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Lu en V.O.

Épouvantable fut, début 1943, cette retraite de l'armée italienne en Russie.
J'en fis un jour un exposé lors de mon cours d'italien.
Le corps italien comptait 230.000 hommes dont seuls 20.000 revinrent au pays...

C'est mon second livre relatant cet épisode tragique après le Cheval Rouge d'Eugenio Corti dont je dois toujours faire la critique, suivant en cela les conseils de Nadejda, critique que je remets hélas toujours à plus tard car le livre compte plus de mille pages et a fait l'objet d'une excellente critique de Nadejda..

Le livre est autobiographique, comme dans le Cheval Rouge, il est relaté par un témoin direct, Mario Ringano Stern est en effet le principal protagoniste de ce récit.

L'armée italienne et ici plus particulièrement ses chasseurs alpins est installée dans des tranchées au bord du fleuve Don avec pour but d'empêcher l'armée rouge cantonnée sur l'autre rive de le franchir.
Les premiers moments sont calmes , avec peu d'escarmouches, les hommes effectuent leurs tours de garde et leurs patrouilles, nettoient leurs armes, ils vivent dans ces tranchées avec les rats, cherchent de la nourriture, parlent, pensent à leur femme ou fiancée ...

Mais la situation va se dégrader. Les Russes attaquent et font des ravages dans les rangs italiens. L'auteur, simple sergent major, se retrouve chef de bataillon suite à la mort de son officier.
Pour échapper à l'encerclement, la retraite commence.
Retraite pénible, avec sans cesse des embuscades des Soviétiques et surtout le terrible l'hiver russe... la température est de moins 40 degrés Celsius, ils sont mal équipés, les ordres du Q.G. Italien sont contradictoires, ils doivent marcher dans la neige et le gel.

Ringoni Stern se révèle un excellent chef, courageux, attentif à ses hommes et apprécié par eux.
Il voit cependant son bataillon se réduire de jour en jour, surtout après la bataille de Nikolaevka.
Les hommes marchent, marchent, portent un lourd sac à dos, tombent, gèlent, ont faim, sont épuisés, subissent les attaques des partisans.
Ils cherchent des abris chauffés, sont aidés par les paysannes russes qui leur offrent un quignon de pain.
Ils n'aspirent qu'à une chose, rentrer sains et saufs dans leur village et retrouver les leurs. le sergent est assailli régulièrement de la demande (formulée en dialecte) « Sergent-Major, arriverons-nous à la maison ? »

Il y a un très bel épisode dans ce livre : l'auteur entre dans une isba occupée par des soldats russes en arme, une femme lui apporte à manger, il mange, le temps n'existe plus, les Russes, la femme et les enfants le regardent manger; en sortant il remercie les Russes avec un « spasiba » et reçoit de la paysanne du miel.
Cet épisode est important car il nous montre qu'il reste toujours de l'humanité en l'homme.

Il n'y a aucune animosité contre les Russes chez les Italiens, et ce contrairement à l'armée allemande, ils comprennent que les Russes défendent
leur patrie contre l'envahisseur. ils n'ont pas demandé cette guerre.
Les quelques survivants arriveront finalement à un campement allemand d'où ils pourront rejoindre leur pays.

Le récit nous montre la cruauté de la guerre, qui entraîne malheur et désespoir mais aussi la profonde humanité de l'homme dans cette barbarie, et l'espoir qui les maintient en vie. Très présente également la nostalgie du pays, le désir de retrouver ses proches.

