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sur 1569 notes
J'ai adoré ce récit où il est question de la guerre civile espagnole, alors je ne vais pas être objective.
Montserrat, 90 ans, raconte à sa fille -la narratrice- le plus beau souvenir de son existence : ce mois d'Août 1936 où, avec son frère aîné, elle a quitté son village de misère pour découvrir la vie et l'amour dans un Barcelone anarchisé par les Républicains. Elle raconte aussi ce frère magnifique, qui a tenté de révolutionner leur village avec ses folles idées libertaires. Elle raconte encore André, ce Français engagé dans les Brigades Internationales qui se voyait déjà écrivain. Et pendant que sa mère se souvient, la narratrice songe à Georges Bernanos, pro-franquiste séjournant alors à Majorque et qui, écoeuré par les exactions des phalangistes soutenus par l'Eglise espagnole, finit par écrire "Les grands cimetières sous la lune" pour les dénoncer tous et continuer à se regarder dans un miroir.
Dans la langue truculente de Montserrat, fantasque sabir franco-espagnol, c'est toute l'ivresse de l'espoir rouge et noir qui reprend vie, et c'est fabuleux. Mais on réalise aussi combien ce rêve fou ne pouvait qu'être anéanti par "le besoin qu'ont les hommes de décrier les choses les plus belles et de les avilir." En cela, j'ai bien aimé le parallèle fait entre le témoignage de Montserrat et l'évolution intellectuelle de Bernanos.
Nul besoin d'être féru d'Histoire pour lire ce roman : l'auteur recontextualise les choses de façon élégante et avec une redoutable efficacité -la grande classe ! Lydie Salvayre parle d'amour, d'idéaux, de guerre et de littérature. le style est percutant mais doux, et zébré d'humour rageur. C'est un pur régal.
Ne passez pas à côté.
Rum balbum balabum bam bam.
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Lors de l'attribution du Goncourt à Lydie Salvayre, je pensais faire l'impasse sur ce roman pour trois raison :
-J'ai lu quelques romans de l'auteure sans y prendre le moindre plaisir.
- La guerre civile Espagnole ne m'intéresse pas, je n'y comprends rien.
- de plus dans cet opus, il est question de Bernanos, alors là impossible, je l'ai toujours considéré comme le plus puissant des soporifiques !
Seulement voilà, j'ai emprunté, je ne sais pourquoi, ce livre à la Médiathèque et j'ai été envoutée, émue aux larmes, subjuguée par la beauté de ce texte. Lydie Salvayre rend d'une façon magistrale un hommage à sa mère. Cette femme, jeune Catalane en exil est arrivée seule en France à l'adolescence, elle n'a jamais pleuré et l'interdit à sa fille.
Cette mère parle un français de guingois, une langue baroque truffée d'hispanismes et de mots inventés. Lydie considèrera longtemps la langue de son enfance comme un handicap et n'aura de cesse de cultiver à l'école et avec les livres « la belle langue ». Devenue adulte, elle comprend que cette langue française tant admirée et celle de ses parents ne vont pas l'une sans l'autre et font sa force. Montse, la mère de la narratrice, nous donne à entendre cette langue maternelle extraordinaire et sa manière de rafraîchir le français. Un délice à la lecture.
Hommage à la mère, mais également hommage à Georges Bernanos, l'écrivain des Grands cimetières sous la lune dénonçant les répressions franquistes.
La langue bancale mais envoûtante de la mère dialogue avec celle de l'auteure pour raconter ce court moment où les anarchistes prirent le pouvoir en Espagne en août 1936. Témoins de cette période tragique de l'Histoire, ils nous la content chacun à leur manière et à leur tour. S'entrelacent ainsi le texte de Bernanos, que la narratrice feint de lire, et la parole de la mère, longtemps retenue, qui raconte, soixante-quinze ans plus tard, ces trois mois d'euphorie qui la marquèrent à jamais.
J'ai ouvert ce livre ouvert à 3 heures du matin lors d'un nuit d'insomnie et d'angoisse, il m'a emmené jusqu'au matin. Je l'ai lu d'une traite et j'ai laissé passer une journée entière pour reprendre mon souffle et passer à autre chose.
Ici, le mot « chef d'oeuvre » prend à mon sens toute sa signification.

