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Toute passion abolie est un roman de Vita Sackville-West. L'autrice anglaise raconte dans ce court roman féministe comment la vie de Lady Slane a changé à la mort de son mari. Alors qu'elle avait 88 ans, elle décide de vivre enfin sa vie comme elle l'entend, n'en déplaise à ses enfants, et se remémore son passé.
C'est une petite merveille ! Je n'attendais pas grand chose de ce roman, je voulais seulement découvrir l'autrice – célèbre notamment pour sa liaison avec Virginia Woolf – et c'est un peu par hasard que j'ai trouvé ce livre. Je ne regrette pas du tout de l'avoir trouvé, parce que dès les premières pages, j'ai été conquis par l'humour de l'autrice et cette peinture mordante de la haute société anglaise.
J'ai pris énormément de plaisir à lire ce court roman, mais surtout je dois dire que la deuxième partie est un véritable chef-d'oeuvre ! Condensée en si peu de pages, on y trouve la mise en scène en littérature des idées développées par Virginia Woolf dans Une chambre à soi.
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Un livre élégant à tout point de vue, écrit par une grande dame. C'est un livre sur le désintéressement. Le désintéressement d'une femme âgée face à une famille plutôt vulgaire et avide. A la mort de son mari, elle décide d'aller vivre seule -à la stupéfaction de ses enfants qui entendent l'utiliser et l'enfermer jusqu'au bout- , dans une petite maison modeste qu'elle a repérée depuis des années. "Sa" maison. Ce thème de la maison qui "attend" la personne qui "doit" l'habiter, est très beau. On sent chez Sackville West l'amour des maisons, un amour incomparable. Ainsi la vieille dame se remémore sa vie, et meurt libre et en paix avec elle-même. Petit livre délicieux et très anglais, qu'on appréciera. Avec évidemment beaucoup d'humour entre les lignes.
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Dans notre monde, la liberté de choisir ce qui est important dans sa vie est surtout donnée aux hommes. Lady Slane a la chance d'etre veuve, très vieille, à l'abri du besoin et dotée de la capacité de rester à distance de ses enfants. Ces conditions lui permettent de vivre enfin libre la dernière étape de sa vie. L'amertume de constater qu'elle est passée à côté de ses aspirations profondes au profit de ses devoirs d'épouse, de vice-reine de contrées lointaines et de mère est apaisée par les décisions qu'elle s'autorise à imposer dans ce moment de la vie où on n'a surtout plus de temps à perdre.
Un roman court et fort qui, sur un fond de douce ironie et par touches subtiles nous rappelle la vanité et la superficialité de notre monde.
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Elégance, ironie, sagesse. Devenue veuve à 88 ans, Lady Slane, fait sa révolution, envoie bouillir ses enfants, sa maison et toutes les conventions qui ont fait sa vie. Un petit bijou. Humour british. Paru en 1931. Vaguement désuet et très actuel en même temps. Ht en poche à Arcachon sur reco d'Anaïck Roustaing que je remercie.
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C'est une évidence pour ses enfants, Lady Slane n'est pas une femme de tête. Toute sa vie, elle a été « aimable et charmante » - entendez soumise, « un prolongement de son mari », se tenant prête à tout moment sur n'importe quel quai pour y être enregistrée comme un bagage. Mais à 88 ans, Lady Slane devient veuve et, toute passion abolie, décide de faire ce qu'elle veut au plus profond d'elle-même: se laisser aller, se laisser bercer par la brise, contempler sa vie, rêvasser. Questionner le fonctionnement de nos sociétés, rêver à une humanité plus belle, «libre désormais de croire en un monde de bonté et de lumière»:
«Elle avait parfois éprouvé la sensation de vivre dans une humanité plongée dans un monde d'illusions, embarquée dans des rêves à la fois dérisoires et dangereux. Ce système lui semblait être basé sur des conceptions fausses. le hasard seul avait fait que les hommes avaient pris l'or et non la pierre comme symbole de la réussite, qu'ils bâtissaient leur vie sur l'esprit de compétition et non sur la tendresse. Mais pourquoi n'était-il pas venu à l'esprit des habitants de la planète qu'elle tournerait beaucoup mieux tout simplement avec des pierres et de la tendresse?»

