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3,8

sur 2997 notes
C'est à Paris en 2018 que Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, entend parler pour la première fois du livre le labyrinthe de l'inhumain. Paru en 1938, ce roman a pourtant défrayé la chronique avant d'être rapidement retiré de la vente afin d'étouffer le vent de scandale qu'il avait levé.

Est-ce le fait que son auteur soit un "nègre" et semble avoir disparu depuis ? que la maison d'édition qui l'a publié soit dirigée par des Juifs ? ou est-ce tout simplement son contenu qui dérangeait ?

Totalement fasciné par ce livre mystérieux, Diégane se lance alors dans une course éperdue sur les traces de son auteur dont on ne connait que la signature : T.C. Elimane.

Si le roman au centre de cette fiction porte le nom de Labyrinthe, cela peut tout aussi bien décrire La plus secrète mémoire des hommes. On pourrait s'attendre à une enquête menée tambour battant, mais il n'en est rien. Ou plutôt si, mais entrecoupée d'un grand nombre de flashbacks, digressions et biographies de personnages ... J'avoue m'y être parfois perdue, voire quelque peu ennuyée, mais à l'image de notre jeune écrivain, ma soif de connaissances et mon désir de lever le voile sur cet auteur énigmatique m'ont permis de tenir le cap jusqu'au bout.

Je referme donc ce livre satisfaite, mais pas totalement conquise. Et c'est bien dommage car ce livre constitue une mine d'informations sur l'émergence de la littérature africaine en France au cours du siècle dernier. On y devine la difficulté de ces auteurs à être reconnus, mais aussi à s'émanciper de leurs racines et des thématiques qu'on voulait leur réserver, même encore aujourd'hui.

Grâce à cette histoire, Mohamed Mbougar Sarr prouve qu'au-delà des continents et des couleurs de peau, la littérature est un langage universel et un amour à partager. Toutefois si le style emphatique et le vocabulaire soutenu de certaines parties montrent toute la palette de cet auteur talentueux, ils rendent malheureusement son roman assez difficile d'accès.
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"Je vais te donner un conseil : n'essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. Ne retombe plus jamais dans le piège de vouloir dire de quoi parle un livre dont tu sens qu'il est grand. Ce piège est celui que l'opinion te tend. Les gens veulent qu'un livre parle nécessairement de quelque chose. La vérité, Diégane, c'est que seul un livre médiocre ou mauvais ou banal parle de quelque chose. Un grand livre n'a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose aussi est déjà tout".

Je vais tâcher de ne pas faire injure à l'auteur en tentant de parler du contenu de son roman pour évoquer en quoi cette lecture peut être riche, captivante, piquante, insolente, intelligente, enthousiasmante, stimulante... et bien d'autres choses encore. D'abord, il faut être conscient qu'au fil de ces quelques 450 pages il n'est question que de littérature, de la quête de l'écrivain à travers les âges, par-delà les frontières et à l'aune des drames de l'Histoire. L'auteur nous invite à une sorte de jeu de piste, mettant en scène Diegane Faye, un jeune écrivain sénégalais qui va se passionner 80 ans après, pour un livre publié en 1938 : le Labyrinthe de l'inhumain. L'auteur, T.C. Elimane a disparu mystérieusement après que son livre, d'abord encensé fut entaché d'un énorme scandale. Hypnotisé par sa lecture, Diegane se lance sur les traces d'Elimane et remonte le cours de l'histoire, entre la France et le Sénégal, en passant par l'Argentine sur fond de Shoah et de colonialisme. Rien que cette quête pleine de zigzags, de rencontres insolites et aux allures de conte teinté de magie suffirait à captiver. Mais il faut ajouter toute la verve stylistique et poétique de l'auteur, son humour, son regard acéré sur le petit monde de l'édition (qui nous vaut des pages délicieusement cruelles sur la critique "qui n'évalue plus les livres mais les recense"), l'intelligence de la construction et la portée de certaines saillies que l'on peut qualifier de brillantes (je vous passe le nombre de post-it qui ornent désormais mon exemplaire).