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C'est dense, intense, vif, incisif.
Le style est souvent parlé, avec des mots franco-espagnols, interrompu, rapide.
La violence alterne avec l'humour dans ce savant mélange de la Grande et de la Petite Histoire. Celle de la guerre civile en Espagne, celle de Montserrat, la mère de l'auteur.
On apprend tout sur cette éprouvante période, particulièrement sur l'année 1936.
C'est dur, précis, très renseigné, en particulier grâce aux écrits témoignages de Georges Bernanos.
Ce livre est un magnifique hommage à sa mère, à sa famille, à l'Espagne.
On sent que toute l'histoire familiale vibre encore intensément chez Lydie Salvayre
Même le titre « Pas pleurer » est beau, sobre et parlant
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Quoi de pire qu'une guerre civile, où l'ennemi est l'ami d'enfance, le voisin, le frère ? Quoi de plus troublant que cette Guerre d'Espagne racontée à travers les souvenirs de sa mère et « Les Grands Cimetières sous la lune » de Bernanos ?

On y trouve les grands espoirs, l'euphorie de la jeunesse qui aspire à changer les choses, à instaurer un monde meilleur où les paysans pourraient accéder à l'instruction, à la propriété, à la dignité. On y rencontre l'exaltation de la liberté et de l'amour…

On y dénonce toutes les dérives du dogmatisme politique, les Phalanges qui sèment la terreur et assassinent sans pitié tous ceux qui sont soupçonnés d'avoir des pensées rouges, l'Église qui pardonne ces exécutions, les communistes prêts à sacrifier tous ceux qui ne suivent pas la ligne du parti.

On y voit aussi José, le jeune libertaire qui ne comprend pas que ses camarades puissent se vanter d'avoir « tué des hommes comme on le fait des rats, sans en éprouver le moindre remords ». Comment concilier l'idéal de liberté et de fraternité avec le meurtre de ses compatriotes ?

Le texte est parfois émaillé de mots espagnols ce qui en gêne la fluidité pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Cervantès, mais c'est surtout un roman aux émotions fortes, un récit lourd d'une époque insensée.
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La guerre civile espagnole vécue bien différemment par deux personnages : Montse, mère de la narratrice, exilée en France, et George Bernanos depuis palma de Majorqua. Ces deux récits complémentaires i donnent une idée (vague tout de même) de ce que fut cette terrible guerre fratricide. Les années 1936 et 1937 sont pour Montse, fille de paysans pauvres , l'occasion de découvrir la vie hors de sa campagne, comme flottant dans un rêve, à tel point que le lecteur peut se demander ce qu'elle réalise exactement de cette période terrible de l'histoire de l'Espagne. Telle une marionnette dont on tire les fils, elle est guidée par ses parents, puis par son frère, et enfin par la famille de son mari, et seul le recul que permettent les années lui donne une vision de ce que pouvait être la société espagnole de ces années difficiles. Société perturbée à l'extrême , et ce depuis des générations, et bien avant que n'éclate la guerre.
La partie dédiée purement à la guerre civile est présentée, ce qui en fait un roman à deux voix, à travers les pensées George Bernanos, qui soutient le franquisme avant que n'éclate la guerre et qui découvre l'horreur, la haine, la mort, les exactions et qui écrira « les grands cimetières sous la lune », pamphlet anti-franquiste.
Cet écrit fut par certains aspects, un véritable délice, principalement lors de la lecture du témoignage de Montse, qui, exilée en France, pratique un français truffé de mots espagnols francisés, ce que je trouve délicieux. En revanche, j'ai passé de bon moments à me mettre à la place des personnes qui, ne connaissant pas l'espagnol, ont pu ne pas percevoir l'état d'esprit des personnages, la vision du catholicisme des républicains, le tempérament espagnol, car des passages entiers sont rédigés en espagnol. Je ne suis même pas certaine que des notes de bas de page résoudrait la question tant ces passages peuvent révéler un état d'esprit purement espagnol.
Ce ouvrage fut également pour moi une petite piqure de rappel quant à la guerre civile, à la dictature de Franco, à l'attitude sordide des évêques catholiques sur lesquels je n'insisterai pas de peur de faire passer des idées déjà bien ancrées sur la question. Je ne peux tout de même pas m'empêcher de signaler que l'un des évêques, fidèle de Franco, canonisé par le pape il y a quelques années.
J'ajouterai que ce roman s'arrête trop vite, j'aurais aimé connaître les circonstances de l'exil de Montse qui comme la grande majorité des républicains, fut obligée de chercher refuge en France. Cela aurait constitué une documentation supplémentaire pour le lecteur, toutefois, la n'était pas l'objectif de Lydie Salvaire qui raconte son histoire, l'histoire des siens dans un certain contexte, celui dans lequel ils avaient évolué. Certains personnage peuvent apparaître caricaturaux, mais avant de l'affirmer, il faut avoir une idée de ce qu'est la pratique religieuse en Espagne, et son contraire, pieux à l'extrême ou blasphématoire à l'extrême (ce qui peut expliquer que certains passages en espagnol ne soient pas traduits) , indifférent ou vouant sa vie au militantisme, il faut ce faire une idée, (sans toutefois généraliser, de ce que peut être le machisme, de ce qu'était la vie de paysans ne sachant que signer d'une croix, un contrat de mariage rédigé par le notable du village, de ce qu'était la vie de ces paysans attachés au lopin de terre qu'ils cultivaient et dominé par quelque Seigneur moderne qui leur avaient inculqué des principes immuables.
Ce roman soulève un certain nombre de questions relatives à l'histoire de l'Espagne fournit une mine d'informations ponctuelles qui donnent envie de continuer à se documenter.

Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Dramatique mais aussi émouvante mise en scène de l'évolution des conceptions et des sentiments.

Pourquoi n'avais-je pas lu ce livre avant ? Peut-être parce que c'était un Goncourt et que je doute parfois de ce prix ou trouve qu'il ne reflète que rarement mes goûts de lecture. Mais les billets de certaines babélionautes - suivez mon regard vers Patoux66 - ont éveillé ma curiosité. Et me voilà refermant le prix Goncourt De 2014 avec cette leçon ‘'ne pas rester sur des a priori, réviser toujours et encore son jugement littéraire ». Et comme tant de bons billets ont déjà été écrits et lus, je vais rester succincte et relever quelques citations que je tiens à conserver.

Lydie Salvayre, à travers les souvenirs fragmentaires recueillis auprès de sa mère, dresse en 2010 le portrait d'une époque peu connue ailleurs que par les habitants du pays même, à savoir l'histoire de l'Espagne autour des années 1936. Cette mère qui souffre pourtant de la maladie d'Alzheimer, arrive encore à transmettre le vécu des espagnols durant cette époque. En parallèle, l'autrice choisit de convoquer quelques excellents écrits de Georges Bernanos.
L'ensemble apporte un éclairage que je qualifierais de « global » des horreurs de l'époque. Les livres d'histoire condensent en parlant d'un ‘'Conflit qui opposa de 1936 à 1939 le gouvernement républicain espagnol de Front populaire à une insurrection militaire et nationaliste dirigée par le général Franco''.

L'insurrection libertaire contre le fascisme et l'enthousiasme de la classe populaire en 1936, eux-même suivis par le désarroi et la déconfiture politique de 1937 sont palpables dans ce roman.
De 2010 on se retrouve en 1936 dans un petit village où s'affrontent de trop nombreux courants : franquistes mais aussi libertaires, républicains et communistes. Aussi petit soit ce village, aussi fortes sont les convictions de chacun et donc l'acharnement à se détruire les uns les autres.
J'ai apprécié le ton vif et les traits d'humour dont use à bon escient l'autrice ; les faits étaient pourtant dramatiques.

Durant ma lecture j'ai davantage appris sur Georges Bernanos qu'à travers les livres qu'on nous imposait durant notre scolarité. Son émotion et sa fougue sont habillement mélangées à ceux de la mère de l'autrice. Au début on est un peu déstabilisé par le parlé plein d'hispanismes de la mamie, mais on finit par plus ou moins décoder les locutions espagnoles. A ceci se superpose le style académique des écrits d'un Bernanos monarchiste, catholique et traditionaliste. Sous la plume de cette grande écrivaine, l'effet est réussi.
Un tango de styles qui sied à merveille à une période de l'histoire qui fut lourde à vivre et à porter par l'Espagne mais qui, grâce la plume de Lydie Salvayre, restera dans ma mémoire.

