AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782829006203
156 pages
Editions d'en bas (23/03/2021)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Qu'entend-on par effondrement ? Naguère historique, la question de l’effondrement d’une société se pose désormais quant à la société contemporaine, au vu des dégradations environnementales et sociales qui n’ont de cesse de s’aggraver. Qu’ont à nous dire les déclins – autant emblématiques que différents – de l’Empire romain d’Occident, de la civilisation maya classique et des civilisations du Proche-Orient ancien à l’Âge du bronze sur notre situation présente ? Crois... >Voir plus
Que lire après Effondrement... C'était pour demain ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce livre est appelé certainement à devenir un ouvrage de référence, à l'instar des oeuvres de Jared Diamond ou de l'historien israélien Harari. Moins de deux cents pages mais quel concentré d'histoire!

Sur le thème de l'effondrement, notre civilisation vit-elle une phase d'effondrement, le spécialiste de géosciences de l'environnement Gabriel Solarno (chercheur de Lausanne) dresse un parallèle captivant avec trois autres sociétés qui ont connu jadis un effondrement; la civilisation romaine, au moins quelque peu connue du grand public, et deux autres civilisations “plus obscures”, la civilisation maya classique, et la civilisation de l'âge du bronze final.

Evidemment les données sont très différentes de la société actuelle. L'auteur insiste sur le fait que jamais auparavant une société humaine n'a connu de dégradation aussi brutale et rapide de l'environnement que celle que nous subissons aujourd'hui.
Néanmoins on observe des tendances qui reviennent dans les exemples du passé:

- L'effondrement peut être un processus très lent, c'est le cas du délitement de l'empire romain, qui démarre au début du deuxième siècle, après la mort de l'empereur Commode (fin de la dynastie des Antonins et apparition de premières pressions migratoires), et qui va durer jusqu'à la chute finale en 476.

- Les causes premières des effondrements évoqués sont souvent d'origine environnementale; séismes, sécheresse...

Les facteurs humains vont dans de nombreux cas aggraver la situation: ainsi chez les mayas, l'existence de castes et de seigneurs vénérés comme des dieux va donner lieu à des projets pharaoniques, utilisant beaucoup de main d'oeuvre et aboutissant à la surexploitation des ressources naturelles. Chez les Mayas, la compétition entre les “divins seigneurs” va causer la fin de leur civilisation (vers 1000 après JC).

- L'âge du bronze final est une période peu connue, qui va s'achever entre 1200 et 1050 avant JC. Une période passionnante c'est ce qui ressort de l'essai de l'auteur, car ce fut le premier monde globalisé de l'Histoire! En effet, il y avait à cette période une mosaïque complexe de pouvoirs au Proche-Orient, et beaucoup de connexions et d'interpénétration entre les cultures concernées; ainsi certaines constructions égyptiennes ont été influencées par l'art minoen (Crète) et le commerce international était développé entre les grandes puissances qui étaient à l'époque: l'Egypte bien sûr, mais aussi le Hatti (les Hittites), et l'Assyrie.

- Les invasions jouent souvent un rôle aggravant, cela va être le cas des civilisations de l'âge de bronze final: ainsi les raids des peuples de la mer (qui ont apparemment inspiré les scénaristes de la série Game of Thrones) ont entraîné l'abandon de certains sites..

- Dans quasiment tous les cas, des effets de domino apparaissent, ainsi la chute d'une puissance ou d'une civilisation va entraîner au mieux un affaiblissement, au pire un autre effondrement chez une puissance voisine.

- La réponse humaine ou les moyens de réponses qui sont employés face à des situations de crise est capitale: des exemples dans le passé montrent qu'une surexploitation des sols ne fait qu'aggraver les données climatiques ou les catastrophes naturelles

- L'adaptation humaine aux changements radicaux est bien sûr déterminante; ainsi l'auteur donne l'exemple de deux populations de vikings qui ont adopté des stratégies différentes, une fois soumis à un changement de climat: les Vikings du Groënland n'ont "duré" que quelques petits siècles avant de s'éteindre. Pourquoi? Car ils ont reproduit leurs mêmes habitudes, adopté le même régime alimentaire que ce qu'ils avaient lorsqu'ils habitaient encore la Scandinavie, entraînant ainsi l'épuisement des ressources naturelles. A l'inverse, les Vikings qui se sont installés en Islande se sont très vite adaptés à leur nouvel environnement (exemple: en mangeant plus de poisson..)

