Quelquefois promise. le plus souvent sauvage. Oscillant entre fertilité et désolation.
Elle peut se dérober parfois, hostile, sous le pas lourd de la transhumance, des conquêtes ou de l'exil.
De tous temps, les hommes l'ont fui lorsqu'elle se faisait colère. Ou, au contraire, ont cherché à l'apprivoiser, s'y accrochant autour d'une source cristalline ou d'un brin d'herbe sortant de glaise, pour y façonner leurs lieux de cultes, leurs greniers à traditions ou tout simplement leurs havres de paix.
La Terre est une gardienne de vie à la mémoire calabrienne. Elle nous a précédé et nous survivra. Et nous n'en sommes que ses serviteurs.
Terre des hommes, c'est le berceau d'une humanité encore inexplorée, sauvage mais fascinante à laquelle rend hommage Saint-Ex. C'est avec un oeil contemplatif qu'il pose son regard sur ses beautés, l'écharpe au vent, la main fermement posée sur le manche de son Lighting F-5 de l'Aéropostale avec lequel il aura parcouru le Monde.
Terre des hommes, vue de ce monde d'en-haut, c'est le froid piquant et le vent hostile des plus hauts géants des Andes, la boussole salvatrice d'un drapé d'étoiles prenant ses quartiers sur un ciel obsidien, la solitude et l'angoisse de la panne sèche quand la mer est d'encre et se lisse à perte de vue.
Terre des hommes, c'est aussi et surtout le sable aride et inhospitalier du Sahara, terre d'humilité et de dépassement de soi, là où l'eau est la vie, là où la camaraderie prend son sens. Saint-Ex mais aussi Mermoz, Guillaumet et tous ces pionniers de l'Aéropostale. Toujours un pas devant l'autre, l'Ami ! Si tu te poses dans le désert, tu ne seras plus qu'une rose flétrie au petit matin. Mais dans cette rose, il y a déjà les prémices d'un petit prince en devenir…
Terre des hommes n'est pas un roman mais une réflexion sur l'humanité, l'amitié et la beauté du monde. Et en compagnie de
Saint-Exupéry, on survole cette terre en pensant à
Laurent Gaudé,
Yann Arthus-Bertrand ou encore le Patient anglais, et ça fait du bien.
A la mémoire d'
Alain Cadéo (1951-2024),
explorateur d'étoiles et veilleur d'humanité lui aussi…
« Celui qui ne connaît pas cette joie du veilleur, caché de tous, retenant sa respiration, identifiant le moindre bruit, dans de très longues nuits d'amour à la lisière des mondes, ne sait rien de la joie cristalline que l'on peut éprouver à rester puissamment attentif, sous l'acupuncture glacée des étoiles » (A.C)