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sur 325 notes
La vallée de Chantebrie offre à ses habitants un cadre verdoyant, un petit bout de campagne suspendu dans le temps, un havre de paix où rien ne semble pouvoir altérer le cours des journées. La vallée de Chantebrie c'est aussi le décor de bien des livres de Pierre Raufast, sa patrie imaginaire (quoique) , son Ithaque, et lorsqu'on y est allé une fois en suivant l'itinéraire de ses mots on aspire à la retrouver, inchangée.
C'est donc avec grand plaisir que je me suis discrètement faufilée dans la voiture de Pascal, professeur de lettres, en partance pour un gîte rural de la vallée. Un gîte éloigné des regards, des bruits, des curieux. Un gîte où il pourra passer les grandes vacances sans intrus, seul avec Margaux.
Car Margaux est aussi du voyage, dissimulée sous une couverture, à l'arrière du véhicule. Margaux a 17 ans, Margaux est recherchée, Margaux est en fuite.
C'est ainsi que débute l'aventure immobile à laquelle nous convie , avec toujours autant de talent, Pierre Raufast. Bien entendu, je ne vous dévoilerai rien de la suite. Mais je ne peux m'empêcher de vous transmettre ma joie à la lecture de ce bijou d'humour, de créativité, d'humanité, de philosophie aussi (car ce n'est pas un gros mot et que c'est un baume pour l'esprit, d'autres l'ont dit cent fois et bien mieux que moi; bref: j'assume) . Ma joie à lire de belles histoires , bien racontées, espiègles ce qu'il faut, profondes assurément. Ma joie à voir quelqu'un, aussi, qui ramasse des cailloux, parce que j'avais fini par me sentir seulabre. Ma joie enfin à partager avec l'auteur un peu de Chantebrie, une amitié commune pour Borges, et à savourer sa manière qui chaque fois ressuscite Calvino.
Pour tout cela, ce petit livre est un grand moment de plaisir, une lecture à marquer d'une pierre blanche.
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Vous voulez un livre qui vous fasse du bien ? Un livre qui vous fasse sourire ? Un livre qui vous transporte ?
Suivez les nouvelles de Pierre Raufast.
Comme dirait ma libraire, c'est un "vrai Bonbon!" On se délecte de ces histoires plus loufoques les unes que les autres. On ne sait pas où l'on va mais on se laisse surprendre à chaque page tournée. L'écriture est simple et enlevée et l'auteur est bourré d'imagination. N'hésitez pas !
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Le thème : C'est une suite d'histoires disparates et très plaisantes, avec un point de départ qui amuse et intrigue : l'homme a presque perdu la mémoire mais il conserve avec précision chacun de ses souvenirs car il a réussi à l'associer à un petit caillou : il lui suffit de voir et de toucher le caillou pour que le souvenir lui revienne intact. Et l'homme a plusieurs gros bocaux remplis de petits cailloux.. (Un roman de 260 pages, j'aime offrir à mes amis des romans pas trop longs)

J'ai apprécié : Pour avoir une idée du plaisir que vous pouvez avoir à lire ce livre, je le comparerai aux Lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet, où à La papeterie Tsubaki d'Ito Ogawa. Tout est dans l'originalité des histoires et la qualité du conteur : nombre de ces histoires sont de petits bijoux. Si vous lisez ce roman vous saurez pourquoi La Hire est le valet de coeur, comment il peut arriver qu'une piscine soit remplie de terre et transformée en pelouse, et pourquoi on peut dire d'un avocat qu'il a un barreau, bien que ce ne soit pas un avocat qu'il n'y a pas de barreau. Bien sûr aussi, vous vous initierez au capateros, un jeu de carte vénézuelien et à sa variante chilienne, qui donne son nom au roman.

