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sur 993 notes
Il était une fois, dans les années 1770, un jeune comte hongrois, Auguste Benjowski, qui, après avoir été fait prisonnier par les Russes, se retrouva banni avec ses infortunés camarades au Kamtchatka, terre peu hospitalière peuplée de Cosaques.

Ainsi pourrait commencer la grande aventure que nous conte Jean-Christophe Rufin avec son roi Zibeline, aventure basée sur les Mémoires dudit comte qui, bien malgré lui, se transforme en navigateur averti comme tant d'autres au XVIIIe siècle, tels La Pérouse, Bougainville, Kerguelen et autre James Cook. En tout cas bien avant eux dans le Pacifique Nord.

Instruit par un précepteur français fervent adepte de Rousseau et de Diderot, Benjowski baigne autant dans les idéaux des philosophes que dans le métier des armes. Lorsqu'il est déporté en Sibérie, il enseigne le français et l'allemand aux enfants du gouverneur, chasse les bêtes à fourrure, commerce avec les marchands, s'informe auprès des marins et prend un maximum de points de repères.

Après bien des complots, des trahisons et même l'assassinat du gouverneur Nilov, Benjowski parvient à prendre le large avec quelques exilés et beaucoup de complicités extérieures. Il emmène avec lui Aphanasie, fille de son geôlier, tombée en amour de cet homme singulier.
« En voyant défiler l'interminable étendue de landes déserte et de steppes arides qui nous avaient emprisonnés, nous n'avions plus aucun doute sur la nécessité de fuir un tel destin ».

Commence alors une navigation difficile en eaux inconnues malgré les quelques relevés et cartes dérobés et c'est ainsi que Benjowski met à profit « l'usage du monde » tel que le lui a enseigné son précepteur. Subissant vents et tempêtes, déviations de route et insubordination à bord, avaries du bateau et hostilité pour faire provision d'eau et de nourriture, le hardi Benjowski traverse le détroit de Béring, longe l'Alaska, suit les côtes du Japon où il reçoit une lettre patente du roi. Arrivé à Macao, l'audacieux navigateur doit affronter le doute et la suspicion de toutes les compagnies maritimes et commerciales d'Europe qui se font une folle concurrence. Sollicité par les Anglais et les Hollandais, courtisé par les Portugais qui, tous, veulent tirer parti de ses découvertes et de ces terres du Pacifique Nord qui n'appartiennent encore à personne, Benjowski finit par céder de précieuses informations aux Français afin de pouvoir gagner Paris et obtenir les moyens de retourner à Formose où il rêve d'installer une colonie.

Méfiants et soupçonneux, jaloux de leurs prérogatives, les Français l'envoient à Madagascar, base avancée de la Compagne française des Indes mais aussi des esclavagistes, où règnent des dissidences tribales à répétition. Benjowski finit par y mettre bon ordre, construit un fort, une ville, des hôpitaux et, par une supercherie involontaire, est sacré roi par les Malgaches, sous le nom de Zibeline en souvenir des fourrures préférées d'Aphanasie. Pourtant, ce que souhaite le nouveau roi, c'est que les indigènes se gèrent eux-mêmes.

C'est pour l'appuyer auprès du roi de France que Benjowski et Aphanasie viennent trouver Benjamin Franklin à Paris, lui qui est l'un des pères fondateurs de la déclaration d'indépendances des Etats-Unis.

Jean-Christophe Rufin fait de cette histoire authentique un conte plein de péripéties et de rebondissements, une histoire d'amour entre Auguste et Aphanasie qui, à tour de rôle racontent leurs aventures trépidantes à Benjamin Franklin.

Merci Kielosa pour ces heures de lecture plaisante et dépaysante à souhait.
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J'aime le roman historique, depuis la lecture des mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, il y a une vingtaine d'années maintenant. Ce goût ne se démentira pas avec le tour du monde du roi Zibeline de Jean-Christophe Rufin. J'y ai retrouvé la puissance narrative, qui m'a complètement transporté sur les traces d'Auguste Benjowski, cet aventurier totalement absent de ma carte personnelle des grands explorateurs. Je la croyais pourtant pleine des principales épopées. La postface livre la part d'imaginaire de l'auteur et celle de l'Histoire, l'occasion de comprendre la construction des personnages. Le choix du récit à deux voix, d'un couple résolument moderne nourri par la philosophie des lumières, en avance malgré tout sur son époque participe à l'alimentation de la veine romanesque ...
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Pourquoi cet aristocrate hongrois, Benjowski, n'a-t-il jamais cessé d'être diffamé par les mémorialistes français ?
Peut-être parce qu'il professait un respect des Noirs de Madagascar, dont il est devenu le roi durant une courte période, mais durant laquelle il oeuvra si bien pour leur progrès, leur confort et leur liberté que les Malgaches le célèbrent encore maintenant.
Les Français aisés du temps de Louis XV se targuaient de vivre selon l'esprit des philosophes, mais les ministres, eux, ne pensaient qu'au profit et à ce commerce des esclaves dont Madagascar fournissait une bonne partie.


