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3,64

sur 1726 notes
Check-point est le dernier roman de Jean-Christophe Rufin.
Ayant particulièrement apprécié ces deux derniers ouvrages, certes très différents mais admirablement écrits, je ne pouvais que faire l'acquisition du petit dernier que j'ai laissé mariner quelques temps dans ma PAL pour être sûr de l'apprécier. C'est toujours un tel plaisir de retrouver et de lire du Rufin!

Une fois n'est pas coutume, commençons par la conclusion: quel bonheur cet ouvrage!
L'écriture est toujours aussi fine, précise, percutante quand il le faut ou démonstrative à souhait pour nous permettre de saisir, imaginer le moindre détail de cette montagne dangereuse par exemple ou ce paysage de guerre.
Quel bonheur de lire les descriptions de Jean Christophe Rufin. Cet auteur a vraiment un don dans ce domaine pour permettre au lecteur d'intégrer l'intrigue et de se retrouver au milieu des protagonistes. Aussi doux et poétique que percutant et violent... mais toujours très agréable à lire.
Et puis, la classe de l'auteur avec l'utilisateur parcimonieuse du subjonctif passé.

Cette belle écriture est surtout juste. Diplomate, médecin et ancien humanitaire, Rufin était certainement le mieux placé pour nous faire réfléchir sur l'humanitaire et nous conter les changements de ce dernier durant les derniers conflits.
On est d'accord ou pas avec l'auteur (chacun se fera son opinion) mais ce que je peux affirmer c'est que la démonstration de Rufin est magistrale.
Surtout avec cette postface, sorte d'éditorial conclusif du livre. Rufin nous y explique pourquoi il a choisi un titre anglais, pourquoi il a choisi le conflit bosniaque de 1995 et pas un conflit "plus moderne", etc...
Il nous avoue surtout que cette histoire est une anecdote de sa "vraie vie d'humanitaire".
Cette postface de quelques pages est une excellente idée et excellente conclusion du livre!

Dans le même registre, la préface, extrait de la fin du dernier chapitre de la 3ème partie, nous met directement dans le bain!

L'intrigue? Elle est effectivement assez classique et on voit arriver rapidement certains faits. Mais c'est du Rufin, c'est bien amené et on n'a pas l'impression de lire des clichés. (A l'exception peut etre de cette histoire d'amour assez improbable).

Ce huis clos à l'intérieur des deux camions des "5 humanitaires" se lit d'une seule traite ou presque. Chacun a un caractère différent, on s'attache ou on exècre. Petit coup de coeur pour la naiveté du départ et l'évolution de Maud. A travers elle, je trouve que Rufin parvient parfaitement à son but: nous montrer ce qu'est l'humanitaire aujourd'hui.

C'est toujours un peu bouleversé et triste que je referme un roman de Jean Christophe Rufin. Celui-ci ne déroge pas à la règle.
Vivement le prochain!

5/5
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Quand Rufin avec l'expérience qu'il à décide de parler des frontiéres cela ne peut qu'être digne d'intérêt .
A la différence de certains " auteurs " connus mondialement , il ne donne pas dans la provocation pour vendre ces livres .
L'on retrouve ici sur le plan formel , son aisance grammaticale , son aptitude à la maniabilité des mots .
Il n'a pas son pareil pour la création d'une ambiance très réaliste , ce qui n'est pas désagréable.
Sur le fond , cette idée d'aborder l'humanitaire et les gens qui se dévouent à cela , n'est pas effectivement très nouveau .
Pour autant l'on est pas ici dans un page turner impersonnel .
Rufin n'avait pas dans l'idée que son opus soit un énième best seller écrit par n'importe quel tâcheron .
Il tient â apporter beaucoup d'épaisseur à ces personnages , n'hésitant pas à mettre en lumière leurs fêlures , leurs zones d'ombre .
Sa vision sur un tel sujet s'avére très profonde , l'on sent qu'un vécu s'exprime dans ces pages .
L'on â pas ici une vision schématique sur le sujet des frontières , pas d'idéologie à la le Pen ou Sarkozy , ce livre vise clairement plus haut que le bistrot du coin.
C'est une oeuvre forte , au croisement du livre d'aventure et du constat politique .
Pas un chef d'oeuvre , mais un opus plus que fréquentable .
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C'est un petit roman sur la guerre qui a le mérite de poser le concept d'ingérence humanitaire.
Un convoi d'humanitaires, justement, quatre homme et une femme que tout oppose, et aux motivations complètement différentes, s'engage sur les routes de l'ex-Yougoslavie au moment du conflit qui l'a déchirée.
Ils n'en sortiront pas indemnes.
Je reproche à ce roman son côté manichéen et surtout les passages un peu trop "à l'eau de rose".
Il est cependant, à mon humble avis, intéressant à lire.
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Inspiré par un évènement réel alors qu'il œuvrait en tant que médecin lors du conflit en ex-Yougoslavie, "Check-Point" de Jean-Christophe Rufin propose au lecteur à travers un road-trip plutôt tendu (j'y ai vu des images du film "Le salaire de la peur"), une réflexion sur la réelle utilité des missions humanitaires classiques et sur l'éventuelle nécessité de leur évolution.

