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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Écrit en 1934 ce roman est résolument et étonnamment moderne. L'écriture est vive et fluide. J'avais lu Plus jamais d'invités qui m'a plu moyennement.
Ici une famille britannique prend invariablement ses vacances à Port breton. Shirin fille de cette famille est fascinée par l'île de Storn et fera la rencontre du jeune aristocrate un brin dérangé du casque, héritier du lieu.
Le récit se divise en 4 décennies qui relatent l'évolution de Shirin passant de l'adolescence à l'âge adulte puis de femme mûre. Elle plaît aux hommes et semble s'en étonner, elle fait un mauvais mariage qui durera une poignée d'années. Puis retrouve Venn à 26 ans. J'arrête là car j'en ai déjà trop dit.
La relation Venn Shirin est toxique. Aujourd'hui on dirait que Venn est un pervers narcissique. Il est blessant, colérique. Il a des fantasmes d'enfermement et de destruction. Il éprouve un sentiment d'infériorité ce qui le conduit à ces comportements atrabilaires et violents.
Il voudrait que Shirin n'ait eu aucune vie avant lui !....
Le personnage de Shirin aussi est complexe. Elle se refuse à dévoiler ses sentiments et émotions, ce qui exacerbe l'irritation de Venn. Seuls deux amis ont sa confiance Tracey amoureux platonique et Cristina, cette dernière n'est pas sans rappeler la liaison amoureuse entre Vita et Virginia Woolf.
J'ai apprécié le style d'écriture mais un peu moins la trame du roman, passablement énervée par l'attitude de Shirin qui clame son indépendance mais admet les perversions de Venn. Quant à lui je l'ai détesté.
Mais Vita nous balade avec délectation, c'est elle qui décide de rendre certains personnages imbuvables. Elle prend plaisir à souligner les névroses de ses protagonistes. Voilà tout son talent.
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"Il y avait une alliance d'ordre mystique possible entre Storn et une femme comme Shirin. Une sombre histoire d'amour. Qui avait mal tourné. (p166)"

Le personnage principal de ce roman est une île : Storn, dont Shirin est tombée amoureuse, une île qui l'a envoutée, son seul amour et ce depuis l'enfance. Une île au centre et finalement l'enjeu d'un couple. Quand Shirin fait la connaissance à 16 ans de Venn le Breton, l'héritier de l'île, de deux ans son aîné, elle ne se doute pas qu'un jour elle vivra sur ce bout de terre battue par les vents et les vagues, un lieu paradisiaque mais qui va se révéler un lieu de tourments. En effet le mariage va se révéler comme l'union d'un homme fou de jalousie et d'une femme indépendante et secrète, devant se soumettre à la volonté de son époux afin de continuer à vivre à Storn, dont elle ne sera jamais la propriétaire.

Vita Sackville-West construit son roman en suivant Shirin au fil des ans, à 16, 26, 36 et 46 ans en s'attachant à suivre son héroïne au caractère bien trempé, volontaire dont la seule faiblesse est son attachement à une terre dont elle n'aurait jamais imaginé être un jour l'occupante et pour elle cela, elle devra accepter humiliations, renoncements, le prix à payer pour vivre à Storn.

"Venn ne comptait pas. Storn, si, qui lui appartenait. Il ne s'agissait pas d'une volonté d'exercer un quelconque pouvoir sur l'île ni de contester les privilèges de lady Le Breton. Elle souhaitait seulement qu'on lui reconnaisse le droit de vivre ici, de se fondre dans toute cette beauté, vagabonder en toute liberté, méditer des heures entières face à la mer, dans l'embrasure d'une fenêtre. Et peut-être qu'au bout du chemin, elle trouverait une paix intérieure qui lui permettrait de se réconcilier avec la vie. (p125)"

L'autrice met en parallèle les caractères du couple dont il ressort finalement une violence différente : celle de Venn qui peut passer d'une forme de tendresse, d'amour à la fureur provoquée par l'inaccessibilité de Shirin, le mystère dont elle s'entoure et celle de Shirin, blessée dans son amour propre, ne voulant jamais abandonnée sa liberté de vie, ne rien révéler de son passé, ne rien concéder à celui qui aurait pu, peut-être, tout avoir s'il n'avait pas refusé qu'elle soit un jour la Maîtresse de Storn.

