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EAN : 9782380822779
304 pages
Anne Carrière (20/01/2023)
4.13/5   19 notes
Résumé :
Dès l’aube, Korichi se dirige vers l’usine d’Haumont avec des centaines d’ouvriers. La douleur de l’exil ne se dissipe pas depuis qu’il a quitté l’Algérie en 1948, mais il doit continuer, accumuler les jours de travail pour couvrir les dettes d’une famille de dix enfants, et espérer donner à ces derniers la chance d’une autre vie. Après l’usine, il trouve du réconfort au café, où les communautés de travailleurs immigrés commentent l’actualité et organisent la solida... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Si j'avais un franc d'Abdelkrim Saifi, premier roman. Editions Anne Carrière
2023

J'ai beaucoup aimé ce premier roman qui se lit facilement car l'écriture est claire et simple; l'auteur revient sur ses parents arrivés d'Algérie en 1948, c'est un témoignage qui m'émeut tout particulièrement car, née en 45, j'ai très tôt commencé à m'intéresser aux immigrés: d'abord les italiens à Roubaix, puis les polonais à Lens et ensuite les algériens et les marocains un peu partout dans le Nord/ Pas-de-Calais. On faisait appel à eux pour reconstruire le pays après la guerre.
L'auteur, fils aîné d'une famille de dix enfants (sans compter les trois mortes en bas âge), témoigne de la lutte qu'ont menée ses parents entre nostalgie de l'Algérie et vie ouvrière dans le nord pour nourrir cette grande famille et payer les dettes inévitables avec un seul petit salaire. La maman Yamina ne pense qu'à rentrer au pays qu'elle idéalise mais elle rêve aussi que ses enfants réussissent mieux qu'eux et s'intègrent. le père diffère toujours, plus réaliste, jusqu'à s'épuiser au travail et y laisser sa peau. Leurs conditions de vie sont très difficiles, la nourriture manque mais Yamina fait des miracles pour que les enfants n'en souffrent pas. Quand les enfants lui demandent un franc, elle s'écrie : « si j'avais un franc »et elle énumère tous ses désirs tus.
Yamina est une bonne conteuse et le soir elle invente des histoires pour ses petits.
Il y a des petits bonheurs sur fond de racisme et de politique : FLN, MNA, De Gaulle.
La misère frappe toute la classe ouvrière : les mines, les aciéries, les usines textiles ferment et le départ des immigrés est souhaité pour éviter le chômage « aux français de souche ».
Il y a tant de choses dans ce roman, à la fois réalistes et très émouvantes que je vais inciter les lecteurs à le découvrir afin de savoir si ma subjectivité est en jeu.
Ps : je ne suis pas immigrée, n'ai pas été victime du racisme, n'ai pas connu l'exil mais j'ai connu un temps cette misère et les trésors d'inventivité que déployait celle qui m'élevait...j'ai connu de très près des algériens venus sans leurs familles : leur misère et leurs solitudes faisaient peine. Mon petit frère allait souvent faire la sieste avec eux : ils le couvraient de petits cadeaux (dont une paire de chaussons en peau, rouges avec un croissant jaune. Pour nous remercier de notre aide (pour acquérir le français en particulier) ils nous ont offert le meilleur couscous dont je me souvienne . Nous avons quitté la région pour Lens et les avons perdus de vue.
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Un très beau roman !
Je me suis complètement laissée emporter par l'écriture d'Abdelkrim Saifi. L'auteur nous raconte l'histoire de sa famille. Tout commence en 1948 à l'arrivée de son père, Korichi, dans le Nord de la France à Hautmont, il trouve immédiatement du travail à l'usine Vallourec, une aciérie. Très rapidement c'est la désillusion, la vie française est loin de celle qu'il avait rêvé….. Il économiserait, travaillera très dure pour faire venir Yasmina puis élever leurs 10 enfants.