Rufin signe ici un roman ou plutôt une biographie romancée de cet homme sage qui, depuis son exil aux confins de la Sibérie, le Kamtchatka, où il a rencontré la femme de sa vie (fille du gouverneur), à la toute jeune Amérique indépendante de Benjamin Franklin, a connu une infinité d'expériences de toutes sortes.
Orphelin de mère très tôt, perdu dans ce froid château aux confins de la plaine hongroise, il vécut une enfance « d'une grande tristesse ». Puis vint Bachelet, un Français admirateur des philosophes, qui pendant trois ans lui enseigna la langue française, la bienveillance, l'égalité et la liberté. Cette leçon de vie le guidera jusqu'à sa mort.
Arrêté par les Russes et exilé en Sibérie, il s'échappa donc, et parcourut les mers, du détroit de Bering à Formose, en passant par Macao. La France, finalement, lui confia une mission : s'occuper de Madagascar et y faire fructifier le commerce, mais un lourd malentendu envenima ces relations, malentendu enraciné dans le mépris des indigènes de la part des hommes politiques français. Il alla même trouver Benjamin Franklin pour lui conter ses aventures et lui demander de l'aide.


Et nous voilà au propos de ce roman, un long monologue ou plutôt deux longs monologues alternés relatant la vie de Benjowski par lui-même, Auguste, et par sa compagne, Aphanasie. A vrai dire, ce procédé d'une « conversation » entre ce couple et Benjamin Franklin m'a paru très artificiel ; je trouve dommage que Rufin, qui écrit très bien, ait choisi ce type de narration ; mais très vite, je suis passée outre car l'esprit De Voltaire et de Diderot hante ces pages pleines d'aventures et de rencontres enrichissantes, stupéfiantes ou navrantes.


Je recommande la lecture de cette histoire vraie construite à partir des notes de Benjowski lui-même. Bien sûr, c'est romancé, bien sûr, Rufin y a mis beaucoup de lui-même, mais quel plaisir de faire le tour du monde en compagnie de cet homme empli des idées des Lumières et de cette femme audacieuse, préfiguratrice du féminisme !
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Ceux qui me suivent savent qu'entre Jean-Christophe Rufin et moi, c'est du sérieux. Alors son nouveau roman, j'ai certainement été la première à l'acheter et je l'ai croqué tout cru sans même lui laisser le temps de s'habituer à sa nouvelle demeure. Il faut dire qu'on est dans la veine que je préfère chez lui, le roman historique assaisonné d'une dose d'aventures et du regard à la fois curieux, admiratif et bienveillant que l'auteur porte sur les explorateurs, les défricheurs, ceux qui n'hésitent pas à faire du monde entier un terrain de découverte et d'enrichissement culturel.

On retrouve ici les thèmes déjà mis en avant avec bonheur dans Rouge Brésil, L'Abyssin et même le Grand Coeur. L'ouverture sur le monde, l'opposition entre volonté d'asservir ou de coloniser et celle de comprendre et respecter l'autre, tout ceci porté par un personnage fort et une figure féminine bien décidée à casser les codes et dépasser le rôle que l'on voudrait lui assigner. Car la mondialisation vue par Jean-Christophe Rufin est synonyme de promesses, d'apprentissages, d'enrichissement intellectuel et d'émancipation. A condition d'être curieux de l'autre et de ne pas le mépriser ou vouloir l'asservir.

