En 1891, Casas et Rusiñol peignirent chacun un portrait de leur ami commun Erik Satie en qui ils voyaient la quintessence de la bohème montmartroise. Avant d'atteindre la notoriété grâce à ses compositions musicales, Satie accompagnait au piano le chansonnier Vincent Hyspa dans divers cabarets dont le Chat-Noir. C'est là qu'il jouait ses « Trois Gymnopédies » dont le style tranchait avec la banalité des mélodies de café-concert. Second pianiste au Chat-Noir, il devint bientôt le directeur musical du théâtre d'ombres d'Henri Rivière. Satie vivait dans une extrême pauvreté à Montmartre, où il devait se contenter d'un minuscule logement rue Cortot. Rusiñol l'a représenté au coin du feu, dans une pièce ornée de lithographies et de dessins simplement punaisés au mur. Il y incarne l'artiste bohème, condamné à poursuivre son œuvre personnelle dans la misère et la solitude. De même, le grand tableau de Casas intitulé « Le Bohémien » ou « Le Poète de la Butte » donne à voir un Erik Satie solitaire dans la grisaille hivernale de Montmartre, avec, au second plan, le Moulin à poivre.
"Montmartre, une académie de la bohème" par Nienke Bakker, p. 303
L'artiste au XIXème siècle a souvent été présenté comme un déclassé et un solitaire et les assimilations ont joué avec la figure du bohémien, du saltimbanque, du vagabond ou de la prostituée. Cette image dévalorisée est issues des transformations sociales et des mutation économique qui ont frappé cette catégorie au XIXème siècle. La transition difficile du régime de la communauté professionnelle à celui de la singularité du génie, du choix rationnel d'un métier au mythe de la prédestination, constitue l'un des arguments les plus fréquemment utilisés dans les romans sur l'art : l'artiste était présenté comme une figure marquée par l'indétermination de sa position économique et de son rôle social, comme un individu naturellement torturé, destiné à lutter obstinément contre l'adversité et dont la carrière devait nécessairement s'achever dans le renoncement, l'échec, le désespoir, la folie ou le suicide. C'est poncifs ont en grande partie façonné l'image que certains artistes ont choisis de présenter au public.
"Portrait de l'artiste en bohémien" par Alain Bonnet, p.244
Peindre la bohème romantique, c'est mettre sous les yeux des visiteurs des Salons et des collectionneurs de tableautins un lieu commun de la vie littéraire, c'est répondre au goût du public pour le « genre artiste », c'est accréditer une légende faite de liberté, de marginalité, et aussi de dandysme. Le grand secret, c'est que tous les bourgeois se sentent « bohèmes ».
« Vrais et faux enfants de la bohème. Construction d'un mythe romantique » par Adrien Goetz, p.210
Pour son ouverture au public, le Grand Palais Éphémère a accueilli des danseurs de tout horizon sur une chorégraphie signée Boris Charmatz. Retours en images sur cet évènement exceptionnel !
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"Happening Tempête", un spectacle unique, conçu par Boris Charmatz, avec la collaboration d'une centaine de danseurs amateurs et de nombreux danseurs professionnels.
Cet évènement bénéficie du soutien exclusif de CHANEL.
Une Production Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais et [terrain].
En collaboration avec le Festival d'Automne à Paris.
Le Grand Palais Ephémère prend place sur le Champ de Mars, le temps de la rénovation du Grand Palais, et accueillera certaines épreuves olympiques en 2024.
Pour en savoir plus : https://www.grandpalais.fr/fr/le-grand-palais-ephemere
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