Et surtout à la suite de ces analyses historiques, quelles leçons à retenir pour le futur? La deuxième partie du livre est aussi passionnante que la première.
Selon l'auteur, l'effondrement actuel signifie la fin du temps de l'exubérance, ainsi que probablement, la fin du système industriel et de l'hyperglobalisation du monde, comme ce fut le cas pour les Mayas et les civilisations du Proche-Orient ancien. La société sera marquée par un retour à la terre, une certaine sobriété (cela apparaît déjà), moins de complexité, plus de partage des ressources, tout cela dans un environnement de plus en plus difficile. On peut espérer aussi moins de différenciation sociale, des circuits courts et le renforcement des productions locales.

Merci à Babelio de m'avoir fait découvrir cet auteur sur un thème passionnant.









Commenter  J’apprécie          162
Avec les éléments et les analyses de ce livre, la notion d'effondrement s'enrichit. Au vu de cette lecture enrichissante, il apparaît plus logique de considérer les effondrements passés et à venir comme des phénomènes multiples, complexes, résultant de multifacteurs et soumis aux effets dominos que comme un événement unique, daté et brutal.
Gabriel Salerno porte un regard sur le passé en analysant la chute de Rome, l'effondrement de la civilisation maya et le déclin des grandes civilisations de l'Age de bronze final pour présenter les différents mécanismes à l'oeuvre et éclairer notre compréhension de la situation actuelle.
Tout cela nous amène à porter un regard sur notre avenir et à penser la société de demain. L'homme est devenu une force géologique, nous sommes entrés dans l'ère de l'Anthropocène. de grands changements, voire des effondrements, sont déjà à l'oeuvre : le changement climatique, l'érosion de la biodiversité, l'épuisement des ressources naturelles… Avec l'inertie du système Terre, les phénomènes vont s'amplifier et affecter les conditions d'habitabilité de la Terre. Nous sommes à un carrefour des possibles et plus nous différons les mesures à prendre et plus nos choix se restreignent… Il nous faut choisir les comportements les plus adaptés pour limiter les chocs à venir. Ce livre nous apporte les différents éléments nécessaires à ces réflexions et challenges qui nous attendent.
Merci aux éditions d'En Bas et à Babelio pour l'envoi de ce livre très intéressant.
Commenter  J’apprécie          210
"....si tout le monde vivait comme un Français, il faudrait 2,73 planètes. Il en faudrait 2.85 si tout le monde vivait comme un Suisse, 4.97 si tout le monde vivait comme un Américain et 0.64 si tout le monde vivait comme un Éthiopien" (P. 42)
François Mauriac avait écrit: "La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté"...n'espérez pas cet enchantement de la part de cet ouvrage....Non, apprétez-vous à recevoir un upercut qui devrait, théoriquement, réveiller chacun de nous, lecteurs, et chacun de nos dirigeants tous pays confondus ou presque. Mais combien de ceux-ci liront ce livre? Et sont-ils prêts à vraiment mettre les mains dans le cambouis.
Yuval Noah Harari a tenté de sensibiliser notre monde , ses écrits parus en 2011 n'ont pas encore alerté suffisamment de chefs d'Etats... Jared Diamond avait quant à lui publié "Effondrement" en 2007 en prenant l'exemple de l'Île de Pâques...ces deux auteurs m'ont bigrement dérangé et les dirigeants de notre monde ont ignoré leurs écrits, leurs alarmes
Ce titre de Gabriel Salerno n'est certainement pas une lecture détente, mais plutôt une lecture concue pour éveiller chaque lecteur, chaque dirigeant - mais liront-ils ce texte - sur les dangers que chacun de nous, sauf un Ethiopien fait courir au monde, à ses enfants...
Babelio avait proposé ce titre lors de cette dernière opération "Masse critique" Je l'avais sélectionné du fait de cette angoisse qui est la mienne, de plus en plus souvent je l'avoue, même si je suis, du fait de mon âge, peu concerné par les conséquences de cette question. Par flemme, il m'arrive de prendre, trop souvent, je le confesse, ma voiture . Je me console en me disant que je ne suis pas le seul . Mais de plus en plus je privilégie le vélo, malgré les dangers que je perçois pour ma sécurité.