J'ai moins apprécié : Aucune déception
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Pierre Raufast est né à Marseille en 1973. Ingénieur diplômé de l'Ecole des Mines de Nancy, il vit et travaille à Clermont-Ferrand. Son roman La Variante chilienne date de 2015.
Pascal, professeur de littérature et fou de lecture (« Marié, je n'aurais jamais pu lire autant ! ») s'est retiré dans un gîte isolé pour les deux mois de vacances d'été, il est accompagné de Margaux, une adolescente passionnée d'écriture, mal dans sa peau depuis le décès tragique de sa mère et la dépression de son père. Quand ils vont faire connaissance avec leur seul voisin, Florin, solitaire et discret, un monde d'histoires extraordinaires va les sortir de leurs vies banales…
Beaucoup de romans sont bons pour de nombreuses raisons mais il y en a peu qui me comblent de bonheur comme celui-ci. Facile à lire, souriant (mais pas que), d'une inventivité folle, tout en étant plein de trucs instructifs.
Florin est un personnage plus qu'étrange, suite à un accident il a perdu tout ressenti d'émotions et la mémoire, alors il a trouvé un moyen original pour retrouver ses souvenirs, il conserve dans des bocaux rangés par années, des cailloux qui correspondent chacun à un souvenir et toucher ces pierres les fait revivre.
Le soir, après un repas autour de plusieurs bonnes bouteilles de vin, les deux hommes allument leur pipe et Florin raconte des épisodes de sa vie. Des épisodes savoureux de drôlerie ou d'émotion, d'une originalité pas banale et tout cela s'enchaine avec une logique déroutante, comme dans ces très vieux contes où un narrateur enfile des récits disparates avant de retomber sur ses pieds à la fin. le lecteur émerveillé et toujours surpris suit Florin faire ses parties de cartes (la variante chilienne) avec l'Avocat (trop marrant !), le Colonel et l'Erudit ; ou bien il apprend qu'il s'en passe de belles avec le personnel des cimetières et crématoriums ; à moins qu'il ne s'agisse d'un potier qui recherche la voix de Clovis dans un vase (!) etc. Il faudrait tout citer.
Le bouquin est bourré de références littéraires (livres et écrivains) et même Jorge Luis Borges s'invite comme personnage dans un souvenir de Florin. On apprend aussi beaucoup de trucs dans tous les genres (Ken Uston, par exemple, et je vous laisse chercher qui c'est).
Un roman désopilant le plus souvent, avec de beaux moments d'émotion et une très belle fin. Excellent, lecture indispensable !
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Après le Cerbère Blanc, dernier roman de Pierre Raufast, je devais revenir en vallée de Chantebrie pour découvrir davantage les personnages qui hantent cette contrée sortie de l'imagination fertile d'un auteur inspiré. Et quelle inspiration !
La Variante Chilienne est un roman dont on déguste les chapitres comme des petits bonbons sortis d'un paquet de friandises littéraires. Je me sens comme le roi de Perse, envie de meurtre en moins, dont la Shéhérazade aurait pris la voix, la plume de Pierre Raufast pour me délivrer une kyrielle de petits contes afin d'étouffer les annonces d'une actualité morose.
