Ce livre pose selon moi les bases de la philosophie sartrienne. C'est un premier roman et, plus généralement, un premier livre, il en possède donc les avantages et les inconvénients.
Je ne vais pas m'étendre sur l'histoire, l'ouvrage étant considéré comme un classique, celle-ci a du être résumée de toutes les manières et dans toutes les langues ; ce qui, je pense, est pertinent, c'est plus de vous donner mon impression.
Je connaissais
Sartre et sa pensée d'assez loin, m'intéressant à la philosophie depuis quelques années maintenant, il est difficile -étant français qui plus est- de ne pas entendre son nom ou lire celui-ci au détour d'une vidéo ou d'un livre. J'en connaissais donc les grandes lignes, la liberté totale, "l'existence précède l'essence", la nécessité de s'engager ; mais je n'avais jamais plongé réellement dans l'
oeuvre, si ce n'est par une lecture rapide et distraite des Mots, que je n'avais d'ailleurs que peu apprécié. Il est compliqué d'aborder cette pensée lorsque l'on est convaincu que sa base, la liberté totale et absolue, n'existe pas -Essai sur le libre arbitre ; les fondations manquant, il est difficile pour le bâtiment de se tenir debout, mais cela n'empêche pas d'explorer le schéma de son intérieur.
Le style est intéressant sans être brillant, quelques belles envolées lyriques, sans pour autant être irréprochable, certains passages sont lourds. Mais cette lourdeur est peut-être volontaire, la description et la sensation de la routine étant quelque chose de primordiale dans ce livre.
Le moment où l'auteur commence à ressentir son existence et celle de ce qui l'entoure est également très bien mené, ce sentiment dépasse largement les pages que nous tournons pour s'infuser dans notre esprit. L'on se met également à ressentir tout ce qui nous entoure, à palper ce livre, à se ressentir pleinement ; cette partie est vraiment une réussite.
L'engagement est d'une importance primordiale chez
Sartre, cela étant, le roman est bien pratique, car il permet de l'éviter, de plaider la fiction. Notamment lorsqu'il traite
Nietzsche d'imbécile, je ne connais pas encore suffisamment l'homme, sa vie et son oeuvre, pour savoir s'il a ensuite répondu de cette insulte, mais elle m'a marqué et mérite que je m'y intéresse davantage !
En conclusion, c'est un bon livre dont j'ai apprécié la lecture, mais qui n'est qu'une mise-en-bouche. le format du roman n'est selon moi pas adapté pour exprimer clairement une pensée, il permet de préparer cette assimilation, mais ne se suffit pas à lui-même, ce n'est qu'un tâtonnement.
J'ai donc maintenant la ferme intention de m'intéresser davantage à
Sartre et à son oeuvre, dont, même si je n'épouserai sans doute jamais totalement les idées, il est difficile de faire l'impasse, car il a régné sur le monde intellectuel européen et donc -à l'époque- mondial comme très peu voire aucun autre.