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Sergio Salma (Autre)
EAN : 9782380757699
56 pages
Kennes Editions (12/10/2022)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Cet album est un biopic. Mais pas le biopic d'une célébrité ou d'un personnage historique remarquable, c'est le biopic d'un charbonnage. Et qui pouvait mieux raconter son histoire que lui-même ? La mythologie des gueules noires est née au XIXe s. avec la révolution industrielle. La Belgique fut à cette époque la deuxième puissance économique mondiale après l'Angleterre. La raison de cette richesse tient en un mot : charbon. Le premier or noir. Ce charbonnage n'est p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
On pourrait penser que le pays noir se situe en Afrique mais ce n'est pas vraiment le cas puisqu'il s'agit de la Belgique et notamment la région de Charleroi qui produisait le charbon via d'immenses mines durant l'époque de la révolution industrielle.

A l'époque, le charbon était l'énergie la plus utilisée pour faire tourner les industries et chauffer les foyers. Cependant, il fallait produire énormément de charbon correspondant à une tonne par jour pour un mineur. Les enfants étaient grandement appréciés surtout qu'ils ne coûtaient pas grand-chose pour l'employeur, la riche classe bourgeoise qui a prospéré. Leur petite taille permettait le passage sous d'étroites galeries qui s'effondraient souvent.

Le charbon a aujourd'hui pratiquement disparu car il correspond à une énergie fossile assez polluante. Cependant, c'est surtout les coûts de production ainsi que les multiples accidents ayant coûté la vie à des milliers de mineurs qui ont eu raison des mines d'où leur fermeture.

Cette BD va s'intéresser à l'une d'entre-elles et surtout l'une des plus prestigieuses à savoir « Bois du Cazier » qui est devenu un musée où l'on peut commémorer la vie de ces mineurs de fond. C'est un lieu de mémoire et de conscience, surtout depuis le terrible drame qui a fauché la vie de 262 hommes le 8 août 1956. On notera que sur ce total, il y a eu 136 d'origine italienne.

Bref, le pays noir a apporté son lot de désolation et de deuil. On comprendra que les descendants des mineurs (et surtout des italiens) ont voulu préserver un des derniers sites pour le transformer en musée. Depuis, le vert a gagné un peu de terrain ce qui n'est pas plus mal. La laideur qui paraît caractériser ce type de paysage a été compensée par les espoirs économiques et sociaux dont il était porteur.

Ce type de BD est parfois nécessaire car instructive sur l'histoire d'une région ou d'un pays. On n'est pas dans la recherche de l'évasion et du divertissement avec ce type d'oeuvre, il faut le savoir !

Par ailleurs, dans l'ensemble, c'est plutôt bien construit, accompagné d'un dessin tout à fait convenable. Bref, le pays noir mérite sans doute votre attention que vous soyez habitants de cette région ou des autres.
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On est surpris du choix scénaristique de la bande dessinée. Car on ne retrace pas seulement le récit d'un site en Belgique. C'est un biopic et cela d'un charbonnage. Il parle en son nom, à l'image d'un être vivant. Un choix ingénieux qui nous incite à avoir un autre point de vue. La mythologie des gueules noires née au 19e siècle par le biais de la révolution industrielle. On l'oublie souvent, mais la Belgique a été la deuxième puissance économique mondiale après l'Angleterre. Tout cela grâce à ses sols riches en charbon. le Bois du Cazier nous raconte le récit de cet or noir avec ces conséquences au niveau mondial.

Tout commence par la prise de conscience des apports possibles du charbon. "Nous sommes en 1822, mes amis, le monde bouge. Ne comptons plus uniquement sur nos fabriques de textile. Diversifions-nous! Et bien soit! Investissons dans le charbon!" (p. 14). le paysage change avec la construction du chemin de fer ainsi que des baraquements pour que les ouvriers soient à côté du lieu de travail. "Le Pays de Charleroi qui sera bientôt appelé le "Pays Noir". La demande augmente dans les foyers, l'âtre cédant la place au poële ou à la cuisinière... ce sont principalement les industries lourdes qui engloutissent des quantités énormes de charbon. La sidérurgie. La verrerie. La révolution industrielle a fait de la Belgique la deuxième puissance après l'Angleterre. Elle a ses nouveaux rois, les rois de l'industrie, mais elle a aussi ses nouveaux esclaves. Ici à Marcinelle, je participe à cette euphorie. Pour moi, on fait des calculs, on a des plans." (p. 19). On poursuit les exploitations pour gagner plus d'argent et répondre à un besoin grandissant d'énergie. Une distinction sociale se met en place avec les bourgeois et les ouvriers. Les uns s'achètent des manoirs avec des jardins, deviennent des mécènes de la culture... et les autres meurent dans d'atroces souffrances amenant avec eux femmes et enfants. Pour répondre à un besoin grandissant de main d'oeuvre, on va la chercher dans de nombreux pays dont l'Italie avec qui sera fait un traité. Des hommes contre du charbon. Les conditions de travail sont très difficile.

