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Simone Righetti (Autre)
EAN : 9782375860489
208 pages
Parole (08/09/2020)
4.64/5   7 notes
Résumé :
En 1942, la petite Sarah est nommée Gerda. Elle échappe au camp d’extermination d’Auschwitz parce que Erika, l’enfant handicapée d’un officier nazi, en fait sa poupée vivante, son jouet. À deux pas du camp, c’est ce lien, fait de tyrannie et d’affection, qui va sauver les deux fillettes.
Des années plus tard, maille à maille, Sarah reconstruit le tricot de sa vie et retrouve son prénom, celui donné par ses parents.
Simone Righetti a 17 ans en 1942. Au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Maille à maille de Simone RIGHETTI éditions Parole
Maille à l'endroit, maille à l'envers, maille perdue puis rattrapée, tel le fil de laine qui prend forme sous ses aiguilles, Gerda remonte ses souvenirs, ses mains s'activent, son esprit vagabonde et les émotions affluent, longtemps après les évènements.
Enfant, la vie de Gerda n'a tenu qu'à un fil, un tout petit bout de pas grand-chose. Elle a connu l'indicible, le froid, la faim, l'horreur, la haine. Gerda s'appelait Sarah et si à trois ans elle n'est pas morte à Auschwitz, elle le doit à Erika, la fille d'un officier nazi, handicapée, qui souhaitait une poupée.
Karl Gestaker, capitaine SS, a le regard bleu acier et le sang aussi froid qu'un serpent. Il n'a pas été formaté pour les sentiments et justement ceux de sa fille le submerge, il lui passe le moindre caprice. Il subtilisera Gerda la juive, dont la vie vaut si peu, elle sera la poupée vivante et parfois l'animal domestique d'Erika qui lui prodiguera coups, brimades, sévices et élans de tendresse.
A ses côtés Helga, un doux réconfort nommé Poisson car la jeune femme est sourde et muette, et c'est la raison pour laquelle le capitaine l'a prise, illégalement, à son service, témoin qui ne saurait trahir.
Mais Karl, lui, a bien trahi son pays, en dissimulant le handicap de sa fille et en recueillant à son service deux éléments destinés à la solution finale.
A la libération du camp, Karl devra répondre de ses actes. Helga et Gerda seront séparees.
Entre stupeur et sidération, il faudra beaucoup de patience et de bienveillance pour réparer la petite Gerda et la ramener du côté des vivants et des hommes.
Et la vie facétieuse va rabattre ses cartes et remettre Gerda sur la route de son ancien bourreau. Alors se pose la question du pardon et de sa légitimité, la guérison en passe-t-elle par-là inévitablement, et comment le justifier auprès de ceux qui ne comprennent pas !
Un roman de la collection main de femme aux messages puissants, qui évoque la force du pardon et le processus de résilience, l'aliénation et l'enfermement, et la vie toujours….
Un magnifique livre au bout duquel, les mailles laissent entrevoir une invincible lumière !
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Coup de coeur pour cette petite/grande maison d'édition, pour cette collection, ces petits livres bijoux qui occupent une grande place sur les rayons de la bibliothèque...
Celui-ci, poignant.
Glaçant et bouleversant.
Parce que l'ombre et la lumière y créent cet espace troublant où notre humanité se révèle dans toute sa profondeur et sa complexité. À cet endroit où le paradoxe et la contradiction se mettent en scène sans se dire, sans s'expliquer, sans se justifier, et ne se jugent pas, sauf devant un tribunal...
S'habiller chaque jour d'un tricot lavé à chaud, très chaud, devenu trop petit. Si petit. Si serré. Ne plus pouvoir respirer. Et tenter de tricoter sa vie, maille à maille, et de se reconstruire, en détricotant, faille à faille. Pour trouver un nouveau souffle.
L'écriture de Simone Righetti est fluide et efficace. Elle offre un regard, un champ des possibles là où l'impensable et l'impossible réparation semblent être la seule voie imaginable...
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Gerda tricote, et au fil des mailles, elle tente de ressusciter ses souvenirs, ceux d'un temps où elle s'appelait Sarah. Mais pour cela, il lui faut descendre dans le gouffre de sa mémoire, remonter avant les événements qui ont marqué le début de sa vie et y ont incrusté un traumatisme avec lequel elle se débat encore.
Déportée à Auschwitz avec ses parents alors qu'elle n'a que trois ans, Sarah est sauvée de la mort par un officier nazi qui, en cachette, l'offre comme poupée à sa fille handicapée. Karl cède à tous les caprices d'Erika, infirme depuis que, bébé, elle est tombée des bras de sa mère. Une maladresse que son mari n'a jamais pardonnée à Martha, qui, devenue esclave de sa fille, en paie le prix fort. C'est dans ce contexte malsain qu'arrive Sarah, rebaptisée Gerda par celle à qui elle va dorénavant servir de jouet, enfermée en permanence dans la Villa Aimable Séjour - ! - où plane une odeur persistante qui lui donne la nausée, dont elle comprendra plus tard que c'était celle des cadavres brulant dans les fours du camp voisin.

Pendant de longs mois, elle subit les humeurs et les tyranniques lubies d'Erika, devant se soumettre à des jeux cruels et humiliants alternant avec des démonstrations d'affection souvent aussi brutales. Les seuls moments de véritable tendresse lui sont prodigués par Poisson, la domestique de la famille, ainsi surnommée par Erika parce qu'elle est sourde.

