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EAN : 9791091902519
84 pages
Fario (10/05/2019)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
« Sur la pointe des quatre mille mètres, l’homme des glaciers sublimes, confondant la grandeur et le nombre, s’émerveille bonnement du dédale de sommets qui l’entourent. » S’ouvrant sur une ironique adresse à Ramuz et aux conquérants des cimes et des sommets alpins, tirant gloire ou ravissement éphémères de leurs exploits, Gustave Roud plaide ici pour une expérience de la marche en apparence plus modeste mais combien plus profonde. L... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La bonne route bien sèche, le bruit des pas sans hâte parce qu'ils ne vont nulle part, et bientôt les étoiles: dire qu'autrefois tout cela m'a fait trembler, chercher à tout prix quelque gîte, un abri contre ce ciel où commençait le scintillement d'un astre! Je croyais au ciel des livres, au ciel des hommes, à ces froides féeries que leur inventent leurs miroirs de cristal, leurs calculs, leurs mesures, au miracle de mille lueurs fraîches tout ensemble et vieilles de quelques siècles. Ce monde fictif qui disparait sitôt que se referme la coupole des observatoires, je le raccordais inconsciemment au seul monde qui puisse être le nôtre: celui de "l'oeil nu". Maintenant je sais. Le télescope a son ciel, je reprends le mien, je touche le mien. Le ciel est bien plus près de moi que les hommes. Un peu plus haut que la branche extrême du noyer, à peine. Avec une perche un peu plus longue, comme on gaule les noix, je ferai choir dans l'herbe les grappes de constellations plus tièdes que les vers luisants d'été. Altaïr, je te cueille comme une pomme, comme une perle. Altaïr, Aldébaran, Orion, Andromède et sa pâle nébuleuse "semblable à la chandelle qui brûle derrière une feuille de corne", j'ose enfin vous nommer de vos noms de toujours, vous que je reconnais depuis que j'ai cessé de connaître les hommes, de me connaître. Et vous, me reconnaissez-vous? Est-il besoin de vous demander pardon encore pour ma haine et ce reniement que j'ai longtemps fait de vous comme un aveugle volontaire? Non, vous saviez, n'est-ce pas, vous m'attendiez avec patience. Vous saviez que j'allais redevenir moi-même, ce vagabond à la nuit tombante, les dents plantées dans un pain froid, qui tremble d'angoisse et de joie devant la ténèbre commençante. Comme le moissonneur sous la pluie d'été arrache le linge de son corps, livrant sa poitrine à la grêle des gouttes énormes, que je me couche parmi les feuilles tombées, sous l'averse de votre étincellement.

Je vous ai haïes, parce que je vous croyais inhumaines. Mais quoi de plus inhumain que les hommes?

Je ne les ai point quittés, ils ne m'ont point quitté. Nous nous sommes devenus invisibles. Mais j'aime encore leurs villages, la nuit, parce qu'ils vous ressemblent. Je ne sais plus leurs noms, je leur donne les vôtres. L'un d'eux imite le reflet du Chariot sur un miroir d'or; un autre étend sur les vergers le corps d'Orion endormi. Tout est réconcilié dans la même absence. Que d'autres vivent ou cherchent à vivre. Il fallait se perdre pour vous retrouver.
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C'était toi, c'est toi. Je t'attendais depuis toujours, je te "reconnais" enfin. Il fallait bien que ton existence me devînt certitude; enfin je puis jeter ton beau nom comme une galette empoisonnée dans la gueule de l'affreux désespoir. Je touche une existence réelle. Il y a près de moi un homme qui vit et se sait vivre - et qui n'en meurt pas. Un homme dont le corps tout entier, et l'âme, et tous leurs gestes sont de perpétuelles "réponses". Un être que le monde accueille sans le rançonner et qui accueille le monde sans lui faire rendre gorge. Quelqu'un pour qui "se plaindre" n'a pas même de sens et qui dompte sans même y songer la pire des solitudes, tendant la main à l'aigre vagabond du hasard.
Un jour, deux jours peut-être nous vivrons ensemble dans la maison qui est la tienne et que j'ai découverte enfin parmi les prairies inconnues. Nous regarderons le soir venir, sans rien dire, côte à côte sur le banc contre la façade encore tiède. A tes pieds un long chien sombre lève le museau vers ta main pendante. Tu lèves l'autre main: un vol de pigeons éclate et se pose sur les tuiles. La semaine est finie. Une cloche annonce le dimanche. Tu respires sans hâte, fortement, puissamment, comme un dormeur. Tu existes. Tu "es". Tu es ce que j'aurais pu être, et tu ne le sais pas. Je te donne ma joie, ma tristesse, ma force inemployée, mes rêves, ô innocent. Tourne la tête! La lune se lève, tu fais sur le mur l'ombre d'un homme. Je n'en ai plus.
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Vidéo de Gustave Roud
À l'occasion de la parution des oeuvres complètes de Gustave Roud aux éditions Zoé, découvrez la vie, l'oeuvre et le pays de ce grand poète suisse.
Avec Daniel Maggetti, co-directeur des oeuvres complètes de Gustave Roud, Bruno Pellegrino Ecrivain, chercheur en littérature de langue française, Claire Jaquier, co-directrice des oeuvres complètes de Gustave Roud
Retrouvez la collection : https://www.mollat.com/livres/2653451/gustave-roud-oeuvres-completes
Note de musique : © mollat [Winterreise] 7. Auf dem Flusse (On the River) © Youtue Audio Library Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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