En voie d'oubli rapide sous nos latitudes,
la guerre Iran-Irak fut pourtant un conflit atypique et déterminant à plus d'un titre. D'abord, ce fut l'un des rares conflits de l'époque de la guerre froide où ni les Etats-Unis ni l'URSS n'étaient impliqués, et qui les embarrassait autant l'un que l'autre. En second lieu, c'est l'un des encore plus rares conflits modernes non asymétriques, opposant deux puissances de niveaux à peu près équivalent, toutes deux équipées d'armes dernier cri : missiles, chars lourds, jets de combats… Enfin ce fut une guerre totale, où toutes les tactiques furent utilisées, y compris les moins reluisantes : tranchées, gaz de combat, enfants soldats… Toutes sauf une : l'arme atomique.
Ce fut une guerre longue de dix ans, totalement inutile puisqu'elle aboutit au statu quo ante bellum. Elle engloutit des dizaines de milliers de vies humaines, et des milliards de dollars - qui auraient été plus utiles à moderniser leurs pays respectifs. Née de la mégalomanie de
Saddam Hussein, poursuivie à cause de l'intransigeance fanatique des mollahs, elle opposa deux puissances secondaires se battant pour le leadership local. Toutes deux essayèrent de la superposer à deux très anciens conflits remontant aux débuts de l'Islam : la lutte sunnite-chiite, et l'opposition arabes-perses.
Autre particularité, elle opposa deux pays tirant la majorité de leurs revenus du pétrole. Inévitablement, tous les pays qui avaient quelque chose à leur fourguer le firent – au prix fort. L'URSS et la Chine en tête évidemment, mais la France se classa honorablement (eh oui, la prospérité des trente glorieuses ne s'est pas bâtie sur la vente de téléviseurs), et même des états comme l'Ethiopie ou le Portugal raclèrent leurs entrepôts pour faire rentrer un peu de devises.
Ce conflit atypique, qui fit peu de pertes civiles, façonna durablement le Moyen-Orient, et ses effets se font encore sentir de nos jours. Un livre clair et complet pour en expliquer le déroulement et les conséquences.