En plus d'offrir la lecture d'une réjouissante enquête littéraire à l'aune de la relation culturelle compliquée entre la France et l'Afrique, La plus secrète mémoire des hommes est une éblouissante déclaration d'amour à la littérature. Qui semble n'avoir été livrée que pour mieux se délecter du plaisir des mystères qui entourent l'acte d'écrire, et qui semblent impossibles à saisir alors même que l'on pense s'en approcher au plus près. Un conseil : laissez-vous promener par la plume et l'esprit malicieux de Mohamed Mbougar Sarr, laissez-vous entraîner dans ce somptueux labyrinthe de l'écrivain dont on ressort ébloui et heureux.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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C'est la couverture sublime de ce roman qui m'a finalement poussé vers lui alors qu'il ne faisait initialement pas partie de mes sélections de la rentrée littéraire, ne l'ayant croisé nulle part sur les réseaux sociaux. Bonne nouvelle, l'histoire est aussi belle que sa couverture !

Diégane est un jeune auteur sénégalais vivant et écrivant à Paris, un peu verbeux mais particulièrement curieux d'en apprendre plus sur un roman mythique mais introuvable de l'entre-deux-guerres, La labyrinthe de l'inhumain de son compatriote T.C. Ellimane.

Il mènera une enquête déterminée auprès d'auteurs et d'autrices africains afin d'éventuellement retrouver la trace de l'auteur qui semble avoir disparu avec le scandale ayant accompagné la parution de son unique livre. Il faut dire qu'à l'époque, on l'avait tout à la fois qualifié de "Rimbaud nègre" et accusé de plagiat !

Sa quête mènera le lecteur dans le Sénégal du début du siècle, dans un voyage aussi passionnant que mystique. L'écriture est superbe et ce récit m'a transporté, même si j'ai eu parfois du mal à suivre la distribution des rôles dans les chapitres contemporains, les voix des narrateurs se mélangeant un peu sans vraiment prévenir. Un beau roman, la découverte d'un auteur à la plume exigeante mais excquise qui va rapidement me pousser à lire l'un de ses précédents romans.
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Pénétrer, analyser et mettre au grand jour « La plus secrète mémoire des hommes » ne peut être qu'un labeur dicté par la curiosité et le désir de connaître les origines d'un écrit -comme c'est le cas dans ce roman- de comprendre les sources du scandale qu'il a suscité. Et si les découvertes autour du parcours et de la personnalité de son auteur ouvraient la clé du mystère ?

Mohamed Mbougar Sarr entraîne son lecteur dans une sorte de road-movie pour raconter l'histoire de Diegane Latyr Faye, écrivain sénégalais qui se lance avec passion et détermination à la recherche de T.C. Elimane, auteur du « labyrinthe de l'inhumain » . T.C. Elimane, avant de disparaître a laissé ses empreintes, celles d'un homme de belle prestance, mystérieux, doté de pouvoirs surnaturels ou qui sait, héritier d'une ascendance heurtée par l'exil?

Proche de l'enquête policière, une telle recherche nécessite une documentation approfondie sur l'origine et le parcours familiaux, à travers « le précis des littératures nègres » qui qualifie le livre mythique de « chef d'oeuvre d'un jeune nègre d'Afrique ». On plonge dans les archives, à travers les enquêtes des journalistes dont le bref récit de la journaliste B.Bollème qui s'interroge sur l‘identité du Rimbaud nègre, Siga D., écrivaine sénégalaise « ange noir de la littérature sénégalaise », en passant par la fascinante photo journaliste Aïda.

du Sénégal à la France en passant par les Pays-Bas, jusqu'à l'Argentine, on se croirait dans les cellules et autres plages d'un tableau croisé dynamique littéraire où s'insèreraient les branches d'un arbre généalogique, où les protagonistes se lieraient de sentiments, meurtris des traces de l'Histoire, colonialisme et shoah.