A partir de la biographie d'Auguste Benjowski, le voyageur le plus célèbre du 18ème siècle, l'auteur bâtit un roman d'aventures à la langue délicieusement classique et aux ressorts narratifs qui tiennent de la grande tradition des conteurs dont la plus célèbre d'entre eux demeure Shéhérazade. Il imagine la rencontre entre Benjamin Franklin alors vieillissant et condamné à voir défiler chaque jour nombre de solliciteurs dans sa demeure de Philadelphie, et Auguste accompagné de sa femme Aphanasie. le vieil homme, auréolé de sa contribution à la rédaction de la constitution des jeunes Etats-Unis est intrigué par ce couple dont le parcours est pour le moins inhabituel. Auguste est né en Hongrie, a rencontré sa femme en Sibérie, parcouru les mers et les terres australes avant d'être nommé roi de Madagascar. Subjugué, Franklin écoute pendant plusieurs jours les voix d'Aphanasie et d'Auguste alterner le récit de leur vie mouvementée avant d'en venir au motif de leur visite.

Et forcément, le lecteur est tout autant subjugué, passant d'une région du monde à une autre en plusieurs années (pas d'avion au 18ème siècle, et encore moins de moteurs sur les bateaux...) et revisitant une époque où le monde était encore à découvrir. Fort de l'enseignement de son précepteur français, riche des idées de Voltaire, Diderot et Rousseau, Auguste développe ses contacts et pose des jalons dans de nombreux endroits du monde avec l'espoir de créer des relations commerciales et diplomatiques. Mais c'est oublier un peu vite que les desseins des Etats qui pilotent ces expéditions ne sont ni pacifiques ni dénués d'arrière-pensées.

"Cette ignorance lettrée me fit faire en moi-même maintes réflexions : je pensais à Bachelet qui insistait sur la relativité de notre savoir et la nécessité, pour parler du monde, de le connaître. Ce roi si assuré sans doute dans ses jugements ne commettait-il pas les mêmes erreurs que nombre de nos philosophes qui dissertent sur le monde sans avoir vu autre chose que leur voisinage ?"

Des attitudes et des questionnements qui font écho à ceux qui persistent de nos jours et mettent en avant des approches éminemment différentes sur nos façons d'appartenir au monde.

Mais ce roman est aussi une très belle histoire d'amour (il est vrai que Jean-Christophe Rufin conçoit rarement ses histoires sans apporter à son héros les ressources d'une femme hors du commun) entre Auguste et Aphanasie qui bravent toutes les convenances pour être en accord avec leurs valeurs et la façon dont ils conçoivent leur amour.

Encore une fois, le cocktail est bien dosé et convaincant. A partir d'une base documentaire solide, les ingrédients romanesques emportent le morceau et font du couple formé par Aphanasie et Auguste des héros aussi attachants qu'inspirants, portés par le souffle de l'aventure.

Alors ? Vous embarquez ?
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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PLOUF !
Oh ! Un dauphin !^^

- Un homme à la mer ! Ohé du bateau. J'ai raté l'embarquement.
Le bateau était déjà trop lourd. Surtout trop lent, par manque de souffle lyrique pour gonfler ses voiles sur une mer étale.
- Hé ! L'eau est froide au Kamtchatka.


Pourtant j'avais vraiment aimé Globalia et, contrairement à une amie Babeliote, le grand Coeur aussi m'avait emporté. C'est d'ailleurs en pensant à ces très bons moments de lecture que j'ai sélectionné, au nom de JC. Rufin, celui-ci lors de mon dernier passage en bibliothèque.


Cependant que l'enfance d'Auguste Benjowski en Hongrie s'annonçait prometteuse et que déjà je m'attachai à Mr Bachelet, ce philosophe itinérant qui devint son précepteur, hélas ensuite mon ardeur faiblit rapidement au fil des pages. le jeune Benjowski, après déjà bien des péripéties que je vécus de loin sans arriver à me passionner, n'avait pas atteint la Sibérie que déjà son récit me laissait froid.


Mais quelle idée ce schéma narratif nous faisant assister à d'interminables entretiens des deux principaux protagonistes, Auguste et sa compagne Aphanasie, racontant à tour de rôle leur histoire à un très vieillissant Benjamin Franklin sirotant son thé, et s'assoupissant à l'occasion. Jamais, au grand jamais, un différé n'aura la saveur du direct. Pour un grand roman d'aventure, il faut me semble-t-il des dialogues cinglants comme des coups de fouet et propres à vous plonger au coeur d'une action virevoltante.

- Parbleu nous voulons force ripailles !
- Canaille, les provisions ! Mettez moi ce fourbe Stepanov aux fers !
- Ventre Saint Gris ! Au pain sec et à l'eau.


