Déjà trois ans de passés depuis que j'ai perdu mes dernières illusions sur la nature humaine. Heureusement, régulièrement, quelques nuages bleus viennent égayer un peu le gris de l'Homme.
«
Après Calais, Respiration » de
Patricia Rieffel, c'est le genre de livre qui fait un bien fou, c'est une bouffée d'oxygène. C'est aussi le genre de bouquin qui donne ulcère et autre soucis digestifs aux adeptes de l'affront national et de ses produits dérivés donc un livre nécessaire.
Si je vous dis Calais, vous allez penser à « jungle » et à vingt ans de bidonvilles où la vie des migrants tentant de passer en Angleterre reste entre parenthèse.
Si je vous dis Bizanos vous allez penser à… aller voir sur Google dans le meilleur des cas, pour au moins situer.
Bizanos, petit village près de Pau dans les Pyrénées Atlantiques, de 4678 habitants en 2015, date du récit.
Fin 2015, pour désengorger la jungle l'état réparti des migrants sur tout le territoire. Vous voyez où
Patricia Rieffel va nous emmener ?
Un Erythréen, un Tchadien et dix Soudanais vont être accueillis en plein Béarn dans ce petit village.
Au fil des pages nous allons assister au parcours du combattant de ces douze hommes démunis de tout pour arriver, avec l'aide et le soutient des bénévoles qui les accompagnent dans le quotidien, à avoir des papiers, un logement et un travail.
Deux ans de cours de Français, deux ans de découverte mutuelle d'une autre culture, deux ans d'enrichissement pour tous, d'ouverture à l'art, à la lecture, découverte de la neige, de la montagne, de… l'océan (compliqué le voyage à la mer… forcément). Deux années de partage où parfois les roles s'inversent. le bénévole devient élève et apprend de l'autre, cet autre qui était journaliste ou universitaire ou paysan et qui aujourd'hui redevient un Homme après avoir connu l'humiliation, la peur et croisé la mort si souvent.
Deux ans de sourires et de regards qui, même dans l'espoir, racontent le manque de sa terre, d'un parent, d'un parfum...
« Après Calais » ce n'est pas un livre sur les migrants, c'est un livre sur l'intégration, c'est un cri d'Amour. J'y vois comme un hommage à l'Homme, celui en qui je n'ai plus aucune confiance.
Ce bouquin c'est un rayon de soleil qui rappelle qu'il y a encore des gens pour qui l'autre n'est pas une menace, qu'elle soit économique, sanitaire ou je ne sais quelle autre connerie.
Merci à Babelio et aux éditions La Chambre d'échos pour l'envoi de ce titre dans le cadre de « Masse Critique ».
Une respiration à mettre entre toutes les mains.