le roman n'a rien d'un polar de vacances. le plus étonnant réside dans une prouesse de l'écrivain qui ne cesse de toujours relier les faits à la littérature, ainsi érigée à la hauteur du personnage principal.
De nécessaires retours en arrière, parfois déstabilisateurs, m'ont été nécessaires pour ne pas perdre le fil de l'histoire inspirée notamment des sujets impliquant la perversité de l'Occident dans la colonisation et les guerres. Aussi, de ce roman assez sombre, ne puis-je émettre qu'un avis mitigé, positif sur l'intérêt des sujets mais plus réservé sur sa complexité.
Une deuxième lecture me permettra sans doute de mieux l'apprécier.
Roman plutôt atypique de la rentrée littéraire, loin des plages et de l'insouciance !
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Le héros est un jeune auteur d'origine africaine, qui cherche à percer en France. Comme tous les jeunes de sa génération, il est obsédé par l'oeuvre d'un écrivain africain qui a obtenu le Prix Goncourt en 1948 avant d'être dénoncé pour plagiat quelques années plus tard. Cet écrivain a disparu, même son oeuvre est quasiment introuvable.
A partir d'un sujet assez classique, l'auteur arrive à construire un véritable récit d'aventure et de quête. La lecture demande de l'attention car le rythme est lent et les phrases parfois un peu savantes.
Il n'empêche qu'à partir de thèmes rebattus et de formules un peu prétentieuses, Mohamed SARR construit une histoire magnifique, très ample et très poétique.






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En 2018, Diégane, jeune écrivain Sénégalais vit à Paris et s'intéresse à un ouvrage et à son auteur publié en 1938, intitulé « Le labyrinthe de l'inhumain » qui a été très remarqué, au point qu'on a surnommé son auteur, T.C. Elimane  « le Rimbaud nègre ». Des critiques ayant identifié des emprunts du texte à d'autres auteurs, il est accusé de plagiat et le succès de son livre sera éphémère, tous les exemplaires, ou presque étant retirés du marché, malgré la grande qualité que lui reconnaissent ceux qui considèrent que l'utilisation pour partie de textes existants n'empêche pas la création d'une oeuvre originale. Marème Siga, une cousine de Diégane lui en confie un exemplaire rescapé et la recherche de l'auteur devenu fantôme commence. Cette quête, sous forme d'énigme policière avec la participation essentielle de Marème Siga et de la poétesse Haïtienne nous conduit en Hollande, en Argentine, avec un retour final au Sénégal. le début de ce roman, très bon, avec un style brillant, beaucoup d'humour est prometteur, mais la confusion s'installe dans les propos, l'identification difficile des personnages (pourtant peu nombreux), les situations et la légèreté initiale se transforment, soumet à la tentation d'abandon de la lecture mais aussi à sa poursuite, pour voir si cela s'améliore. Ouf, enfin terminé !
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Comment classer cet ouvrage : Rentrée littéraire 2021 ou Francophonie?

Mohamed Mbougar Sarr, né à Dakar est-il un romancier sénégalais comme le présente l'article de Wikipédia ou un écrivain de cette rentrée littéraire parisienne? Ce serait un détail si cette distinction n'était pas un des thèmes de ce roman. Diegane Faye est un écrivain africain vivant à Paris qui a publié un petit roman au tirage confidentiel. Il s'attache à faire sortir de l'oubli TC Elimane, écrivain maudit, qui a publié en 1938 un chef d'oeuvre disparu dans des circonstances étranges.   Marème Siga , "l'ange noir de la littérature sénégalaise"  lui confie un exemplaire du livre introuvable, lecture éblouissante. L'écrivaine, cousine d'Elimane, ne l'a pas connu ;comme Diegane, elle se consacre à sa recherche . Elle a eu une relation passionnée avec une poétesse haïtienne, amante d'Elimane. 


La plus secrète  mémoire des hommes mêle les voix de ces trois narrateurs.trices, et reconstruit l'histoire de la famille d'Elimane dans un village sérère du temps de la colonisation, de son père qui disparaît dans la Grande Guerre, tirailleur sénégalais, du scandale littéraire causé à la parution du livre d'Elimane, de l'errance de ce dernier jusqu'à 2018 quand Diegane retourne au Sénégal en pleins troubles sociaux. Longue histoire qui se déroule pendant plus d'un siècle sur trois continents. 

Histoire embrouillée parce que je n'ai pas toujours identifié les narrateurs : il m'a fallu parfois plusieurs pages  pour deviner qui a pris la parole : Siga? Diegane? la poétesse? parfois le père de Siga. Je me suis perdue  à plusieurs reprises. le style très dense, touffu parois sans ponctuation ni respiration n'aide pas franchement le lecteur. Si j'ajoute encore que le narrateur principal, l'écrivain, est souvent prétentieux, verbeux et peu sympathique, cela n'incite pas à continuer la lecture du pavé (448 pages seulement mais cela m'a paru bien plus).