Le quotidien c'est le travail à l'usine, le café, la politique, la solidarité, la radio, les livres, les repas et histoires de Yasmina…..et surtout les économies et l'école pour que les enfants connaissent une vie meilleure.
Dans un contexte politique de guerre l'Algérie puis de mai 68, l'auteur nous parle des difficultés de l'immigration, de travail, d'intégration, de conditions de travail, de solidarité, de manque d'argent et de nourriture…..
J'ai beaucoup aimé l'écriture et l'authenticité de l'auteur qui nous parle avec beaucoup de tendresse de l'histoire de sa famille.
C'est un très beau roman !
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L'auteur raconte son enfance et la vie de sa famille. de l'arrivée de ses parents d'Algérie en France à son entré dans l'âge adulte. le travail, l'usine, la grève, les grossesses, les deuils, la pauvreté, l'école, la lueur des livres, la solidarité, la famille...
Un très beau roman qui sonne juste.
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J'ai dévoré ce livre. le style est entrainant. L'itinéraire de cette famille algérienne qui arrive en France est exemplaire. Alors que cette famille nombreuse aurait pu baisser les bras devant les difficultés par facilité, les parents ont toujours mis en avant l'école pour s'en sortir la tête haute au prix de sacrifices permanents. Il n'y a pas d'argent ? Dieu y pourvoira disait la maman. La fin est poignante. Découvrez-là !
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
On n’en croyait pas nos oreilles. Comment peut-on fabriquer des bombes avec des allumettes ? Une seule suffit pour allumer la mèche, mais tout le monde a des allumettes, monsieur le commissaire, le stock on l’a revendu. – Oui, mais à qui ? – On a des revendeurs, dans la rue. – Je vais vous expliquer, a poursuivi le commissaire. Vous avez livré des allumettes à la frange violente de l’ENA. Ils récupèrent le soufre des allumettes, et avec ça ils fabriquent des explosifs. Vous voyez bien que je suis au courant...
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Oui Dahmane, on préfère ignorer que notre destin n’est plus dans nos mains, ne casse pas nos rêves. Oui on reviendra, mais pas les mains vides, la hchouma, la honte. Un jour, bientôt, ou plus tard. Arrête de nous raconter notre misère, on la voit bien, elle est là, elle s’accroche, dis-moi plutôt comment gagner au tiercé, dis-moi comment avoir le courage de tout laisser et de refaire ma vie là-bas, dis-moi qu’on ne me fera aucun reproche si les enfants n’ont rien à manger, dis-moi que j’aurai une maison, que tous les arbres donneront de beaux fruits, que je serai un homme respecté.
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Ça ne peut plus durer, la hogra, l’exploitation, la misère, le mépris. Nous, les indigènes, comme ils nous appellent, ne voulons qu’un peu plus de considération, être mieux traités, pouvoir nourrir notre famille. Nous avons payé le prix du sang pendant la guerre contre l’Allemagne, des hommes sont morts, d’autres sont revenus estropiés, et voilà comment ils nous traitent !
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Ah le Selecto ! Plus tard, et pendant bien des années, il suffisait de prononcer ce mot magique pour que naisse dans les yeux de tous les enfants de l’Algérie, arabes ou pieds-noirs, une petite étincelle, comme un signe de reconnaissance, un étendard qui rassemblait tous ceux qui avaient foulé cette terre. C’était notre madeleine de Proust à nous. Il fallait le boire bien frais, laisser traîner ce goût de pomme et de caramel dans la bouche, avec des bulles pétillantes qui éclataient lentement contre le palais.
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Les seules personnes à qui nous parlions parfois étaient des policiers ou des militaires, qui fouillaient d’abord le cabas puis nous palpaient. Ils nous regardaient toujours méchamment. À force on a fini par s’y habituer, par trouver ça normal. Yamina avait raison, Alger ressemblait au paradis, mais cela avait un goût amer, comme quand on oublie de mettre du sucre dans le thé.

 
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"Si j’avais un franc". Roman des immigrés venus dans les années 50 ! - Abdelkrim Saifi
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