PARFOIS UNE DOUCEUR…
parfois une douceur arrête
l’éraflure d’une âme
que le vif aiguise à l’intérieur
touche léger
le battement d’une sève aigüe
les étincelles d’eau
tassées dans les yeux
la joie c’est après
LA BRÛLURE A UNE ODEUR DE FLEUVE…
la brûlure a une odeur de fleuve
elle bascule sur l’autre rive
noue et délivre
le toucher des genoux et des épaules
guette
ce qui se met en déséquilibre
elle croit qu’elle mène la lumière
sous la langue
veut le retour de la pluie
et l’ombre portée rassemble ses morts
étoupe la faille du temps
parle
au-delà d’une chair
blancheur de cendre
elle croit que le sel et le carmin
d’une herbe suffisent
pour la soif du bois
À CE MOMENT-là
peut-être — ne faut-il que marcher
passer le rien flottant
le lavis d'aube
ne faut-il que l'absence
la lecture des vanneaux
pour dissiper le doute
le vent se coude
à la pesanteur d'une ombre
et l'excès de ciel
dans la gorge est toujours là
il y eut la lenteur d'un feu
et mille embruns fous
leur fragilité frottée au noir
souleva chacune de ses narine
pour un étrange abandon
la fête de quelque chose
inattendu
la bouche peuplée de sable
et d'abeilles
l'amande douce — amère
NOUS craignons l'orage
se dire qu'il faut marcher
plus vite pour le retour
racler la gorge
peut-être le vent va chasser tout cela
sur le muret ‒ le friquet
ferme de ses yeux de façon étrange