Citations :
« L'épiscopat espagnol n'a cessé au long des siècles de trahir, de dévoyer et de défigurer le message christique en se détournant des pauvres au profit d'une poignée de "canailles dorées". L'Eglise espagnole est devenue l'Eglise des nantis, l'Eglise des puissants, l'Eglise des titrés. Et ce dévoiement et cette trahison ont atteint un sommet en 1936 lorsque les prêtres espagnols, de mèches avec les meurtriers franquistes, ont tendu leur crucifix aux pauvres mal-pensants pour qu'ils le baisent une dernière fois avant d'être expédiés ad patres. Pour l'exemple. »
« Ils disent qu'ils savent à présent où mettre leur courage. Ils disent qu'ils ne supporteront plus de laisser leurs désirs à la porte d'eux-mêmes, como un paraguas en un pasillo. Que leur père se foute bien ça dans le crâne ! Finies les peurs et les abdications ! »
« Bernanos découvrait, le coeur défait, que lorsque la peur gouverne, lorsque les mots sont épouvantés, lorsque les émotions sont sous surveillance, un calme, hurlant, immobile s'installe, dont les maîtres du moment se félicitent. »
Parlant de sa mère « Je l'écoute me dire ses souvenirs que la lecture parallèle de Bernanos assombrit et complète. Et j'essaie de déchiffrer les raisons du trouble que ces deux récits lèvent en moi, un trouble dont je crains qu'il ne m'entraîne là où je n'avais nullement l'intention d'aller. Pour être plus précise, je sens, à leur évocation, se glisser en moi par des écluses ignorées des sentiments contradictoires et pour tout dire assez confus. »
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La littérature a souvent exploré la guerre civile espagnole. Fille d'exilés républicains ayant fui l'Espagne pendant la guerre civile, Lydie Salvayre choisit de se pencher sur cet événement majeur, en s'inspirant de son histoire familiale, pour écrire « Pas pleurer », récompensé par le Goncourt 2014. Née en France plusieurs années après la guerre, l'image qu'elle a de cette guerre tient essentiellement au témoignage de sa mère, devenue très âgée et à la mémoire défaillante, mais qu'elle écoute régulièrement, et à celui de l'écrivain Georges Bernanos qu'elle découvre dans sa lecture des « Grands cimetières sous la lune », publié en 1938.

Montserrat Monclus Arjona avait quinze ans en 1936. Elle raconte à sa fille, dans un heureux mélange de français et d'espagnol, les évènements de cette époque où souffle un vent de liberté en Espagne. Elle ne se souvient pas de grand de chose, sauf des événements de l'été 1936 où elle a découvert une certaine liberté et l'amour avec un jeune poète français. A l'enthousiasme de l'été 1936 va succéder l'arrivée de la dictature franquiste entraînant une guerre civile, l'assassinat de son frère et un départ dans la clandestinité vers la France pour fuir un pays à feu et à sang.
"J'ai le sentiment que l'heure est venue pour moi de tirer de l'ombre ces événements d'Espagne que j'avais relégués dans un coin de ma tête pour mieux me dérober sans doute aux questionnements qu'ils risquaient de lever."

Parallèlement, l'auteure s'intéresse au livre de Bernanos qui a découvert la violence aveugle et les exactions, et qui décrit, dans un récit implacable, les horreurs commises avec la complicité de l'Eglise, pendant la Guerre d'Espagne.

Dans un même récit, Lydia Sylvaire fait ainsi cohabiter deux visions, deux expériences, d'une même histoire et oscille sans cesse entre le genre du journal intime, où à l'image de sa mère elle fait un récit chargé d'émotion, et celui du roman historique. Cette alternance des voix permet de suivre facilement la progression des évènements et accroit l'indignation du lecteur devant tant de violence gratuite. Un beau Goncourt !
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Si avec l'âge la mémoire de Montse peu à peu s'efface, il est un souvenir qui reste toujours vivace dans sa tête et dans son coeur. Celui de l'été de ses 15 ans, en juillet 1936. Cette année-là, un vent de liberté soufflait sur l'Espagne, Montse quittait son village avec son frère José, Barcelone était en pleine effervescence et Georges Bernanos, installé aux Baléares, observait les prémices de la guerre civile. Car l'euphorie dans les rues, les cafés, et même les campagnes, ne dura qu'un temps. Que le peuple gouverne, qu'il se révolte contre les nantis, les propriétaires terriens, voilà une idée déplaisante pour les classes dominantes, les militaires et le clergé. Tandis que Bernanos est scandalisé par les exactions des franquistes qui assassinent à tout va ceux qui ne partagent pas leurs idées avec la bénédiction de l'Eglise catholique, dans les rangs républicains on se déchire entre partisans du PC, du POUM et anarchistes, en tuant quelques curés au passage. Montse, elle, rentre au village, lourde d'une après-midi d'amour fou dans les bras d'un poète français engagé dans les Brigades internationales. Sa mère entreprend alors de la marier avec Diego, le fils du ''seigneur'' du village, l'ennemi juré de son frère José qui ne voit en lui qu'un gosse de riche malgré sa carte du PCE.


