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3,7

sur 1005 notes
Jean-Christophe Ruffin renoue avec ce nouvel ouvrage avec le roman historique et le récit d'aventures comme dans Rouge Brésil ,et  quel bonheur pour le lecteur !

Le lecteur est, de prime abord,  surpris car il se trouve nez à nez avec Benjamin Franklin : devenu vieux et impotent : un tantinet grincheux, celui-ci reçoit la visite d'un couple venu demander son soutien , et retrace , pour se faire , leurs périlleuses aventures en les racontant à tour de rôle au vieil homme, y passant des jours entiers tels des contes des mille et une nuits ...

Le baron Maurice Auguste Benjowsky  né en Hongrie au XVIII ème siècle, a reçu une éducation ouverte sur l'esprit des Lumières, par un précepteur français qui lui fait aimer Voltaire et Diderot, un enseignement qui va guider le sens de ses actions et de ses passions .

Chassé de Hongrie, il se bat avec l'armée polonaise et est alors capturé par les russes puis déporté en Sibérie au Kamchatka .Là-bas il fait la connaissance d'Aphanasie , la fille du gouverneur qui tombe amoureuse de notre héros et s'enfuit avec lui et une partie des bagnards  à bord d'un bateau .

Commence alors une incroyable odyssée , les menant de l'Alaska au Japon, puis  à Macao .

Finalement , ils débarquent en France à la cour du Roi Louis XV qui donne mission au Baron Benjowsky, encombrant pour la France,  de créer une colonie à Madagascar dont il deviendra roi après avoir soutenu les tribus contre le royaume de France au idées colonisatrices  .

Cet homme, grand aventurier a réellement existé , mais persistent de nombreuses incertitudes quant à sa vie, ce qui permet à l'écrivain de présenter un personnage lumineux, aux idées évoluées, et à travers des aventures rocambolesques, de faire transparaitre des parallèles avec notre monde actuel , l'immigration, la soif toujours actuelle de conquêtes, la mondialisation et le rapport entre individus, peuples et cultures .

L'introduction du double récit avec une voix féminine , celle d'Aphanasie qui en suivant Benjowsky s'oppose au destin programmé par ses parents apporte également une touche de modernité et de féminisme même si j'ai trouvé cette partie parfois mièvre .

La rencontre avec un des fondateurs de la déclaration universelle des droits de l'homme et grand pourfendeur de l'esclavagisme , Benjamin Franklin est un épisode véridique et astucieusement mis en scène !

Je conseille aux lecteurs de consulter les cartes mis en fin d'ouvrage figurant les voyages de Benjowsky , ce qui aide grandement à la compréhension des étapes .
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Dans son dernier opus, JC RUFIN a choisi de narrer l'existence d'Auguste BENIOWSKI, figure historique dans plusieurs pays d'Europe de l'Est (ils s'en disputent d'ailleurs la possession) ayant existé au dix-huitième siècle.

Cet aventurier-explorateur exilé au fond de la Sibérie, avant de voguer sur tous les océans du monde, deviendra roi de Madagascar.

A partir de ses mémoires, JCR a trouvé un artifice romanesque, qui évite d'en faire un énième récit historique : imaginant la rencontre entre le père fondateur des (nouveaux) Etats-Unis, Beniowski et sa compagne lui retracent alors leur épopée étonnante, avant de lui demander de l'aide.

L'esprit des Lumières (si cher à Rufin) est partout présent dans ce court roman, qui a pour lit l'esprit d'indépendance des peuples, avec leurs paradoxes et leurs limites.

A l'absolutisme des tyrans s'attache l'arbitraire de leur justice. Auguste B. en croisera d'ailleurs quelques-uns.

Aux apprentis-philosophes il leur était recommandé l'usage du monde, ce que fera donc , par la force des choses, cet homme hors du commun.

Même si j'ai beaucoup apprécié ce récit pour les connaissances sur les conditions de vie de cette époque qu'il nous offre, ainsi que les informations données sur la course à la conquête et la domination des territoires vierges (de tout européen), j'ai été rapidement gênée par le rythme qu'il prend ; je me suis trouvée en effet fatiguée par son style en raison d'un contenu trop dense dû au fait d'avoir choisi la première personne.

