Les dunes grognaient

Je continue dans ma lancée de lectures du genre horrifique avec ce roman pour lequel j'ai contribué sur la plateforme Ulule. En effet, étant originaire du Nord de la France et ayant passé mon enfance à jouer dans les dunes de la Côte d'Opale, j'ai été forcément intéressée par la proposition de l'auteure d'y installer une intrigue surnaturelle.

« Il est mort. Et ce soir- là, celui où j'ai réalisé pleinement, entièrement et profondément ce fait indiscutable, il est revenu. Son visage est apparu près de moi, près de mon lit, et il s'est insinué dans mes rêves qu'il n'a plus jamais quittés. » Eté 2010 ; Aline vient passer quelques jours à Bray- Dunes avec son ami Andy. Ce ne sont pas des vacances, non. le petit frère de la jeune femme, Dimitri, y est décédé vingt ans auparavant, alors qu'il n'avait que quatre ans. Aline vient chercher des réponses. Qu'est- il réellement arrivé à son petit- frère qui vient la hanter chaque nuit ?

« Il avait des morsures.
Partout.
Sur son visage. Sur ses bras frêles et gris. Sur ses mollets. A bien y regarder, j'avais l'impression de ne voir que ça. Sa peau, que je pensais si flétrie, n'était que des reflets des cicatrices.
Ce mioche s'est fait bouffer. Et pas qu'un peu, bordel. » Sur place, la jeune femme est hantée par d'autres esprits que celui de son petit- frère. Des personnes décédées elles aussi de manière tragique, qui vont pousser Aline à découvrir la vérité sur la disparition de Dimitri.

Au final, un récit qui m'a littéralement happée. L'écriture d'Adeline Rogaux est âpre, directe et sans concession. Coeur bien accroché recommandé. Et pourtant, une certaine poésie se dégage de ces lignes esquissées sur une corde sensible. le lecteur oscille entre réalité et onirisme. Et vraiment, j'ai bien aimé.

Difficile de parler du nouveau bébé d'Adeline Rogeaux sans spoiler, tant deux intrigues que l'on pense au départ complémentaires s'entrelacent pour devenir bien plus, tellement plus...
L'une devient ainsi le reflet déformé de l'autre mais surtout un miroir révélateur de la psyché de l'héroïne, qui est contrainte petit à petit, par touches subtiles, de plonger dans un aller-simple pour les ténèbres les plus pures, car les plus humaines. À ce titre, il faut signaler que le style de l'auteure demeure reconnaissable, direct sans être familier et dépressif sans tomber dans le larmoyant, mais qu'il s'accompagne ici et pour la première fois dans son oeuvre d'une délicatesse contemplative, presque poétique, qui enrichit et même embellit une histoire qui n'a pourtant rien d'un doux conte. Aussi nostalgique que lucide, cette approche nouvelle est peut-être même la meilleure raison de s'aventurer dans ces dunes... Pour y percer un mystère que je suis vraiment très agacé de ne pouvoir détailler ici !

Un roman horrifique dont je vais avoir du mal à vous parler. Non pas parce que je n'ai pas aimé, au contraire. Mais parce que c'est que c'est le genre de roman qui se vit en le lisant et qui ne se raconte pas.

Bray-Dunes 1990. Aline a 8 ans. Son petit frère Dimitri disparait alors qu'ils jouent dans les dunes. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard, exsangue.

20 ans plus tard. Aline est toujours obnubilée par la mort de son frère, au point de le voir, toutes les nuits. Elle a besoin d'avancer et décide de retourner pour la 1ère fois sur les lieux du drame…

J'ai été plongée dès le départ dans une atmosphère lourde et oppressante. L'auteur a choisi une narration à la 1ère personne et les ressentis d'Alice en ressortent plus présents, presque étouffants.