Rien de tout cela dans ce récit édulcoré où les conjoints ne s'interrompent jamais pour se chamailler sur des détails ou bien donner des versions franchement différentes voire carrément contradictoires. le vénérable auditeur ne se manifestant pas pour poser une question, émettre une opinion ou demander une information, l'ensemble manque cruellement de dynamisme. Pour ma part, j'aurais préféré que l'auteur choisisse alors d'écrire un essai à cette lecture mi-figue, mi-raisin.


Dommage car le sujet lui-même, une royauté éclairée très temporaire pour offrir une transition pacifique à Madagascar vers un gouvernement libre et souverain par les tribus malgaches unifiées, est hautement intéressant et porteur.
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Fin 18ème siècle: Récit rocambolesque de combats, secrets, trahisons et amours entre un comte hongrois et une belle russe.

Jean Christophe Rufin renoue avec le roman d'aventures sur fond historique en s'inspirant de la biographie d'Auguste Beniowski, voyageur et explorateur connu pour ses mémoires.

Du fond du Kamtchatka aux rives américaines, passant par la Chine, la France et Madagascar, les tribulations d'Auguste et d'Aphanasie forment une suite ininterrompue de découvertes géographiques et de cultures diverses, dans le tumulte de la mitraille et l'exploration de terres inconnues.

Je referme le dernier livre d'un auteur que j'apprécie fidèlement, avec un sentiment neutre, partagée à parts égales entre plaisir agréable de lecture (la plume, toujours parfaite) et manque d'enthousiasme pour la thématique. C'est un livre d'aventures de belle facture pour qui les affectionne, complété par une réflexion sur la diversité des sociétés et des croyances, sur l'idée de liberté, la nécessité des connaissances, comme le développe le mouvement intellectuel du siècle des Lumières.

Autre bémol: Je n'ai pas été convaincue par le procédé narratif qui consiste à raconter les faits par la personne qui les a vécus. Ça donne un livre un brin désuet, même si cela participe de l'immersion dans une autre époque, au même titre que le langage un peu ampoulé.

Ceci dit, l'auteur est un merveilleux conteur et l'élégance de son écriture est un atout indéniable pour suivre les pas de ces aventuriers voyageurs. La lecture en est fluide et agréable et le charme finit par opérer.

( À noter que les cartes, bienvenues, se cachent en fin d'ouvrage. )

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Vous adorez les romans d'aventures ? L'histoire ? Vous rêvez d'être transportés dans les siècles passés ? Alors lisez sans plus attendre le dernier roman de Jean-Christophe RUFIN ! Ce sera juste un régal pour vous car tout cela se trouve dans « le tour du monde du roi Zibeline ». A la seconde où vous ouvrez ce livre, vous traverserez les siècles pour vous retrouver au fameux siècle des lumières.

Ceci est l'histoire romancée de Maurice Auguste Benjowski, jeune noble d'Europe centrale, contemporain de Voltaire et de Rousseau et qui sera longtemps l'un des aventuriers et voyageurs le plus célèbre du 18ème siècle. Né en Hongrie en 1746 dans un lugubre château des Carpates, Auguste vit une existence d'une grande tristesse et fermée au monde.
Jusqu'au jour où pendant trois ans, il sera instruit par un précepteur français du nom de Bachelet. Fervent adepte de Diderot et de Rousseau, ainsi que de la liberté quelle qu'elle soit, celui-ci va lui enseigner la philosophie française et lui apprendre combien le monde est vaste et combien il est nécessaire de le découvrir. Suite au renvoi de Bachelet, Auguste décide alors de s'engager dans l'armée et de fuir cette vie terne et morose.

Une vie extraordinaire sur terre et sur mer commence alors pour lui : déporté au fin fond de la Sibérie, où il rencontrera sa future femme Aphanasie, grand amour de sa vie, en passant par l'Alaska, Macao en Chine, la France pays cher à son précepteur si avide de liberté, et bien d'autres lieux encore pour devenir après maintes péripéties et turpitudes finalement roi de Madagascar.

