C’est Paula qui a tenu à ce que nous nous retrouvions ici, chez Angelina ; toutes ces moulures, ces ors, ce clinquant, ça lui plaît. Endroit chic. Vieille France. Quand elle parlait de ce salon de thé, lors de notre petite réunion préparatoire, elle en avait plein la bouche. Je dois bien avouer que ce jour-là, je n’ai pas su trop quoi penser d’elle. Était-elle une petite provinciale épatée ou bien une snob en puissance ?
C’est pénible, les gens qui sont en retard. Si je m’écoutais, là, maintenant, tout de suite, je rentrerais à l’hôtel.
Non loin d’ici, une librairie ouverte m’a appelée. Rayon poésie : Maeterlinck ; rayon voyage : Japon, Népal… Courts moments de rêve, par papier interposé. Je n’ai rien acheté. En ressortant, m’est revenu à l’esprit que ce matin, en arrivant place Charles-Dullin, j’ai lu sur une plaque apposée sur la façade d’un immeuble avoisinant notre hôtel, que Mircea Eliade avait vécu là plusieurs années. Voilà, c’est le genre de découverte qui m’enchante. C’est ce Paris-là, avec ces petits mystères, qui m’intéresse, que j’aime.
Je regardais et écoutais mes compagnes avec passion. Avec quelques heures de décalage, j’avais la chance de pouvoir observer par le menu de quelle façon elles s’y étaient prises le matin même, entre deux cuillerées de confiture à la fraise et quatre tartines de pain beurré, pour me tailler le costume auquel l’épisode Charbot m’avait donné droit pour la saison prochaine. Cela a été un grand moment, totalement extraordinaire !