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EAN : 9782601003659
Payot et Rivages (01/12/1977)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Format 14 x 17,5 cm, 64 pages, publié dans la collection poétique de Payot Lausanne, 1ère édition : 1967.
Comporte trois parties inégales regroupant 21 textes eux-mêmes de tailles inégales.
Il n'y a pas de texte en quatrième de couverture, uniquement la précision dans l'achevé d'imprimer que ce volume est le huitième "de la Collection poétique d'écrivains romands publiés par la Librairie Payot à Lausanne".
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Mais l’infinie fidélité des oiseaux…

Dès l’enfance, le royaume de leur chant et de leur vol ouvert comme un miséricordieux refuge ! Les déserts d’une âme sans voix soudain peuplés de leur voix, le poète racheté de son silence, quand la jubilation des alouettes émeut le ciel jusqu’à sa cime. Un seul merle dans la haie encore nue effaçait l’hiver. Et qu’une fauvette chante à l’aube, ivre, sous l’averse de juin, le noir greffier du petit jour, notre bourreau, cesse aussitôt de requérir, de torturer, se dissout et s’écoule au fil de l’ombre.
Leur fidélité, leur familiarité, leur pitié délicate ! Et leur détresse, parfois, sœur profonde de la vôtre. C’est elle qui fait d’eux vos messagers, nos guides, toujours prompts à prendre le relais de vos longs signaux exténués. Je n’ai pas su tout de suite vous entendre : nul ne le peut sans avoir vu se décanter lentement sa tristesse. Mais sitôt retrouvée une transparence, quel saisissement quand le bouvreuil dans le bosquet d’octobre, une flamme rose parmi les frênes aux feuilles noircies, m’a jeté son appel, cette plainte – la tienne, indubitable – qui console et déchire un cœur mal résigné à l’adieu !
Comme tu les aimais ! Rappelle-toi le rouge-gorge cerné par la neige, au fond du temps, jadis, dans le jardin perdu, son angoisse derrière la vitre aux pâles fougères de givre, l’arbre étrange où il nichait, ce dôme d’aiguilles impénétrables au gel, et son nom oublié, plus étrange encore.
Remonteront-elles un jour de l’abîme temporel, ces syllabes ensevelies ? L’à jamais de ta voix tue se verra-t-il dénoué ?
Sans trêve, quotidiennement, j’interroge.
(Requiem)
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Sous la mince toison d’herbes il y a la terre, disent-ils, et la terre encore, peuplée de rocs et de racines, et plus bas la profonde naissance des sources, et puis encore les lits des roches l’un sous l’autre, plissés et tordus comme des draps de pierre, et le brasier commence où toutes choses se liquéfient dans la fournaise. Vérité certains jours peut-être, mais non ce soir : la route cernée par deux ornières d’eau n’est plus qu’une mince croûte de terre entre ciel et ciel. Que le regard s’élève, qu’il s’abaisse, les mêmes constellations brillent dans le noir de l’air liquide. Fais-toi léger, voyageur, ralentis ta marche suspendue entre la double Lyre et les deux Cassiopée. Ne cours pas, car si tu butais contre une pierre invisible, tu trouerais de tout ton corps ce sol qui te supporte à peine, plus délicat que la glace des étangs : tu tomberais vertigineusement à travers le ciel inférieur.
Ne t’arrête pas non plus si tu ne veux rester pris jusqu’au genou dans le sable des étoiles !
(Air de la solitude)
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Point de vue

Pour retraverser tant d’années, il suffit parfois d’une colline à redescendre : sitôt la rivière atteinte, votre pas d’homme a disparu ; un pied d’adolescent casse les roseaux secs, froisse les poésies, les feuilles mortes et redessine au sable de la rive la même empreinte jadis noyée par les grandes eaux. Quelques larmes de moins, le sentiment plus aigu d’une ignorance illimitée, les désordres du sang domptés ou mués en puissance continue – tout cela n’est que nuances et n’introduit pas de différence profonde entre la rêverie ancienne et la nouvelle, au bord de la même eau sans profondeur sous sa carapace de reflets miroitants. Qu’est-ce que ce monde veut dire ? Et s’il n’a pas de réponse à nous donner, pourquoi feint-il sans trêve un discours ? Maintenant comme jadis, cette fuite et cette présence simultanées à mes pieds de l’eau perpétuelle murmurent indéfinissablement quelque chose et je sursaute quand le merle me scande (c’est bientôt la nuit) une question indubitable. (…)
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Pouvoirs d’une prairie

