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Passé Outre » La photographie prend vigueur. Pénétrez dans ce récit, la déambulation est à l'instar d'un labyrinthe dont le fil d'Ariane est l'enjeu d'une quête existentialiste. Nous sommes au Portugal. L'Alentejo est sève, couleurs et palpitements. Les ruelles charment la marche, attirent le narrateur, ce cherchant d'un passé pas si lointain. Une apparition dans un film. Arrêt sur image. « En attendant je regardais ailleurs, ces instantanés d'une vie écoulée avant le retour à sa case départ. » L'incipit étire ses ailes, défie la septième vague mythique de Nazaré, prolonge ce qui va advenir dans un silence empreint d'une nostalgie vive, de ce manque d'un père.
Lisbonne déploie ses ailes. L'écriture est aérienne, olympienne, calme et attentive. Elle couronne
Sébastien Rozeaux, l'incite au départ des retrouvailles manquées et qui se peuvent encore. « La caméra zoome sur son visage de profil, comme moi, il regarde devant lui sans rien dire quand soudain il tourne la tête et me jette un regard noir comme l'écran. » La plongée est intense, abyssale, soudaine et percutante. Les traits d'un père, sillons générationnels. Un visage chimérique, fantôme égaré, est-ce-bien lui ? Plonger dans la source, pousser des portes, questionner. Ne jamais s'arrêter, pas de côté d'une quête foudroyante qui ne cède rien. Ne pas flancher. Les volontés altières sont garantes d'une levée des mystères. « Marianne m'a-t-elle couvert de baisers quand j'étais petit ? Je ne m'en souviens pas. « Je ne t'ai jamais dit je crois, la frustration qui fut la mienne de ne rien comprendre à cette langue que mon père m'aurait apprise, s'il en était allé autrement. » «
Passé Outre » rassemble l'épars. Les morceaux fragmentés d'un puzzle, cartographie d'une histoire de vie, celle du narrateur. Comment se construire sans résilience ? Sans ce point d'appui où frémit le regard trop éloigné d'un père disparu dans les limbes.
Lisbonne, la belle, ne sait pas. Et pourtant les messages qu'elle délivre sont des seuils où le premier pas sera déjà un gain.
Lisbonne se lie, les hôtes d'une ville ne sont plus des anonymes. La quête est magnifiée. Mais éperdument triste et combattante. « le livre de
Pessoa me heurte, je supporte mal ce déferlement continu de malheurs et son lucide désespoir. » « Et je viens d'en commencer un autre, un des tout premiers romans de
Saramago. C'est un bouquiniste qui me l'a conseillé, comme je voulais connaître l'histoire de l'Alentejo : « Levantado do Chào », «
Relevé de terre » en français, comme l'annonce d'une renaissance ou d'une rédemption ; ça me convient mieux. » «
Passé Outre » est un récit grave, poignant. Nous sommes en fusion dans les traits émouvants de cette histoire qui semble trop réelle, comme notre semblable.
Lisbonne est un chant pictural, littéraire, empreint de certitudes à découvrir. L'image de ce père est quête initiatique. C'est un livre clair de lune, bleu nuit, un livre dont il faut prendre soin. Publié par les Editions « le Poisson Volant Editeur »