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Alain Cappon (Traducteur)
EAN : 9791094936122
167 pages
Les Éditions Bleu & Jaune (08/04/2021)
3.62/5   13 notes
Résumé :
Version 2.0 du genre épistolaire, ce roman est le dialogue par courriels de deux frères aux parcours opposés : le plus jeune est un dramaturge que la route du succès a mené aux États-Unis, son aîné est un chauffeur de camionnette resté en Serbie.
Leurs échanges, en apparence ordinaires, mettent en lumière autant le conflit générationnel que la différence d’idéologies et de cultures, le contraste entre l’Est et l’Ouest que la confrontation entre l’ancien et le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Živa est l'aîné. Il conduit depuis 7 ans un pick-up pour un fournisseur de matériaux de construction dans un patelin en Serbie qui jadis était une ville. Il lit «  Les citoyens athéniens » de Plutarque.
Vukašin son frère de huit ans son cadet est dramaturge. Il est invité pour trois semaines par une institution américaine d'écrivains dramatiques à ses frais « pour glander » au centre du monde, à New York.
Un roman épistolaire moderne où les deux frères communiquent entre Serbie et New York, par courriels.

Deux frères aux parcours opposés, qui n'ont même pas pu partager la même enfance, vont confronter sans retenu leur différence sur la perception du monde et de la vie, chacun respectant celle de l'autre. L'aîné appartient à la dernière génération qui a fréquenté l'école marxiste et qui détenait l'un des derniers numéros de séries de cartes de membres de l'Union des communistes de Yougoslavie, un athée, dont les paroles semblent sortir de la bouche de l'écrivain « J'ai honte de tout ce qui nous entoure, et surtout de moi. » Or le jeune qui semble être plus cosmopolite, plus libre lui confesse « Celui qui est coincé, c'est moi, pas toi. L'un de nous aura à prendre sur lui, tu le sais toi-même….. ». Pourtant entre le jeune qui coure les femmes et l'aîné célibataire endurci, les rôles vont s'inverser et c'est la surprise de ce dialogue nourri d'humour et d'amour fraternel, qui se déploie sur fond de leur propre histoire de famille liée à L Histoire des Serbes, ce peuple qui sort peu glorieux de la terrible guerre Serbo-Croate-Bosniaque. Déjà hors de leur pays souvent interpellés avec le célèbre « Vous devriez avoir honte du pays dont vous êtes originaire ! » qui ne leur facilite pas à effacer l'opprobre, à l'évidence dans leur propre pays même, personne ne comprend dans quelle phase historique ils sont en train de vivre. Ce dernier point, un problème commun à d'autres pays ex-communistes des Balkans et de la Mittle Europa.
Un livre intéressant , facile à lire sans être superficiel.
Il a été récompensé par le prix Vital du meilleur livre de l'année , le prix Bora-Stanković du meilleur livre de prose publié en serbe, et a obtenu le Prix de littérature de l'Union européenne en 2014.
Une lecture que je conseille vivement à qui s'intéresse à la littérature des Balkans, et bien sûr à toutes les curieuses et curieux 😊.

« Nous sommes tous là où nous devons être. »

