La variante chiliennePierre RAUFAST
Ce roman ressemble à une grande commode, dont chaque chapitre est un tiroir que l'on ouvre. Y sont rangés des cailloux dans des bocaux devenus des souvenirs kinesthésiques, des portraits de personnages…
Il est question de destins qui se croisent et se décroisent, de non dits qui finissent par se dire. Il y a des vases qui parlent, des bougies à la cire particulière, des femmes « ravies au lit ». Il est aussi question de science, d'histoire, de littérature, de poésie, de village détrempé par la pluie, d'arbres aux feuilles bleues, de partage de choses simples, de pain, de fromage, de lapins aux olives, de vins pour Marguaux dans son château. On y parle de bêtise humaine, d'avidité, de trahison, d'amour et de désamour, de parties de cartes à la
Pagnol version chilienne, de maison close qui sent le rhum vénézuelien, d'érudition, de cadavre enfoui sous une piscine potager, de vers luisants qui s'éteignent d'une drôle de façon, bref autant d'ingrédients nécessaires à la consommation d'un livre différent.
Il y a aussi des métaphores, du développement personnel à travers certains termes utilisés, l'image de poupées gigognes pour nous amener au plus enfoui, au plus profond, nous permettant de lâcher le superficiel pour l'essentiel. le fait d'être en chemin vaut finalement plus que d' arriver . Les cailloux de Florin sont comme autant de petits pas japonais qui nous font cheminer vers la connaissance de soi. Peut- être nous encourage t'il à puiser dans nos émotions, nos ressentis, là où notre mémoire sensorielle est gravée. Florin caresse ses cailloux comme des révélateurs de souvenirs ancrés comme d'autres feuillettent un album photo.
Comment a-t-il choisi le nom de ses personnages principaux : Pascal pour la philosophie, Margaux pour son vin ? Florin sonne comme un écu sonnant et trébuchant des pays du Nord, comme un jardin secret plus fleuri que d'autres. Il est comme un vieux sage qui a compris la musique du monde, Raufast parle de la beauté du Monde grâce à
Giono. Il fourre ses raviolis comme il fourre sa pipe, choisit son tabac, son vin en fonction de l'instant présent.
Il est aussi question de dépouillement : finalement l'oubli permet de s'alléger de fardeaux trop lourds. le manque devient alors une permission, un vide fertile, laissant place à d'autres explorations.
Après sa fractale de raviolis dont le l'claque sous le palais comme quand on goûte un bon vin,
Pierre RAUFAST nous tire par la manche et nous ramène en enfance. Pour ma part cela m'a ramenée à une émission TV, que petite, j'adorais : Fantine avec des gros ronds rouges sur les joues qui ouvrait un grand livre devant elle. Elle commençait à nous raconter une histoire. La caméra nous amenait au- dessus de son épaule pour plonger dans le livre et le décor. On entrait ainsi dans l'histoire.
Pierre RAUFAST de ce que j'ai lu a bcp raconté d'histoires à ses enfants. C'est un Conteur. Il nous fait voyager dans un joli fourre tout, dense, riche que l'on prend plaisir à déguster. Les titres de ses romans piquent notre curiosité et nous invite à entrer voir ce qui se cache derrière. On apprend des choses…
C'est un valet de coeur et de saveurs. Il innove dans la recette culino- littéraire. Il source de nouveaux ingrédients, les marie de façon humoristique et métaphorique. C'est un conteur qui s'amuse avec les mots sucrés ou épicés.
Je n'ai pas lu
la Fractale des raviolis mais je vais me laisser tenter. L'auteur remercie, à la fin du livre, tous les blogs littéraires qui, grâce aux billets positifs qu'ils ont postés ont rendu ce texte célèbre, comme une bonne recette qu'on se passe et se repasse. Certains devenus accrocs ont déjà les papilles excitées à l'idée de goûter cette rentrée littéraire, alors… A TABLE !