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La France, notre France d'aujourd'hui, est dévastée par une guerre civile. Un vague cessez-le-feu a été prononcé, mais malgré les forces d'intervention internationale, diverses factions s'affrontent, terrorisent les populations, jouent au petit chef. Un narrateur, qui emprunte beaucoup à Jean Rolin, mais qui n'est pas lui puisqu'il conduit une voiture, nous relate un road movie désabusé dans ce pays furieux et dévasté, de Paris à Marseille en passant par Clermont-Ferrand, avec pour vague excuse la recherche d'un hypothétique fils inconnu. Quelques chapitres à la troisième personne nous offrent un point de vue extérieur, telle une voix off dans les films de la Nouvelle Vague.

C'est très rolinien. Comme toujours, il ne faut pas craindre les tours et détours des départementales , la laideur des zones commerciales, les chiens errants qui trainent. À ce détail près que cette fois, les McDonald's sont pillés, les habitants évacués, les façades déchirés par des impacts de balles, la terreur rôde. Mais si l'on devine le voyageur meurtri par ce spectacle, il n'est pas près de l'avouer, nonchalant, fataliste devant l'horreur, quasi indifférent.

Et puis tout au long du chemin, de magnifiques échappées sur la nature, des lumières, des couleurs, le froissement d'animaux qui passent, rappellent la vie qui ne demande qu'à rependre.

Rolin reste à distance : au final, au-delà de la fulgurance de l'instant, l'action l'indiffère. On n'a aucune maîtrise sur rien, la compréhension est floue, le doute total. Il est l' élément central du récit tout en restant un élément totalement négligeable auquel arrivent quelques aventures, quelques rencontres, il faut bien que la vie continue.

" Mais comment savoir ?
Et d'ailleurs quelle importance ? "


L'élégance est dans l'enchaînement harmonieux de ses phrases à tiroirs, la capacité à évoquer le détail, à conserver l'ironie. L'humour affleure sous le drame (l'Acropole est une boîte de nuit enterrée, Rolin adore les Pailles d'or). L'absurde est roi.
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Paris en état de siège, des routes jonchées de cadavres, des milices combattant pour des territoires, Marseille à feu et à sang : voici le décor apocalyptique de ce road-trip imaginé par Jean Rolin - ex-reporter ayant couvert de nombreux conflits (prix Albert Londres 1988) - qui s'est inspiré de la guerre en ex-Yougoslavie et de ses séjours là-bas pour décrire les scènes de désolation qu'il transpose ici en France.

Dans un paysage de guerre civile en France, un narrateur non identifié (sur qui un autre narrateur prend la main de temps en temps) entreprend de quitter Paris pour aller vers le Sud.

Le pays, qui a perdu son pouvoir central, traverse une période de chaos, divisé entres les forces des Nations unies et plusieurs milices, qui défendent leurs intérêts. C'est dans cet univers violent et immoral où les armes font loi que le narrateur évolue. En quête de sa propre survie, il partira à la recherche d'un fils, dont il apprend l'existence sur le tard.

Un gouvernement réfugié à l'extrême ouest du pays dans la petite île de Noirmoutier, des communes entièrement détruites et désertées par les habitants, des camps de réfugiés... le pays des droits de l'homme est livré à différentes factions qui se battent entre elles.

Mais s'arrête ici le récit de guerre. Certes, Jean Rolin raconte quelques combats et certaines scènes de désolation post-apocalypse mais les origines de cette guerre civile ne seront jamais dévoilées : nul recours donc, comme d'autres romanciers contemporains, à un péril islamiste en tant que tel (Michel Houellebecq ou Boualem Sansal pour ne citer qu'eux) pour expliquer l'effondrement d'un pays. Au milieu des zones « tenues » par telle ou telle milice/politique/religieuse ou plus proche du simple banditisme, des restes pathétiques d'une armée régulière disjointe et épuisée, des déploiements de forces de l'ONU et des efforts humanitaires des ONG, Jean Rolin s'attache à nous décrire une France ayant revêtu tous les symptômes réservés normalement, dans notre imaginaire, au Liban, à la Syrie, à la Bosnie ou même aux pays africains comme le Rwanda d'avant le génocide.