Reste que ce livre est un beau portrait d'un des premiers combattants de la lutte anticoloniale.
Lien : http://justelire.fr/le-tour-..
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Le tour du monde du roi Zibeline est le genre de lecture dont, il y a trente ans, je faisais mon quotidien.
Passionnée d'histoire, je ne lisais que des romans historiques ou des biographies de personnnages illustres.
Avec la maturité est venu le souci d'éclectisme et la curiosité me donne maintenant l'envie de découvrir autre chose.
C'est toutefois avec plaisir que j'ai retrouvé le XVIIIeme siècle avec ses lumières et ses tout premiers navigateurs.

Jean-Christophe Rufin nous conte ici l'incroyable aventure d'Auguste Benjowski, aristocrate hongrois qui, après avoir été fait prisonnier par les russes puis exilé en Sibérie, s'échappe avec ses compagnons d'infortune et la femme qu'il aime dans le but de rallier la France.
Arrivé à destination après un long périple qui le voit aborder plusieurs îles du Pacifique, il se met au service de la couronne.
C'est donc chargé de mission qu'il reprend la mer pour rejoindre Madagascar dont il est supposé exploiter les ressources au bénéfice des Français.
Mais Benjowski, acquis aux idées De Voltaire, Rousseau ou Diderot, prône le respect des peuples.
Il pacifie l'île, déchirée par les guerres tribales et crée une colonie basée sur la liberté et l'indépendance; il en deviendra le roi.

Leur aventure, Benjowski et Athanasie la raconte chacun leur tour à Benjamin Franklin qu'ils sont venus solliciter pour obtenir ce que les autres pays, obsédés par leur désir d'asservissement, leur ont refusé.
A savoir, un navire affrêté avec des artisans, des administrateurs, des paysans qui s'établiront à Madagascar dans le respect des lois qui y ont été instituées.
Leur but étant que l'île se gouverne elle-même par l'effet de sa propre constitution et que les indigènes comme les étrangers puissent prendre part à la décision.

Contrairement à d'autres avis, la narration à deux voix sous forme de relation à Benjamin Franklin ne m'a pas dérangée.
Elle n'enlève rien au caractère aventurier de l'histoire même si l'action s'en trouve un peu apauvrie.
Grâce à cette lecture, j'ai renoué avec mon intérêt pour les épisodes méconnus de l'histoire, mais le personnage ne m'a pas vraiment emballée et c'est pourquoi je ne décerne que trois étoiles à ce roman en demi-teinte.
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Un tour du monde au 18e siècle vite fait, bien fait.

Le plus grand attrait de ce roman est d'avoir attisé ma curiosité sur le vrai Auguste Benjowski, alias le roi Zibeline ici. Un explorateur et écrivain dont les vrais mémoires ont été publiés.
Le petit attrait de ce roman est de m'avoir appris l'existence des zibelines.

Pour le reste, je n'ai pas frissonné en traversant la Sibérie, et je n'ai pas étouffé dans la chaleur humide de Madagascar. Je n'ai pas été impressionnée par les batailles, les blessures, les pénuries, les maladies, les mutineries.
Il y a bien cette histoire d'amour qui donne une touche de sensibilité au récit, mais l'ensemble a le niveau émotionnel d'un carnet de bord.
Carnet de bord qui se laisse lire facilement tout de même.

Dois-je préciser que je ne suis pas fan des récits de voyages ?
OK. C'est dit. Maintenant que vous le savez, à vous de voir si mon avis vous passe au-dessus de la tête ou pas.
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Le premier mérite du Tour du monde du roi Zibeline est de redonner vie à Auguste Benjowski, bien oublié aujourd'hui. Dire que sa vie fut aventureuse est un euphémisme, de la Hongrie à Madagascar en passant par la Sibérie et Macao. Une existence que la plume alerte de Jean-Christophe Rufin transforme en épopée, en saisissant l'esprit d'une époque, un XVIIIe siècle qui aborde sa dernière partie, quittant le temps des Lumières pour aborder une période plus agitée. C'est aussi ce moment charnière où les explorations, avec tout ce qu'elles suggèrent de romantisme, vont céder leur place aux conquêtes, ce désir de colonisation qui va opposer les plus grandes puissances. La construction du livre, elle-même, correspond à ce changement d'attitude avec en guise de témoins un Benjamin Franklin vieillissant dont les valeurs appartiennent déjà au passé face à un Thomas Jefferson, moins idéaliste. Les deux narrateurs du roman sont précisément les héros de cette aventure et, outre les péripéties qu'ils traversent, contées avec le talent habituel de l'auteur, leurs différences, notamment vis-à-vis des peuples qu'ils rencontrent, rendent leur histoire d'amour exempt de mièvrerie. le portrait d'Aphanasie, en particulier, tel qu'il apparait quand elle prend le récit à son compte, est celui d'une femme libre, amoureuse certes, mais lectrice de Diderot et plus moderne en somme que son compagnon, elle qui a dans le couple une influence majeure et humaniste. le tour du monde du roi Zibeline, d'une lecture très agréable, est évidemment autant un récit historique qu'un ouvrage très personnel de Rufin où l'auteur exprime ses croyances et ses doutes dans l'humanité.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Il ne faut pas se laisser abuser par les allures picaresques que peut revêtir ce roman. Il s'agit bien d'un drame qui se noue sous la plume de Jean-Christophe Rufin lorsqu'il entrouvre cette petite fenêtre sur l'histoire de Madagascar. Ce drame, au-delà des péripéties qui émaillent la vie de ses héros, c'est celui de l'agonie d'un rêve.