Je ne savais pas trop si ce qu'elle voyait et entendait était « réel » ou si c'était le fruit de son imagination torturée. Est-ce l'esprit de son petit frère qui lui parle ? Est-ce une hallucination parce qu'elle se sent coupable ? L'auteure m'a baladée et j'ai adoré ça. Ça m'a encore plus immergée dans l'histoire.

Simple vision ou réelle apparition de Dimitri ? Vous le découvrirez comme je l'ai découvert.

C'est un livre à la fois glaçant, tendre, nostalgique et assez violent niveau ressentis. Avec une sorte d'angoisse, un mal-être omniprésent qui vous prend à la gorge. Et pourtant, on ne peut pas s'empêcher de tourner les pages, d'avancer dans ce récit.

J'aimerais que vous ressentiez vous aussi les doutes et les peurs d'Aline, jusqu'à ce que la vérité éclate. J'aimerais que vous arriviez à vous mettre à sa place, à essayer de la comprendre, par vous-mêmes et non parce que je vous en ai parlé. C'est un livre qui se découvre, sans trop savoir où vous allez. Et peut-être bien que la fin ne sera pas ce que vous aviez imaginé….

[Pas de course aux notes ici, ma note ne veut rien dire. Mon ressenti est dans mon commentaire ;)]

J'avais un avant-goût du talent de l'autrice à raconter des histoires à la fois horrifiques et humaines à travers ses nouvelles. Autant dire que je l'attendais au tournant pour écrire un roman.
Je ne suis pas restée sur ma faim. Certes, je reste avec des questions, mais je n'ai pas la frustration que me laissent la lecture de nouvelles en règle générale.
Il est impossible de deviner l'issue de cette histoire. Je me suis laissée avoir, j'ai même été jusqu'à soupçonner Andy de ne pas être ce qu'il était. Quant à Aline, j'ai trop mal au coeur. Ce poids qu'elle porte depuis ses huit ans… Cette culpabilité qu'elle se traîne ! Je ne peux pas la considérer comme un monstre : elle n'avait que 8 ans ! Qui n'a pas éprouvé ce qu'elle a pu éprouver ?
Dans ce cas, nous sommes tout.e.s Aline ; nous avons tout.e.s quelque chose à nous reprocher si fort, et c'est la base même du traumatisme, qui peut devenir complexe.
Paradoxalement, ce roman nous rappelle que l'innocence que l'on attribue aux enfants n'est pas toujours là, à cause de certaines circonstances.
L'humour propre à l'autrice apporte une douceur bienvenue, de même que l'amour (au sens large) qui s'esquisse entre certains personnages (je ne spoile pas).
Quoi qu'il en soit, on ne peut ressortir de cette lecture indemne.

Un roman horrifique rondement mené, tous les ingrédients sont réunis pour en faire une histoire prenante.
On démarre par cette presque trentenaire qui retourne dans une ville de son enfance, dans le Nord, où un drame est arrivé sur une plage.
Lorsqu'elle était enfant, sa famille avait retrouvé son petit frère mort dans les dunes, mais c'est comme si elle avait fait un blackout, elle ne se souvient en rien de cette tragédie, à part d'un bruit qui la hante, comme l'image de son petit frère. Elle ne vit plus, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même, accablée par ce trou noir. C'est pour cela qu'elle se décide enfin à y revenir, pour tenter de raviver sa mémoire et calmer ses angoisses qui ne l'ont jamais quittée depuis ce jour atroce.
L'intrigue se met doucement et brillamment en place. Si on ne sait pas qu'au départ c'est un roman horrifique, on le devine au fur et à mesure que s'égrènent les chapitres, sans que ce soit choquant. Les détails sont très immersifs et on visualise très bien les lieux, les personnages, l'atmosphère pesante.
Les révélations sont étonnantes et la noirceur de ce passé occulté s'avère surprenant. Je ne m'attendais vraiment pas à ce dénouement !
Je suis restée scotchée par la fin. Je voyais se profiler au fur et à mesure des mots le grand final, et dans mon fauteuil, je criais des « Non… Non, non… Non ! »