La seule esquisse d'une analyse géopolitique que le lecteur trouve dans ce livre se résume aux affrontements entre groupes gauchistes et islamistes dans l'étang de Berre, une région ouvrière près de Marseille. Ce qui intéresse Jean Rolin, ce sont les à‑côtés de la guerre. Les marques qu'elle imprime sur le territoire que traverse un narrateur absolument indifférent aux troubles de son pays.

« Les Événements », c'est surtout un récit de voyage, de Paris à Port-de-Bouc (tout au sud), en passant par la Sologne et l'Auvergne, à travers une France déchue, désertée ou chaotique, dans lequel l'auteur détaille, avec une minutie presque maladive, chaque cours d'eau, arbre, fleur, route départementale ou nationale.

L'auteur s'attache avant tout à décrire ladite pérégrination avec une overdose de détails urbains, géographiques ou routiers, comme une sorte de cartographie démente d'un pays dévasté. Jean Rolin écrit avec les cartes routières sous les yeux, s'attachant à tel carrefour, à un embranchement entre deux nationales, à un bâtiment particulièrement laid, à une salle de réception dans un hôtel de province.

Le souci du détail de Jean Rolin ne s'arrête pas non plus aux paysages : on retrouve quelques clins d'oeil à des événements d'actualité de l'époque - comme l'évasion en 2013 du militant islamiste Saïd Arif, disparu d'un hôtel de Brioude où il était en résidence surveillée - mais aussi des rappels historiques, comme la visite du cosmonaute et héros soviétique Youri Gagarine à Port-de-Bouc, un minuscule village du sud de la France, en 1961, où il planta un arbre.

Malgré quelques procédés littéraires intéressants avec lesquels Jean Rolin s'amuse (comme par exemple une alternance de narration entre la première personne et la troisième personne du singulier ou encore une absence totale de dialogue), l'exercice littéraire peine à convaincre.

En somme, il s'agit d'une excellente idée mal exécutée. Cet excès de détails noie le propos ou – au choix – peine à masquer le manque d'une intrigue prenante.
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Ce roman décrit la france engluée dans une guerre civile, dont on ne connait pas les causes. le narrateur traverse le pays de Paris à Marseille (comme celui de Christian Oster dans "rouler" !) dans le vague but de retrouver un possible fils dont il apprend l'existence. Rolin reste un peu en deça des événements qu'il relate, son narrateur préférant souvent porter son attention sur les paysages et la flore des régions traversées plutôt que sur les exactions commises... le style est maîtrisé. Bref, une lecture pour une fois assez brève et réussie dans son genre.
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En France, les Événements ont déclenché une guerre civile qui scinde le pays en différents groupuscules qui s'affrontent, plongeant les populations dans un chaos constant. Au milieu du fracas des armes, il est un homme qui entame un voyage du nord au sud. C'est un lent exode, freiné par les moyens de locomotion défaillants, les divers barrages et batailles çà et là, qui parsèment le chemin.

