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EAN : 9781909226654
Editions Aden - Londres (13/01/2017)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Une idée de cadeau pour toutes les occasions. 7 fiches de poèmes = 10 grammes de poésie. Arthur Rimbaud, Charles Beaudelaire, Victor Hugo, Guillaume Apollinaire, Marceline Desbordes, Valmore, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
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Entendez-vous Marat qui hurle dans sa cave !
Sa morsure au tyran s’en va baiser l’esclave.
Il souffle la fureur, les griefs acharnés ;
La vengeance, la mort, la vie, aux déchaînés ;
A plat ventre, grinçant des dents, livide, oblique,
If travaille à l’immense évasion publique ;
Il perce l’épais mur du bagne, et, dans son trou,
Du grand cachot de l’ombre il tire le verrou ;
Il saisit l’ancien monde, il en montre la plaie ;
Il le traîne de rue en rue, il est la claie ;
Il est en même temps la huée ; il écrit,
Le vent d’orage emporte et sème son esprit,
Une feuille de fange et d’aurore inondée,
Espèce de guenille horrible de l’idée ;
Il dénonce, il délivre ; il console, il maudit ;
De la liberté sainte il est l’âpre bandit ;
Il agite l’antique et monstrueuse chaîne,
Hideux, faisant sonner le fer contre s’a haine ;
On voit autour de lui des ossements humains.
Charlotte, ayant le cœur des stoïques romains,
Seule osera tenter cet antre inabordable.
Il est le misérable, il est le formidable ;
Il est l’auguste infâme ; il est le nain géant ;
Il égorge, massacre ; extermine, en créant ;
Un pauvre en deuil l’émeut, un roi saignant le charme ;
Sa fureur aime ; il verse, une effroyable larme ;
Fauve, il pleure avec rage au secours des souffrants !
Il crie au mourant : Tue ! Il crie au volé : Prends !
Il crie à l’Opprimé : Foule aux pieds ! broie ! accable !
Doux pour une détresse et pour l’autre implacable,
Il fait à cette foule ; à cette nation,
A ce peuple, un salut d’extermination.
Dur, mais grand ; front livide entre les fronts célèbres !
Ténébreux, il attaque et détruit lés ténèbres.
Cette chauve-souris fait la guerre au corbeau.
Prêtre imposteur du vrai, difforme amant du beau,
Il combat l’ombre avec toutes, les armes noires,
Pierres, boue et crachats, affronts, cris dérisoires,
Hymnes à l’échafaud, poignard, rire infernal,
Il puise à pleines mains dans l’affreux arsenal ;
Cet homme peut toucher à tout, hors à la foudre.

La meule doit broyer si le moulin veut moudre ;
Sur les versants divers des abîmes penchants ;
Ceux qui paraissent bons, ceux qui semblent méchants,
Ébauchent en commun la même délivrance ;
Ils font le jour, ils font le peuple, ils font la France.
Qu’appelez-vous Bourbon, majesté, roi, dauphin ?
Toute chose dont sort l’indigence, la faim,
L’ignorance, le mal, la guerre, l’homme brute,
C’est fini, cela doit s’en aller dans la chute.
C’est une tête ? Eh bien, le panier la reçoit.
Ils marchent, détruisant l’obstacle, quel qu’il soit ;
Et c’est leur dogme à tous : ― tuer quiconque tue.
Ruine où l’ordre éclôt, vit et se constitue !

C’est par excès d’amour qu’ils abhorrent ; bonté
Devient haine ; ils n’ont plus de cœur que d’un côté
A force de songer au sort des misérables,
Et par miséricorde ils sont inexorables.
Pour eux, Louis dix sept, c’est déjà tout un roi ;
Qu’importe sa pâleur, sa fièvre, son effroi ?
Ils écoutent le triste avenir qui sanglote.
L’enfant a dans leurs mains la lourdeur d’un despote ;
Ils l’écrasent ― meurs donc ! ― sous le trône natal.
Ainsi tous les débris du vieux monde fatal,
Évêques mis aux fers, rois traînés à la barre,
Disparaissent, broyés sous leur pitié barbare.
Tigres compatissants ! formidables agneaux !
Le sang que Danton verse éclabousse Vergniaux ;
Sous la Montagne ainsi qu’aux pieds de la Gironde
La même terre tremble et le même flot gronde.
Oui, le droit se dressa sur les codes bâtards,
Oui, l’on sentit, ainsi qu’à tous les avatars,
Le tressaillement sourd du flanc des destinées
Quand, montant lentement son escalier d’années,
Le dix-huitième siècle atteignit quatrevingt.
Encor treize, le nombre étrange, et le jour vint !
Alors, comme il arrive à chaque phénomène,
A chaque changement d’âme de l’âme humaine,
Comme lorsque Jésus mourut au Golgotha,
L’éternel sablier des siècles s’arrêta,
Laissant l’heure incomplète et discontinuée ;
L’œil profond des penseurs plongea dans la nuée,
Et l’on vit une main qui retournait le temps.
On comprit qu’on touchait aux solennels instants,
Que tout recommençait, qu’on entrait dans la phase,
Que le sommet allait descendre sous la base,
Que le nadir allait devenir le zénith,
Que le peuple montait sur le roi qui finit.
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