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4,26

sur 5391 notes
Couronnée de quelques belles distinctions ( entre autres le Prix Meilleur Album Angoulême) et d'une réception critique méritée de la part du public et de la presse, cette savoureuse bande dessinée autobiographique de Riad Sattouf a été un vrai plaisir de lecture.

Suivre les pas du petit Riad, blondinet né d'un père syrien et d'une mère bretonne à travers les voyages de ses parents en Libye et en Syrie, offre une vision de découverte enfantine des gens, du sens de la famille, des habitudes de vie et plus largement du monde arabe des années 80.

Les tranches de vie sont cocasses et émouvantes, bien que parfois difficiles, voire violentes pour une famille occidentalisée qui doit accepter inconfort, incompréhension linguistique, mentalités sectaires, misogynie... On s'amuse beaucoup, on compatit souvent, et on tire à un coup de chapeau a l'épouse imperturbable qui supporte tout. Il faut dire que la narration est faite du point de vue de l'enfant, qui lui, trouve de l'intérêt à tout, en dépit des tensions entre petits arabes pas toujours bien accueillants.
La position du père ( à la personnalité plutôt déroutante) ouvre à la réflexion de la double appartenance, par sa position "entre deux", restant très attaché à ses origines, mais spectateur lointain de la culture et de la religion. le récit est parfois gentiment incorrect mais la satire est vivifiante et humoristique.

L'auteur nous raconte vraiment une histoire, son histoire, et cette intimité proposée au lecteur rappelle Persepolis de M.Satrapi ou les Chroniques de G. Delisle.
L'air de rien, on comprend mieux les contextes politique, géographique et spirituel, les enjeux de civilisation ramenés au niveau des populations. C'est amusant et pourtant pédagogique.

Un bonheur! Et par le fond, et par la forme car les planches ont de belles couleurs en bichromie. J'entame dans la foulée le second et tout récent opus avec gourmandise.
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C'est sur les bancs de la Sorbonne que la bretonne Clémentine rencontre le syrien Abdel-Razak. Il est doctorant en Histoire et rêve de marquer de son empreinte la politique de son pays. de leur union naît le petit Riad, aux cheveux blonds comme les blés. Son diplôme en poche, frustré par l'appréciation ''honorable'' du jury, Abdel-Razak postule à l'étranger et c'est vers Tripoli et la Libye de Kadhafi que s'envole la petite famille. Riad a deux ans.Le choc est rude, entre les rues désertes, les queues à la coopérative alimentaire et le logement vétuste qu'il ne faut jamais quitté sous peine de le voir réquisitionné par un autre locataire. Après cette première expérience dans une dictature arabe, les Sattouf reviennent en Bretagne mais le professeur d'histoire ne se laisse pas décourager et accepte un nouveau poste, en Syrie cette fois. Il y retrouve sa famille, installée dans un petit village, près d'Homs. Riad y découvre le pays d'Hazed Al-Assad, sale, pollué, éternellement en chantier et profondément anti-américain et anti-sémite. Ses cheveux blonds font tache, il est la cible de ses cousins, violents et racistes. Son père, convaincu que l'avenir de son pays passe par une transformation radicale des mentalités, rêve d'un arabe instruit et laïc, mais sous la pression familiale, son comportement change. Il se fait plus autoritaire, enseigne le Coran à son fils. le retour en Bretagne pour les vacances est un soulagement. Pourtant, cette parenthèse ne saurait durer. A la rentrée, Riad devra intégrer l'école syrienne, ce qui le terrifie.