Deux camions affrétés par une ONG lyonnaise, chargés de vivres, de médicament et de vêtements, traversent les paysages fantomatiques de Bosnie. Nous sommes en 1995, la guerre civile fait rage. A leurs bords, une jeune femme, quatre hommes, officiellement tous engagés dans la même mission. Mais les tensions qui apparaissent vont révéler que leurs motivations profondes sont très différentes.

Je savais que l'on pouvait faire confiance au talent de l'auteur pour maintenir le lecteur en haleine alors qu'il se trouve finalement lui aussi prisonnier de ce huis-clos "roulant". L'affrontement psychologique entre les protagonistes va aller crescendo jusqu'à la scène finale (peut-être un peu trop rocambolesque à mon goût). Il ne s'attarde pas à nous expliquer les raisons de la guerre qu'ils traversent : le conflit est interne au groupe. A travers l'épopée romancée de ces 5 personnages, Jean -Christophe Ruffin évoque la possible fin de l'engagement humanitaire idéaliste du début. Plus qu'aider les populations à survivre, motivation qui parait presque dérisoire, les états optent davantage pour la solution de les aider à vaincre. L'intérêt personnel à aider son prochain change de dimension et devient politique. Comme il le dit lui-même en postface :
"Pendant un demi-siècle, nous nous sommes rêvés bienveillants, généreux, charitables. Humanitaires, en somme. Les conflits étaient ailleurs, lointains, et les citoyens qui, ici, voulaient s’engager le faisaient avec les idéaux d'Henri Dunant : humanité, impartialité, neutralité."

