Depuis bientôt sept ans, je relis inlassablement ce roman, sans prêter attention aux regards qu’on me lance. Chaque mot me permet de m’éloigner un peu plus de ce bus, chaque phrase que je lis me permet d’échapper au quotidien monotone et chaque fois que je le finis, mes larmes me permettent d’extérioriser tout ce que je ne dis pas. Les gens ne comprennent pas mon attachement à ce roman, et je n’attends pas d’eux qu’ils le fassent. Je leur demande simplement de me laisser tranquille, dans mon monde littéraire, avec des personnages silencieux. Ce sont eux qui me correspondent le plus, c’est avec eux que je me sens le mieux. Pas avec tous ces idiots de lycéens qui se croient supérieurs pour telle ou telle raison stupide.
La bibliothèque pourrait être mon endroit préféré si la bibliothécaire n’était pas aussi poussiéreuse que les livres qu’elle surveille. J’y ai été une fois, en seconde. Mais lorsque j’ai aperçu les quelques livres déchirés qui trônaient sur les étagères en piteux état, j’ai fait demi-tour aussi sec. Je ne me plains pas de mon lycée, bien au contraire.
Je déteste cette légende scolaire qui dit que seuls les cancres sont autorisés à profiter du radiateur et de la vue sur cour en hiver. Je suis peut-être une intello, mais cela ne m’oblige pas à subir les postillons et les mauvaises haleines professorales.