Shirin est une femme que l'on pourrait trouver dénuer de sentiments, que ce soit pour ses enfants, sa famille (en dehors de son père aveugle) et les hommes qui ont partagé sa vie si elle n'avait cet amour d'un lieu pour lequel elle accepte ce qu'elle n'aurait jamais accepté de quiconque. Une blessure ancienne, une attirance impossible envers une amie ou un dévouement sans faille pour tous ceux qui souffrent sont les autres aspects de sa personnalité. Les tempéraments s'affrontent, se blessent, l'orgueil de chacun empêchant la moindre concession à l'autre durant toute leurs vies.

Dark Island est un roman à l'ambiance sombre, pesante tout au long des 30 années, dont on se doute que l'issue ne pourra être que dramatique. Il n'a pas été sans me faire penser aux Hauts de Hurlevent dans le genre histoires d'amour violentes et tragiques, où l'amour et la haine s'entrecroisent sans jamais définir exactement les limites, que ce soit dans le couple formé par Shirin et Venn mais également dans la relation qu'entretient Shirin avec Tracey, un avocat conciliant ou celle plus ambigüe avec Cristina, son amie depuis de longues années et sa confidente.

Ce qui est frappant dans l'univers de Vita Sackville-West c'est le soin qu'elle apporte à la description des sentiments, revirements, comportements humains en parsemant son récit des pensées de chacun de ses personnages, pensées avouées ou tues, chacun de ses personnages n'étant jamais à une seule facette mais oscillant entre différentes attitudes, réactions, comportements suivant les époques.

C'est une écrivaine qui se révèle très moderne (ce roman a été publié en 1934) faisant du personnage de Shirin une femme se libérant jusqu'à son mariage du joug masculin, se moquant du regard des autres, menant sa vie au grand jour, se jouant des convenances et même de son rôle de mère mais elle devra se résigner à subir par amour d'une terre. Comme dans Haute Société, elle porte un regard sans concession sur les strates de la société dont elle connaît parfaitement le fonctionnement, la place des femmes et la revendication de leur condition, leurs attentes et exigences mais en gardant une part de mystère ici, propice aux lieux et au conflit marital, et qui ne trouvera son dénouement que dans la tragédie.
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Chaque été, la famille Wilson se rend au même endroit : Port-Breton. Ils y ont leurs habitudes et le lieu les séduit toujours autant. C'est surtout le cas de leur fille Shirin, envoûtée par la vue de l'île de Storn que l'on voit de Port-Breton : "Elle alla chercher, bien caché sous ses mouchoirs, un portefeuille en cuir dont elle retira une photo de la côte prise depuis Port-Breton, avec au premier plan la mer, immense, lumineuse, et tout au fond l'île beaucoup plus sombre de Storn. On ne discernait pas le détail, seulement une forme forme lointaine et les deux hautes tours rondes du château normand. Jamais elle n'avait regretté que sa photo ne soit plus précise. C'est ainsi qu'elle la préférait : obscure, mystérieuse, à l'écart des rayons de soleil trop directs, à l'opposé des contraintes prosaïques de la vie quotidienne, de sa médiocrité pénible, de ses faux-semblants. C'était son domaine privé, son refuge, qui la protégeait de sa famille, de Dulwich, et aussi d'elle-même." Un été, le rêve de Storn se concrétise en la personne de Venn le Breton, le futur propriétaire de l'île. Les deux jeunes gens passent la journée ensemble. Shirin découvre Storn de l'intérieur et s'imagine habitant les lieux. Shirin et Venn, en se séparant, n'imaginent pas qu'ils ne se reverront que dix ans plus tard et que cette rencontre sera décisive.