« Les Événements » est un étrange roman écrit par Jean Rolin en 2015. Etrange par toutes les ellipses que comporte l'intrigue. Tout d'abord, des fameux événements on n'apprendra rien de plus que le terme en lui-même. Ensuite, l'auteur ne délivre aucune indication temporelle précise. Pour autant, quelques éléments glanés ici ou là nous permettent de comprendre que la période semble contemporaine et que l'intrigue ne prend pas place durant la seconde guerre mondiale. Enfin, le lecteur n'a aucune indication biographique sur le narrateur. Ce dernier le conduit dans ses pérégrinations du nord au sud de la France et dans le voyage intérieur qu'il mène en parallèle.
Etrange du fait d'un style d'écriture très complexe, avec des phrases à rallonge, emplies d'incises qui embrouillent la compréhension. L'écriture se veut brillante, recherchée, ce qui contraste avec la froideur des propos. En effet, le ton est détaché, désincarné, le narrateur semble extérieur aux événements qui agitent son pays, comme spectateur d'un chaos qui finalement l'indiffère. Certains chapitres adoptent un point de vue narratif externe, avec un basculement du passé vers le présent. Quoi qu'il en soit du point de vue narratif adopté, l'attention du narrateur est essentiellement centrée sur les paysages qu'il rencontre, la flore, la faune, les monuments ou bâtiments qu'il parvient à identifier.
Cette étrange intrigue, à laquelle je n'ai pas réussi à adhérer, aborde des thématiques qui font écho au passé mais aussi au présent. On ressort de ces presque 200 pages avec la sensation d'avoir été dérouté, comme laissé là, au bord du chemin de cet exode, en spectateur d'un bouleversement qui finalement ne nous a pas touché, à l'image du narrateur.
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Les evenements ont lieu en France, mais ils pourraient se passer a Saigon en 1970, ou en Syrie dans les annees 2000 : c'est epique, c'est un road movie, mais les heros sont de la famille des pieds nickelés. le personnage principal c'est le territoire, avec sa faune, sa flore et sa topologie. C'est très important, la topologie, pour la stratégie...
J'ai adoré ce livre, plein d'humour et de politique fiction tellement realiste. avec ses rebondissements et ses grosses ficelles marrantes pour boucler l'intrigue. je le recommande à ceux qui apprécient cet auteur.
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Quel ennui m'a procuré cette lecture
. Je n'ai absolument pas adhéré à cette histoire. le souci du détail m'a endormie, le scénario ne m'a pas captivée, les personnages sont plutôt détestables. Vite, passons à autre chose.
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Lu déjà l'inutile petit livre de Jean Rolin, Les Evènements : une guerre civile est en cours en France, une guerre dont on ne connaitra jamais les tenants et les aboutissants. Un "narrateur", qui n'est pas même un "personnage" bien défini, traverse le pays pour des raisons mal définies elles aussi. Il fait état de ce qu'il voit, sans rien expliquer, sans prendre jamais position sur la situation pourtant si exceptionnelle. le lecteur est frustré de ce qu'il désirerait comprendre et que le narrateur n'a pas besoin d'élucider, lui qui connait la situation, qui est un individu plongé au milieu des choses, mais sans pouvoir rien sur celles-ci. Il décrit les paysages traversés, qui dénotent l'indifférence de la nature aux actions humaines, les villages déserts, les maisons abandonnées, l'indifférence des "miliciens" de tous bords qui s'allient avec leur ennemis d'hier, qui attendent un Godot improbable. Aucune "action" ne se développe, et les situations périlleuses où le narrateur se trouve engagé, se résolvent facilement, et il repart dans son voyage sans but réel. On ne voit pas même les exactions qui semblent être commises par les uns et les autres, puisque la plus grande partie de la population est partie en exode, réfugiée on ne sait où. le vide, d'accord, l'absurdité, oui : mais comment porter un intéret soutenu à ce petit livre de moins de 200 pages où les descriptions, qui interrompent tout début de roman, tout début d'entrée dans le réel humain, qui sont faites en somme pour décevoir le lecteur, occupent plus de 100 pages ! On imagine l'auteur dictionnaire en main pour trouver des adjectifs exacts, compulsant un livre d'ornithologie pour décrire précisément les moeurs du chardonneret au mois de mars en montagne, feuilletant un bouquin de botanique ou de : "comment réussir vos plantations", à la seule fin de ne pas faire d'erreur en s'apesantissant sur la végétation de la fin de l'hiver dans les monts du Forez. Car M. Rolin a également une (sympathique) obssession pour la géographie, pour la topographie : les lieux sauvages et inhabités sont les seuls vrais personnages de ce livre qui n'a rien d'un roman, les petites villes désertes traversées par le narrateur semblent elles mêmes des éléments du paysage naturel. Tout cela crée une atmosphère étrange, calme et triste à la fois, dans un itinéraire dangereux qui ne suscite pourtant aucune angoisse. Arrivé à la dernière page, on a le sentiment de ne pas avoir avancé : cela pourrait continuer ainsi, pendant des centaines de pages.
Ce livre est en fin de compte une sombre méditation désabusée sur l'inutilité et l'insignifiance de la littérature au XXI éme siècle.


