Voilà un livre qu'il est difficile de critiquer, tant il en est peu d'objets possibles. le personnage semble simple et heureux. C'est l'impression que laisse la lecture. La question en est unique : vivre se résumerait-il à jouer un personnage ? L'histoire nous ramène toujours à la même réponse. C'est oui et on l'a compris dès le début.
La transparence du récit et la qualité de l'écriture font que ce livre est très agréable à lire. Est-ce suffisant ? le récit paraît autobiographique tant la clarté qui en émane semble placer l'histoire au premier degré. Au long de ces 300 pages, la première personne est utilisée ce qui induit une identification naturelle. Tout semble aller de soi. Fait-on de la bonne littérature avec de bons sentiments ? Avec un tel sujet on pouvait aller tellement plus loin !
Tout le long de cette lecture, je me suis surpris à attendre une variation du récit qui ferait monter la tension. J'ai attendu que les ressorts se détendent pour se retendre. J'ai souhaité être exaspéré, chahuté, attristé, émerveillé, dérangé… Mais rien de tout cela ne m'est apparu. J'ai aimé lire ce livre davantage que le livre lui-même. J'ai eu l'impression qu'un auteur heureux me parlait (et c'est déjà très beau !). Un auteur heureux d'écrire et de nous faire partager cette joie. Bien sûr l'histoire nous propose bien quelques instants d'interrogations. Mais on n'est par surpris du dénouement. Nous sommes définitivement dans l'optimisme.
Beaucoup de lecteurs s'en contenteront et je conseille vivement ce livre à tous, justement parce que chacun y trouvera forcément un intérêt. Pour moi, j'attends davantage. Mais c'est de ma part une constante dans l'abord d'une oeuvre, qu'elle soit littéraire, plastique, musicale, cinématographique... J'aurais préféré une écriture moins sereine et plus audacieuse.
Alors j'attends le prochain livre de ce très agréable écrivain, à la plume si légère. J'attends beaucoup parce que je crois qu'il est capable de ne pas rester sur la réserve. J'attends qu'il m'émeuve davantage, qu'il me surprenne, qu'il m'irrite, qu'il prenne des risques, comme au théâtre.
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Je suis un esclave. Vous me regardez et vous ne vous en rendez pas compte. Je marche droit, le regard haut, les épaules bien posées sur le haut de mon torse. Vous avez donc du mal à me croire quand je dis que je suis un esclave. C'est vrai que je n'en ai pas l'air, hein ! Avec mon costard et ma cravate, en plus ! Je suis pourtant un véritable esclave, le prototype des esclaves des temps modernes. Esclave des trucs en tique. En tique et en toc. En toc pour l'intox. Esclave des connexions qui tissent une toile au coeur de laquelle le Système avec un grand S me piège à la manière des araignées qui dévorent les insectes pris dans leurs filets. Et s'en régalent, les salopes. Esclaves des câbles et des réseaux qui me cernent de tous côtés. Esclave des codes-barres et des codes sans barres. Oh, je sais que je suis mal barré, mais j'avance quand même parce que je ne sais pas faire autrement, alors je me heurte sans cesse à ces fils qui m'entravent, qui m'enserrent, qui me crochent-pattent, qui m'emprisonnet et m'empoisonnent. Esclave. Chaque jour plus esclave que la veille. Esclave, d'accord, mais... moderne !