La tragédie en 1956 fait 262 victimes et interroge sur la gestion de ces endroits d'exploitation. Puis la société évolue avec plus de besoin et surtout de nouvelles sources de revenues ailleurs. "La vérité c'est que le monde avait changé. On parle de nouvelles technologies. J'appartiens déjà au passé. 1960 - Nous nous sommes engagés envers le CECA. Les mines de Wallonie ne sont plus assez rentables. le Bois du Cazier doit cesser toute activité au plus tard en janvier 61.
Janvier 61, févier, mars... la direction du charbonnage ignore la décision. Je suis en sursis, on n'ose pas obliger le Cazier à fermer. Mais les effectifs sont réduits : 250 hommes. Ils étaient plus de 700 en '56. 1963 : Verdict de la procédure judiciaire qui n'en finissait plus : seul le directeur des travaux est condamné et le charbonnage paie une somme modique à chaque partie civile. 1964 : Après bien des tergiversations, la fermeture est imminente." (p. 40). Les ouvriers perdent progressivement leur emploi jusqu'à la fermeture définitive.

"Si le charbon, c'est bel et bien fini, on ne ferme pas pour autant. Ils vont exploiter le méthane, un gaz présent partout dans les galeries, il suffit de capter. le méthane c'est le vrai nom du grisou, la hantise du mineur de jadis. Ce gaz naturel est destiné au réseau domestique et aux centrales électriques. 1981 : Et puis ça aussi, ça s'est arrêté. "Pays Noir". On efface ces mots du paysage. Ils ne sont que souvenirs douloureux et mauvaise conscience. le dernier charbonnage de Wallonie, le Roton, ferme en 1984. Partout, on abat les chevalements on rase les bâtiments, on assainit la région. C'est l'hécatombe. Quant à moi, je suis devenu un lieu interdit, dangereux. J'attire quelques curieux, amateurs de friches industrielles." (p. 42). Faut-il pour autant tout effacer comme si rien ne s'était passé?

Dans ce site, on souhaite garder la mémoire. "Un morceau d'Italie à Marcinelle. Comme pour fixer le souvenir, qu'il ne s'envole pas. le charbon noir, le marbre blanc... La mémoire des ouvriers est prise en compte. Nous avons un musée de l'Industrie et parfois d'anciens mineurs viennent témoigner. Une histoire qui mérite d'être cultivée pour ne jamais oublié les choix du passé et l'impact sur une société. "2007. le musée du verre vient rejoindre le site. le charbon, le fer, le verre, la trilogie qui fit la gloire du Pays Noir réunie en un seul lieu" (p. 45). La démarche attire des visiteurs du monde entier. La consécration se fait aussi par l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco et le label du patrimoine européen. Pour clôturer la bande dessinée, on trouve un dossier pédagogique avec des photos et des témoignages. Rien de tel pour ancrer d'autant plus le récit.

Une bande dessinée d'une grande utilité. Elle fait de la vulgarisation scientifique, de l'Histoire, de l'économie, évoque la lutte des classes... On oublie que la quête de matière première engendre sur une société au global. Expliquer tout cela peut paraître complexe à travers le regard d'un charbonnage. Il est ainsi juge et parti. Une approche originale, audacieuse et très didactique pour une bande dessinée tout public. On ne peut que la recommandé très vivement et surtout la rendre disponible en médiathèque ainsi qu'en bibliothèque scolaire.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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critiques presse (1)
BDZoom
11 octobre 2022
Entre changements sociétaux, naissance de la culture européenne et immigration, cette histoire débute par une visite scolaire du mémorial. Une occasion de rappeler aux lecteurs de tous âges, qu’en d’autres temps, des enfants y ont durement travaillé… Et que d’autres ont vu leurs vies englouties dans ce « Pays noir ».
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Pendant qu'en surface la classe bourgeoise s'affiche et profite, sous terre, une armée de travailleurs s'épuisent comme des bêtes. Il faut bien ça pour faire tourner le monde.
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Vidéo de Sergio Salma
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