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C'est mon premier Mbougar Sarr, je ne voulais pas être polluée par le battage autour du Goncourt et préférais commencer par un texte peut-être plus court et plus abordable.
Mohamed Mbougar Sarr a l'intelligence de ne pas écrire un essai à propos de la situation des homosexuels au Sénégal. Il n'y a donc pas de démonstration, mais bien un parcours personnel, celui de Ndéné Gueye, professeur de littérature et fils d'imam, confronté à une vidéo virale montrant une foule en colère déterrant un cadavre. Celui d'un góor-jigéen, un « homme-femme ».
Ndéné, qui subit des tracasseries pour avoir osé transgresser une circulaire officielle en parlant de Verlaine à ses étudiants, s'interroge sur cette détestation des homosexuels et se met, à l'aide de sa maîtresse, à la recherche de la famille de ce cadavre.
Il va devoir choisir entre la bienséance, la préservation des apparences et des relations familiales, et son cheminement personnel, entre candeur et sensualité, vérité et dissimulation.
Je me suis laissée porter par la langue soutenue de l'auteur, qui m'a parfois tenue à distance des sentiments de ses personnages. J'ai beaucoup apprécié qu'il ne nous assène pas sa vérité mais qu'il nous donne également à entendre les intégristes et leur logique, sans complaisance. Un court roman d'une grande puissance !
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Ndéne Gueye est professeur de lettres à l'université de Dakar au Sénégal. Un jour, une vidéo postée sur les réseaux sociaux vient bouleverser le déroulement plutôt tranquille de son existence.
Une plongée dans les profondeurs de son âme où des questionnements profonds vont renverser des fondations apparemment solides.

DE PURS HOMMES est un roman percutant.
De cette culture qui n'est pas la mienne mais qui ne m'inspire que respect et bienveillance, j'ai aperçu le côté dur et sans équivoque en ce qui concerne certaines "évolutions" de notre société.
Ici, se pose la question de l'homosexualité, de sa place dans notre monde, dans nos cultures et dans nos perceptions de l'autre. Un grand renversement existentiel qui va toucher notre héros en plein coeur.
Les mots utilisés par l'auteur sont durs, très durs; Leur but étant de faire mal, de choquer et de provoquer chez nous le même bouleversement que chez notre héros.
C'est extrêmement fort et stimulant. C'est puissant de réalisme et d'authenticité.
La fin m'a laissée saisie... de ces fins ouvertes qui laissent tous les possibles devenir envisageables, tous les jamais devenir toujours et tous les espoirs devenir réalité. Une belle claque.
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Mohamed Mbougar Sarr a écrit en 2018 - il avait 28 ans - un livre fulgurant : « de purs hommes », où il décrit avec éloquence le climat de haine aveugle et violente qui s'exerce à l'encontre des homosexuels au Sénégal. La grande force de ce roman est de montrer le trouble qui s'empare de son narrateur, Ndéné Gueye, bouleversé par la vidéo virale d'un acte d'homophobie ignoble et barbare où un cadavre a été déterré de sa tombe par une foule déchaînée. Hanté par cette violence, Ndéné, jeune professeur de lettres à l'université de Dakar, rencontre à plusieurs reprises la mère de l'homme victime de cet acte. Il s'entête de manière obsessionnelle, cherche à comprendre et à connaître. Et il enseigne la poésie de Verlaine. Il devient peu à peu la cible d'une rumeur qui l'isole et le stigmatise, y compris par sa propre famille.
Mohamed Mbougar Sarr, au-delà du portrait sans complaisance d'une société africaine hypocrite et corsetée par la religion, écrit un livre subtil sur le difficile chemin de la liberté, sur la force et la rage qu'elle exige. On reste une fois de plus confondu par l'intelligence, la profondeur, la langue précise et virtuose de son livre.
« J'eus la certitude en prononçant cette phrase que je n'étais plus moi-même. J'avais parlé par une bouche commune - telle une fosse - où étaient enterrées - mais elles ressuscitaient souvent - les opinions nationales. J'étais la bouche de forces vieilles qui avaient droit de vie et de mort sur moi. Je ne connaissais plus ma vérité intime. L'idée même d'en avoir, dans ce cas précis, me semblait dangereuse. »
Espérons que ce livre admirable s'arrachera tout autant que les trois autres que Mohamed Mbougar Sarr a écrit, à Dakar et dans l'Afrique entière.
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J'ai été bouleversé par ce petit roman, je pense encore à certains passages, et je songe à en relire certains. Tout m'a marqué : la langue, le sujet, les personnages…c'est une écriture qui peut être incisive, poétique, bouleversante, qu'on a envie de lire à voix haute. L'histoire est aussi splendide, brutale. Comment un homme trouve sa vérité en cherchant à connaître un inconnu dont la mort l'a marqué.
Magnifique !
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🏳Lecture Coup de poing ! Dans le cadre du pride month ce roman s'est littéralement imposé à moi. Au détour d'une boîte à livres, le nom de l'auteur @mohamed_mbougarsarr prix goncourt 2021 me saute aux yeux."De Purs hommes". le résumé achève de me convaincre.