En devenant fortuitement et opportunément roi de Madagascar, sous le nom inspiré par une image bucolique de son passé, le roi Zibeline avait cru pouvoir unifier les peuples indigènes de l'île. le pari était pourtant bien engagé. Mais il avait surtout cru par ce truchement mettre les indigènes de Madagascar à l'abri des appétits de conquérants sans scrupule. Les envoyés des rois de France n'étaient en effet alors que des forbans, ils avaient flairé en cette partie du monde encore vierge de toute colonisation une formidable source de profit. La valeur convoitée s'échangeait sur les marchés … aux esclaves. Auguste Benjowski, le roi Zibeline, imaginait déjà avec lucidité les monstruosités qui se cachaient derrière l'euphémisme assassin de « pacification ».

Lui, qui ne se livrait aux affres de la guerre que lorsque cette dernière répondait à un idéal de liberté, avait cru trouver l'Éden auquel son ouverture aux philosophies du siècle des lumières le faisait aspirer. En unifiant les peuples indigènes autour d'un idéal de progrès, il avait cru construire sur une portion de terre protégée du reste du monde un modèle de ce que personne n'aurait encore osé appeler démocratie.

Après avoir couru le monde dans les incroyables péripéties d'une jeunesse aventurière, conquis le coeur de la fille de son ancien geôlier des confins de la Sibérie et perçu les menaces qui pesaient sur le nirvana qu'ils avaient déniché, il s'en est allé avec son aimée, Aphanasie, chercher le soutien d'un pionnier de l'anti esclavagisme, un des initiateurs de la déclaration d'indépendance américaine, le vieux sage qui avait réussi à piéger la foudre : Benjamin Franklin.

L'ancien ambassadeur des états de l'union en France connaissait trop bien les travers de la politique quand elle est commandée par l'appât du gain. Il écoute avec passion le formidable récit à deux voix, à deux sensibilités devrait-on dire, des aventures qui ont conduit les deux idéalistes à prendre le parti des indigènes malgaches et tenter de les soustraire aux appétits des grandes puissances de l'époque, au premier rang desquelles la France. Auguste et Aphanasie, complémentaires en leur amour et en leur perception des autres, rêvent de ce laboratoire humaniste à huis clos sous les latitudes du paradis sur terre qu'est alors Madagascar. Au péril de leur vie, ils veulent aller au bout de leur rêve et ne reculent devant aucun sacrifice pour y parvenir, bousculant les obstacles qu'une Providence, à laquelle ils se refusent à croire, place sur leur chemin.

Les premières lignes ouvrent l'appétit du lecteur. Les yeux courent sur la fluidité d'une écriture souple et très accessible. Animé d'une curiosité qui flatte l'esprit on dévore les pages de ce conte aux péripéties saisissantes. L'histoire d'amour que Jean-Christophe Rufin se plait à surajouter aux vicissitudes de l'aventure relève l'intrigue d'une touche sensuelle. Il convient de l'artifice romanesque.

Le tour du monde du roi Zibeline est un beau roman, fort bien écrit, qui s'inspire d'une page d'histoire que notre culture nationale a d'abord dénigrée, puis préféré oublier, et pour cause. Jean-Christophe Rufin nous la remet en mémoire, avec une insidieuse délicatesse. Si on ne connaît pas l'histoire dans sa précision, celle de Madagascar en particulier, on sait en revanche que la soif de pouvoir est une constante inhérente à l'espèce humaine. On se doute bien alors que l'utopie de nos deux héros ne pèsera pas lourd face aux exigences de la cupidité. Mais ce genre d'ouvrage n'est-il pas fait pour rêver.