« C'est un cadeau que d'être modeste, un cadeau que d'être libre
Un cadeau que de descendre là où nous devrions finir
Et quand au vrai bon endroit nous nous retrouverons
Ce sera dans la vallée de l'amour et du plaisir.
Quand la simplicité véritable sera obtenue,
De saluer, de nous nous incliner nous ne rougirons plus
À tourner, à tourner encore plaisir nous prendrons. »
(Modest Gifts- Hymne shaker)
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Certains babéliotes m'amènent sur des chemins littéraires que je n'aurai jamais parcourus ( merci Idil,@Bookycooky). Lire du Ugljesa Sajtinac par exemple. Et pourtant :
-l'auteur ( appelons le Ug) a été multi-primé pour de très modestes cadeaux.Il est le fer de lance d'une nouvelle génération de la littérature serbe et est publié chez Les éditions bleu et jaune ( très chouettes, imprimées sur du papier issu de forêts gérées durablement).
-j'ai beaucoup appris cette années sur la géopolitique (complexe) des Balkans.
Ce livre me tendait donc les bras .
La version serbe a été publiée en 2011. C'est important à préciser car la Serbie était alors, dans l'inconscient collectif occidental, considérée comme une "bad nation". Les 2 protagonistes le signifient clairement en signalant qu'à l'étranger on les interpelle en disant "Vous devriez avoir honte du pays dont vous êtes originaires".
Ug a donc écrit un beau et délicat roman épistolaire.
Ziva (l'ainé de 9 ans a été biberonné au marxisme yougoslave ) et Vukasin( si quelqu'un pouvait avoir la gentillesse de me dire comment on met la petite virgule sur les S et les Z avec mon clavier Mac, ce serait sympa), son petit frère s'envoient des mails qui sont souvent de véritables lettres "à l'ancienne".
Ziva lit Plutarque et convoie des camionnettes . Vukasin se la péte un peu grâce à une bourse qui l'envoie gentiment glandouiller à New York ( il est dramaturge, on mise sur son talent) . Ils ont une soeur Gordana qui va devenir anthropologue. Les puinés ont eu une enfance très différente avec ,disons, plus de perspectives.
L'intérêt majeur du livre va être de rendre visible le glissement des destinées individuelles à partir ce qu'offre la Serbie contemporaine .
Et comme dans tout bon roman épistolaire, la surprise révélée dans les dernières lettres, est de taille. Rien ne se fera comme prévu, sentimentalement, professionnellement ...
Ce roman baigne dans une atmosphère étonnante , mélancolique et douce-amère mais parfois aussi drôle , tendre et pour tout dire un peu "flottante"
. L'auteur m'a un peu perdu dans de multiples références qui m'étaient parfaitement étrangères. Mais ce n'était pas désagréable.
Je finis mon année balkanique .....par une interpellation de Thémistocle ( en exergue du livre):
"Ah mes enfants, nous aurions été perdus
si, perdus, nous ne l'avions été déjà."

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Nouvel auteur, nouvelle maison d'édition. C'est avec plaisir que j'ai découvert il y a quelques semaines l'existence des Editions Bleu et Jaune, qui pourtant a été fondée en 2015 par Tatiana Sirotchouk. J'ai immédiatement été attirée par ce titre de l'auteur serbe Ugljesa Sajtinac, qui a reçu le prix de l'Union Européenne en 2014. Il y a d'autres titres qui m'attirent, notamment un auteur ukrainienne Dzvinka Matiyash, une auteure finlandaise Selja Ahava, une auteure islandaise Halldóra Thoroddsen, un auteur danois Bjørn Rasmussen. Ugljesa Sajtinac publie ici son premier titre en France, il est dans son pays déjà l'auteur de romans, nouvelles, livres pour enfants et pièces de théâtre depuis 1993. Mais ce fameux prix de l'Union Européenne, décidément il revient de plus en plus souvent ces temps-ci, lui a décerné ce prix qui lui a, avec bonheur, ouvert des portes.

On connaissait le roman épistolaire à l'ancienne, avec son très vintage papier à lettres, son désuet stylo à encre, ses bonnes vieilles enveloppes à affranchir avec un timbre qui vient parachever cet acte oublié (sauf par l'administration fiscale). Désormais les échanges se font numériquement par mail, par what's app, l'acte d'écrire devient un rituel quelque peu désincarné rythmé par la frappe frénétique des touches de son ordinateur. de très modestes cadeaux innove un nouveau type d'échange épistolaire, celui de deux frères qui s'écrivent par boite mail intermédiaire, l'aîné resté en Serbie, l'autre parti tenter sa chance à New-York en tant qu'auteur dramatique.