Qui songerait à nier l’irrésistible puissance d’asservissement d’un vaste paysage composé, sur notre regard tout d’abord et, peu à peu, sur tout notre être ? Il nous emprisonne lentement comme une symphonie. Le ciel vide, ou devenu pâture des nuages, la terre jusqu’à l’horizon dans sa figure naïve encore ou retouchée de la main des hommes, proposent à notre vue leurs grands thèmes, non point liés à quelques déroulement temporel, mais énoncés tous ensemble dans l’espace, où ils installent pour toujours le paradoxe d’un immuable contrepoint simultané. C’est notre œil qui se meut au long de ces phrases immobiles, pris dans ce réseau de courbes mélodieuses, ce filet magique, ce piège sans rémission que chaque saison, chaque jour, chaque heure charge, comme autant d’appâts nouveaux, de nouvelles harmonies. Et l’âme s’abandonne aux délices de cette captivité savante : elle y découvre, par un autre paradoxe plus étonnant encore, ses propres forces, les plus secrètes, les plus essentielles. Plus que le mot d’Amiel : Tout paysage est un état d’âme, la phrase de Brulard-Stendhal me paraît traduire exactement ce mystère : Les paysages étaient comme un archet qui jouait sur mon âme, car elle souligne la parenté profonde de ce pouvoir des paysage avec les puissances de la musique.
Pouvoir mystérieux, certes, s’il agit de grands espaces composés dont la vertu dépasse celle d’un simple archet éveilleur d’âme pour rejoindre celle d’un immense orchestre étageant du silence pur au déchaînement total tout un univers d’inflexions diverses, et qui, pour traduite quelques thèmes éternels, dispose de l’envoûtement de mille timbres. Pouvoir plus mystérieux encore s’il s’agit d’un petit fragment de paysage qui s’isole à l’intérieur du grand et dont l’accueil, par l’occulte vertu d’un seul bouquet d’arbres, d’un miroitement d’eau sous une grappe de feuilles sombres, nous guide lentement, lui aussi, vers notre meilleur moi. (…)
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Écoute, j'ai veillé parfois jusqu'à l'aube sur la colline moissonnée. J'interrogeais sans fin le pur espace où bruissait encore, imperceptiblement, le vol de vos essaims invisibles. Peu à peu l'âme, étrangement, s'ouvrait à ces profondeurs constellées et semblait les accueillir en soi jusqu'à rejoindre elle-même leur ampleur. Saisi, quitté par de brefs sommeils, je ressentais toujours mieux cette invasion de l'étendue. Et l'instant vint (il faut que tu me croies) où, si lointain que le but de votre vol pût m'apparaître, je l'entrevis en moi, comme si je contenais le monde. Il n'y avait pas, il n'y aurait plus d'ailleurs. p. 50
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Vidéo de Gustave Roud
À l'occasion de la parution des oeuvres complètes de Gustave Roud aux éditions Zoé, découvrez la vie, l'oeuvre et le pays de ce grand poète suisse.
Avec Daniel Maggetti, co-directeur des oeuvres complètes de Gustave Roud, Bruno Pellegrino Ecrivain, chercheur en littérature de langue française, Claire Jaquier, co-directrice des oeuvres complètes de Gustave Roud
Retrouvez la collection : https://www.mollat.com/livres/2653451/gustave-roud-oeuvres-completes
Note de musique : © mollat [Winterreise] 7. Auf dem Flusse (On the River) © Youtue Audio Library Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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