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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Henri souffrait de cette inintelligence artistique de sa femme, qui, à ses yeux, constituait une infériorité. Il aurait voulu, par générosité naïve, et aussi par raffinement d'amour-propre, qu'elle fut en tous points son égale; et deux ou trois fois, en l'écoutant parler à tort et à travers sur tel chef-d'oeuvre devant lequel il parvenait à l'arrêter, il se sentit envahi par une crainte vague de l'avenir. Mais c'étaient là de légers nuages qui s'enfuyaient bien vite aux horizons lointains de leur ciel.

Chapitre III
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Vers le matin, Marguerite, tout en dormant, se retourna. Il la contempla longuement. Sa gorge soulevait en palpitations régulières les valenciennes de sa chemise; ses magnifiques cheveux noirs, que son mouvement avait déplacés, traînaient derrière elle sur la blancheur de l'oreiller; dans la lueur mélangée du petit jour et de la bougie crépitante, prête à s'éteindre, sa chair prenait des tons changeants, pâle par moments d'une pâleur morte, puis marbrée de couleurs étranges, puis soudain éclairée, lumineuse, comme battue par le flux subit d'une vie surnaturelle.Henri, à demi soulevé, s'appuyait sur l'oreiller. Et tandis qu'il suivait, de ses yeux battus et enfiévrés, ces mystérieuses transfigurations de sa beauté, elle souriait, d'un sourire paisible, reposé, d'un sourire d'enfant que visite un songe innocent et heureux.

Chapitre XVIII
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Vivant seul, sans lien d'amitié avec ses camarades, sans maîtresse, allant à peine dîner de temps en temps chez des familles où des lettres l'avaient introduit, qui le recevaient bien et lui restaient pourtant étrangères, il se transportait souvent en imagination dans sa petite ville, qu'il aimait maintenant. Il revoyait son père, taciturne et bon, les gravures de M. Lefriquet, les amis avec lesquels il jouait quelquefois, et jusqu'à la rue presque toujours déserte, avec, au bout, la vieille horloge qui marquait les heures
monotones. Il regrettait sa triste enfance comme si elle eût été animée et joyeuse; il aimait à se perdre dans les mirages du souvenir. De ces lointains une figure émergeait, mais très-vague, comme un objet aux couleurs plus fermes s'accuse parmi des brumes: celle de la petite Marguerite, qu'il avait aimée pendant deux ans, au moment où s'éveillaient ses premières tendresses enfantines. Elle lui réapparaissait, grandie, pâle, avec une figure qui se métamorphosait selon les caprices de sa rêverie, à demi réelle, à demi fantôme. Certains jours, elle venait à lui dès le matin, comme si les songes, en se retirant, la lui eussent laissée; elle le suivait à l'atelier, où la nudité du modèle la faisait s'évanouir; elle revenait dans la rue, se perdant parfois parmi la foule, lorsque le regard et la pensée d'Henri, distraits tout à coup, suivaient un moment quelque fringante inconnue qui passait en laissant derrière elle un fin parfum en un instant évaporé. Et il désirait la revoir, en se disant qu'il
l'aimerait peut-être pour la seconde fois.

Chapitre II
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Il semblait que Marguerite ne s'intéressât plus à rien. Pendant des heures, elle restait étendue sur une chaise longue, toute pâle dans sa robe de deuil, laissant errer dans le vide ses yeux qui cherchaient des images disparues; elle ne parait presque pas; souvent, quand un détail quelconque éveillait tout à coup un souvenir précis, elle se mettait à pleurer doucement.
Pour essayer de la distraire, Henri lui annonça un jour qu'ils déménageraient au terme d'octobre. Elle eut un geste d'indifférence : elle ne désirait plus changer de place,
Et même elle tenait à cette demeure où subistait encore quelque chose de la petite morte, où rien ne la dérangeait de sa douleur.

Chapitre VI
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(...), Henri s'isolait avec le vieux Plombières et sa fille Sophie derrière une jardinière chargée de plantes vertes. Personne ne s'occupait d'eux; ils pouvaient causer librement.
Laide, le visage irrégulier, labouré par lapetite vérole, encadré de cheveux rares et fades, Sophie n'avait jamais été aimée que par son père. Sa mère, dont elle blessait la vanité, la tenait à l'écart; même, les jours de grande réception, elle ne descendait pas au salon, n'ayant pas de toilette suffisante: elle passait alors sa soirée dans une des chambres à coucher, dont le mobilier, presque pauvre, contrastait singulièrement avec le luxe des autres pièces. On savait bien qu'elle ne pouvait être d'aucun secours dans la grande lutte des intérêts où les jolis sourires, les minauderies et les épaules de ses deux soeurs gagnaient de temps en temps une légère escarmouche; on ne pouvait songer non plus à la marier sans dot; on l'aurait donc considérée tout à fait comme une bouche inutile) si sa tranquille activité et son inépuisable complaisance n'eussent servi dans le ménage. Très-douce, rendue mélancolique par la longue habitude de renfermer en elle-même toutes ses amertumes, jamais, en travaillant tard dans la nuit aux robes de sa mère et de ses soeurs, elle n'eût formulé, même en pensée, les vagues tristesses que les heures monotones accumulaient dans son coeur.

Chapitre XI
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Après quelques mois de stage, après aussi des journées passées laborieusement à la Pinacothèque à copier surtout les merveilleuses petites toiles de l'école de Cologne qui sont dans les cabinets latéraux, il crut avoir trouvé sa voie : la peinture religieuse. Et il.peignit des madones qui se ressemblaient toutes : c'étaient des traits délicats, irréguliers, d'une beauté de chlorose, des figures maladives, des transparences de teints pâles sur lesquelles tranchait à peine la ligne des lèvres trop minces et faiblement rosées, des cheveux toujours blonds, des yeux clairs d'une nuance compliquée, ayant ce reflet doré que de Bruyn donnait aux yeux de
ses Saintes.

Chapitre III
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