Si la journaliste, qui publie « Ce que le féminisme m’a fait » le 13 mars prochain, savoure la victoire de l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, elle martèle aussi la nécessité d’aller bien plus loin, plus vite et, surtout, avec des moyens adaptés.
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Visiblement, les féministes aussi, elles étaient mieux avant. OK, mais avant quand ? Pas quand De Beauvoir publie Le Deuxième Sexe : scandale. Pas quand Halimi défend l'IVG, à Bobigny : cris de poulets qu'on égorge. Pas quand elles font, mais quand elles faisaient : une bonne féministe, c'est une féministe morte.
Les seules effacées de l’Histoire, des manuels scolaires, et même des prix Nobel, ce sont les femmes, mais cancel culture. On danse toujours sur Michaël Jackson, Gabriel Matzneff continue d'écrire, et Polanski remporte un César, mais les accusations de viol brisent des carrières. Pas au pluriel, d'ailleurs : une seule femme parle, et c'est l'homme qu'on met à mort, l'artiste qu'on décapite, l'art tout entier qui va crever. Si. Cancel culture au sommet. On nage en plein délire collectif, mais tant pis. On s'accroche au système, qu'on connait, aux croyances, qui nous ont nourris, à ceux qu'on a aimés. Alors tant pis si, au passage, on crache sur l'autre moitié de l'humanité. Le viol occupe une case très particulière dans notre esprit - pourtant critique, il paraît, un angle mort dans notre pratique journalistique. Prenez Polanski.
Remplacez « viol », par « meurtre ». Célébrerait-on, sans lever un sourcil, un homme douze fois accusé de meurtre ? L'interviewerait-on de la même façon que n'importe qui ? Je ne crois pas. Je n'espère pas. Vraiment pas. Au fond, peut-être qu'on ne mesure toujours pas l'étendue et la cruauté des violences faites aux femmes. Peut-être qu'on ne le veut pas. Ou peut-être qu'on s'en fout.
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la capacité de certains à t’enseigner la vie, même quand c’est la tienne, m’a toujours stupéfaite.
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Neuf fois sur dix, une femme qui porte plainte pour violences dit la vérité. Les chiffres sont (toujours) tenaces, ils parlent pour elle..... Mais non, elles mentent. Sans prendre la peine de les écouter, à l'instant où on devine ce qu'elles s'apprêtent à dire, le cœur se ferme et les oreilles se bouchent : elles mentent.
Le féminisme m'a fait jouir. Comme jamais. De mon indépendance. De ma liberté. De mes choix. De mon sexe, féminin. De mon corps tout entier. Il m'a ramassée, centrée, reconstituée : les pieds, la tête, le cœur, le ventre, tout à coup, ça faisait bloc. Parce que tout faisait sens. Solidement ancrée dans la terre ferme, j'étais insubmersible et j'étais sûre. Je savais où j'allais, je savais pourquoi j'y allais. Le féminisme m'a tenue droite, et il m'a mise en marche. Vers un « moi » plus dense, plus juste, plus complet : celui qui peut dire « je », celui qui sait dire « nous ». Parce qu'il sait dire non, alors il peut dire oui. Affirmer une identité, des refus, un objectif, des envies. Tracer ma route, sauter dans les flaques. Ne pas le faire seule. Avec celles qui m'ont précédée, celles qui me tiennent la main, celles qui nous suivront. Les féministes ont la créativité des opprimées, l'humour des estropiées, et l'insolence des affranchies. « Une femme sans homme, c'est comme un poisson sans bicyclette » : le féminisme m'a fait rire.
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Giulia Fois vous présente son ouvrage "Ce que le féminisme m'a fait" aux éditions Flammarion.
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Note de musique : © mollat
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