L'étranger

Il n'est pas forcément aisé d'aborder la crainte de l'autre sans donner dans le malaisant.
Mais, je le sais, moi le loup lecteur et vous aussi, j'en suis sûr, jeunes lecteurs, qu'il est parfois plus simple que l'on ne le croit d'aborder le thème de la différence dans la littérature jeunesse sans heurter les sensibilités.

L'humour est le petit morceau de sucre qui fait passer le message avec douceur, sans pathos, il permet d'en rire et aussi d'y réfléchir car pourquoi s'arrêter en si bon chemin. Les enfants ont toujours des cas de leur quotidien que leur rappelle une histoire comme celle-ci.

Non, ils ne connaissent pas de roi (sauf le jour de la Chandeleur), non ils ne connaissent pas de géant (sauf leur parents quand ils étaient bébés et avec le temps, ils ont rapetissé), mais cette histoire peut leur dire quelque chose.

Il était une fois des pieds, des pieds de géant qui firent une halte dans un royaume.
Le contact n'était à priori pas simple pour un peuple si petit.
Vous pourriez vous montrer aussi étonnés que l'option première du roi fut de lui demander de partir.
Nous ne nous indignerons pas de suite, nous laisserons cela pour la fin.

C'est le fou rire autorisé, devant cette tour de personnages montés les uns sur les autres pour s'adresser en porte-voix.
La population ne sera pas très dégourdie et c'est tant mieux car on ne rit pas qu'une fois.
Les pieds restèrent impassibles (les pieds n'ont pas beaucoup d'expression. Sauf lorsqu'ils écrasent, là, ils se montrent très éloquents).
Ca sera delà une suite de péripéties pour avoir gain de cause dans un duel dont on est pas sûr que le géant là-haut à bien pris note.
Le géant entendra bien les petits boulets de canon en revanche et là, ça sera la fontaine et la mer qui monte.
Ouille! Les orteils, sont en fait très sensibles.
Le chagrin monte, de quoi au final, se trouver à niveau par la force des choses. A juste niveau pour enfin se comprendre.
Le style est assez ressemblant à du Eric Battut, en restant dans les tons roses et bleus.
Un petit plaisir de lecture qui se termine sur un happy end, dans cette histoire.
Les enfants apprécieront.

Cet album traite d'un thème brûlant : l'immigration. L'auteur suédois m'était totalement inconnu. Il est était peintre, sculpteur, graphiste, auteur aussi.

Dans cet album, je n'ai pas accroché avec le style graphique. En revanche, le texte est ingénieux. Il montre la réaction infondée et hostile que l'on peut avoir face à un être inconnu simplement parce qu'il est étranger à soi.

L'étranger est dessiné seulement par un pied et sa jambe. On se demande en tant que lecteur ce qui peut justifier la peur et les tentatives de l'arrêter par les habitants.

Jusqu'au moment où les grands moyens sont employés. L'étranger est blessé et se met à pleurer. Sa taille, il est vrai, est considérable. Ses pleurs se changent en flaque, en mer, en océan.

La fin est drôle et moins terrible que l'on aurait pu croire.

Une manière de dédramatiser. Un album qui fera réfléchir sur le pourquoi une personne différente génère une crainte et un sentiment de menace au sein d'une communauté.