C'est un récit poignant, c'est un livre à lire.
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Très beau plaidoyer contre la guerre écrit, sans fioritures, par Mario Rigoni Stern un homme intègre.
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Pour Leibniz les différentes perspectives sous lesquelles on regarde le monde forment une infinité d'univers parallèles. le roman de Mario Rigoni Stern ouvre l'un de ces univers parallèles sur le front russe, avec le point de vue improbable et « miraculeux » selon le mot de Primo Levi, d'un chasseur alpin italien rescapé. Dans cet univers, Dieu est devenu fou : il a tout mélangé, entraide et violence, beauté et torture. « On aurait dit que les étoiles venaient vous arracher la peau comme des éperons » . Et le temps ne s'écoule plus : demain est un rêve irréalisable, l'incertitude n'est pas l'apanage de l'avenir, mais de l'immédiat. Rigoni Stern raconte les fragments poétiques d'une débâcle, une colonne infinie de soldats couverts de poux, qui zigzaguent dans la steppe en mangeant des poignées de neige, des épluchures, des chèvres, des poules, de l'antigel, tout ce qu'ils trouvent. Et le vide monochrome qui l'envahit. «Tout est de la même couleur. Les paupières se ferment toutes seules, la gorge est pleine de cailloux qui s'entrechoquent. Nous sommes sans jambes, sans bras, sans tête ». Comme Giono, Rigoni Stern se bat avec un fusil sans munitions et un coeur sans haine. Il raconte des bribes de vie dans l'apocalypse, ses rêves de fiancées, de fleurs et de villages de montagne, les paysans russes qui partagent du lait et du miel, les alliés de l'Axe, hongrois, roumains, blessés, gelés, affamés, désarmés, les allemands qui troquent leurs panzers contre des mules des alpes, les soldats de l'armée rouge dont il croise par erreur le regard bleu effaré. « Où étions nous cette nuit là ? Sur une comète ou un océan? Il n'y avait plus de fin à rien ». Cette longue marche vers l'Ukraine, jusqu'au printemps 43, par moins quarante, fit cinq fois plus de victimes que les combats.
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Lu il y a peu « A l'Ouest rien de nouveau ». En lisant les premières pages de « le sergent dans la neige », j'ai l'impression d'entamer le deuxième tome de la même histoire, la suite du premier ouvrage.
Une autre guerre, à peine trente ans plus tard, dans d'autres lieux. A l'Est, pendant l'hiver 1942-1943, la guerre fait autant souffrir les hommes qu'à l'Ouest pendant les années 1914-1918. Rien de nouveau.
Et pourtant le sentiment de découvrir des ravages inédits. Ceux d'une retraite catastrophique, d'une débandade mortifère, dans l'immense hiver russe.
Avant que l'ordre n'en soit donné, Mario Rigoni Stern, qui raconte ses souvenirs, était en avant-poste avec ses hommes, sur le Don, les troupes russes visibles en face, sur l'autre rive. Par touches rapides, Rigoni évoque les lieux occupés, presque vivables, et les soldats autour de lui, chacun son caractère, d'une humanité qui déborde les pages du livre. Celui qui jurait et blasphémait pour un oui pour un non, celui qui se taisait, le jeunot qui recevait des lettres de sa « moureuse », celui qui demandait dix fois par jour : « Chef, on la reverra-t-y, la maison ?».
Mais qui à eux tous, formaient une formidable équipe de camaraderie, de solidarité et de courage, sous la responsabilité de Rigoni qui s'inquiétait de leur moral et de leur résistance, à en perdre son propre sommeil.
Et puis, les avant-postes étant presque encerclés par Russes, l'ordre du repli a été donné. Rigoni en a pleuré, ses hommes en ont été aussi déchirés que lui.
Cela contrarie un peu ce que j'avais entendu de la piètre réputation des troupes italiennes…

Commence alors une marche (à pied, faut-il le préciser ?) interminable, de jour et de nuit, dans un froid polaire, de la neige, souvent jusqu'aux genoux, avec des escarmouches et des affrontements contre les Russes, qui blessent et qui tuent. Une colonne dont Rigoni parfois ne voit plus la fin sur la neige de la steppe, des hommes qui progressent sans ordre, s'égarent, se retrouvent, cherchent un peu de chaleur et de repos dans les isbas de rencontre, de la nourriture aussi puisque le ravitaillement est devenu sporadique, aléatoire.
Et arrive la journée du 26 janvier 1943 dont la violence va anéantir chez Rigoni toute volonté autre que celle de marcher encore, toujours.

Ils seront peu nombreux, parmi les Alpini engagés sur le front russe, à « revoir la maison ».

Un livre indispensable, pour l'histoire – on nous apprend bien peu ce qu'ont vécu « nos ennemis » pendant les guerres – pour l'humanité dont un homme est capable au milieu des tueries, pour le savoir de ce qu'il peut endurer avant de renoncer à lui-même.

Et j'allais oublier de remercier Florence qui m'a fait découvrir l'auteur et ce titre en particulier.
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Dans ce livre, on suit, pas à pas l'auteur tout au long de la retraite des soldats italiens face aux Russes. Il nous raconte les faits comme il les a vécus, le froid, la faim, les stratégies des gradés et leurs lots de bêtises les ordres contradictoires et la fraternité existant entre lui et ses hommes et parfois même avec « l'ennemi ».