Le premier, prénommé Vukašin, étranger, profondément seul au fond d'une ville qui a fini par l'engloutir, ressortissant d'un pays que les beaucoup d'Américains ne connaissent que par la responsabilité qu'il a endossé dans des certaines guerres de Yougoslavie. La séparation, l'éloignement peuvent être source de retour aux sources et justement plus qu'un simple échange de courtoisie, les deux frères se retrouvent à échanger sur leur passé en même temps qu'ils se tiennent informés de leur situation réciproque. Les fantômes du passé, Vukašin les a emportés avec lui. On pense être dans ce qui est peut-être la plus américaine des villes du pays, mais ce n'est qu'un décor en carton-pâte, vite réduit à néant par la pluie incessante qui accompagnent les souvenirs omniprésents de Vukašin, qui ne cessent de refaire surface. C'est un drôle de mariage que cette New-York ultra contemporaine et cette traditionnelle et lointaine Serbie, un mélange hétérogène qui a du bien mal à prendre chez ce frère exilé, qui se sent en perpétuel décalage.


Ce roman est bien une histoire de discordance du début à la fin : Vukašin observe ce grand écart entre l'immense nation, à certains endroits, ultramoderne que sont les États-Unis d'Amérique et ce pays tout neuf et à la fois tellement ancré dans ses traditions qu'est la Serbie, entre une insouciance feinte et finalement une gravité enfouie qui donne ce ton badin de début de roman qui ne tarde pas à évoluer vers une certaine forme de gravité au fil des échanges avec son frère, Živojin. Ces échanges sont constitués d'anecdotes sur leur vie actuelle, entremêlées de souvenirs qui resurgissent à l'improviste sur leur enfance, des descriptions d'Ilandža et de ses maisons en ruine qui eux-mêmes forment une dissonance avec la métropole new-yorkaise.

Ce sont des échanges pleins de tendresse dissimulée par des taquineries mutuelles, une complicité ravivée par les souvenirs en commun, la fierté des aînés pour celui qui ose s'en aller trouver le succès et la réussite ailleurs. À chaque fois qu'il est question de leur pays, il y a ces paroles pleines d'autodérision, qui à mon sentiment servent à désamorcer ces aprioris auxquels ils sont habitués ou des attaques probables sur des conflits qui ont fini par envahir toute leur identité. Et derrière ces traits d'humour et de malice, sont ravivés les souvenirs douloureux, les blessures collatérales de guerre, celles qui assomment les individus sans pour autant leur valoir d'être reconnu comme blessé au combat. Ce roman est l'un des rares qui ne traitent vraiment que de la Serbie en mettant de côté son frère ennemie la Croatie. L'auteur ne cesse de revenir sur cette identité-là, en exhortant en quelque sorte son lecteur non-serbe de voir le pays avec d'autres yeux que cette vue étroite de pays en guerre.


Uglješa Šajtinac a transmis ce fossé qui sépare deux générations : celle qui sort abimée de la guerre à travers le frère aîné et la nouvelle génération qui a vécu la guerre indirectement. C'est un fossé qu'ils essaient de combler à travers une communication transcontinentale, dont une bonne partie a vocation de confession mutuelle, qui permet un nouveau rapprochement, un nouveau départ. Avec un renversement de situation inattendu, l'auteur met un point final aux interrogations réciproques des deux frères, désormais aptes à se tourner vers l'avenir.







