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3,28

sur 302 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La lecture des 120 journées de Sodome est sans conteste extrêmement éprouvante et provoquera le plus souvent colère et indignation. Mais à quoi donc avons-nous affaire ici ? Sade était-il un dément en s'appliquant ainsi à faire un catalogue quasiment exhaustif des perversions les plus inimaginables que puisse envisager l'esprit humain. Avant de se précipiter vers cette hypothèse commode et quelque peu hypocrite, il est préférable d'aller à la rencontre de cette personnalité tout à fait hors du commun.
Sade fut embastillé sans jugement (par décret royal) et pour une sorte d'éternité jusqu'à ce que la Révolution Française le fasse libérer opportunément.
Cet emprisonnement ne fut consécutif à aucun crime grave mais provoqué par ce que la Bonne Société de l'époque considérait comme un comportement scandaleux; non pas pour son libertinage mais par le fait que notre Marquis s'obstinait à ne pas vouloir le dissimuler et s'affichait ostensiblement.
Voilà ce qui décidément n'était pas pardonnable pour l'hypocrisie bourgeoise montante. Sa mise à l'écart fut donc décidée et sans qu'aucune limite ne soit fixée à sa peine.
Sade était de ce genre d'êtres qui portent la liberté en eux-mêmes comme une brûlure. Sans aucune issue vers l'extérieur, il ne lui resta plus qu'a plonger en lui-même, au plus profond, pour pouvoir la retrouver.
Et alors, à sa manière, Sade inventa la psychanalyse, plus d'une centaine d'années avant Freud ...
Se prenant lui-même comme unique objet de son analyse, ( et pour cause), il plongea dans les recoins les plus obscures de son inconscient, ne reculant devant rien et motivé par la rage inextinguible qu'il ressentait du fait de sa situation, il produisit cet ouvrage sidérant.
Ce livre est donc un acte de libération; le seul qui était alors à sa portée.
Il faut le comprendre comme une exploration radicale de l'inconscient, dans ce contexte très particulier ou se trouvait alors le divin marquis.
Sortant donc de sa prison avec la révolution, nous le retrouvons membre actif de la Section révolutionnaire des Piques et en appelant à la démocratie directe; seuls, ceux qui n'auront pas compris sa manière toute particulière d'envisager l'aristocratie s'étonneront de le trouver là, jusqu'à ce que le tyran Bonaparte le fasse à nouveau enfermer.
En vieux français, le mot "sade" signifiait: doux, gentil, charmant ...
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Dégoûtant. Répugnant. Choquant. Extrême. Personne ne peut mélanger l'érotique et l'horreur comme Sade, et c'est ici, dans ces 120 Journées éprouvantes, qu'il est à son meilleur. Il y a tant de sexualité dans ces pages, bien entendu, que je suis tout à la fois surpris qu'on ne parle plus souvent des horreurs qui - je crois - surpassent en tout, en nombre comme en imagination, ce qui tient à la pornographie. Oui, l'horreur, l'immonde, l'atroce sont bien là : et, franchement, à part peut-être le 300 MILLIONS de BLAKE BUTLER, je ne connais aucune autre oeuvre capable de s'approcher de près (ni même de loin) du contenu de celle-ci ; et encore 300 MILLIONS étant un must du genre, les 120 Journées restent littéralement indépassable.

Certainement pas pour les faibles de coeur.

Et tellement épouvantable qu'on ne peut pas le lâcher.
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Ce que j'ai aimé : La couverture très explicite proposée par 10/18 et qui ne manque pas d'humour. Aussi difficile qu'il ait été pour moi de l'achever, je suis fière : fière que ce livre soit publié par un grand éditeur, fière que ce livre soit en vente libre chez un libraire, et je n'ai eu à craindre aucune répression. Cette épreuve m'a fait réaliser que quoique nous disions, nous sommes bien dans un pays libre!