Toutes deux seront laissées là à l'approche des russes. Recueillies par la Croix Rouge, leurs chemins bientôt se séparent. Ignorante de sa véritable identité et de ce que sont devenus ses parents, Gerda est placée en orphelinat. Devenue adulte, s'efforçant de ne jamais se faire remarquer, elle vit dans une insensibilité protectrice, restant indifférente à tout pour ne pas tomber dans le vide, celui de son identité perdue, d'une personnalité qu'elle ne sait définir sans se référer à ces premières années où elle fut le jouet d'une autre, dont elle serait la création.

Elle peine par ailleurs à composer avec l'ambivalence que le souvenir d'Erika suscite en elle. Les rares moments d'affection que lui a donné la fillette, même s'il ne s'agissait que de simulacres, la relation de dépendance qui les liait, et à laquelle elle doit d'avoir eu la vie sauve, ont ancré en elle un attachement à sa tortionnaire qu'elle n'ose s'avouer mais dont elle ne peut se défaire.

Il lui faudra le secours d'une thérapie pour parvenir à accepter ce paradoxe, et pour envisager une possible réconciliation avec elle-même.

Comment se construire quand ses premiers souvenirs reposent sur la sujétion à une relation toxique et perverse, et que ceux de vos origines ne sont que béance ? Comment accepter la possible cohabitation, chez un même individu, de la tendresse et de l'ignominie, ainsi que ses propres ambigüités ? Telles sont les questions que pose ce roman à l'écriture sobre et fluide, à l'intrigue aussi originale que glaçante, qui s'applique à mettre en évidence la complexité des mécanismes qui lient les êtres.

Une découverte surprenante et intéressante, quoique légèrement ternie par certaines maladresses stylistiques relevées ici et là -notamment une alternance peu pertinente du "je" et du "elle".
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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La lumière du pardon...

J'ai lu une pépite publiée dans la collection Main de femme chez Parole Editions

"Maille à maille" est une fiction qui sonne si juste que l'on pourrait croire qu'il s'agit d'un récit. L'autrice, aujourd'hui âgée de 95 ans, avait 17 ans en 1942.

C'est avant tout une histoire de pardon, de reconstruction, de résilience. Ce sont trois personnages féminins qui ne doivent leur survie qu'à un concours de circonstances bien particulier dans l'Allemagne nazie.
Erika, 12 ans est la fille handicapée d'un officier SS responsable du camp d'Auschwitz, Karl, qui espère en se montrant irréprochable qu'on oubliera sa fille !
Sarah, 3 ans, échappe à Auschwitz parce que Karl la récupère pour servir de poupée vivante à sa fille.
Helga, jeune fille sourde-muette d'un psychanalyste de renom de Berlin, enlevée à ses parents, a été soustraite à son destin par Karl qui l'a prise comme domestique, elle sera d'un immense réconfort pour Sarah rebaptisée Gerda, souffre douleur d'Érika qui alterne brimades, sévices et marques d'affection...
Toutes les trois auraient dû logiquement faire partie de la solution finale nazie...

"Maille à maille" est l'histoire de la lente reconstruction de Gerda après la guerre au rythme de son tricot; maille après maille, elle traque ses souvenirs avec le sentiment que certains lui échappent comme une maille perdue ici ou là dans son ouvrage.

" Comment rassembler ces lambeaux de souvenirs, les rendre cohérents, les coudre ensemble pour en faire un passé, son passé, et combler ce trou noir dans lequel elle se noie?"

Il lui faudra beaucoup de temps pour apprivoiser ce passé, sortir de l'enfermement mental duquel elle restera longtemps prisonnière, et pourtant quand le hasard la remettra en présence d'Érika, elle lui offrira son pardon...

D'une écriture précise et fluide, sans pathos l'autrice nous emmène au coeur d'une humanité complexe dans des circonstances exceptionnelles où la frontière entre bourreau et victime n'est pas toujours claire...
C'est une histoire commencée dans une douleur, une détresse absolue qui se termine dans la lumière et l'espoir. C'est un bijou, ce roman !
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Ce n'est pas un témoignage en plus sur l'holocauste, sur l'horreur de la guerre, mais un récit duquel émerge une lumineuse tendresse, un récit sensible qui interroge sur le pardon, sur la résilience qui permet de vivre, sur la part d'inhumanité en chacun.
Il faut oser écrire sur un tel sujet lorsqu'on n'est pas juive. Oui, mais Simone Righetti a connu la guerre, a vu, a entendu…
Elle a publié, entre 1975 et 2008, 17 livres, essentiellement pour la jeunesse, et 2 romans.
Maille à maille répond à une urgence, celle de devoir écrire ce texte.
On ne sort pas indemne de cette lecture, on en sort plus fort.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Lequel est son vrai nom ? Sarah ? Gerda ? Penchée sur son tricot, elle compte les mailles, persuadée qu’elle en a lâché une. Et cette maille qu’elle cherche, qu’elle a beau chercher et qui, en s’échappant, a laissé un trou dans le tricot, cette maille, elle fuit comme son vrai nom, comme ses souvenirs d’AVANT.
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Il m'avait fallu tricoter, maille après maille, pour apaiser mes tourments.
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