A partir des Mémoires et de la biographie d'Auguste Benjowski, Jean-Christophe RUFIN nous livre avec grand talent une magnifique épopée, ou plus exactement il nous « conte » une histoire merveilleuse. A travers un nombre incalculable de rebondissements, nous suivons avec délectation la vie de cet aventurier et de sa femme. Car ce livre n'est pas seulement un roman d'aventures mais c'est aussi une extraordinaire et très belle histoire d'amour entre Auguste et Aphanasie teintée d'un romantisme extrême.

Nous retrouvons à travers cette histoire les thèmes chers à l'auteur déjà abordés dans ses précédents romans tels que Rouge brésil, l'Abyssin ou même le Grand Coeur : l'ouverture vers le monde mais avec ce désir de colonisation et de soumission des peuples qui opposent les plus grandes puissances de cette époque (et encore de nos jours…), ainsi que les doutes que peut avoir l'auteur en l'humanité.

Bref un pur moment de bonheur !!!
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Ne boudons pas notre plaisir ! Il y a du Zévaco, de l'Eugène Sue, presque du Jules Verne et même un zeste de Dumas dans ce Rufin là.

Comme à l'accoutumée, son dernier opus est emprunt d'une élégance rare augmenté d'une rudesse charnelle émaillé de péripéties digne d'aventuriers des plus endurcis.
Charmante nouveauté cependant, c'est à deux voix qu'il déroule avec dynamisme l'histoire rocambolesque de ce couple rayonnant.

Benjamin Franklin sera le réceptacle de leur incroyable mais réelle épopée.
Tel un paratonnerre, il absorbera, pour son plus grand bonheur les éclairs de génie et les orages de ce duo éclatant.

Jugez plutôt : Depuis la Hongrie, Auguste Benjowski, tel un mini-Strogoff traversera la Russie jusqu'au Kamtchatka, pays des fourrures où il fera chavirer, sans le vouloir, le coeur d'une « belette » nommée Aphanasie. Pas mal pour le futur roi Zibeline.

Tous deux et une poignée d'acolytes s'échapperont jusqu'à Paris en passant par le Japon,
la Chine et Macao. C'est un Rufin caméra au poing !

C'est en mission pour le roi de France qu'ils partiront à Madagascar où le charismatique Auguste, contre toute attente, pacifiera la contrée : « J'étais tout entier envahi par cette autre passion qui se partage le coeur de l'homme avec l'amour de la liberté : le bonheur de servir. »

Autant Auguste demeure dans l'action et les déplacements, autant Aphanasie donne de l'humanité et de l'épaisseur aux personnages et aux faits : « Ainsi, j'ai vu des hommes se voler, se battre, faire l'amour, mourir. Je me nourrissais de scènes, consciente que la vie me faisait le redoutable cadeau de m'initier à ses secrets alors que certains passent toute leur existence sans même les soupçonner. »

Leur destinée s'achèvera-t-elle sur une colonie libre en Afrique ?
« Aujourd'hui ils avaient tout connu et tout quitté, pour trouver quoi ? le bonheur ou une chimère ? »

Auguste fut l'aventurier le plus célèbre du XVIIIème siècle et peut-être aussi le plus vite oublié… Mais qu'importe, son vécu demeurera intact : « Sur le moment, quand on vit de telles passions, on s'en plaint. Mais à l'heure de quitter cette vie, croyez-moi, ces souvenirs là sont les plus délicieux. »

Jean-Christophe Rufin m'a une nouvelle fois émerveillé avec ses phrases tellement bien construites que vous pouvez être, méfiez-vous, projeté à votre insu dans le livre dont vous « croyez » être le héros.
Même pas mal !

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1784, Philadelphie, Auguste accompagné de sa femme Aphanasie demande à être reçu par Benjamin Franklin, afin de solliciter son aide pour construire à Madagascar une nation souveraine et indépendante. Car Auguste est roi de Madagascar, on l'appelle le roi zibeline.
Tour à tour Auguste et Aphanasie vont conter à leur hôte leurs incroyables aventures
Le père d'Auguste est un être brutal, il essaye de dresser son fils et de lui enseigner les exercices militaires, mais finalement il le confie à un précepteur nommé Bachelet. Celui-ci va lui faire découvrir la langue française et à quel point le monde est grand et lui fait comprendre la nécessité de le découvrir.