Et pourtant c'est un roman très intéressant d'une part pour la réflexion sur l'écriture et la décolonisation, et pour l'aspect historique. Par ailleurs, la vie au village, les coutumes anciennes sont très agréables à lire. Si je n'ai pas accroché avec les personnages masculins que j'ai trouvé antipathiques, les femmes au contraire sont des personnages forts.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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« le hasard n'est qu'un destin qu'on ignore » … le hasard fait qu'un jeune écrivain découvre une oeuvre, le labyrinthe de l'inhumain, roman écrit par un auteur, T.C. Elimane, qui fit scandale à l'époque et que l'on nommait le « Rimbaud nègre ». Quête devenue véritable obsession pour notre jeune écrivain sénégalais, quête qui le mènera vers l'Argentine, en passant par la France, dans la mémoire du colonialisme et de la Shoah.
Ce n'est pas un texte facile à lire, le poids des mots et celui des tragédies pèse lourd. Dense, peu de dialogues, des articles de presse, des commentaires historiques, il faut vraiment s'intéresser au(x) sujet(s) pour avoir l'envie et l'énergie de poursuivre. J'avoue qu'au-delà de la page 100, après l'enthousiasme du début, j'ai eu à me bousculer un peu pour ne pas abandonner.
Trop de sujets sont ici concernés : l'identité même de l'écrivain et de son ambition de postérité est mise en jeu. Pour certains, Elimane est un génie, pour d'autres un imposteur, on parle même de la bave d'un sauvage pour évoquer son roman. Et d'ailleurs, un africain est-il capable d'écrire un roman et même « d'écrire tout court » ?
De nombreuses questions se posent au-delà des symboles d'humanité et de liberté que Mohamed Mbougar Sarr veut coûte que coûte sauver. A quoi sert l'écriture dans une vie ? Quel sens donner à sa vie pour ne pas la rater ? La vérité du coeur est-elle universelle ? … Au final, je ne savais plus très bien de quoi on parlait et j'ai un sentiment étrange de ne pas avoir compris où l'auteur voulait me mener.
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Ce n'est pas seulement un grand roman sur la Littérature et l'Écrivain : c'est aussi une enquête addictive sur les traces d'un ouvrage mythique et de son auteur, où les mondes culturels africains, européens et sud-américains se chevauchent et où les personnages se croisent, se percutent, sur plus d'un siècle ! Tout au long du récit et plus encore en refermant le livre, on est époustouflé par la maîtrise romanesque et littéraire du tout juste trentenaire Mohamed Mbougar Sarr !
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Sous le signe du mystère !

Je crois que c'est le premier écrivain d'origine africaine de langue française (et quelle langue, mes amis ! ) que je lis (à part Albert Camus et Le Clézio, à cheval sur deux continents). Je n'aurai plus jamais la même réticence après la lecture de ce merveilleux et tragique roman.

Cependant, j'ai eu un mal fou à mémoriser les prénoms des différents protagonistes, jugez plutôt : Diégane, Mossane, Assane, Elimane, Spiderman (non, pardon je m'emporte). Et qui saurait dire si ces prénoms désignent un homme ou une femme ? Pas moi, au premier abord en tout cas. Manque d'habitude...

Il est aussi parfois difficile d'identifier rapidement qui est le narrateur de chaque parties. Et il est presque indispensable de dessiner un arbre généalogique des différents protagonistes africains ; ça m'a donné du fil à retordre. Je recommande de lire ce roman sans interruptions de plusieurs jours, sous peine d'embrouillamini. Pour ma part, j'ai pris une quinzaine de pages de notes au fil de ma lecture ( oui, vous avez bien lu, une quinzaine ! )
Qui, et où, est T.C.Elimane et que dit son unique livre connu ( intitulé « Le Labyrinthe de l'inhumanité » ), sorti en 1938 ?
Je me suis senti un peu frustré que le grand auteur Elimane reste dans son mutisme, mais tout se justifie, vous le découvrirez lorsque vous lirez ce roman « cosmopolite », entre Afrique, Europe et Amérique latine, convoquant au passage quelques grandes figures telles que Witold Gombrowicz ou Ernesto Sabato pour l'ancrer un peu plus dans la réalité.
J'ai pendant longtemps cru qu'il n'y aurait pas de dénouement à cette histoire faite d'entrelacs et parfois mystique (voire magique), mais je m'étais trompé, pour mon plus grand bonheur.
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