Ndéné est un jeune professeur de littérature au Sénégal. Un jour une vidéo devient virale dans laquelle on voit un groupe d'hommes déterrer et traîner un cadavre hors d'un cimetière. La rumeur dit que l'individu était un "goor-jigéen", un homosexuel. L'obsession grandit en Ndéné qui part à la recherche de la vérité malgré les rumeurs naissantes à son propre sujet, pour répondre à l'unique question : "Comment trouver le courage d'être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir et quelqu'en soit le prix ?"

C'est un roman bouleversant qui m'a tenu en haleine jusqu'à la toute fin. le personnage de Ndéné part en quête non seulement de la vérité mais aussi et surtout en quête de soi-même. Son cheminement tragico-poétique vers l'acceptation de la différence est profondément touchant et remettra en question le dogme religieux tel qu'il lui a été enseigné jusqu'alors.
Entre calomnies, persécutions, droits et libertés individuels, place de la religion dans la vie privée, la communauté et l'enseignement, ce roman d'une force inouie nous ouvre la voie vers une conscience collective, tolérante et universelle et refonte les bases de l'intégrité humaine.

Un OLNI à lire absolument !
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Dans ce roman, l'auteur aborde des sujets durs, cruels, d'une violence rare. Il y dénonce la manière dont sont considérés les homosexuels au Sénégal, sous couvert de respect de la culture et de la religion.

Ce roman, c'est essentiellement une quête initiatique : celle de Ndéné, un jeune universitaire désabusé. Grâce à Rama, son amante, il va remettre ses croyances en question et chercher à libérer celui qui était tapi tout au fond de lui.

Dans de purs hommes, il est aussi question de deuil [dans des pages absolument sublimes], de l'hypocrisie des milieux universitaires et religieux. le tout dans une langue parfois étonnante : qui mêle à la fois vulgarité et vocabulaire rare et/ou désuet. Avec une pointe de cynisme qui pique juste comme il faut.

Pour lire ma chronique complète : RDV sur le blog ! ;)
Lien : https://www.maghily.be/2023/..
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C'est une vidéo qui déclenche chez Ndéné Gueye, le narrateur du roman de Mohamed Mbougar Sarr, une douloureuse prise de conscience dont nous suivons la maturation tout au long du récit, cette vidéo montrant l'exhumation nocturne du cadavre d'un homosexuel jugé indigne de demeurer dans la terre sacrée d'un cimetière musulman.

Plusieurs actes homophobes antérieurs à cette profanation ont révélé un durcissement de la société sénégalaise vis-à-vis de ceux que l'on ne considère même pas comme des hommes. Les individus qui choisissent d'assumer une sexualité différente s'y exposent au double risque de la vindicte populaire (qui peut s'exprimer avec une violence frénétique parfois mortelle) et d'une sanction pénale. Jugés comme une menace pour la cohésion sociétale et pour la morale, les homosexuels sont en effet passibles de prison. Les familles sont souvent les plus virulentes envers ceux qu'elles comptent dans leurs rangs : il s'agit de se protéger de l'anathème populaire, de se laver du soupçon de receler le gène transmissible du gay, en excommuniant, si elles ne peuvent le cacher, le -ou la- responsable de leur honte. Les poètes et écrivains homosexuels sont bientôt censurés à l'université où Ndéné enseigne la littérature...

Ces événements l'amènent à changer le regard qu'il porte non seulement sur ses semblables, mais aussi sur lui-même, et à prendre la mesure de l'hypocrisie d'une société qui fait cohabiter l'extrême puritanisme prêché dans des mosquées où les homosexuels sont voués aux gémonies à la sexualité qui s'exprime de manière débridée lors de fêtes populaires animées par les góor-jigéen, ces "hommes-femme" dont beaucoup reconnaissent encore l'importante fonction sociale (mais qui deviennent peu à peu des parias). Une société où certains musulmans "au coeur écrasé de pureté détournent chastement leur regard des femmes qu'ils rêvent de baiser". Ndéné lui-même doit bien s'avouer que s'il se rend encore à la mosquée, c'est surtout par respect filial, car il n'est plus pratiquant, mais aussi parce qu'il est difficile, en public, d'assumer un autre discours que celui que le consensus et les imams imposent.