Hymne à la vie, à l'espoir, à la liberté, Pas pleurer est aussi un hommage de Lydie SALVAYRE à sa mère, une trace de son histoire, avant que tous les souvenirs ne s'éteignent. C'est un récit joyeux, plein d'allant, écrit dans une langue colorée, le fragnol, mélange incertain de français et d'espagnol. Par la voix de la jeune et rebelle Montse, c'est tout un pan de la guerre d'Espagne qui se déroule, les camps qui s'opposent, les luttes fratricides, les partisans du renouveau contre ceux de l'immobilisme. Si le coeur de l'auteure bat évidemment pour les Républicains, elle a voulu, par souci d'objectivité, mêler au récit de sa mère, les descriptions du conflit par Bernanos, connu pour ses positions fascisantes. Mais l'homme s'insurge lui aussi contre les atteintes à l'encontre des libertés élémentaires, ceux qui ne se rallient pas à Franco, ceux qui osent une pensée contradictoire sont exécutés sous l'oeil bienveillant du clergé espagnol qu'il critique violemment.
Malgré toute la cruauté des faits, les morts, les trahisons, l'humiliation de la défaite, l'exil, les mots de Montse sont teintés des couleurs de la jeunesse et de la liesse de son si bel été 36. On découvre avec Lydie SALVAYRE qu'une mère peut cacher bien des secrets, qu'elle aussi a eu 15 ans, qu'elle s'est révoltée, qu'elle a aimé avec fougue. Un très bel hommage, à la fois drôle et émouvant, un Goncourt bien mérité.
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Non pas pleurer en-effet mais beaucoup rager.

J'ai aimé cette étude comparative de l'année 36 vécue par deux personnes différentes et dont la résonance l'est aussi : histoire et Histoire mêlées.
J'ai aimé cette découverte de la guerre civile espagnole si peu connue, si peu étudiée encore de nos jours.
J'ai aimé les portraits dessinés par Lydie Salvayre : l'austère Doña Pura, le fougueux José et le jaloux Diego.
J'ai salué l'hommage rendu à Georges Bernanos qui a osé décrire les exactions dont il était témoin, qui a osé dénoncer ce qu'il voyait et qui n'a pas reçu le soutien qu'il attendait.
J'ai apprécié l'hommage rendu à la mère de l'auteure, elle dont la mémoire reste figée à cette année-là, cette année si précieuse au cours de laquelle elle a connu la liberté et l'amour.
J'ai aimé l'usage du "fragnol" qui rend le récit si vivant.

Mais bon sang ce que j'ai pu maugréer sur ces passages écrits en espagnol, moi qui ne possède pas un traître mot de la langue de Cervantes. Je me suis sentie frustrée, trahie même. Pourquoi me refuser l'accès à ces paroles ? Si elles ne méritaient même pas une traduction en fin de livre, alors autant ne pas les inclure. Ah, je rage de si peu d'attention...
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Pas pleurer est une surprise pour moi : je vois le bandeau sur la couverture qui indique que ce roman a gagné le prix Goncourt 2014, que je suis la 200ème personnes a critiquer ce livre sur babelio, et que Lydie Salvayre semble avoir écrit une ribambelle d'autres romans... et pourtant, je n'avais jamais entendu parlé de ce livre et l'ai dégoté par hasard.

Comme on dit souvent le hasard fait bien les choses puisque j'ai adoré ce roman.

Une femme décide d'écrire au sujet de sa mére, Montsé, avant qu'elle ne perde la tête, et cette dernière lui raconte comme elle a vécu la guerre civile espagnole. Parallèlement, s'élève la voix de Bernados. Deux récits qui s'entrecroisent pour nous faire découvrir l'histoire du pays. Pas besoin d'avoir une multitude de connaissances historiques car l'auteure nous explique les faits et les détails avec minutie. Son récit est passionnant, mêlant français et espagnol. D'habitude je me plains toujours quand dans un livre, je trouve des mots anglais qui peuvent être facilement traduits et remplacés, mais ici, l'espagnol a toute sa place et renforce le roman.
C'est un livre que l'on dévore, tant l'écriture de l'auteure est belle. Je suis maintenant, bien curieuse de découvrir d'autres de ses romans.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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