Gabriel Salerno nous propose une réflexion profonde quant à nos comportements, une réflexion mais tout d'abord un rappel historique que jamais nous eûmes à connaître lors de notre scolarité.
Mais ce n'était pas encore un problème lors de la mienne dans les années 55-70. Pourquoi les civilisations comme celle des Romains, des Mayas, des Égyptiens, du Proche-Orient, ne sont-elles pas arrivées jusqu'à nous ? Pourquoi les cités, royaumes et empires du Proche-Orient prospères à l'âge du bronze sont-ils tombés dans l'oubli? Que reste-il du monde romain, du monde Maya ?....des pierres, essentiellement.
De ces civilisations nous ne connaissons que ces cités abandonnées, ces cités de pierre prouvant, si besoin était, l'ingéniosité, la compétence et l'art de ces hommes, de ces civilisations, et l'auteur en rajoute en développant des informations, fondées sur des écrits, sur les causes d'effondrement de ces civilisations. Rares à mon avis seront les lecteurs qui ne seront pas surpris de cette découverte d'un passé méconnu de la plupart d'entre nous, peu abordé lors de notre scolarité.
Civilisations et peuples dont j'ai découvert l'existence! Oui, c'est un rappel, ou plutôt une découverte de textes, de civilisations, de pans de notre histoire du monde qui ne furent jamais pour certains, ne serait-ce qu'évoqués lors de ma scolarité. Je suis persuadé que nombreux seront les lecteurs qui comme moi feront des découvertes...Oui ces civilisations puissantes, instruites, compétentes, même si elles n'avaient pas inventé le moteur à explosion, ont disparu...oubliées, effacées, rayées de la carte, ne laissant que des pierres. Belles au demeurant.
Alors pourquoi notre monde actuel, celui dans lequel nous vivons serait-il voué à durer une éternité? Un monde qui épuise notre planète et ses ressources, un monde qui a détruit de nombreuses espèces animales, ...oui pourquoi ce monde pourrait-il perdurer, des années, des siècles encore?
Pourquoi? Inquiétudes quand on découvre que ces sociétés se sont effondrées du fait de pénuries des forces de travail à la suite de famine, du fait d'inégalités sociales ou du fait d'une pénurie de ressources naturelles
Les signes d'essouflement sont visibles; il faut être bien sots pour les ignorer. nous puisons bien trop de matières premières, produits pétroliers, minéraux dans la terre, pour que ces ressources limitées puissent encore durer des siècles, des millénaires. Les sécheresses se renouvellent, de même que les tempêtes ou cataclismes..L'énergie se raréfie...il faut de plus en plus de cette énergie chère pour extraire de plus en plus profondément des minéraux ou d'autres sources d'énergie.
Spontanément le pétrole nous vient à l'esprit...Nos bagnoles sont essentielles, mais c'est aussi le sable...saviez-vous que "la production annuelle de béton se chiffre en dizaine de milliards de tonnes, soit suffisamment pour construire un mur de 27 mètres de haut sur 27m de large le long de l'équateur." (P. 140) un sable de plus difficile à trouver ! le sable des déserts est impropre à la fabrication de béton !
Et ce ne sont que quelques exemple parmi d'autres.
Quel monde laissons-nous à nos enfants et petits-enfants?
Oui, les découvertes d'informations se succèdent, les claques aussi, claque après claque. Certes, chacun de nous peut, à son petit niveau faire attention ce qu'il achète, à son empreinte carbonne...Mais cette lecture m'a fortement perturbé, m'a fait prendre encore plus conscience du mur vers lequel nous fonçons, tête baissée. Notre seul indicateur pour notre bien-être est le taux de croissance promu par tous les politiques...une hérésie selon l'auteur...un indicateur qui est devenu le linceul de notre civilisation..Le mur que nous laissons à nos enfants et petits-enfants contre lequel leur époque s'y fracassera sans doute.