Il ne se passe pas grand chose dans ce roman puisque Lady Slane n'aspire à rien d'autre qu'une douce quiétude, et malgré cela c'est plutôt intéressant. Ça ne manque pas d'élégance et de jolies considérations sur les plaisirs de la vie contemplative, même si c'est peut-être un chouïa bavard quand même par moments.
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Un roman psychologique magnifique d'une grande modernité. Son auteur est aujourd'hui connue pour sa relation amicale et amoureuse avec Virginia Woolf mais elle a un grand talent.
L'histoire elle-même est très simple. Après la mort de son mari, Lady Slane décide de vivre enfin pour elle-même ( il est temps car elle a 88 ans) et de s'installer dans une maison repérée autrefois dans les environs de Londres.
Des réflexions très intéressantes sur la vieillesse, loin de lamentations sur le déclin, la proximité de la mort ou de la glorification de la sagesse. La vieillesse permet aussi un certain détachement, un retour "au monde irresponsable de l'enfance". On oublie la compétition, on apprécie les plaisirs simples, on est plus libre, on est soi-même.
Elle revient sur sa vie, sa jeunesse, son mariage et c'est l'occasion de découvrir que pour les femmes, le mariage "seule et unique grande histoire de leur vie" est un renoncement à leurs ambitions (on retrouve Virginia Woolf). Lady Slane voulait être artiste mais elle a renoncé à sa vie personnelle, est devenue "une acquisition" pour son mari qui ajoutait ainsi " un extra à sa carrière". Pourtant, ils se sont aimés mais pourquoi a t elle dû se " livrer au service de l'Homme "? Imagine t-on l'inverse ? Elle y réfléchit d'autant plus qu'elle retrouve un vieil ami qu'elle avait oublié et avec qui elle entretient pendant quelques mois une relation ambiguë mais ô combien rafraîchissante. Pour autant, Lady Slane se montre parfois égoïste avec sa famille et sa domestique qui l'accompagne depuis des décennies et dont elle n'a jamais cherché à connaître l'histoire.
Très bien écrit et d'une grande profondeur d'analyse.
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Un petit chef d'oeuvre! Ce délicieux roman m'a enchantée!

Le livre s'ouvre sur les pensées incisives et détachées de Lady Slane, face au cadavre de son mari, le comte de Slane, qui " s'était affaissé à la fin du repas, entraînant soudainement dans l'histoire tout le poids de ses quatre-vingt quatorze années ."

Puis ce sont les réflexions d'Edith, la cadette des enfants du comte, qui nous sont rapportées. Elle se sent différente et observe avec acuité les réactions de ses frères et soeurs, leur hypocrisie, leur mesquinerie.

Vient le moment jubilatoire de la réunion familiale, où doit se régler le sort de Lady Slane, que ses enfants ( sauf Edith, bien sûr ...) , engoncés dans leur sens du devoir, se voient prêts à prendre chez eux, chacun leur tour, sans même lui en avoir parlé.

La vieille mère de quatre-vingt huit ans, si docile, effacée, qui a toujours tenu à la perfection son rôle d'épouse d'un haut fonctionnaire, va cependant les stupéfier! Elle refuse avec douceur leur proposition, qui sonnait plutôt comme un ordre... Et elle leur annonce qu'elle a décidé de vivre seule, dans une maison, en location, à Hampsead.

Commence alors une nouvelle vie pour elle, libre et apaisée, entourée d'amis dévoués. Fermement, elle fait comprendre à ses enfants qu'il en sera ainsi. Elle peut enfin se consacrer à elle-même et évoquer sans nostalgie pesante son passé. Elle goûte alors avec bonheur, même si elle se sait proche de la mort,les petits plaisirs de la vie.

J'ai beaucoup apprécié sa volonté de terminer sa vie comme elle l'entend, de se détacher des conventions, de rêver à son aise, ce que le style tour à tour acéré et poétique de l'auteure rend très bien.

Toute passion abolie, " assise au soleil dans l'été finissant", elle peut désormais humer tranquillement l'odeur délicieuse des pêches mûres...