Pascal, le narrateur principal, prof de littérature, vient d'arriver dans un gîte de la vallée de Chantebrie. Il va y rester deux mois en compagnie de Margaux, une lycéenne éprise de poésie dont le journal intime constitue la matière de plusieurs chapitres du roman. La jeune fille l'a accompagné pour échapper à un quotidien rendu pesant par un drame depuis lequel son père et elle peinent à cohabiter sereinement. Pascal et Margaux vont faire la connaissance de Florin, donc, le seul voisin du gîte, qui a la particularité de n'avoir plus de mémoire : un accident de jeunesse l'a privé de ses émotions et, partant du principe que les souvenirs se fabriquent à partir de ces dernières, sa mémoire est hors-service depuis plus de 40 ans. Pour palier à ce désagrément, à chaque fois qu'il lui semble vivre un évènement marquant ou une rencontre importante, Florin y associe la forme et le grain d'un caillou qu'il ramasse pour l'occasion. Ainsi Florin amasse-t-il ses souvenirs dans des bocaux étiquetés de l'année en cours et entreposés chez lui dans une pièce qui leur est réservée. Florin va donc piocher quelques cailloux pour raconter à Pascal et Margaux son histoire, mais aussi celle de son village et de quelques-uns de ses habitants, et ce sera l'occasion aussi pour les deux narrateurs de revenir à leur tour sur leur passé.
Ici, les récits se relient, les langues se délient et l'on lit avec délice les aventures peu ordinaires de Florin. Une fois harponné, on se laisse emporter dans le tourbillon des souvenirs que transcrit une écriture dynamique, poétique, humoristique et riche en symboles et mythes. Si les émotions ont déserté la mémoire de Florin, la nature et ses éléments semblent en revanche s'être ligués pour chambouler le cours de son existence et de celle du village : que ce soit le feu de l'incendie qui change à jamais la vie de Florin ; les eaux du déluge qui perturbe la vie de la petite bourgade, ou des funestes piscines qu'on finit par combler du terreau d'un potager cachottier ; la terre, justement, des pots antiques que le Potier voudrait rapporteurs d'Histoire ; ou encore l'air que déplace l'hélico pour secouer les noyers.
Les noyers… faut-il y voir un lien avec l'eau des piscines ? Pierre Raufast serait-il à ce point joueur ? A-t-il d'ailleurs déjà joué au Capateros, le jeu de cartes qui a une place centrale dans la vie et le récit de Florin, un jeu aux règles assez hallucinantes et dont la variante chilienne, propice aux paris, va elle aussi bouleverser bien des vies !
Bref, on l'aura sûrement compris, Pierre Raufast s'est fait le brillant architecte d'une marelle mémorielle dont chaque case dévoile, grâce au caillou qui la révèle, le souvenir d'une vie aussi riche que l'imagination d'un enfant nourri aux Grimm et au Perrault. Je n'ai peut-être qu'un regret en refermant le roman : que cette variante chilienne n'ait pas duré mille et une nuits.
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Excellent, amusant, ce roman de Pierre Raufast se lit avec beaucoup de plaisir. Construit autour de différentes histoires plus rocambolesques et invraisemblables les unes que les autres, ce petit bijou est parfait pour celles et ceux qui cherchent une lecture légère, divertissante, rafraichissante, mais aussi très philosophique. Je conseille vivement.
Notez que toutes les références littéraires et historiques mentionnées par l'auteur sont exactes.
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Vous connaissez l'expression : « une journée à marquer d'une pierre blanche » pour désigner une journée particulièrement heureuse et mémorable....
C'est ce qu'a mis en pratique Florin, le personnage principal de ce roman savoureux .
Privé dès son enfance de mémoire en raison d'un grave accident, il a pris l'habitude depuis plusieurs dizaines d'années de représenter chaque situation heureuse à laquelle il a pris part par un caillou de forme particulière et de le glisser dans un bocal . Un mur de sa maison est d'ailleurs constitué d'une série d'étagères remplies de ces bocaux. 1 bocal par année. 10 années par étagère.
Et lorsqu'il sort un caillou et le caresse, le souvenir du moment qu'il symbolise lui revient en mémoire .