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour m'avoir adressé cet ouvrage dans la cadre de l'opération masse critique.
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Replonger dans un roman de Jean-Christophe Rufin est toujours un immense plaisir car les talents de conteur de l'Académicien sont immenses.

Le tour du monde du roi Zibeline prouve que son auteur sait se renouveler, tant dans l'inspiration que dans la manière. Ici, c'est devant un Benjamin Franklin, très âgé, perclus de douleur, que le comte Auguste Benjowski et son épouse, Aphanasie content leur histoire.
Cela paraît d'abord irréel, fantastique, tant leur vie déborde d'événements et de coups de théâtre. Les deux héros de ce roman ont bel et bien existé et leurs aventures sont éloquentes quant à l'esprit des colonisations du XVIIIe siècle.
À tour de rôle et pendant plusieurs jours, ils prennent la parole devant l'homme qui se moque d'avoir inventé le paratonnerre, préférant rester dans l'histoire pour sa contribution à la rédaction de la déclaration d'indépendance des États-Unis.
D'origine hongroise, Auguste a été profondément marqué par un français, Bachelet, qui fut son précepteur durant trois ans avant d'être renvoyé à cause de ses idées et du goût des livres qu'il transmet à son élève. Ensuite, Auguste apprend à manier les armes puis s'engage dans l'armée. Prisonnier des Russes, il est déporté en Sibérie, dans la presqu'île du Kamtchatka.
C'est là qu'intervient Aphanasie, née de Nilov, fille du gouverneur du Kamtchatka, qui, à 17 ans, tombe amoureuse d'Auguste. Elle raconte comment elle réussit à rencontrer son homme sous prétexte de leçons de français puis de musique. Complots, menaces, dénonciations, manigances, Aphanasie sait arriver à ses fins. Quelle belle histoire d'amour que l'auteur admet avoir quelque peu enjolivée !
Les deux principaux personnages étant présentés puis ayant fait connaissance, leurs aventures débutent avec cette évasion à bord d'un bateau emportant quatre-vingt-seize personnes dont neuf femmes. Après l'île de Béring puis la côte d'Alaska où Aphanasie adopte une zibeline : « sa toison d'une douceur et d'une pureté incomparable la protège de tout. », ils connaîtront les îles Aléoutiennes, la Chine, Macao, Canton, Madagascar…
Ils constatent que les religions « contribuent à entraver la liberté des hommes et à faire naître entre eux des haines inutiles. » Leur séjour en France est déterminant car il décide de leur retour à Madagascar où Auguste sera poussé à devenir le roi Zibeline…

Au travers des péripéties qui jalonnent leur vie, j'ai été choqué par cette colonisation à outrance menée par les principaux pays européens afin de se servir au maximum dans les régions du monde qu'ils se disputent.
Or, Maurice-Auguste Benjowski (1746 – 1786), aventurier et voyageur le plus célèbre du XVIIIesiècle, s'il a été diffamé en France, un boulevard porte encore son nom à Antananarivo, la capitale malgache, une île dont il avait su comprendre et respecter les habitants avant qu'en 1895, « la pacification de l'île » menée par le général Galliéni ne fasse plus de cent mille morts…
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Très bien écrit, intéressant sur le plan historique sans nul doute même si il y a certainement beaucoup de fiction. Mais 2 bémols toutefois, cela aurait pu être plus prenant (parfois on a du mal à poursuivre la lecture) et l'auteur aurait pu se renseigner un peu plus sur le climat dans l'hémisphère sud, car non en décembre il ne fait pas "frais" à l'île Maurice et non la saison des pluies n'est pas la saison froide à Mada...
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1784. Benjamin Franklin, perclus de rhumatismes a bien besoin d'un petit peu de bonheur pour lui faire oublier ses douleurs. Il est certain qu'avec un récit de cette ampleur, le comte Auguste Benjowski et sa femme Aphanasie avaient le pouvoir de faire oublier à Benjamin Franklin sa morosité.
Auguste ne désire plus être roi de Madagascar et vient solliciter l'aide de l'Amérique. Mais pour expliquer la chose, il est nécessaire de remonter aux prémices de son épopée.
Commence alors une très longue histoire contée au vieil homme bien calé dans son fauteuil.