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Je ne me lasse pas de découvrir la littérature anglaise du début du 20e siècle, et plus particulièrement ce groupe d'auteurs qui rassemble Virginia Woolf, Katherine Mansfield, Violet Trefusis et Vita Sackville-West. Je suis touchée par l'étrange mélancolie qui les habite, par leur sensibilité teintée de dérision, par ces âmes frêles trempées dans l'acier des convenances sociales. Je suis toujours étonnée de les voir à la fois si libres et si conformes aux codes de leur milieu (Katherine Mansfield s'en distingue par des origines plus modestes, mais à fréquenter les Woolf ou lady Ottoline, elle possède cette touche d'humour distancié et de pessimisme d'abandon).
Je me demande souvent comment les robustes héroïnes de Jane Austen ont pu se transformer en l'espace d'un siècle en des plantes languides, épuisées par leurs superbes inflorescences, mais dont le parfum entêtant ne nous lâche pas. Ainsi en est-il de lady Slane.
Henry Holland, le mari de Deborah Slane, vient de mourir. Déjà les enfants de lady Slane s'interrogent sur le devenir de la vieille dame, s'organisent en vue d'en faire une invitée tournante de leur propre foyer et spéculent sur la fortune paternelle dont la modestie ne permettra à personne de mener le train de vie qui siérait aux descendants de l'ancien vice-roi des Indes.
Mais Deborah a d'autres projets : retrouver la petite maison de Hampstead qui l'avait séduite bien longtemps auparavant, s'y installer avec sa fidèle femme de chambre Genoux, presque aussi âgée qu'elle, et fermer sa porte à tous pour enfin s'abandonner à l'existence dont elle a toujours rêvée. Sans tarder, elle part à la recherche de la maison, convainc le propriétaire, M. Bucktrout, de la lui louer et accepte un bail d'un an, seule exigence de l'excentrique propriétaire. Une nouvelle vie commence pour lady Slane entourée de ses protecteurs, M. Bucktrout, le menuisier Gosheron et l'étrange M. Fitzgeorge, un misanthrope uniquement animé par sa passion des oeuvres d'art qu'il empile dans un appartement poussiéreux et privé de confort. Lady Slane n'a plus à se soumettre aux exigences d'un époux plus habile à décrypter les jeux de la politique qu'à comprendre ses aspirations profondes. Elle n'a plus à suivre les préceptes de sa fille aînée Carrie qui contrôlait son emploi du temps du matin au soir, plus à déjouer les convoitises des uns et des autres sur ses bijoux, ses meubles, tous ces objets qui, dans la vieillesse, ne figurent que l'écume d'une vie mondaine brillante et cosmopolite. Entourée de ses amis, elle parle peu, rêve beaucoup plutôt qu'elle ne se souvient, et se glisse dans une vie où elle ne désire qu'un peu de confort douillet et la compagnie de gens de son âge. Quand Fitzgeorge évoque leur rencontre cinquante ans auparavant, elle retrouve fugitivement l'image d'un jeune homme de passage en Inde dont le regard, dans les ruines de Fatih Pur Sikri, avait percé le rempart de civilité dont déjà elle s'entourait pour cacher l'abandon de ses véritables aspirations. Mais la vieillesse n'est pas le temps des regrets, ni celui de l'accomplissement, seulement celui de l'apaisement avant la mort. Une mort qui viendra, douce pour un coeur en paix, après une ultime rencontre avec sa petite-fille, Deborah, qu'elle encouragera à suivre sa voie artistique plutôt que celle d'une jeune épouse de la haute société.
Ce livre ne comporte aucun effet inutile. Si le portrait des enfants de lady Slane est souligné au vitriol, la vieille dame elle-même est dépeinte tout en nuances. Désintéressée, elle méprise l'argent et lègue aux bonnes oeuvres la fortune que lui a laissée Fitzgeorge. Économe, elle calcule au plus juste les dépenses de rénovation de sa demeure avec le menuisier Gosheron. Laissant de côté ses préjugés sociaux, elle parle sans affectation avec le menuisier, mais la fidèle Genoux reste une présence indispensable sans être devenue une amie ou une confidente. L'égoïsme de classe ne s'efface jamais tout à fait devant l'empathie qu'elle peut avoir pour ses derniers compagnons. Nous sommes très loin d'une hagiographie, cependant toute la douceur perdue dans une vie sociale et mondaine nous est restituée avec infiniment de délicatesse dans cette dernière année de vie de lady Slane.
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Un roman assez incroyable sur une vieille femme qui décide après la mort de son mari de ne pas vivre avec ses enfants mais de se retirer du monde dans une maison qu'elle a repérée trente années plus tôt. Surprise générale !
Elle est accompagnée de sa fidèle domestique Genoux et va rencontrer là-bas trois personnes. Toutes âgées, ces personnages ont une philosophie de la vie bien arrêtée et des valeurs à défendre dans ce monde qui avance très vite et qui ne pense qu'à l'argent, à la compétition et au paraître.
Une vraie leçon de vie nous est donnée à travers le passé de cette femme qui a tout sacrifié à son mari, à sa famille. le passé va d'ailleurs la rattraper faire une rencontre étonnante, une âme soeur oubliée.
Loin des conventions, des mondanités, elle refuse même de voir ses petits-enfants et arrière-petits enfants, c'est le portrait d'une femme de coeur mais d'une société aussi malade, vieillissante, face à la modernité.
C'est un roman tellement actuel, humain. Un vrai plaisir à lire et beaucoup à apprendre. Un nouveau regard sur le monde.
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Oh que j'aime cette auteure, oh que j'aime la belle littérature, oh que je suis perdue car irrésistiblement attirée par l'art et broyée par ma passion, mais qu'importe, quitte à m'enliser dans ce vice magnifique que représente la littérature, autant le faire avec panache ! Alors je signe, ce roman est méconnu et mériterait volontiers, qu'on s'y intéresse davantage
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