Encore une petite lecture rapide en cette fin d'année ! Et encore une lecture bien agréable ! Dans «
un mordu », j'ai trouvé tout ce que je venais y chercher. Quand on s'attaque à un récit d'un des auteurs qui ont façonné le genre en définissant ses codes, ses canons, il ne faut pas espérer être surpris, il ne faut pas s'attendre à un récit innovant. «
Un mordu » est un récit noir tout ce qu'il y a de plus classiques, il respecte à la lettre les codes du genre et c'est ça qui est bien. Ceux qui aiment les enquêtes implacables et bien ficelées n'y trouveront évidemment pas leur compte. Chez Chandler, l'enquête on s'en fout un peu, ce n'est pas le plus important, l'enquête est un prétexte. Ce qui compte avant tout c'est l'ambiance. Et pour ça, Chandler est très fort. Toutes les figures croisées dans ce récit sont des archétypes vus et revus dans le noir, du privé nonchalant aux bad guys patibulaires en passant par les femmes létales, et j'adore ces codes, je ne m'en lasse pas. Comme d'habitude, Chandler fait preuve d'un sens de la formule irrésistible. Quelques exemples : « son sourire était aussi figé que du poisson congelé », « il ouvrit la bouche si grand que j'eus peur de voir tomber sa mâchoire sur ses genoux », « il ferma la bouche avec toute la résolution d'une pelle à vapeur ». C'est drôle, imagé, ça claque. J'adore ce style hard-boiled, je trouve même qu'il y a là une forme de poésie, virile certes mais poésie quand même.