Lorsque Pascal, professeur de Lettres en vacances qui a loué une maison proche de celle de Florin, intrigué par cet homme qui vit en solitaire, vient lui rendre visite, tous les deux découvrent qu'ils ont en commun l'amour du vin , du tabac et de la littérature.
Et c'est lors de douces soirées d'été bien arrosées, que Florin va, pour Pascal sortir des cailloux de leur bocal et faire revivre toute une galerie de personnages savoureux qui ont marqué ses errances, notamment ceux avec lesquels il a autrefois joué aux cartes, à ce jeu de la variante chilienne qui donne son nom au titre du roman .
Celui qui a réellement vécu tant d'aventures et celui qui n'a fait qu'en lire sont faits pour s'apprécier !
Et il n'en faut pas plus pour que le lecteur amateur de personnages pittoresques et de situations inattendues soit comblé !

Pierre Raufast déjà remarqué comme habile conteur dans son précédent ouvrage , le roman à tiroirs LA FRACTALE DES RAVIOLIS confirme dans LA VARIANTE CHILIENNE son art de l'architecture narrative . Chaque épisode raconté en entraîne un autre ou mieux encore, devient la matrice d'un récit qui s'y trouve enchâssé, sans pour autant que le lecteur y perde ses repères .
Florin devient « le sorcier qui se joue du temps » et je me suis, comme Pascal, le narrateur, laissée ensorceler par ses histoires, contées en phrases brèves, serrées, dans une écriture sans superflu au rythme staccato qui lui permet de croquer personnages et situations en quelques lignes.

Un agréable moment de lecture appréciable en ces temps de confinement .

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Un grand merci aux bibliothécaires de la Médiathèque Jean Moulin de Margny-les-compiègne qui pendant la Nuit de la lecture avait préparées des ordonnances de biblio-thérapie et parmi celles-ci la recommandation de ce bel ouvrage.

Je me suis laissé happer par ce joli livre plein de douceur, de légèreté et de petits bonheurs. Je n'ai pas pu le lâcher avant de l'avoir terminé.

L'idée de l'auteur d'avoir un personnage dans l'impossibilité de se construire de nouveaux souvenirs depuis un accident dans l'enfance, et qui pour compenser ce handicap collectionne les cailloux qu'il associe à chacun des souvenirs qu'il souhaite garder est géniale. Ce sera le point de départ des longues soirées de récit entre amis avec des histoires plus ou moins folles et farfelues.

Super livre avec un auteur talentueux et distillant de jolies formules : « Un cimetière, c'est comme une bibliothèque remplie de vieux livres dont on aurait perdu la clef. C'est le drame d'Alexandrie dans chaque ville. »
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La variante chilienne, qu'est ce que c'est ? Un jeu de cartes, pardi ! Ici ses règles sont éludées, c'est surtout un prétexte pour raconter des histoires toutes plus farfelues les unes que les autres. Il est dit que les souvenirs se nourrissent de nos émotions et que sans émotion, il n'y a pas de souvenir. Voilà pourquoi Florin, suite à une opération, a perdu ses souvenirs et conserve des cailloux dans des bocaux étiquetés par année pour les lui rappeler. Il est riche de ses cailloux et de ses histoires et les dévoile un à un à ses 2 voisins et à nous autres lecteurs.
Laissez libre cours à votre imagination, ouvrez votre esprit : un village où il pleut pendant douze ans, un homme qui parle couramment 15 langues et souhaite retrouver la voix de Clovis dans un vase, une femme coulée dans le béton d'une piscine transformée en potager, ne sont que quelques-unes des histoires rocambolesques à souhait que vous relate Florin. Il forme un tendre trio avec Pascal le prof philosophe et Margaux, l'élève rêveuse de 18 ans, traumatisée et d'une grande maturité pour son âge. Et nous offre une belle réflexion sur la mémoire et un moment de lecture jubilatoire. « Nous étions comme des personnages de Giono. de ceux qui discutent fraternellement sur un plateau de haute Provence, avec la complicité d'Orion-fleur de carotte et la beauté poétique d'un champ de narcisses. ». Soit dit en passant au final, on ignore comment se joue une partie de variante chilienne mais est-ce bien le plus important ?
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Emballé par "la fractale des raviolis", j'ai voulu rester dans le même univers et ai enchaîné avec cette "variante chilienne".
En ayant aimé le premier, aucune raison de ne pas aimer le second, construit sur la même recette (enchainement de petites histoires variées, fil conducteur, écriture sûre).
Dommage que la fin ait été à ce point bâclée, manque de temps, d'inspiration, de motivation ? En tous cas, manque certain de crédibilité, et frustration certaine.
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