L'auteur nous donne des détails sur son ressenti par rapport à l'absurdité de la guerre et aussi la façon dont il se comporte avec ses hommes.

Il ne nous fait pas de révélations fracassantes, mais raconte sa vie et son ressenti au jour le jour. C'est son premier livre, écrit dans un style narratif simple, sans fioritures avec beaucoup de descriptions, mais de façon très émouvante car sincère. « Les doigts n'obéissaient plus au cerveau ; je les regardais comme s'ils ne m'appartenaient plus et j‘avais envie de pleurer sur mes propres mains qui ne voulaient plus être à moi. » P 78

Il parle avec son coeur de sa guerre et il sait nous toucher. « Nous avions l'impression que d'un moment à l'autre, nous allions nous abattre comme de jeunes sapins ployant sous le poids de la neige. » P 73. On marche avec lui dans la neige.

Donc une écriture simple mais belle, on n'est pas dans l'exercice de style car l'auteur est toujours au plus près de la réalité, du quotidien des soldats.

J'ai donc lu ce livre grâce à une amie que je remercie vivement car je ne connaissais absolument pas l'auteur et j'ai passé un bon moment.

Note : 7,3/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Ce premier roman de Antonio Rigoni Stern raconte la retraite des italiens du Front de l'est, après la bataille du Don en 1943, à laquelle il a survécu.

Même si l'on sait qu'il s'agit de la seconde Guerre mondiale, ce qu'il raconte des tranchées dans la neige et le froid glacial puis la retraite pour sortir de l'encerclement russe ne diffère pas des souffrances endurées dans les guerres précédentes par les hommes en première ligne.

L'Italie est loin et ils vont marcher pendant des semaines, souvent sans nourriture ni même d'abri. Peu s'en sortiront et seront fait prisonniers. Il n'est pas difficile de comprendre que Rigoni Stern est contre la guerre, qu'il n'est même pas fasciste mais comme tant d'autres enrôlés pour servir des puissants avides.

Quand il est fait mention de cet épisode de la guerre il est plutôt question des russes qui ont arrêté l'armée d'Hitler à Stalingrad que de ceux qui ont cherché à survivre et ne pensaient qu'à rentrer chez eux.

Difficile de mettre moins de 5 étoiles, c'est un témoignage humain et tout ce que l'on peut juger c'est la manière de raconter et dans ce cas je l'ai trouvé facile à appréhender tout en décrivant du mieux possible les horreurs traversées !

Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
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Freud voyait dans la guerre le triomphe universel de la pulsion de mort.
« Le sergent dans la neige », du romancier italien Mario Rigoni Stern (1921-2008), nous montre au contraire que même dans la pire des guerres, il est toujours possible de résister à ces instincts malsains et de rester humain, au sens noble du terme.
Mais de quoi s'agit-il ? D'une poignée de soldats perdus au beau milieu d'une steppe gelée. Rien n'est vraiment dit pour nous expliquer ce qu'ils font là, mais on finit par comprendre que ce sont des soldats italiens emportés par l'ouragan de la guerre jusque sur le Front de l'Est. Encerclés par les troupes soviétiques, il leur faut se replier. Commence alors pour eux, un exode dantesque au cours duquel beaucoup vont trouver la mort sous les balles de l'ennemi, mais aussi à cause du froid intense.
Comme l'indique son titre, l'intérêt de ce court roman est de montrer la guerre à hauteur d'homme, les brodequins dans la neige : jamais de mots ronflants ni de considérations abstraites, mais des êtres qui tentent de survivre au jour le jour en restant unis et en s'entraidant. Le narrateur (qui n'est autre que le fameux sergent), se comporte comme un père : il pourvoit au ravitaillement de ses troupes, panse les plaies, physiques et morales, et donne des consignes avisées au coeur du combat. Comme tous les autres, ce qui lui permet de tenir, c'est de savoir que chaque pas qu'il fait le rapproche un peu plus de son village et de ceux qu'il aime.
En lisant la belle prose, claire et concrète, de Mario Rigoni Stern, on est conquis par son empathie avec la nature, superbement racontée, et avec les êtres qu'il croise, fussent-ils des ennemis.
Hélas, la pulsion de mort n'est jamais très loin, comme en témoignent ces villages en flammes et ces civils massacrés en masse par les soldats de la Wermacht. Ces carnages, le narrateur les trouve d'autant plus incompréhensibles que ce sont des paysans comme lui qui en sont les victimes et que, sans l'aide de ces villageois, ses hommes et lui n'auraient aucune chance de survivre dans des conditions aussi extrêmes .
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Le sergent dans la neige est un très beau texte sur la guerre, qui dépasse le terrible cadre du conflit mené en Russie pendant la seconde guerre mondiale. Mario Rigoni Stern, sous-officier Alpini, nous fait vivre et ressentir le chaos des sentiments qui animent les hommes en proie à toutes les souffrances, physiques et morales, subies lors de cette terrible épreuve que fut, pour tous les combattants, le combat en terre russe. Il est dans ce livre question essentiellement d'unités italiennes, membres de l'Axe, qui furent malmenées, , balayées et parfois désintégrées dans le fracas des armes. On est conscient, au travers de cette lecture, que ces troupes italiennes paraissent déplacées et dépassées dans un théâtre militaire qui ne correspond tellement pas à l'idée qu'on se fait de l'âme italienne.
Ce livre dénote de beaucoup de romans de guerre, car s'il est question de luttes, de tirs et de morts, de la Bataille, il est surtout question de ce qui est particulièrement difficile à subir pour un soldat, à savoir: la Retraite, la Fuite.
L'auteur centre son histoire sur les hommes de son unité et ceux d'autres régiments italiens perdus dans l'hiver russe, ces soldats des alpes ou de Sicile, de Venise ou de Toscane, qui sont ballottés par les évènements, comme des fétus de paille, et que l'on voit certes se battre, mais surtout tenter de survivre, en se nourrissant de rien , si ce n'est, de leur amitié, de leurs souvenirs communs, de leur espoir de revoir un jour leur terre ensoleillée. Mario Rigoni Stern nous montre la guerre telle qu'elle est, et telle qu'il l'a vécue, relatant avec simplicité mais avec talent, des évènements tragiques, ou la beauté de l'âme humaine côtoie la laideur de la destruction.
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Mario Rigoni Stern, un écrivain italien du 20°siècle nous fait le récit de la retraite des italiens sur le front russe pendant la deuxième guerre mondiale.
L'auteur n'exprime ni thèse politique ni grand récit de batailles.
Au contraire ce texte profondément juste et empreint d'une profonde humanité raconte sa propre expérience.
Le chasseur alpin Rigoni Stern narre le quotidien de ces malheureux et valeureux soldats qui devaient lutter contre le froid et la neige:"La neige traversait la couverture , poignardait le visage, le cou, les poignets." "Le vent nous coupait le souffle,l'haleine gelait sur ma barbe et mes moustaches se couvraient de neige apportée par le vent et qui formait des glaçons."
Ces soldats , ses camarades et lui même , luttaient contre le manque de sommeil,contre la morsure des poux,("les poux ne manquaient pas à la fête),"la fatigue immense.......contre la faim elle même......
La marche dans la neige et le poids des sacs, les souffrances à l'endroit des camarades blessés ou tués leur donnait constamment le sentiment d'être en survie.
La solidarité ,l'amitié, les pensées furtives pour les fiancées en Italie, la polenta fabriquée quand ils le pouvaient, la commisération même pour les Russes,laissés en paix , lorsqu'ils ramassaient leur morts et leurs blessés, pendant un court espace de temps.....cet ouvrage le met en lumière.
Même à bout de forces, épuisés de froid, de faim , de sommeil , même en perdant parfois la notion du temps, ils font tous ou à peu près ( sauf ceux qui perdent la raison )preuve d'une grande force , d'une grande humanité , sans barrière rigide entre les officiers et le simple soldat.
L'auteur réussit à garder son authenticité à l'opposé de la violence ,même si son époque, l'a contraint à participer à toutes les guerres de son temps.C'est un très beau livre.

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Sans détourner le regard de l'horreur - mais baigné de tristesse, dans le blanc neigeux qui éblouit - , Mario Rigoni Stern exprime un contrepoint à la misanthropie généralisée que peut porter tout texte sur la guerre. Il ne raconte pas que la peur et la violence mais aussi l'amitié qui peut subsister, l'espoir, l'empathie ( y compris pour "l'ennemi" ) , les étincelles de gentillesse dans la nuit la plus noire.
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