"Dark island" est l'occasion pour Vita Sackville-West de développer un personnage de femme flamboyant et viscéralement indépendant. Shirin m'a beaucoup fait penser à l'héroïne de "Paola". L'auteur construit son roman son roman en suivant son personnage tous les dix ans en allant de 16 à 46 ans. Shirin n'est pas très sympathique au départ, son comportement surprend. Elle a épousé en première noce Miles Vane-Merrick (celui de "Haute société") et a eu des enfants avec lui. Sa présence est très courue dans les dîners, les soirées même après son divorce. Elle fascine, attire les hommes aussi bien que les femmes grâce à son charme et sa répartie. Mais sous le vernis social, Shirin ne semble être attachée à personne. Même ses enfants n'occupent que peu de place dans sa vie. C'est le prix de la liberté. Son indépendance ne supporte aucun lien, aucune obligation envers qui que ce soit. La seule chose qui touche véritablement Shirin est Storn. C'est ce point faible qui la fera céder aux avances de Venn le Breton. Entre les deux époux s'engage un véritable combat. Venn cherche à dompter Shirin, il veut qu'elle lui appartienne pleinement. Elle se montre une épouse parfaite, attentive mais elle reste insensible à son mari. Son désir absolu de liberté finit par nous la rendre sympathique, on s'attache à ce personnage farouche. Shirin est une femme comme on en rencontre peu dans la littérature : mystérieuse, envoûtante, passionnée et tumultueuse. Comme dans "Toute passion abolie", "Haute société" ou "Paola", Vita Sackville-West crée une forte personnalité, une femme cherchant à être plus libre.

Comme l'indique son titre, "Dark island" est un roman à l'atmosphère sombre, tourmentée. Même si ce n'est pas mon préféré de Vita Sackville-West, je me suis laissée emporter par cette histoire et ce personnage féminin étonnant.
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Mes sentiments concernant ce roman sont pluriels et je ne suis pas sure d'être parvenue à saisir toute sa complexité.
Comme il s'agit d'une lecture commune, les différents billets que vous pourrez lire aujourd'hui apporteront sans doute d'autres informations et je vous encourage à les parcourir.

Pour ma part, j'ai commencé par être un peu déçue par cette petite famille Wilson sans ambition et sans intérêt.
Mrs Wilson m'agaçait par sa petitesse, et j'ai eu du mal à comprendre les relations entre les personnages car c'est évoqué assez rapidement au début du roman.
La construction du roman m'a également surprise, puisque l'auteure a choisi de nous parler de Shirin tous les dix ans, scindant son roman en quatre parties de 16 à 46 ans.
Et puis les choses se sont améliorées.
J'ai saisi l'ironie dont l'auteure faisait preuve à l'égard de certains de ses personnages, tout en n'adhérant pas totalement à la personnalité de Shirin.

Il faut préciser que cette ironie est particulièrement présente chez Vita Sackville-West.
De nombreux personnages passent sous son regard, et celui-ci n'est pas tendre.
Elle appuie chaque fois sur le défaut principal du personnage, sans pitié, présentant un type de femme ou d'homme que chacun connaît dans son entourage.
Certains sont ridicules, comme Mrs Jolly, fine mais trop bavarde, ou la mère de Shirin, idiote et hystérique.
Parallèlement, Shirin garde tout son mystère, ne se dévoilant pas, même à son mari.
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Vous êtes à la recherche d'un roman dynamique, rempli d'échanges vifs et de joie de vivre ?
Passez votre chemin !
Ce roman retrace la vie d'un personnage énigmatique, Shirin, qui vit dans le monde mais entièrement détachée de celui ci.
Profondément attirée par l'île de Storm, son existence est aussi mouvementée que cette île malmenée par les tempêtes.

Écrit d'une plume fine et qui nous fait pénétrer dans la psychologie des personnages, ce roman atypique ne laisse pas de marbre même s'il faut s'accrocher un peu.....
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