Jouée en 1647, publiée en 1648 sous le titre de tragi-comédie, puis de tragédie, la pièce eut un immense succès, et reste la pièce de Rotrou la plus éditée, voire jouée. Elle est inspiré par un auteur espagnol, Rojas, il y a également quelques détails pris dans deux pièces de Guillen de Castro.
Nous sommes en Pologne, pays très lointain, voire exotique pour les Français de l'époque, donc d'une certaine façon, nul part, dans une sorte de royaume imaginaire, un archétype de royaume de théâtre. Il serait vain de chercher des modèles réels des personnages de la pièce.
Le roi
Venceslas est âgé, et son fils aîné, Ladislas, qui devrait en principe lui succéder sur le trône lui cause du soucis par sa violence, qui s'exprime aussi bien contre ses sujets, que contre son propre frère, Alexandre et le premier ministre Frédéric. le roi essai de ramener son fils à la raison mais en vain. Ladislas est en fait amoureux de Cassandre, qu'il a essayé de séduire sans succès, et qui lui préfère en secret son frère Alexandre. Mais craignant le caractère emporté du prince aîné, Frédéric a accepté de se faire passer pour l'élu de Cassandre, alors qu'il est en réalité amoureux de Théodore, la fille du roi
Venceslas. Alexandre et Cassandre décident de se marier en secret pour prémunir Cassandre des assiduités de Ladislas, mais ce dernier, pensant tuer Frédéric, tue en réalité son propre frère. le roi se retrouve devant un dilemme, il devrait faire exécuter le coupable, mais n'arrive pas à se résoudre à faire exécuter son dernier fils. Il préfère donc abdiquer et laisser la couronne au meurtrier, qui semble regretter son acte, et qui veut garder Frédéric comme ministre, et lui donner sa soeur en mariage, espérant fléchir Cassandre un peu plus tard, éventualité qu'elle n'exclue pas.
La pièce est très réussie sur certains points, essentiellement dans la peinture de Ladislas, qui est vrai fou furieux, d'une violence et une agressivité très primaire, comme une sorte de force de la nature. Incapable de se dominer, uniquement dans l'instant et dans l'action, destructeur par essence. le roi, vieux et faible, aimant ses enfants, et en particulier ce fils qui ne semble reculer devant rien, préférant abandonner son pouvoir plutôt que de s'en servir contre ce qu'il aime, est aussi bien rendu. La fin malgré tout optimiste (Ladislas pourrait changer et devenir un roi plus sage que ne l'a été le prince) est quand même la moins convaincante, j'aurais sans doute préféré une fin plus dans la violence et la fureur, comme l'a été une bonne partie de la pièce.
Quand même une pièce étonnante, qui rend compréhensible la réputation de Rotrou auprès de ses contemporains, qui le considéraient comme l'un des plus grands auteurs dramatiques de son temps.