Adapté des mémoires d'Auguste Benjowski, ce roman d'aventures prend sous la plume de jean Christophe Rufin des allures d'épopée.
Mais cette suite de trahisons, de rebellions, de complots, de mutineries, d'intrigues, de batailles, de trahisons, de querelles tribales, de ralliement m'ont lassée par leur côté répétitif.
Reste un livre, agréable à lire, sous la plume de Jean Christophe Rufin, qui nous éclaire sur le XVIIIe siècle, le siècle des lumières, du commerce, des négriers, des colonies et des explorateurs.
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Très énigmatique, un rien caricatural, le titre annonce la couleur, celle d'un récit de voyages et d'aventures. Le roman de Jean-Christophe Rufin, le Tour du monde du roi Zibeline, est basé sur l'histoire réelle et singulière d'un aventurier, d'origine à la fois autrichienne, polonaise et hongroise, qui a parcouru le monde au XVIIIème siècle.

Né en 1741 en Hongrie, il eut un destin surprenant, voyageur, aventurier, écrivain, il fut élu roi de Madagascar par les chefs de tribus locales. Tour à tour soldat autrichien, officier polonais, colonel français puis roi de Madagascar, il fut parmi les premiers européens à naviguer autour du monde.

Né dans un lugubre château des Carpates, Auguste Beniowski a la chance d'avoir comme précepteur un esprit éclairé des Lumières, un Français du nom de Bachelet. Durant son enfance il est initié, par son précepteur, à la pensée de Diderot, Rousseau et Voltaire. Très tôt il s'engage pour défendre l'indépendance de la Pologne contre les Russes. Fait prisonnier, il est exilé au fin fond de la Sibérie, où il vit une histoire d'amour avec la fille du gouverneur du Kamchatka. Il s'évade avec elle et rejoint la France où on lui confie la mission de rallier Madagascar. Sa fougue et sa passion le font devenir roi de Madagascar, ce qui est mal vu en France. L'affaire tournant mal, il est contraint d'émigrer en Angleterre puis en Amérique. Il cherche toutefois à rassembler des fonds pour retourner à Madagascar et se décide à écrire ses mémoires : Les Mémoires et Voyages du comte Maurice Auguste Beniowski.

Cette vie aux multiples péripéties et retournements a passionné Jean-Claude Rufin, au point de nous offrir une version romancée où le héros est présenté sous un jour plus favorable que ce que nous enseigne l'Histoire. Imaginant une rencontre entre Benjamin Franklin et Beniowki, il retrace son parcours dans un style rappelant souvent le charme des Mille et une nuits. Aux côtés de son « homme », Aphanie, femme libre pour l'époque et amoureuse, conte sa version du périple, ce qui procure un duo pittoresque avec une version masculine et une variante féminine. Cette intéressante alternance de voix permet de raconter cette histoire à travers différentes sensibilités.

Jean-Christophe Rufin a l'art d'éveiller une curiosité qui persiste tout au long du roman en utilisant avec adresse le réel et l'imagination. Excellent conteur, son écriture est toujours élégante et séduisante et l'esprit des lumières est présent tout au long du roman. Cet ouvrage où se mêlent récit historique, roman d'aventure, et un zest de philosophie, devrait inciter les plus exigeants à suivre les pas de ces deux intrépides voyageurs.

"C'est un personnage solaire. C'est quelqu'un qui est marqué par deux influences, d'une part, celle de la philosophie française des Lumières et de l'autre, celle de la guerre, de la force, du combat. C'est un personnage plein d'énergie, plein de vie mais aussi plein de fraternité qui va essayer d'accueillir le monde, de le transformer, grâce à cette énergie avec laquelle il entraîne aussi le lecteur." souligne Jean-Christophe Ruffin.

Petite note concernant l'ouvrage écrit par Auguste Beniowki (source du livre de Rufin) :
Les mémoires de cet aventurier, écrites en français avec verve et imagination, constituent un récit insolite des découvertes géographiques qui ont marqué la seconde moitié du XVIIIe siècle et un témoignage rare sur la rude rivalité que se livraient les grandes puissances maritimes de l'époque pour la conquête des terres riches en trésors de toutes sortes.

Remarque historique :
Page 291, Jean-Christophe Rufin écrit que "Bernard de Clairvaux a fondé l'abbaye de Cîteaux", erreur que beaucoup de personnes font…
Né en 1090 à Fontaines-les Dijon, Bernard entre à l'abbaye de Citeaux, fondée en 1098 au sud de Dijon par Robert de Molesme. Bernard, en 1115, est l'un des fondateurs de l'abbaye de Clairvaux, près de Bar-sur-Aube.

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