Thomas bosse dans un grand parc d'attraction d'île de France, un boulot d'étudiant alors qu'il a terminé ses études depuis plus de six mois. Situation un peu risible, lorsqu'on est diplômé et que le monde des adultes nous attend sans nous tendre la main. Sa vie est loin d'être simple, comme il le dirait si bien lui même, elle est même… merdique. Thomas vit dans la rue depuis des années, et le manque de sommeil, la fatigue et le manque de nourriture a fini par l'abîmer, le rendre méfiant de tout et de tous… Tout comme ce qui l'a conduit où il est aujourd'hui… Mais il ne s'est jamais laissé abattre, pour preuve il a continué ses études, et s'il n'a aucune vie sociale hormis ses « copains d'infortune » qu'ils croisent régulièrement dans le parc, il compte bien réussir un jour à se sortir de la merde… Mais comment y parvenir lorsqu'on vit dans la rue ?
Les températures glaciales ont fini par arriver et le stress avec, comme chaque année, apportant alors son lot de soucis supplémentaire. Mais ce soir là, alors qu'il ne tient plus debout pris d'une grosse fatigue, son seul objectif est de retrouver son chat dans le parc, son petit compagnon dont il aime s'occuper. Malade comme jamais, il va se laisser persuader d'embarquer dans le camion des bénévoles qui va le mener au refuge pour la nuit et confier son chat à une inconnue, tout en s'acharnant auparavant sur elle, à coup de piques pour ne pas perdre la face de part sa situation…
Emilie… Qui ne comprend toujours pas son geste envers cet homme. Prendre son chat était une drôle d'idée, mais c'était aussi le seul moyen pour qu'il accepte d'être pris en charge par les bénévoles. Il avait l'air tellement mal en point, tellement jeune, et … si fier… Son regard l'obsède la nuit venue. Sa situation ne la laisse pas indifférente…. À moins que ce soit lui tout simplement ?
June Robin sort un peu des sentiers battus avec cette romance qui va traiter de sujets lourds. Nous sommes dans la triste réalité de la vie et notre SDF ne va pas se transformer en milliardaire pour nos beaux yeux, en encore moins pour ceux de la douce Emilie.
Emilie est une belle personne, discrète, qui aime la solitude malgré ses amis qui la sollicitent beaucoup. Sa rencontre avec Thomas va changer son quotidien. Lui donner un sens dans une période de sa vie assez mélancolique. Elle va se battre pour lui, mais lui ? Se battra t-il pour elle ? Acceptera t-il de lui faire confiance, accepter compter pour quelqu'un et lui faire une place auprès de lui ?…
Avec
Marginal, on passe de l'autre côté de la barrière. On est à la place de la personne que l'on ne voit pas toujours ou que parfois, même, on évite. Et là, les questions fusent : Quelle vie mènent les gens sans domicile fixe ? Quelles relations sociales ont-ils ? Où dorment t-ils quand il fait si froid ? Et s'ils sont malades comment font-ils ? Que s'est-il passé pour qu'ils en arrivent à ne plus avoir de toit, de famille qui pourrait les aider ?..
L'auteur nous montre l'envers du décor, ce décor dont on ne parle pas assez et qui a pourtant toute son importance. Les bénévoles, les foyers, les médecins prêts à donner de leur temps pour les autres. Puis Emilie… cette jeune femme qui pourrait être vous, moi, avec son lot de problèmes, mais qui va prendre le temps nécessaire pour un homme qu'elle ne connait même pas et découvrir qu'aider les autres apporte aussi du bonheur. Surtout aider Thomas qui la touche plus que de raison et qui l'intrigue de par sa situation au vu de son âge. Mais l'aider c'est aussi se confronter à l'était psychologique de la personne. Six ans dans la rue, laissent des séquelles, tout comme ce qui l'y a conduit. C'est aussi souffrir du manque d'empathie de quelqu'un qui n'en a jamais reçu et qui ne sait pas comment pas accepter ne serait ce que de l'affection. Briser la carapace de cet homme, c'est bien, mais que va t-elle y trouver dessous ? Et c'est là, mon petit hic dans ce récit. L'auteur à réussi à merveille à retranscrire l'évolution de Thomas, mais elle n'est pas pas entré dans les détails. Tout est survolé, aérien, avec des fins de chapitres un peu brute car on veut en savoir plus, et en même temps l'essentiel est là pour ne pas qu'on perde le fil et garder le minimum d'émotions.
J'imagine que c'est un choix, car pousser le côté psychologique demande d'être précis dans ce qu'on avance. Cela lui a aussi permis de garder son intrigue qui a tout de même fini par me faire couler quelques larmes et cela m'a encore plus frustrée de me dire que, plus de profondeur et détails, auraient rendu le roman énormément poignant.
Malgré ce manque d'approfondissement, on tourne les pages les unes après les autres pour découvrir ce que nos protagonistes nous cachent en nous faisant prendre conscience qu'il ne faut pas discriminer des personnes ayant des difficultés, tout comme il faut être attentif aux autres. Que ce soit une personne qui vit dans la rue ou pas. Que tendre la main n'est pas si compliqué et que si la personne la refuse dans un premier temps, c'est tout simplement un manque de confiance et d'une fierté qu'ils chérissent car c'est tout ce qu'il leur reste…
Un roman qui nous donne envie de remercier toutes les personnes de l'ombre qui luttent chaque nuit, chaque jour à aider les sans abris et pas seulement, pour leur donner un toit pour la nuit, mais qui font tellement plus que cela. Un roman qui vous pousse à être plus attentif aux autres en dévoilant une intrigue qui met en évidence le manque d'attention des personnes qui nous sont chères et que l'on ne « voit » pas vraiment. C'est toujours après qu'on se dit : mince si j'avais vu , si j'avais su …. mais c'est souvent trop tard…
Un grand merci à Lips and Co pour m'avoir permis de découvrir cette lecture qui sort des sentiers battus en service presse.