Je suis toujours étonné et ...navré lorsque je découvre la faible audience d'un livre majeur.
Jean-Yves Revault a écrit il y a vingt ans un manuel indispensable sur les vertus de l'écriture libératrice de fardeaux.
Quand il parle de guérison, il parle de se remettre en harmonie avec notre être, en fait avec les trois êtres intérieurs qui nous composent : essentiel, réel et apparent. L'écriture libère d'un passé encombrant, mène aussi à une meilleure connaissance de soi.
L'auteur explique les différents modes d'écriture, donne des conseils pratiques et livre des témoignages à l'appui de sa conviction sur le pouvoir puissant de ce qui sort de nous face à une page blanche. L'ouvrage est à reprendre ou à découvrir à une époque prête à bannir l'écriture du cursus scolaire, un clavier étant tellement plus commode à manipuler.
J'écris depuis mon jeune âge. J'ai écrit pour être entendu, vu, reconnu. Je sais quel courage est nécessaire pour coucher sur papier ce qui nous anime, nous trouble, nous pèse. Mais rien ne surpasse le contentement de voir sa vie intime incarnée. C'est une révélation secrète ou publique, si nous donnons à lire, si nous publions.
L'écriture naît d'un élan, d'une pulsion irrépressible, qu'il serait dommage de refréner. Souvent, nos écrits nous dépassent, nous emportent, nous délestent de l'apparemment innommable.
Voici un texte que m'a inspiré jadis, cette pratique thérapeutique, ralentissement bienvenu de la pensée. Ah, cet émoi palpable, à suspendre un instant la plume avant de la laisser glisser vers des lendemains meilleurs. J'ai longtemps réfléchi et écrit avant de sortir ceci.
"Parfois, inspirés par ce souffle
venu d'ailleurs et de très loin
qui sans crier gare
nous chuchote
une parole
dont la portée nous dépasse dans l'instant,
nous apparaît clairement ensuite
lorsque se dissipe l'émerveillement
de nous sentir animé
par l'indicible".