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EAN : 9782367174921
226 pages
Chronique sociale (01/04/2018)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Ce livre est le récit critique de plus de cinq années d'accompagnement vers l'autonomie économique et sociale de familles roms installées sur le site dit « Puits Z » à Gardanne, dans les Bouches du Rhône.
Une « histoire » qui illustre les difficultés rencontrées, les déceptions et les satisfactions des acteurs, mais aussi l'efficacité d'une coopération étroite entre pouvoir politique et institutionnel d'une part, et société civile d'autre part.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'autonomie comme condition de l'émancipation

Dans sa préface, Marie-Laure souligne, entre autres, « Si c'est possible à Gardanne, c'est possible ailleurs ! ». Elle évoque ces familles roms « échouées », le mouvement citoyen de soutien, cette part d'humanité exprimée, les inscriptions culturelles, « Prendre conscience que la culture est enracinée en chaque être, même très démuni et défavorisé et que bien souvent elle ne correspond pas à « l'étiquette culturelle » qu'on lui assigne est une nécessité pour toute personne engagée dans un travail avec des êtres humains (ainsi les familles roms de Gardanne conjuguaient la culture rom de leur lieu d'origine, modifiée par la migration, et celle de la précarité) », la place de l'autodétermination ou de l'auto-émancipation, « Ne pas vouloir changer l'autre malgré lui (et pourquoi le faire ?), mais lui proposer une vie digne et l'aider à la conquérir », les campagnes politico-médiatiques, « alimentant des peurs de toutes sortes et la haine se cristallisant sur les plus fragiles, les plus pauvres et les plus démunis que constituent aujourd'hui les Roms et les migrants »

Des repères. XIe siècle, de l'Inde à l'Iran et l'Irak (pour utiliser les termes actuels), le déplacement des populations, l'empire ottoman et l'Europe, l'esclavage en Valachie et en Moldavie (centre et est de la Roumanie actuelle)… « Cinq siècles d'esclavage ou de statut de parias expliquent en partie le regard méprisant porté encore à l'époque contemporaine sur les Roms en Roumanie et plus largement en Europe ».

La politique « tsigane » en Europe au XXe siècle, le carnet anthropométrique d'identité, les déportations, le génocide Rom, le « samudaripen » (Lire Ceija Stojka), les politiques raciales, l'ultranationalisme raciste sous Nicolae Ceausescu, les mouroirs d'enfants, les pogroms anti-Roms après la « révolution » de 1989, les migrations, « La migration des Roms vers l'Ouest est motivée par la peur et l'humiliation permanentes tout autant que la misère économique ».

L'Union romani internationale (IRU), le drapeau officiel rom, une identité transnationale pas toujours revendiquée par les populations roms, la variété des appellations « reflet de la diversité des groupe de populations concernés ainsi que des représentations dont ils sont l'objet , suivant l'époque et les territoires dans lesquels ils vivent »

Les Roms, des européen·nes comme les autres (mais pas aux yeux de toustes), « Les Roms ont des droits, comme tout citoyen européen, et ça va mieux en le disant ! », les nombreuses condamnations de l'Etat français pour sa politique discriminatoire.

Quelques éléments présentés dans le livre : les expulsions, les bidonvilles rebaptisés « campements illicites », le racisme, les collectifs de soutien, les Roms en France et en Europe, l'utilisation des fonds européens…

Une population plutôt jeune, en majorité chrétienne orthodoxe, celles et ceux arrivées il y a une dizaine d'années voire plus en France, les nouvelles et nouveaux arrivant·es (depuis environ cinq ans), Gardannes, le « Puits Z », les conditions de vie (eau, toilettes, gaz, électricité, habitat, le « partenariat » avec la ville, la scolarisation des enfants), « ils vivent cependant dans un environnement différent – sans écrits, sans lecteurs ni scripteurs… », la santé, l'accès aux droits, la sécurité, la vie quotidienne, le regard des autres, « C'est pas un zoo, ici »…

Les contradictions de la politique municipale, l'association, les aménagements, la couture, les rencontres des collectifs, les toilettes, sortir de la discrimination, avoir accès au droit commun, le (non)-respect des traités chartes et conventions, les difficultés et les contradictions, le respect du droit coutumier et le respect des droits humains (l'exemple des mariages de filles mineures de moins de quinze ans), la rentrée scolaire, la chaine français-emploi-logement, la santé et l'hygiène, le maquis administratif, les voyages en Roumanie, les permis de conduire, la fermeture du Puits Z, des bilans…