Un vieux château en Hongrie, dans une région bien verte et donc bien arrosée. Auprès d'un précepteur français, adepte des idées philosophiques du siècle des Lumières, Auguste forme sa raison et ses jugements par contact direct de la vie, chez les artisans du coin.
Lorsque son corps se développe, son père se charge de sa formation aux armes.
Une fois son précepteur chassé pour athéisme, Auguste s'engage dans l'armée impériale. Mais comment concilier conscience et barbarie des combats ? C'est une question qui le taraudera tout au long du roman.
Après quelques années dans la marine, il est envoyé comme prisonnier et découvre amèrement la privation de liberté.
Difficile de fuir la tyrannie des gouvernements qui, à cette époque, a souvent cours en Europe.
Lorsqu' Aphanasie prend la parole, elle apprend à Franklin qu'elle a suivi son père nommé gouverneur au Kamtchatka, péninsule de la Sibérie. C'est sur cette presqu'île qu'elle est frappée d'amour pour Auguste le banni.

Le côté aventurier avec ses trahisons et ses ressentiments nous est conté par Auguste. L'auteur en a fait un homme directif et ambitieux mais qui s'évertue à rester en accord avec les indigènes de Madagascar pour exploiter les richesses sans sombrer dans le colonialisme. Aux côtés d'Aphanasie, ses remises en question sont nombreuses et présentent un réel intérêt à l'intrigue.

Le récit, côté romanesque et sentimental, nous est narré par la douce et élégante Aphanasie. Le côté historique du roman laisse alors place à un roman d'amour, un amour parfois malmené par des convictions différentes de la vie et du bonheur. Elle nous conte également le côté humain de cette aventure avec une clairvoyance, une lucidité qui amène beaucoup d'humanité à ce périple.

L'écriture est belle, sans être pompeuse. Les libertés que l'auteur s'est permis pour « enrober » la vie de cet aventurier hors du commun m'ont tout à fait séduite.
Un roman tout à fait captivant qui mêle histoire, aventures, amour, philosophie sans être indigeste !
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Ah, le beau roman que voilà ! Récit d'aventures, roman au substrat historique, roman initiatique et choral, histoire d'amour, c'est tout ça que Jean-Christophe Rufin nous propose en suivant la circumnavigation du roi Zibeline qui n'est autre que le comte Auguste Benjowski. Difficile de résumer le parcours haut en couleurs de ce célèbre aventurier du XVIIIème siècle dont les mémoires ont servi de base au travail de l'auteur. Il part d'un domaine de Hongrie, guerroie en Europe centrale, s'enlise dans l'exil aux confins de la Sibérie, plus précisément au Kamtchatka, rencontre la fille du gouverneur, Aphanasie (quel prénom !), pour se poursuivre à la faveur d'une évasion risquée par un périple maritime dans le Pacifique Nord (après Béring mais avant La Pérouse) et l'Océan indien. Fort de nouvelles connaissances géographiques et cartographiques, il tente de négocier ses précieuses découvertes auprès de la France. L'époque donne alors la part belle aux explorateurs afin d'ouvrir de nouvelles voies commerciales dans une logique déjà bien installée de concurrence entre les puissances. Notre aventurier obtient finalement assez laborieusement (on se méfie de ses ambitions) la possibilité de s'établir à Madagascar et y fonde un royaume sur les principes éclairés de la philosophie des Lumières. C'est évidemment la version romancée que nous propose Jean-Christophe Rufin, présentant son personnage sous un jour favorable, L Histoire ayant retenu, quant à elle, une vision plus controversée.
En plus du palpitant récit d'aventures, j'ai beaucoup aimé la symbiose entre l'écriture et le propos. En effet, l'auteur qui fait parler tour à tour ses personnages, Auguste et Aphanasie, tous deux imprégnés des idées des philosophes a réussi à restituer le phrasé et l'esprit d'une époque. Mieux encore, il parvient à nous proposer une variante masculine et une variante féminine. Mention spéciale d'ailleurs pour cette dernière, dont l'écriture tout en finesse psychologique permet l'expression d'une vision somme toute moderne de l'amour et du couple. Aphanasie entend être la compagne, l'aimée, qui prend part aux décisions mais jamais n'aliène la liberté de l'autre. le rôle rassurant et conventionnel de l'épouse ne l'intéresse guère s'il doit s'exercer au détriment de l'équilibre de cette relation. Je ne sais si les femmes du XVIIIème siècle pouvaient réellement se permettre ce genre de libertés mais il est cependant intéressant d'imaginer leurs espoirs et ambitions. A chacun ses conquêtes...
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