Malgré la fin qui m'a légèrement déçue et m'a fait lâcher un "Tout ça pour ça !", une lecture intéressante qui mêle originalité et réflexion car au final, qui a raison ? 17/20
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Pas d'enthousiasme excessif pour ce roman de Jean-Christophe Rufin chez qui j'ai connu davantage de souffle romanesque. le thème du roman est pourtant très intéressant et pas si souvent traité. L'auteur nous entraîne dans un voyage à travers l'ex-Yougoslavie, en 1995, durant le conflit qui a opposé serbes, croates et bosniaques. Un petit groupe d'humanitaires, formé de deux anciens militaires et de trois bénévoles aux motivations très diverses, forme un convoi de deux camions censés transportés vivres, médicaments et vêtements destinés à des réfugiés croates.
Pour Maud, jeune femme d'une vingtaine d'années, c'est une première expérience dont elle attend beaucoup. Réservée, peu à l'aise dans la relation, elle supporte difficilement le huis-clos du camion. Elle va progressivement découvrir ses compagnons de route, s'attacher à certains et se méfier d'autres.
Leur route est jalonnée de check-point et c'est toute l'absurdité de cette guerre qui pointe lors des différents arrêts qui leur sont imposés : soldats de fortune, paysans qui défendent leurs terres, véritables militaires ou bouchers sans compassion, les hommes qui tiennent les postes de contrôle sont soit très bienveillants soit très dangereux. Ils témoignent du chaos dans lequel leur pays, à présent défait, se trouve. Au rythme des alliances qui se font et se défont, sur de minuscules enclaves, celui qui était autrefois un voisin prévenant peut incarner aujourd'hui la folie meurtrière.
Maud va s'apercevoir bien vite que les cartons embarqués ne contiennent pas seulement des secours et que l'engagement de certains de ses compagnons n'est pas de même nature que le sien. C'est là le seul intérêt du roman, selon moi – et la postface est à ce titre très intéressante. Rufin pose des questions très pertinentes sur l'évolution de l'action humanitaire, sur l'acte même de bénévolat et sur les bénéfices secondaires qu'en attendent certains. Face à la détresse, aux crimes, aux génocides, peut-on se contenter de juste panser à l'aide de denrées et de médicaments ? L'engagement ne doit-il pas être plus complet, plus radical ? la neutralité est-elle toujours souhaitable quand un conflit s'éternise et conduit à autant de victimes dans une forme d'indifférence générale ?
C'est donc passionnant comme réflexion. Pour autant, les personnages dégagent peu d'émotions et je suis restée un peu spectatrice, pas vraiment engagée moi-même.
Challenge ABC – 2019/2020
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J'ai beaucoup aimé ce Check-Point qui certes, n'apporte aucun éclairage pertinent sur la guerre en ex-Yougoslavie mais sur les motivations et la raison d'être des "humanitaires".
Il se rapproche en ce sens de l'un de ses plus anciens romans publié en 1999, Asmara et les causes perdues que j'avais beaucoup aimé : il s'agissait alors de l'Erythrée. Les lieux et les hommes portent d'autres noms mais ils sont les mêmes et les hommes portent en eux le même désir de s'entre-tue, leurs raisons ? Vaines et obscures. Quant aux "humanitaires", il dénonce une fois encore les véritables motivations qui animent certains d'entre eux et l'inanité d'une certaine forme d'aide humanitaire.
Sous couvert d'un thriller efficace, Rufin revient à des thèmes qui lui sont chers, celui d'une génération un peu perdue et en mal des causes traditionnelles de l'engagement, qui les recherche du côté de l'action humanitaire...
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CHECK POINT - Jean-Christohe RUFIN.

La guerre civile c'est le triomphe des salauds !
Survivre ou vaincre ?

Un roman qui joint l'utile à l'agréable tout en restant réaliste..un peu salaire de la peur tout de même. Un roman indispensable que j'ai aimé lire.

Jean-Christophe RUFIN traite de sujets actuels graves, et s'interroge sans aucune hypocrisie sur les conditions de vie sur notre planète.
Y-a-t-il encore de la place pour la neutralité bienveillante de l'Action humanitaire ?
Face à la souffrance, n'est-il pas temps de prendre les armes ?
Quand on apporte de la nourriture à des populations qui ont perdu leur liberté et leur dignité comment ne pas se sentir responsable de leur soumission...et comment ne pas penser que nous accentuons ces situations critiques ?

En présence de populations qui souffrent que vaut-il mieux leur apporter ?

Des solutions qui permettent de vivre ou de se défendre ?
Des vêtements ou des armes !!

Etre " humanitaire" est à la portée de n'importe qui ! Mais on ne naît pas humanitaire on le devient.
Etre Humanitaire n'est pas être supérieur.

Ce roman d'aventure haletant montre qu'on ne doit pas céder à la haine. L'engagement humanitaire a changé de forme. Jean-Christophe Rufin connait bien le "terrain" ...il y a cru longtemps comme beaucoup de nos amis. Ils voulaient changer le monde... ils n'ont fait que panser les plaies ...sincèrement !

Bien que nous ne le suivions pas toujours complètement dans son analyse, Jean-Christophe ne prêche pas, ce n'est pas sa "marque" il nous laisse nos convictions, mais désormais nous pouvons mieux y réfléchir et en discuter.

CHECK-POINT entre roman et reportage avec sa part "romanesque" toute en brillance et le côté plus philosophique qui nous est proposé avec beaucoup d'arguments, respectueusement sans nous forcer à l'adhésion.

Oui je le crois, l'engagement humanitaire a changé de forme.
Quelles sont les motivations des nouveaux logisticiens.
Le mouvement humanitaire " de papa" peut-il encore exister ?
Y a-t-il la possibilité d'une (ré)évolution dans l'humanitaire.