Un texte au croisement de la philosophie, de l'histoire, de la prospective, de la politique, de l'économie....de la vie des générations futures, celle de nos enfants, et petits enfants
Un titre pour servir de fil conducteur à notre réflexion, et à nos actes, d'autant plus que nous vivons de plus en plus fréquemment ces alarmes que sont les ouragans, les tempêtes, les pressions migratoires...

"Au delà de la globalisation, c'est l'actuel système ultra-industriel et néo-libéral qui est sur le point de chuter, et parallèlement l'actuel modèle social et politique." (P. 145)
Passionnant!
Commenter  J’apprécie          40
La question de l'effondrement est éminemment contemporaine, même si chaque génération s'y pense confrontée quand de grands malheurs surviennent (guerres, épidémies, pénuries, tyrannies).
Gabriel Salerno récapitule dans cet ouvrage les grands effondrements de civilisation dont l'histoire nous est témoin et en tire quelques analyses essentielles qui pourraient s'appliquer à notre époque, à ceci près que les civilisations romaines, mayas, indo-européennes, se sont effondrées au cours d'un processus chaotique qui a pris plusieurs siècles. Alors que le dérèglement climatique pourrait précipiter les choses en quelques dizaines d'années, rendant le défi auquel nous sommes confrontés unique et périlleux.
Les deux grandes constantes des effondrements sont :
1/ la loi des rendements décroissants. En d'autres termes, la croissance fléchit necessairement.
2/ des réponses politiques inadéquates qui aggravent la situation.
Ce qui est le plus intéressant c'est que l'effondrement n'est pas une fatalité et qu'il est possible de le remplacer par une transition. Cette transition nécessite des mesures adéquates aux défis rencontrés et une adhésion à la transition à travers de nouvelles valeurs y compris spirituelles.
Une réflexion absolument essentielle et des outils pour la mener.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il ne fait aucun doute que nous vivons un moment charnière dans l’histoire de l’humanité. Pour la première fois, nous nous sommes mus en agent géologique capable de modifier l’équilibre de la Terre pour des millénaires, voire des millions d’années. Cela a pour conséquence d’étendre nos responsabilités et notre sens moral. De nos actes dépend le destin de notre espèce et de toutes les espèces animales et végétales qui nous entourent.
Commenter  J’apprécie          110
Outre que la croissance a des limites, il a ainsi été démontré que les avancées technologiques ne constituent pas la solution à nos problèmes. Elles nous offrent au mieux un sursis. C’est le fonctionnement de notre système dans son ensemble qui est remis en question.
Commenter  J’apprécie          132
Nous vivons dans un monde fini, aux ressources et à l’espace finis. Nous ne pouvons pas nous affranchir de la nature et de ses limites. Les techniques ne peuvent au mieux que différer la finitude des ressources.
Commenter  J’apprécie          90
Plus un système est complexe et possède un haut degré d’interdépendance entre les éléments le constituant, plus il est vulnérable et susceptible de s’effondrer, car il est justement exposé à des effets multiplicateurs et à des effets dominos.
Commenter  J’apprécie          50
Dans la pensée moderne occidentale, le couple de l’avenir et du progrès est inséparable. L’imagination de l’avenir est nourrie et structurée par la foi dans le progrès. De ce fait, ne plus croire au progrès conduit à l’effacement de l’avenir, et inversement. Penser la fin du progrès détruit les promesses de bonheur et de justice de l’avenir, et inversement.
C’est pourquoi en heurtant de plein fouet l’idée du progrès, l’effondrement actuel crée un vide. Il prive l’histoire du sens que nous, Modernes, lui avons donné. Si l’on ne peut plus croire en l’avenir, l’idée de progrès s’efface et avec elle l’idée de perfectibilité du genre humain.
Commenter  J’apprécie          10

Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus

Lecteurs (7) Voir plus




{* *}