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EAN : 9782080109064
126 pages
Flammarion (01/04/1993)
5/5   1 notes
Résumé :
Editeur : Flammarion Arthaud Date de parution : 1991 Description : In-4, 128 pages, relié entoilé avec jaquette parfaite, occasion, très bon état. Envois quotidiens du mardi au samedi. Les commandes sont adressées sous enveloppes bulles. Photos supplémentaires de l'ouvrage sur simple demande. Réponses aux questions dans les 12h00. Librairie Le Piano-Livre. Merci
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
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Au début de 1899, l'alcool, le manque de sommeil, les femmes faciles, avaient fait chuter le peintre Toulouse-Lautrec.
Il n'avait cessé de se moquer de la bourgeoisie à la pointe de son crayon. La presse s'était déchaînée en apprenant la nouvelle de son internement dans une clinique parisienne : « Cette loque qui n'arrivait plus à tenir un pinceau ». Il était devenu un objet de compassion, de risée.

Misia, l'atout charme de la Revue Blanche à Paris, accompagnait son mari Thadée Natanson, cofondateur et directeur de la revue, à la maison de santé. Elle s'était prise d'affection pour Lautrec, un des fidèles du « Relais » où ils recevaient, l'été, les nombreux artistes de leur cercle d'amis.

Le petit bonhomme riait aux larmes lorsque nous pénétrâmes dans la chambre.
— V'tombez bien, dit Lautrec. J'suis en plein cirque.
Il se remit à rire, ce rire d'autrefois qui le faisait hoqueter jusqu'à s'en étouffer lorsqu'il venait au Relais. Désintoxiqué, il semblait en bonne forme.
— J'suis heureux que vous soyez venus. J'm'ennuyais. Alors j'ai demandé à récupérer ma boite d'aquarelle et des crayons. Des souvenirs anciens sur le cirque… Dis-moi la vérité, Thadée ! Que penses-tu de mes dessins ?
Plusieurs dizaines de dessins sur le cirque traités au crayon noir et aux crayons de couleurs m'apparaissaient. La main était ferme. Une perfection hallucinante se dégageait de chaque dessin. Je retrouvais l'affichiste le plus recherché à Paris, celui qui avait peint à l'huile « Au cirque Fernando, l'écuyère » : un maître de piste un fouet à la main faisait gambader un cheval monté par une amazone sur une piste de cirque. Celle-ci, un rictus canaille sur les lèvres, dévoilait ses cuisses avec impudeur.
Lautrec continuait à sourire, concentré sur un dessin qu'il finissait, une caricature du clown Chocolat, écroulé, les bras autour du cou d'un cheval incontrôlable tournant au galop. Hilarant ! le peintre allait voir régulièrement le couple célèbre de clowns Footit et Chocolat. Il ne cessait de dessiner l'enfariné Pierrot blanc et le Scapin nègre toujours maltraité et ahuri sous les coups de son comparse.
Le peintre n'avait rien oublié de ses heures d'observations, attentif au bord de la piste, des nombreux cirques qu'il fréquentait : Médrano, Molier, Cirque d'Hiver, Nouveau Cirque. le résultat était stupéfiant de vérité : dresseurs d'éléphants, écuyères, clowns, équilibristes.
Sur un dessin une écuyère s'apprêtait à sauter à travers un cercle de papier. Une autre était suspendue en arc sur le côté d'un cheval dans une acrobatie de voltige. À côté du dresseur, je reconnaissais le clown Foottit avec sa tête surmontée d'un toupet de cheveux blonds.
Misia s'approcha de son ami et lui prit la main affectueusement.
— Tu m'as manqué, Henri. Tu as retrouvé ta patte d'artiste.
— Qu't'es belle Misia ! J'voudrais te peindre à nouveau. le corps des femmes, un beau corps de femme comme le tien vois-tu… c'est tellement chouette, hein ? Mais il ne faut pas qu'elles raisonnent de trop, les femmes savantes… rreur de ça !...
Il lâcha la main de Misia, puis se mit à vociférer contre ceux qui l'avaient enfermé :
— J'me vengerai. J'leur arracherai les côtelettes. C'est sûr…
Il se leva et fit quelques pas sur ses petites jambes en claudicant.
— Quand ils verront mes dessins, sûr, ils me laisseront sortir.
Sur un dernier dessin, un personnage accomplissait une prouesse : une sorte de caniche nain se tenait en équilibre sur ses pattes avant dans la main du dresseur, son derrière et ses pattes arrières étaient dressés en l'air.
Je voyais dans toutes ces caricatures un incroyable numéro d'artistes du spectacle mettant en évidence l'absurdité du monde. Lautrec cherchait-il dans ces figures dérisoires de l'univers du cirque qu'il adorait à explorer son propre monde, celui d'un périlleux équilibriste tentant de comprendre son infortune, sa raison de vivre.
— Formidable, Henri ! Tes dessins sont exceptionnels de virtuosité, de lucidité.
Le peintre émit un dernier rire d'enfant qui vient de faire une bonne farce. Il prit un dessin au hasard et le dédicaça à Misia : « À la colombe de l'Arche »
Nous partions. Il se tourna vers moi.
— Thadée, tu leur diras ! Mes dessins… Tu sais maintenant que ma main ne tremble plus. Dis-leur que je suis guéri. Ils me laisseront sortir…
Nous embrassâmes notre ami, très émus.
Reverrons-nous le Lautrec d'autrefois, pensai-je…


Cette série de 39 dessins aux crayons noirs et de couleurs permirent à l'artiste de démontrer qu'il avait retrouvé sa santé mentale et sa capacité à travailler. Son internement sera abrégé et il sortira en mai 1899. Il retournera à sa vie festive et alcoolique et décèdera deux années plus tard.

La critique peut être lue en couleur sur mon blog.


Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
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Dans la série de dessins que Lautrec réalise, il propose une réflexion sur l’aliénation de l’homme, sur l’éducation de ceux que l’on a bien dressés et fait œuvre critique. Presque partout, la ligne courbe qui dessine les gradins borne cet espace et le désigne comme lieu d’enfermement.

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