Il comprend d'ailleurs, dans un premier temps, les contradictions de ces hommes, conditionnés par leur culture, leur religion et leur éducation. Lui aussi éprouve spontanément une certaine répugnance pour les homosexuels envers lesquels il admet avoir déjà exercé une violence verbale. Mais les images de la vidéo le hantent, ont produit en lui un déclic. En imaginant l'individu que fut le cadavre exhumé, en prenant conscience, avec une pesante acuité, de son humanité, il passe envers ses semblables d'un jugement distancié et plutôt indulgent à un sentiment de haine, en même temps qu'il laisse s'exprimer la possibilité de sa propre ambivalence.

Ce que réalise, finalement, Ndéné, c'est que le respect de l'être humain et de son intégrité sont sacrés au-delà de tout, quels que soient les dogmes et les préjugés qui nous influencent. Et s'il pouvait encore subsister, pour certains, un doute quant à l'appartenance des homosexuels à la communauté humaine, leur implication -en tant que victimes- dans le cycle de violence indissociable de l'humanité, les y rattache de fait. Il appréhende aussi toute la difficulté à être libre, les sacrifices et le courage que représente le simple souhait de vivre selon ce que l'on est vraiment, en dépit du jugement des autres, mais aussi en dépit de soi-même, car cela implique de se détacher de ses ancrages culturels, familiaux, et d'accepter la solitude et le rejet inhérents à la revendication de sa différence dans un monde où elle est considérée comme intolérable.

Mohamed Mbougar Sarr parvient avec "De purs hommes", réquisitoire contre l'intolérance et le fanatisme, à mêler efficacité et réflexion : bien que relativement court, son récit décrit l'évolution de son héros avec intelligence, sans jamais tomber dans la caricature.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Ndéné Gueye est professeur de lettres au Sénégal et il a du mal à trouver du sens dans ce qu'il fait. Il est déçu par le décalage entre l'image qu'il se fait de la profession et la réalité. Il est aussi désabusé lorsqu'il voit la société dans laquelle il vit et dans laquelle il a du mal à se retrouver. Une société aux avis tranchés et où la tolérance n'est pas le maître mot, à commencer par celle de son père. Un jour il tombe sur la vidéo virale d'un cadavre qui est déterré d'un cimetière par un groupe. Perplexe dans un premier temps, il finit par découvrir que l'homme en question est homosexuel et stigmatisé pour ça. A-t-il été déterré en raison de son orientation sexuelle ? Pourquoi de tels extrêmes ? le personnage principal va petit à petit développer une obsession pour cette histoire derrière la vidéo. Il se questionne alors sur l'identité de jeune homme et finit par questionner la sienne. « De purs hommes » est un très beau roman sur la construction d'une identité, sur la lutte pour vivre comme on l'entend dans une société qui ne le permet pas. On retrouve la plume de Mohamed Mbougar Sarr qui fait sonner le tout avec beaucoup de justesse. Je m'attendais pas un tel souffle dans ce court roman de l'auteur, je vous le conseille sans hésiter.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Ndéné Gueye est professeur de lettre à Dakar, il se présente à nous fatigué par ce que propose l'enseignement et par l'état morale de son pays. Alors qu'il coule des heures heureuses avec sa Rama, elle lui montre une vidéo virale d'un homme se faisant déterrer par une horde d'hommes.
Cet homme était un « goor-jigéen », un homosexuel et cette orientation sexuelle ne va pas de paire avec la morale, la religion, c'est « contre-nature ».

Ndéné, après visionnage de la vidéo, s'en va donner un cours et présente Verlaine à ses élèves sans savoir que le gouvernement vient d'interdire l'apprentissage des auteurs homosexuels ou prétendument. L'engrenage est lancé, les rumeurs sur son compte s'engagent. Avec érudition Mohamed Sarr plonge dans une réflexion autour de la rumeur, du jugement d'une personne sur ce quelle fait. Que sommes-nous aux yeux des autres ? Jugés sur nos faits et actes sans prise de conscience de notre entièreté ?

Le personnage de Rama met Ndéné au défi par sa capacité à ne pas le juger : elle le met face à sa liberté d'être soi, en toute lucidité. Et si cette lucidité requiert courage elle est aussi salvatrice que destructrice.

La qualité littéraire m'a autant subjuguée que l'histoire ahurissante de ce roman. 190 pages qui nous confronte à des interrogations sociales fortes, à nos propres théories et jugements. Un livre qui confronte et bouscule.
Les purs hommes versus la bêtise humaine.

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Ayant appris que l'auteur avait obtenu le Prix Goncourt l'année passée, j'ai voulu lire un de ces livres précédant.
De purs hommes, un petit roman de 188 pages est une pure merveille. Nous apprenons comment l'homosexualité est rejetée au Sénégal à travers l'histoire de Ndéné, professeur d'université en lettres à Dakar, qui admire les poèmes de Verlaine et de Rimbaud.
Un roman bouleversant.
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