La variante chilienne

J'ai enfin découvert cet auteur dont je lisais le plus grand bien sur les blogs depuis la sortie de la fractale des raviolis. Ce premier titre ne m'ayant pas d'emblée attirée, c'est avec le deuxième que je fais connaissance.
Réunis par les circonstances dans un hameau isolé quelque part en France, les trois personnages principaux vont passer deux mois d'été à lier connaissance, et surtout à écouter les histoires peu ordinaires de Florin, le seul à habiter à l'année sur les lieux.
Depuis sa jeunesse, Florin, comme cela sera expliqué au cours du livre, a perdu toute propension à ressentir des sentiments, et doit conserver ses souvenirs d'une bien étrange manière. Florin se révèle alors un grand raconteur d'histoires, il en fait tout d'abord profiter Pascal, le prof quinquagénaire un peu désabusé, puis la jeune Margaux, qui semble être venue dans le hameau pour se cacher. de l'archéo-acoustique à la piscine pleine de légumes, du village où la pluie ne s'arrête jamais à la partie de cartes interminable, il y a entre eux des histoires, oui, mais aussi le début d'une belle amitié.
Au premier chapitre, j'ai froncé les sourcils, une histoire de Lolita du XXIème siècle, ça ne me tentait pas des masses ! J'ai été rapidement rassurée, et ai pris plaisir à la lecture, et même à la faire durer. Quatre jours pour un livre de deux cent cinquante pages, ce n'est pas très rapide, la raison en est que j'ai eu un moment l'impression de lire une suite de nouvelles, plutôt qu'un roman… mais cependant, cette impression n'a pas duré jusqu'au bout.
Est-il bon de conserver en soi ou pour soi ses souvenirs, que peut-on et doit-on en faire ? Voici le sujet de ce roman où chaque bocal qui s'ouvre dévoile un ou plusieurs souvenirs curieux, dérangeants, émouvants ou plus cocasses. J'ai beaucoup aimé la fin qui clôt fort bien cette suite de petits cailloux semés au fil des pages.
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Un vieux prof part en vacances dans un gite isolé accompagné d'une jeune élève de 17 ans qui fuit quelques problemes. Tous deux rêves de tranquillité, de scrabble et de lecture. Une seule maison pas loin, au milieu des champs, un homme seul, sauvage. Ils se lient d'amitié. C'est l'homme aux cailloux (42). Dans des pots de verres, des cailloux, rangés par années, et autant de souvenirs qui leurs sont rattachés, des souvenirs que l'homme va leur raconter dès qu'il en caresse un. Parce que cet homme n'a plus de mémoire, sinon la sensation du souvenir lorsqu'il en caresse un. Et de découvrir une vie extra-ordinaire, de dépeindre une galerie de personnages incroyables comme le potier qui rêve de faire chanter ses poteries ou cet autre qui parle 14 langues mortes.
C'est doux, poétique, un vrai petit bonbon à savourer !

Un homme fuit sur la route. A l'arrière, cachée sous une couverture, une adolescente, Margaux. Ils cherchent dans la vallée un endroit pour passer deux mois, l'été. Lui a 57 ans, il est enseignant en littérature. Ils roulent jusqu'à une maison de location, un ancien bordel. En face, il y a ce voisin qui fume la pipe, un homme placide, au regard troublant mais qui trouve que Blaise Pascal est un con. Surtout, ce qui est le plus étrange, il conserve des cailloux dans des bocaux. Quand il explique que ces pierres sont les souvenirs des moments importants de son existence, on comprend que ce roman n'est pas très ordinaire.

Cette histoire n'a rien à voir avec celle de Lolita. Ni avec un polar, ni même un roman social. On y parle plutôt de vin, de vers luisants, d'une histoire tragique à cause d'une tarte au citron, d'un torrero embroché par un taureau, d'un potier et de sa piscine, du chevalier La Hire… L'amour qui agite les hommes et rend les femmes infidèles conduit les destins. Heureusement l'amitié apaise les moeurs et permet de mieux supporter les vicissitudes de l'existence.

Je mettrais La variante chilienne dans la catégorie de ces romans fluides et rapides à lire. Habile conteur, l'auteur imbrique avec intelligence des histoires abracadabrantes dans un livre à tiroirs. le procédé est assez plaisant. C'est si sympathique que j'ai quelques remords à le dire, mais l'ensemble donne au final un livre sans véritable aspérité.

C'est un bouquin qui passe d'ami en ami (ce qui fut le cas en ce qui me concerne). On le prête aisément, sans aucun état d'âme. C'est en cela une réussite : un livre contagieux.

Un « feel good » bouquin. Pourquoi pas ? Un peu de légèreté en ce moment, cela ne fait pas de mal.

Allez, je reprendrais volontiers un peu de ce saint-estèphe 2007…

Thomas Sandorf
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Si je devais faire comme Florin, notre collectionneur de cailloux-mémoire, je me choisirais un beau caillou pour me souvenir de ma lecture de “La variante chilienne”. Je me souviendrais d'une histoire de piscine transformée en potager, d'une collection de pipes, d'un jeu de cartes chilien façon Perceval dans Kaamelott, d'un village qui a relégué l'existence du soleil au temps des dinosaures.... Je me souviendrais de mon sourire quasi permanent et de mes feulements quand on tentait de m'interrompre dans ma lecture. Je me souviendrais d'un excellent moment.

Et vous, quel est livre qui vous a fait sourire/rire dernièrement ?

