine tente de se justifier face aux critiques. Mais il ne répond pas vraiment à un des principaux reproches : Porus est bien plus intéressant qu'Alexandre, qui n'est là que pour plaire à sa maîtresse et geindre auprès d'elle. Au contraire, Porus est noble, honorable et courageux. Auxiane est un grand rôle, tenant tête à Alexandre, une reine qui est une femme qui garde ses serments.
Commenter  J’apprécie          30
Malgré le manque de succès de sa première pièce, La Thébaïde, Racine va persister à écrire pour le théâtre. Pendant quelques années ce sera même presque la seule activité d'écriture à laquelle il va se consacrer.

Pour La Thébaïde, Racine avait choisi un sujet noble et tragique à souhait, dans la veine des sujets de Corneille. Sans doute, il a dû se rendre compte que ce n'était pas ce qui lui convenait le mieux. Par ailleurs, même si Corneille est toujours considéré comme le plus grand auteur de tragédies, le goût du moment entraîne plutôt le public vers ce qu'on a appelé la tragédie romanesque et galante, un peu héritière de la tragi-comédie, invraisemblable et peu fondée historiquement, et surtout qui accorde la première place à l'amour, qui en est quasiment le seul enjeu. La mode en avait été lancée par Thomas Corneille, le jeune frère de Pierre Corneille, avec Timocrate, un immense succès, peut-être le plus grand du siècle. D'autres ont suivi, en particulier Philippe Quinault, dont l'Astrate triomphe au moment où Racine écrit sa deuxième pièce. Il va donc aller dans le sens des attentes du public.

Par ailleurs, Racine, inscrit sur la liste des pensions royales, se doit de glorifier Louis XIV. Il va donc choisir un sujet qui lui permettra de faire coup double : essayer de séduire le public des théâtres, et remplir ses obligations, voire se faire remarquer par le souverain. D'où le choix d'Alexandre le Grand comme personnage titre de sa pièce. En effet, à cette époque, le roi de France était surnommé « le nouvel Alexandre », sa mythification passait par l'assimilation au souverain le plus prestigieux de l'antiquité. Alexandre est à la mode, puisque le célébrer revient à célébrer Louis XIV. Par exemple le peintre le Brun se lance dans une série de plusieurs tableaux, représentant les épisodes les plus fameux de la vie du roi de Macédoine. Il faut avoir présent à l'esprit cet élément en lisant la pièce : cela permet de comprendre tous les compliments et tirades outrées à la gloire d'Alexandre, qui s'adressent en réalité à Louis XIV. Aujourd'hui cela semble presque ridicule dans l'exagération, et alourdit la pièce, qui en devient par moment indigeste, mais à l'époque, cela semblait tout à fait naturel, et était très applaudi.

Même si Racine va suivre la mode de la tragédie romanesque et galante pour assurer le succès de sa pièce, il sait que s'il se contente de cela, il n'accédera pas au statut de grand auteur, auquel il semble aspirer depuis le début. Quinault, malgré ses succès, était jugé avec condescendance par les spécialistes. Et la postérité leur a donné raison : si on s'en souvient aujourd'hui, et s'il est encore joué, c'est comme librettiste de Lully. Ses pièces sans musique, sont bien oubliées. Racine va donc s'appliquer à partir d'une base historique avérée : l'historien Quinte-Curce, qui évoque les combats d'Alexandre contre Porus, un roi indien, qui aurait été son adversaire le plus redoutable. Il y trouve même la mention d'une reine avec qui Alexandre aurait eu une histoire d'amour. Et le pardon qu'Alexandre aurait accordé à son adversaire malheureux, le remet dans les pas du Cinna (ou La clémence d'Auguste) de Corneille, pièce emblématique de par son succès publique et critique. La clémence étant considérée à l'époque comme la plus grande vertus chez les rois, cela lui permet une glorification sans mélange d'Alexandre et de Louis XIV. Racine se propose en quelque sorte de cocher toutes les cases permettant d'assurer le succès à la pièce.

Au premier acte, la situation est exposée. Alexandre s'approche menaçant les rois indiens. Cléofile, la soeur de l'un d'entre eux, Taxile, a éveillé l'amour d'Alexandre, et il vient en grande partie pour la retrouver. Cléofile, qui partage les sentiments du roi grec, tente donc de convaincre son frère de ne pas le combattre. Mais Taxile est amoureux de d'Axiane, qui pour sa part pousse au combat, et il a un rival, Porus, qui ne demande qu'à se battre. Cléofile, pour détourner son frère des batailles, instille le doute dans son esprit : Axiane lui préfère Porus, et se battre contre Alexandre revient à donner Axiane à Porus. Dans le deuxième acte, Ephestion, envoyé d'Alexandre, parle à Cléofile d'amour de la part de son maître, puis s'entretient avec les rois. Porus rejette toute conciliation, Taxile quad à lui ne souhaite pas s'engager dans le combat. Compte tenu de son attitude, Axiane en vient presque à avouer son amour à Porus, qu'elle encourage à aller jusqu'au bout. Dans le troisième acte, Taxile retient Axiane prisonnière. Malgré cela, et la mort annoncée de Porus dans la bataille, elle le rejette. Cléofile quand à elle, est trop heureuse de recevoir l'amour d'Alexandre, mais elle le presse de défendre les intérêts de son frère. Au quatrième acte, l'intersession d'Alexandre n'y change rien, Axiane ne veut toujours pas de Taxile qui se désespère. Mais, coup de théâtre, Porus n'est pas mort. Taxile se précipite au combat pour l'achever. Au cinquième acte, Alexandre qui a fait capturer Porus veut bien le laisser vivre si Axiane consent à épouser Taxile. Mais nouveau coup de théâtre, Porus a tué Taxile dans un dernier sursaut. Malgré tout, Alexandre lui pardonne, lui rend son royaume et Axiane. Cléofile se résigne, puisqu'elle a l'amour d'Alexandre…