Ce que je n'ai pas aimé : Pendant la 400aine de pages qu'il va vous rester à découvrir, vous allez successivement hésiter à :
– fermer définitivement le livre et ne plus jamais le rouvrir,
– vomir,
– commencer par la fin voir si ça se calme un peu,
– lire au hasard pour voir si les histoires changent un peu,
– rêver, penser toute la journée à du caca.
Ce livre est vraiment nauséabond et tient incontestablement une place d'honneur dans ma trashothèque. Il relègue Despentes & co au rang de piètres apprenties.
Lien : http://culturedecomptoir.com..
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Le manuscrit de ce texte sulfureux entre tous fut mis au propre par Sade sur un rouleau de douze mètres de long le 22 octobre 1785.

À cette époque, le marquis est emprisonné à la Bastille suite à l'accumulation de ses débauches et il dissimule le texte dans une cavité du mur de sa cellule, espérant bien le récupérer un jour. Mais le destin en décidera autrement.

Libéré à la Révolution, après treize années d'enfermement, l'écrivain, par son anticléricalisme forcené, devient une figure du nouveau régime (il manque toutefois d'être décapité sous Robespierre et ne doit son salut qu'à ses amis) tandis que l'emblématique prison est démolie pierre par pierre. Sade ne retrouvera jamais son manuscrit.

L'histoire de ce rouleau sauvé par miracle est à elle seule un roman. Je ne la rapporterai pas ici, le lecteur en trouvera tous les détails sur le net, je retiendrai seulement que ce texte, maudit entre tous, interdit pendant des siècles, a finalement été acheté par l'État français le 9 juillet 2021 pour la modique somme de 4,5 millions d'euros (suite à une souscription).

Le divin Marquis, désormais édité dans la pléiade serait bien étonné de constater la consécration à laquelle son oeuvre est parvenue de nos jours… Mais la postérité réserve tellement de surprises (je pense notamment à Boris Vian, lui aussi pléiadisé).

Alors, pour en revenir aux 120 journées, sont-elles, malgré l'évolution de la Société et des moeurs, toujours aussi choquantes ?

Eh bien, il faut avouer qu'elles le sont encore !

Mais pourquoi ?

En termes de pornographie, on pourrait dire que l'immense production cinématographique contemporaine a épuisé le sujet… et c'est précisément là le sujet, car, selon moi, Sade ce n'est pas de la pornographie, en particulier dans Les 120 Journées. Ce texte paroxystique est, à mon avis, un règlement de comptes avec la Société de l'époque, figée, engoncée à tous les niveaux, à bout de souffle… d'où l'issue : la Révolution.

Le dix-huitième siècle est bien sûr le siècle des Lumières, resplendissant entre tous, mais c'est aussi le siècle de Bernardin de Saint Pierre, de l'Abbé Prévot, de Rousseau avec La Nouvelle Héloïse, des auteurs qui écrivent des romans à l'eau de rose, on dirait aujourd'hui des « feel good » (bien que je déteste l'invasion permanente des anglicismes dans notre langue !)

C'est contre cela que s'élève Sade. Dans sa vie personnelle, il s'est libéré – diraient les psychanalystes – de son surmoi, ce filtre mental qui rend l'homme civilisé, et il opère de même avec les personnages de son roman qui deviennent pires que des bêtes.

Sade déteste ces hommes qui l'ont privé de liberté. Il veut montrer la laideur indicible de l'humain, libéré du vernis de la civilisation. Son texte est un véritable pamphlet, d'une misanthropie absolue, une descente aux enfers dantesques, comme l'a si bien compris Pasolini dans son adaptation cinématographique de l'oeuvre sadienne.

Il faut dire que les quatre personnages principaux de l'histoire, les héros de cette débauche absolue et cruelle, racontée chaque soir (comme dans Les Mille et Une Nuits) par La Duclos, une putain, se livrent à des actes qui ne sont pas vraiment émoustillants au plan sexuel, en particulier leur obsession de la coprophagie les rend plutôt répugnants et indignes de tout respect. Et c'est bien cela que souhaite Sade. Car, tous ces notables, ces financiers, ces notaires, ces greffiers, et surtout ces hommes d'église, abbés, évêques, tous plus ignobles les uns que les autres, il les hait.

