Gerbert d'Aurillac, le pape de l'an mil

Pierre Riché nous entraîne sur les pas de Gerbert à travers les lettres qu'il a laissé. Il dédie son livre à ses collègues et ses étudiants de l'Université de Paris X qui ont participé avec lui à leur traduction et leur étude.

Etonnante ascension que celle de Gerbert qui d'une enfance auvergnate pauvre va parvenir à occuper sur la fin de ses jours le trône De Saint Pierre. Offert à l'abbaye de Saint-Géraud d'Aurillac où il sera élevé, il sera ensuite formé en Catalogne, puis deviendra enseignant de la cathédrale de Reims avant d' en être l'archevêque , ensuite grâce à la faveur de Otton III, archevêque de Ravenne et, pour finir, évêque de Rome et chef de l'Eglise, premier pape français, sous le nom de Sylvestre II. Il disait lui-même en plaisantant qu'il était passé de R. en R.

« Gerbert ne fut ni un héros ni un saint. Cet homme intelligent, actif et ambitieux sut exploiter ses dons intellectuels et toutes les circonstances d'une riche carrière pour s'imposer aux hommes de son temps. Admiré par les uns, redouté et détesté par les autres, il ne pouvait laisser personne indifférent. Mille ans après, il continue à étonner ceux qui s'intéressent à lui.» 
Que cette conclusion de Pierre Riché vous donne envie à votre tour de lire ce livre qui fait découvrir à travers Gerbert philosophe, savant passionné de mathématiques, d'astronomie, auquel son séjour en Catalogne donnera accès à des traductions de traités arabes transmis pour la première fois à l'Occident par l'abbaye de Ripoll, toute une époque bien loin de l'obscurantisme dont elle a longtemps été taxée.
Vous pouvez voir au lien suivant : http://www.caba.fr/Fresques_Gerbert-26-60-98.html la présentation des fresques peintes par un artiste hongrois dans l'église de Saint-Simon dans le Cantal qui rendent hommage à Gerbert. Beau lien entre cette petite commune et la Hongrie dont Gerbert organisa l'église en même temps que celle de Pologne

Je suis toujours à la recherche de personnages hors des normes de son temps, d'esprits curieux et opposés à l'obscurantisme de l'esprit. J'ai découvert Gerbert grâce à l'excellente émission de radio de Franck Ferrand "Au coeur de l'histoire". Ce livre m'a permis d'explorer plus avant l'homme et son temps. Il détaille tout ce que l'on sait de lui, c'est à dire assez peu (heureusement que Gerbert a laissé une forte correspondance).
Esprit curieux, assurément; son goût des mathématiques est hors norme pour l'époque je crois. Il a eu la chance d'être en phase sur ce point avec les empereurs Ottoniens. il a dû s'élever par son intellect au niveau de ceux qui accédaient aux hautes fonctions par la naissance. C'est admirable.
Mais il reste un homme de son temps, dans le sens où l'Europe y vibre sur les cordes de la religion chrétienne et que Gerbert est avant tout un serviteur de Dieu. Pas question d'en faire un humaniste. Pic de la Mirandole est encore loin.