Il ne reste plus beaucoup de controverses scientifiques aujourd'hui, mais ce livre fait partie d'une des dernières. Elle porte sur l'existence de civilisations, de cultures intégrées à cet immense écosystème, ayant essaimé pour former les grandes cultures des Andes.
Stephen Rostain a toujours défendu cette hypothèse et milite pour une approche archeo-ecologique spécifique aux milieux tropicaux, afin d'en détecter les indices.
La seconde these (en perte de vitesse) tente de démontrer que la pression du milieu a limité le développement de cultures élaborées.
Stephen Rostain prolonge cette vision historique par les dérives actuelles du capitalisme qui a entrepris de rentabiliser l'
Amazonie, avec les méthodes destructrices de notre civilisation occidentale portée par la volonté de domination de la nature, les quelques autochtones résiduels n'étant pas dignes d'attention ; la catastrophe en cours, que nous connaissons tous, en est le terrible résultat et le livre devient l'occasion d'un véritable coup de gueule contre cette destruction, par le sol, l'eau, le sous-sol, les airs...
Le style de Rostain qui sait se mettre à hauteur des humains qu'il étudie, multipliant les exemples et anecdotes, se lit très bien. Dommage que l'auteur se laisse emporter par sa colère (légitime) et finisse par tourner un peu en rond.
Scientifique autant qu'historique, politique autant qu'humain ce livre ressemble un peu aux approches d'Elisabeth Kolber ou de
Naomi Klein. Mais sa diffusion réduite risque de ne pas avoir beaucoup d'impact.