Le texte ne manque pas du reste d'un humour décapant, à la manière de Rabelais, tellement excessif que bien des scènes en deviennent surréalistes ; et c'est justement le mouvement surréaliste qui a activement participé à la réhabilitation de Sade, voyant en lui un véritable anarchiste. Terme anachronique ? Visions d'un précurseur ?

Dans Aline et Valcour, Sade s'oppose farouchement à la colonisation : L'Européen, féroce, inquiet, né pour le malheur du reste de la terre, renonce à ses jouissances pour aller troubler celles des autres… La beauté de son style, sa maîtrise de la langue, son élégance lexicale, si propre à son temps, renforcent encore la noirceur de sa narration :


Le Comte était dans toute la force de ses passions, âgé au plus de trente-cinq ans, sans foi, sans loi, sans dieu, sans religion et doué surtout… d'une invincible horreur pour ce qu'on appelle le sentiment de la charité… une de ses voluptés, par exemple, était de se faire chercher avec soin de ces asiles ténébreux, où l'indigence affamée mange comme elle peut un pain arrosé de ses larmes.
Et ce n'est là qu'un passage des plus doux…
Lien : https://sharingteaching.blog..
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Pour qui veut aller au fond de ce que signifie l'homme, la lecture de Sade est non seulement recommandable, mais nécessaire. Georges Bataille.
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diviser en 4 chapitres les 2 premiers amenent les personnages et pose l'histoire ... et les 2 derniers ( les 150 passions criminelles et les 150 passions meurtrieres ) amenenent l'horreur la vraie la dure ( plus que ce que l'esprit humain normal peut concevoir ) le livre le plus horrible qui m'a etait donner de lire .... ames sensibles s'abstenir de les lires toutes les deviances y passe meme les plus extremes ....

ex : 6. Elle est dans une cuve d'huile bouillante enchaînée.
7. Exposée droite à une machine qui lui lance six fois par minute un trait piquant dans
le corps, et toujours à une place nouvelle; la machine ne s'arrête que quand elle en
est couverte.
8. Les pieds dans une fournaise, et une masse de plomb sur sa tête l'abaisse peu à
peu, à mesure qu'elle se brûle.
9. Son bourreau la pique à tout instant avec un fer rouge; elle est liée devant lui; il
blesse ainsi peu à peu tout le corps en détail.
10. Elle est enchaînée à un pilier sous un globe de verre et vingt serpents affamés la
dévorent en détail toute vive.
11. Elle est pendue par une main avec deux boulets de canon aux pieds; si elle
tombe, c'est dans une fournaise.
12. Elle est empalée par la bouche, les pieds en l'air; un déluge de flammèches
ardentes lui tombe à tout instant sur le corps.
13. Les nerfs retirés du corps et liés à des cordons qui les allongent; et, pendant ce
temps-là, on les larde avec des pointes de fer brûlantes.
14. Tour à tour tenaillée et fouettée sur le con et le cul avec des martinets de fer à
molettes d'acier rouges, et, de temps en temps, égratignée avec des ongles de fer
ardents.
15. Elle est empoisonnée d'une drogue qui lui brûle et déchire les entrailles, qui lui
donne des convulsions épouvantables, lui fait pousser des hurlements affreux, et ne
doit la faire mourir que la dernière; ce supplice est un des plus terribles.
Le scélérat se promène dans son caveau aussitôt qu'il est descendu; il examine un
quart d'heure chaque supplice, en blasphémant comme un damné et en accablant la
patiente d'invectives. Quand à la fin il n'en peut plus, et que son foutre, captivé si
longtemps, est prêt à s'échapper, il se jette dans un fauteuil d'où il peut observer tous
les supplices. Deux des démons l'approchent, montrent leur cul et le branlent, et il
perd son foutre en jetant des hurlements qui couvrent totalement ceux des quinze
patientes. Cela fait, il sort; on donne le coup de grâce à celles qui ne sont pas encore
mortes, on enterre leurs corps, et tout est dit pour la quinzaine.
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Hummmmm ! un classique qui fait faire : hummmm et rougir de plaisir presque honteux.
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Magnifiquement écrit!
Lien : http://www.edilivre.com/la-v..
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Un ouvrage de Sade à part... mais qui nous montre l'ampleur du talent que Sade possédait.
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