La pièce est créée le 4 décembre 1665 par la troupe de Molière. Dès le début, c'est un immense succès. Elle est jouée devant le roi le 14 décembre. Mais par une autre troupe, la plus prestigieuse d'entre toutes, celle de l'Hôtel de Bourgogne. Qui va la reprendre dans la foulée dans sa salle. Ce qui à l'époque était inconcevable : la troupe qui a créée une pièce, en avait l'exclusivité, tout au moins jusqu'à la publication. Cela va provoquer une brouille définitive entre Racine et Molière, qui est placé dans une situation matérielle difficile, le public délaissant son théâtre. Cet épisode illustre (sans rentrer dans trop de détails) le débat qu'il y avait à l'époque sur la déclamation, la façon de jouer les tragédies. Les « stars » de l'hôtel de Bourgogne pratiquaient une déclamation très ostentatoire, véhémente, qui à la limite faisait fi du sens du texte, pour se concentrer sur la forme, la plus spectaculaire possible. Molière (et pas que lui) a tenté de promouvoir une déclamation « plus naturelle » et accordant plus d'importance au sens du texte. Il a d'ailleurs raillé la déclamation des acteurs de l'hôtel de Bourgogne dans L'impromptu de Versailles. Mais le public préfère ces derniers, ils sont jugés supérieurs dans la tragédie.

En tous les cas, Alexandre le Grand sera un immense succès, et sera régulièrement reprise. Ce sera une des pièces les plus fameuses de Racine pendant le XVIIe siècle. Même si un certain nombre de spécialistes lui trouvent beaucoup de défauts. Mais Racine se défendra (ce qui n'était pas d'usage à l'époque) avec brio, agressivité (voire méchanceté) et une certaine mauvaise foi. Son argument le plus fort, celui auquel ses adversaires ne peuvent répliquer étant le fait que Louis XIV apprécie la pièce. La meilleure preuve en est que Racine a été autorisé à la lui dédier, ce qui est une grande marque de faveur.

Mais ses détracteurs avaient incontestablement raison, et la pièce est tombée maintenant dans l'oubli. Et cela même si Racine trouve incontestablement dans les vers amoureux une source d'inspiration qui lui permet de réussir de beaux passages. Mais la construction de la pièce est vraiment trop bancale. Il a voulu rassembler des éléments trop disparates, sans réelle cohérence. Alexandre ne fait rien d'autre que de tenir des propos galants à sa belle, ce qui pour le plus grand conquérant de l'histoire est un peu court. On a reproché d'ailleurs à Racine d'avoir fait Porus plus grand qu'Alexandre dans sa pièce. Il n'y a aucun élément de suspens dans la bataille, Alexandre ne semble même pas y participer, les seuls récits qui en parviennent concernent le grand courage et la résistance héroïque de Porus. La clémence d'Alexandre à la fin de la pièce arrive sans avoir été préparée, sans aucune justification, de façon automatique. Il n'y a aucun suspens dans l'amour d'Alexandre et Cléofile, aucun enjeu. L'intrigue amoureuse Axiane/ Porus / Taxile s'insère très mal dans l'ensemble. Sans oublier les passages nombreux et pas très subtiles de glorification d'Alexandre / Louis XIV qui semblent bien longs au lecteur d'aujourd'hui.

Mais la pièce a permis à Racine d'être reconnu, attendu. La prochaine étape sera Andromaque, qui lui permettra de trouver sa propre voie dans la tragédie, d'associer la passion amoureuse avec un enjeu dramatique d'une façon parfaitement réussie.
Commenter  J’apprécie          90
Je n'avais jamais entendu parler de cette pièce avant de découvrir son existence dans ce 1er tome des oeuvres complètes de Racine. Après l'avoir lue, je comprends qu'elle soit moins connue que d'autres pièces de l'auteur.

Le propos m'a semblé un peu confus par moments et la fin en contradiction avec ce qui nous est raconté tout au long de la pièce. L'action est partagée entre les histoires de coeur des personnages et la menace omniprésente de la guerre, mais je n'ai pas trouvé de ligne directrice claire à laquelle me raccrocher. Mon intérêt a faibli assez rapidement, je dois l'avouer.

D'autre part, la plume ne m'a pas transportée. On est ici dans un texte en alexandrins rimés. Dans la précédente pièce de Racine que j'ai lue, ça n'enlevait rien à la fluidité des répliques, ni à la musicalité des mots. Ici c'était juste lourd. J'ai trouvé les vers peu inspirés, à l'exception de quelques rimes intéressantes.

Globalement, je me suis plutôt ennuyée, bien que la pièce soit relativement brève. Est-ce un problème de timing? Je n'ai pas l'impression, mais si vous avez lu ce texte, dites-moi ce que vous en avez pensé, peut-être que quelque chose m'a échappé.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          50
Cette pièce de Racine n'est pas très connue, et je trouve que c'est à juste raison.
Elle m'a semblé confuse et sans grand intérêt (en tout cas, tellement en dessous de certaines autres).
J'ai peut-être aussi été un peu déconcertée par le fait qu'elle se passait en Inde, ce qui est assez inhabituel dans la tragédie classique.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (159) Voir plus



Quiz Voir plus

Phedre

quelle est la relation entre Phedre et Ariane?

Mere/fille
soeur
confidente

10 questions
1179 lecteurs ont répondu
Thème : Phèdre de Jean RacineCréer un quiz sur ce livre

{* *}