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"Mais qui aurait pu soupçonner la départementale 48 de receler une menace quelconque?" (Département de l'Allier?)

Dans une France à la suite à des événements dont on ne sait pas grand chose (survenus après le 16 août 2013, en tout cas, ce jour là tout était encore comme d'ordinaire), le narrateur quitte Paris. Un Paris avec stigmates de guerre civile, blindés calcinés, barrages, bâtiments éventrés. La FINUF (Force d'interposition des Nations unies en France) tente d'imposer un retour au calme, le couvre-feu est instauré, mais la France est en proie à des guérillas, sont-ce les milices de Brennecke, ou plus au sud les djihadistes d'AQBRI? (Al Quaïda dans les Bouches-du-Rhône islamique), j'en passe.
Par la nationale 20 et petits trajets bucoliques (il aura toujours un oeil pour la flore et les paysages) le narrateur rejoint Brennecke à Salbris, effectue une mission à Saint-Amand Montrond, puis file vers le sud, avec Victoria, collaboratrice de Brennecke, jusque dans les bouches-du-Rhône.
De temps un temps un observateur extérieur reprend les rênes du récit, apportant peu d'éléments explicatifs d'ailleurs.

Je conçois très bien qu'il s'agisse d'un roman 'ça passe ou ça casse'. L'écriture est extrêmement distanciée (j'ai décelé quelques traces d'humour au n-ième degré), on ne sait rien des tenants ou aboutissants, les narrateur décrit longuement les lieux (je confirme que pour Salbris tout y est - sauf le BA), les phrases s'étirent s'étirent, longues incises, et hop on retombe bien sur ses pattes.

Pour moi ça a passé. J'aime l'écriture, d'abord, et l'ambiance décalée du roman. Oui, imaginez Sarajevo dans les années 90, vous avez le Paris du roman. Ces conflits et guerres civiles 'exotiques' ou en tout cas 'pas chez nous', eh bien c'est en France, et extrêmement bien reconstitué et crédible -Jean Rolin est aussi journaliste, d'ailleurs). Peu importe de ne pas tout savoir, au contraire les impressions n'en sont que plus fortes. Une façon efficace de donner à comprendre ce que vivent certaines populations...

Quatrième de couverture (et début du roman)
"C'était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contresens et sur toute sa longueur. En dépit de la vitesse élevée que je parvins à maintenir sans interruption, entre les parages de la gare de l'Est et la place du Châtelet, j'entendais éclater ou crisser sous mes pneus tous les menus débris que les combats avaient éparpillés : verre brisé, matériaux de construction hachés en petits morceaux, branchettes de platane, boîtes de bière ou étuis de munitions. Ici et là se voyaient également quelques voitures détruites, parmi d'autres dégâts plus massifs. Sur le terre-plein central de la place du Châtelet, à côté de la fontaine, des militaires en treillis, mais désarmés, en application des clauses du cessez-le-feu, montaient la garde, ou plutôt allaient et venaient, autour de l'épave calcinée d'un véhicule blindé de transport de troupes."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Dans les décombres d'une guerre civile française, une curieuse et mélancolique poésie du désastre.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/05/04/note-de-lecture-les-evenements-jean-rolin/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Une France plongée en pleine guerre civile dans un futur très proche. le narrateur traverse le pays pour on ne sait quelle raison. Il rencontre des milices para militaires, décrit les villes et paysages dévastées. Où est l'histoire ? Raconte-nous une histoire, bon sang ! Récit creux, personnages désincarnés, je n'ai rien retenu de la pseudo-intrigue. Circulez, y'a rien à lire. Je préfère encore lire une bonne série B post-apo ou un documentaire prospectif.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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