Encore un bon Rufin que je vous conseille de lire.
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On connaît l'engagement de Rufin dans l'humanitaire. C'est par la voie de la fiction qu'il a choisi de revenir sur cette dimension de son existence et de mener une réflexion sur ce type très particulier d'action, qui suppose un investissement total de ceux qui décident de se rendre dans les endroits où règne le danger pour soulager et aider leurs semblables.
Les motivations peuvent être bien diverses, semble nous dire ce roman, et quelle que soit la noblesse des intentions qui animent un individu, la réalité du terrain oblige parfois à composer avec ses idéaux, ou du moins à les repenser dans une perspective différente.

Parmi les cinq héros de Rufin qui forment un convoi traversant la Bosnie en guerre, les profils sont bien différents et les motivations plus ou moins avouables. Tandis que les deux camions s'enfoncent dans le pays en guerre se nouent des tensions puis des conflits qui vont transformer ce qui était au départ une classique mission de transports de vivres, de vêtements et de médicaments en une rocambolesque course-poursuite à travers les montagnes enneigées.

La facture de Rufin est, comme j'avais déjà eu l'occasion de le souligner, très classique, mais non dénuée d'efficacité. Avec ce récit qui se lit d'une traite, il nous permet de toucher du doigt ce à quoi peut ressembler l'action humanitaire.

J'avoue avoir été particulièrement sensible à sa postface, qui jette un éclairage à la fois intéressant et touchant sur le texte, et qu'il faut bien se garder de lire en préambule, ce que l'on peut parfois être tenté de faire... à tort !

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Alors que mon fils finit, enchanté, la lecture de "Globalia", je me suis jetée avec délectation sur le tout nouveau roman de Jean-Christophe Rufin : il est de ces auteurs qu'on retrouve avec le plus grand plaisir et que l'on suivrait dans n'importe quelle aventure ! Pour moi, depuis "Le Grand Coeur", cet écrivain fait parmi de mes chouchous..
Là encore, dans ce camion à destination de l'ex-Yougoslavie en guerre, l'auteur a réussi à m'embarquer dans cette histoire où l'humanitaire n'est finalement pas celui qu'on croit. de cette équipée étrange qui rassemble des individus que tout devrait opposer, on comprend que prendre parti (ou pas) n'y changera rien et que certaines guerres ont lieu et c'est tout. Que même animés des meilleures intentions du monde, qu'on soit dévoué corps et âme pour aider l'humanité, ou qu'on atterrisse là un peu par hasard (ou par rébellion), il y a des combats dont on devrait se douter qu'ils nous abîmeront à jamais.
Un excellent roman, qui scelle définitivement mon "amour" pour JC Rufin que je trouve de plus en plus intelligent, fin, admirable conteur de tous les travers et aussi tous les bonheurs, qui m'interpelle parce que justement l'auteur, toubib et diplomate, sait sûrement de quoi il parle et que certains passages dans ce texte pointe du doigt toutes les incohérences de l'humanitaire, ses erreurs et ses petites failles.
Mon ado vient de me le piquer !
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Tout était réuni dans ce livre pour faire un bon thriller et m'annonçait une lecture palpitante. J'ai pensé en la démarrant que ce serait le meilleur Rufin que j'aurai jamais lu; mais j'ai assez rapidement déchanté. Livre après livre, je trouve les personnages de Rufin d'une minceur désolante, leurs caractères souvent caricaturaux et leurs réactions improbables. Rufin a sans doute de multiples talents mais il n'est certes pas un fin psychologue. Ce manque plombe de façon irrémédiable ses récits. de plus, malgré certains détails tout ce qu'il y a de plus véridiques (et pour cause: l'auteur explique dans sa postface les prémisses du roman), plusieurs autres m'ont agacée par leur incongruité. Enfin, j'ai cru comprendre que l'auteur voulait faire passer le message que la haine serait, tout comme l'amour entre deux êtres, complètement irrationnelle, voire inexplicable; une assertion à laquelle je n'adhère pas.
Ainsi donc, je n'ai trouvé dans ce livre d'intérêt ni sur le plan narratif, ni sur celui des idées. Encore une fois, j'attribue une note moyenne à cet auteur pourtant très en vogue…
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