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De très modestes cadeaux d'Uglješa Šajtinac, traduction d'Alain Cappon, est un court roman épistolaire serbe.
Une correspondance entre deux frères, l'un est auteur pour le théâtre, parti aux États-Unis dans ce qui semble être une résidence d'artistes, l'autre, plus âgé, est chauffeur. Ce dernier, resté en Serbie, donne des nouvelles de leurs parents et de leur soeur, à son jeune frère.
Dans cet échange, on a l'impression que les deux frères communiquent réellement pour la première fois, comme si la pudeur mettait plus de distance entre eux que les kilomètres. Ils s'ouvrent l'un à l'autre et cela leur permet de faire le point sur leurs vies et d'avancer également.
J'ai trouvé que cette correspondance avait un caractère très authentique, chacun suit le fil de sa pensée et écrit tout ce qui lui vient à l'esprit de façon spontanée, désordonnée mais, malheureusement, cela m'a donné un sentiment de confusion. J'ai erré en marge de ce texte où se croisent et s'entrecroisent au gré des fulgurances des deux correspondants, les anecdotes familiales, les allusions à l'histoire de la Serbie et les digressions étranges.
Cela aurait pu être une lecture très intéressante, les thématiques m'intéressaient en tout cas, mais j'ai trouvé le fil de l'histoire assez difficile à suivre dans sa forme épistolaire brute et décousue. Une petite déception pour moi de ce fait.
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Il y a bien longtemps que je n'avais lu un roman épistolaire et ce livre fut l'occasion parfaite de renouer avec ce genre.
Ici ce sont deux frères qui correspondent : l'un, écrivain, est parti en résidence pour New-York, États-Unis ; l'autre, chauffeur et vieux garçon, est toujours resté au pays en Serbie.
Deux frères donc, mais deux générations, deux ambitions, deux visions de la vie. Deux frères éloignés qui semblent se découvrir une complicité nouvelle, rapprochés par la distance.
Ils vont se livrer, se houspiller et bientôt se comprendre comme probablement jamais jusqu'ici.
Il y a beaucoup de pudeur dans cette histoire d'amour fraternel. Les hommes restent réservés, les émotions contenues - leur intimité nouvelle m'a presque gênée au début.
Et puis, lentement, chacun va se révéler et puiser en l'autre la force de se poser et de se relancer, comme un balancier puissant entre deux continents.
Les échanges sont profonds, les confidences et les révélations bien amenées, sans fracas, sans esbroufe.
Ce fut finalement une lecture très reposante.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Et dans le doux songe d’un passé lointain,
Pour l’oiseau malade, les jours passèrent ainsi ;
Sans qu’il sorte du sommeil, sans qu’il ouvre les yeux
Et la neige tombe en silence – et l’oisillon ensevelit…

Ilić, Le Voyageur en retard.
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« La vie fallacieuse de ce monde… », disait Simeon Piščević. Je comprends maintenant que tu n’aies jamais trouvé le temps de lire ce livre. Je t’ai pourtant dit, quand tu m’as déclaré, ravi, avoir lu Migrations, que Crnjanski avait tout pompé sur Simeon ! Mais il n’a pas pu le faire entièrement. J’ai comme dans l’idée que je vais te forcer à t’intéresser à ce texte. Tu me dois un drame sur les ancêtres. Les souffrances de la transition, les thèmes contemporains, le surréalisme et l’universel, tout ça c’est très bien, mais moi, je ne sais pas écrire, et si quelqu’un doit le faire, c’est toi ! Tout ce qui te déchire actuellement, le grand honneur et le grand monde, les grandes possibilités et les grandes occasions, tu les comprendrais mieux. Le vieux Simeon, enfant du Srem, a traité ces sujets dès le XVIIIe siècle. Je parle des enseignements sur lesquels le temps ne peut exercer d’emprise. D’accord, ça ne te passionne pas trop. Mais je vais te dire, tu sais qui préservera ça de l’oubli ? Notre sœur. Elle a lu. Elle sait et bien au-delà de ça. Elle aime et c’est quelqu’un de valeur. A nous les hommes, le monde n’apparaît pas sous le même jour. Le mieux est que tu lui en parles. Tu sais, si tu veux qu’on se rappelle une chose, qu’on l’enregistre, confie-la à une femme. Oui, elles ne savent pas faire bouche cousue, mais la question est bel et bien là. Se taire, c’est con. Faire silence est une souffrance.

Je termine, je regarde le haut de cette page et je m’interroge : est-ce qu’il a compris à quoi je pensais avec mon « Courage ! Allez… courage ! » Le courage, frérot, c’est d’aimer ceux qui nous entourent. Et du courage, pour cela, il en faut énormément. De même que la plus grande frayeur que l’on puisse éprouver, c’est celle de l’éventualité de perdre un jour et à jamais l’amour pour tous et pour chacun.

Ton frère, chauffeur de pick-up de la milice des provinces de Pomorišje et Potisje.
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Il faut se battre pour le droit de mourir en dehors des grands faits historiques. En paix et avec un droit de regard sur son histoire personnelle.
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