Les auteur·es proposent un certains nombre de réflexions, entre autres, sur l'accompagnement à l'autonomie et non l'assistance, l'asymétrie persistance entre intervenant·es et ces « offensés de la misère », les temporalités et les questions ouvertes, « Il nous faut accepter de ne pas savoir où va nous emmener l'autre, celui que l'on accompagne, accepter de respecter son chemin, son rythme », le poids difficilement pensable de la précarité, les codes et les schémas socioculturels, « le véritable accès aux droits n'est cependant accompli que lorsqu'on entre réellement et pleinement dans ledroit commun, hors mesures dérogatoires destinées à faciliter transitoirement la vie des personnes concernées », l'utilisation des fonds européens, la résorption de l'habitat indigne, les victimes expiatoires des politiques néolibérales…

de multiples discussions restent, pour moi, plus qu'ouvertes et sans solutions évidentes. Les droits socio-culturels d'un groupe « nationalitaire » ne peuvent se résumer au simple « droit commun » mais doivent intégrer des droits permettant à cette communauté de se maintenir comme elle le souhaite, de décliner sous des formes situées et auto-organisées les droits universels de chacun·e de ses membres. Ne pas l'accepter c'est forcer à l'assimilation. Cela passe donc par des droits à gérer de façon « coutumière » un certain nombre de conflits.

Cela peut entrainer des contradictions entre droit des êtres humain et droit« coutumier », par exemple sur les droits des enfants (en particulier sur la scolarisation ou le mariage « précoce ») et les droits des femmes (en particulier sur l'ensemble des droits sexuels et reproductifs). Les droits des êtres humains ne sauraient être relativisés au nom d'une « culture », d'une « histoire ». Il y a donc primauté des droits tels qu'ils sont reconnus par l'ONU. Cela ne souffre pas d'exception, en particulier sur le viol, l'âge de consentement, les violences sexuelles, etc…

Mais dans les résolutions de ces problèmes, il ne faut pas occulter et l'histoire récente et des réalités de nos sociétés, qui interdisent les mariages forcés et précoces, mais qui ne se donnent pas les moyens de lutter contre les violences sexuelles – dont les incestes – faites aux enfants, dans toutes les couches de la société ; qui prônent l'égalité hommes/femmes mais développent la culture du viol, l'inégalité salariale, la double morale sexuelle, la pornographie et le système prostitutionnel, sans oublier la très grande complaisance envers les violence systémiques que les hommes infligent aux femmes, ici aussi dans toutes les couches de la société…

Des droits individuels reconnus et défendus. Restent cependant d'autres éléments, dont les approches sont plus fluctuantes ou dont les appréciations restent diverses. Il peut y avoir, comme c'est le cas dans certains pays, des accommodements – historiques, transitoires – raisonnables sur des pratiques non partagées. D'autant que les « cultures » ne sont jamais figées, a-historiques et sans interférences créatrices avec les autres cultures. le renforcement de l'autonomie des individu·es et du groupe peut en être un fil à plomb, ce qui signifie au moins le recul significatif de la précarité.

Par ailleurs, s'il existe des droits à vocation universelle, d'autres arrangements sociaux peuvent prendre des formes qui dépendent largement des environnements socio-culturels, des histoires et des combats menés par les un·es et les autres. Ce qu'il convient de nommer pluriversalisme, un complément nécessaire à l'égaliberté.

Et parmi ces droits, le droit d'être scolarisé·e aussi dans sa langue (natale ou habituellement pratiquée), donc ici en langue romani. Et l'apprentissage de cette langue ne doit évidement pas être limité, aux seul·es élèves Roms dans les classes scolaires.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Prendre conscience que la culture est enracinée en chaque être, même très démuni et défavorisé et que bien souvent elle ne correspond pas à « l’étiquette culturelle » qu’on lui assigne est une nécessité pour toute personne engagée dans un travail avec des êtres humains (ainsi les familles roms de Gardanne conjuguaient la culture rom de leur lieu d’origine, modifiée par la migration, et celle de la précarité)
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Cinq siècles d’esclavage ou de statut de parias expliquent en partie le regard méprisant porté encore à l’époque contemporaine sur les Roms en Roumanie et plus largement en Europe
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Il nous faut accepter de ne pas savoir où va nous emmener l’autre, celui que l’on accompagne, accepter de respecter son chemin, son rythme
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Le véritable accès aux droits n’est cependant accompli que lorsqu’on entre réellement et pleinement dans ledroit commun, hors mesures dérogatoires destinées à faciliter transitoirement la vie des personnes concernées
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Les Roms ont des droits, comme tout citoyen européen, et ça va mieux en le disant !
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