J'aimerais gouter chaque mot, chaque détail des histoires mais je suis si curieuse que je dévore l'ensemble. J'aime tout chez Pierre Raufast, il ne me déçoit jamais. J'aime la fluidité de ma lecture, la simplicité apparente, l'humour sous-jacent. Ce roman est un conte philosophique sur la fuite du temps, la mémoire et l'oubli, et toujours ces histoires gigognes qui font mon bonheur.
Il y a un peu de Boris Vian et de Rabelais chez Monsieur Raufast.

Un deuxième excellent moment de lecture avec Pierre Raufast ! Après la fractale des raviolis que j'avais adoré, ce deuxième roman de l'auteur confirme que j'aime son écriture et son imagination ! A lire !

Pascal, professeur de littérature, est venu se perdre dans un hameau au fin de fond de la France, emmenant dans ses bagages Margaux, fille d'un ami éprise de poésie, qui vient de subir une agression et qu'il veut aider à passer ce cap douloureux, loin de son père avec qui elle est en conflit. Tous les deux, ils aspirent au plus grand calme.

Bien qu'isolé dans la campagne, leur gîte est tout proche d'une autre bâtisse, habitée par un homme seul et distant. Tandis que Margaux se cache, voulant évite les ragots, Pascal fait la connaissance du voisin, Florin, avec qui il partage bientôt le goût du bon vin et de fumer la pipe.

Florin lui raconte bientôt que suite à un accident quand il était jeune, il n'arrive plus à garder ses souvenirs. Il lui confie qu'il a imaginé un système pour garder mémoire néanmoins. Cette soirée et leur rencontre sera par exemple immortalisée par le choix d'un petit caillou, à tout jamais associé à ce moment. Petite pierre qui prendra place avec les autres, dans des centaines de bocaux classés par année, qui constituent désormais la mémoire de Florin.

De nouvelles soirées sont très vite l'occasion d'égrainer de fabuleuses histoires, certaines anecdotiques, d'autres plus noires. Tandis que s'écoule l'été au rythme des verres partagés entre amis, au bruit des cigales et du vent dans les arbres, au gré des soirées étoilées.

Chacun savoure l'instant, panse ses maux, prêt à avancer vers un nouveau départ…

J'ai trouvé cette histoire très originale, je me suis laissée bercée par l'ambiance méditerranéenne du lieu, par les récits dans le récit, j'ai moi aussi passé un bon moment dans cette atmosphère particulière.
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Après le très bon, très justement complimenté partout, La fractale des raviolis, Pierre Raufast remet le couvert cette fois-ci avec La variante chilienne, bien connue des joueurs de capateros. le principe est un peu le même, le romancier amène diverses histoires, qui se suivent, se rencontrent ou pas, sont tour à tour drôles, tristes, émouvantes, historiques, un peu flippantes, enfin de tous les genres pour ne pas ennuyer le lecteur, mais de cela, aucun risque. Pierre Raufast associe fiction et réalité et sait raconter et lier ses histoires qui auraient pu paraître totalement décousues, sans rapport les unes avec les autres. Et non seulement ça marche, mais j'aurais bien aimé une rallonge de quelques pages pour en apprendre encore plus sur le trio, et croyez-moi c'est quasi inédit, je suis plus connu pour parler de longueurs dans les livres que de manques de pages. Ceci étant, je ne lui en veux pas, garder du mystère et laisser le lecteur se faire ses propres idées, le laisser imaginer la ou les suites est aussi très bien. Ainsi, les personnages restent plus longtemps en mémoire, car une partie d'eux est en nous.

Très bon, très bien mené et maîtrisé, ce roman se lit avec un plaisir grandissant et jamais retombant. L'auteur brouille même les pistes au début de son livre en lui donnant un petit air de polar avec cet homme mûr qui cache une jeune femme dans sa voiture et qui a peur lorsqu'un policier l'arrête. Quelques pages pendant lesquelles je me suis demandé où il voulait en venir, et comme je ne lis que très rarement voire jamais les quatrièmes de couverture, je ne savais rien de leur rencontre...

Me reste maintenant le dernier -pour le moment- de l'auteur, La baleine Thébaïde qui rejoindra à coup sûr ma bibliothèque sous peu.
Lien : http://www.lyvres.fr/

Je suis tombé par hasard sur cette variante chilienne bien m'en a pris car l'auteur est un raconteur d'histoires toutes aussi amusantes, dingues et prenantes : un potager dans une piscine, une partie de cartes qui dure trois jours, sur un village où il pleut plusieurs années , sur un potier qui cherche à écouter les sons émis lors de la fabrication des poteries, un malheureux qui ne débande jamais et un clan mafieux dans un cimetière.
Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer ; j'espère que vous prendrez autant de plaisir.

Voilà un livre qui contient plus qu'il ne semble au départ. Sous l'apparence d'une suite de petites histoires qui prennent la forme de souvenirs épars racontés par un personnage mystérieux, on assiste à une réflexion assez profonde sur le poids de ces souvenirs et sur la vie qui s'écoule.
Les récits que le livre contient ne racontent pas grand chose de son histoire principale. On ne suit aucun lien entre elles, ce qui m'a d'ailleurs parfois gêné au cours de la lecture. Mais ces histoires contiennent de très beaux moments d'humanité (la description de ce qu'est un deuil au travers du regard d'une maîtresse, par exemple) et surtout elles servent l'ensemble. L'ensemble est lui mené par l'histoire d'une jeune fille en bute avec ses souvenirs et qui, en étant confrontée aux souvenirs d'un autre ainsi qu'au récit de parties de son passé qu'elle ne connaissait pas, grandit.

J'ai refermé finalement ce livre en me disant que j'avais lu une belle histoire. Je pense qu'on ne peut que conseiller à chacun de la découvrir.