Ce premier volet autobiographique aborde les années 1978-1984 de la jeunesse nomade de Riad Sattouf. C'est un regard d'enfant qu'il jette sur le monde qui l'entoure, les souvenirs d'une enfance partagée entre la France, la Lybie et la Syrie. Outre le choc culturel et l'adaptation difficile dans des pays qui sont loin d'être des démocraties, racontés avec candeur et humour malgré la violence et la laideur, Sattouf évoque aussi le couple parental avec tendresse. La mère est un peu transparente, elle semble docile, suivant son mari par monts et par vaux, acceptant ses décisions sans broncher. Pourtant, elle sait aussi faire entendre sa voix quand son mari dépasse les bornes ou quand elle s'inquiète pour son fils. le père est le personnage principal de ce premier tome. Optimiste, sûr de ses capacités, critique envers ses compatriotes, il manque parfois de nuances mais pour son fils, il est un héros du quotidien, celui qui a toujours raison, qui sait tout sur tout, qui va changer le monde. Pour le lecteur qui n'a pas la piété filiale, il apparaît parfois exaspérant, naïf, vantard, autoritaire, etc. Mais la famille est heureuse et fait front face à l'hostilité.
Aux souvenirs de l'enfant se mêle, évidemment, le jugement de l'adulte qui n'est pas tendre sur cette vie itinérante dans ces dictatures arabes. Tout n'est que violence, laideur et grisaille. Les enfants grandissent dans la haine de l'autre, les femmes sont brimées, les odeurs agressives, la misère est partout, même la famille est un lieu de conflits, de brimades, de terreur. Heureusement, Sattouf sait accompagner son propos de beaucoup de tendresse, d'amour et d'humour. Un témoignage intéressant et instructif.
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Drôle et malicieux, L'Arabe du futur est un succès de librairie qui m'a conquise.
Une autobiographie tendre avec le regard naïf d'un jeune enfant dont le père est syrien et la mère bretonne.
L'atmosphère dictatoriale de la Lybie et de la Syrie est très palpable et attire le sourire même si la réalité est moins caricaturale.
Moins obscur que L'ascension du Haut-Mal de David.B, L'Arabe du futur est un enchantement de fraîcheur sur une enfance à double nationalité.
Le tome 6 sort en ce moment, signe de sa notoriété bien méritée.
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Né en 1978 d'une mère bretonne et d'un père syrien, Riad Sattouf a passé son enfance entre la France, la Libye et la Syrie.
Cet album est une autobiographie de ses premières années entre deux univers, entre deux cultures difficiles à concilier.

Comme dans 'Les cahiers d'Esther', Sattouf restitue parfaitement la perception d'un enfant, d'ailleurs la maturation du petit garçon est palpable au fil du récit.
J'ai trouvé beaucoup de points communs entre ces deux séries : l'humour, bien sûr, ainsi que l'acuité du regard du jeune narrateur - à la fois naïf et lucide, souvent politiquement incorrect.
Là encore, l'univers des enfants est sans pitié, les gamins s'insultent, se battent, sont cruels envers les animaux (terrible passage avec le petit chien), miment les adultes de leur entourage (antisémitisme).
Comme Esther, Riad semble trouver sa mère insignifiante mais voue une admiration sans borne à son papa : « A cette époque, je ne comprenais pas grand chose. Mais j'étais sûr d'un truc : mon père était fantastique. »
Le lecteur, quant à lui, perçoit de plus en plus ce père comme un type borné, macho, superstitieux, pas très subtil dans les propos qu'il tient devant son fils. On le sent écartelé entre deux cultures (élevé en Syrie, il a suivi des études d'Histoire en France), mal à l'aise. La mère et les enfants en font les frais, subissant les volontés fantasques du bonhomme...
« Tu as réussi à convaincre ta mère, mais n'oublie pas : tu n'es pas français, tu es syrien ! Et en Syrie, les garçons doivent prendre le parti de leur père ! »

Au-delà de l'aspect autobiographique, on en apprend de (pas) belles sur la Syrie des 80's et ses censures (presse, courrier), ses pénuries alimentaires (comparables à celles de l'URSS à la même période), ainsi que sur Mouammar Kadhafi (dirigeant libyen) et Afez el-Hassad (président syrien), deux dictateurs comme tant d'autres - mégalomanie (portraits omniprésents, statues démesurées), exigences insensées d'enfants capricieux.

Excellente BD, à la fois grave et drôle, sur l'enfance, le mariage mixte, l'identité culturelle, les dictatures...
Il me tarde de découvrir le deuxième tome. Le petit Riad semble tellement mal barré à la fin du premier que je vais aller feuilleter les premières pages de la suite en librairie, histoire de me rassurer (j'espère)...
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Depuis le temps...
Depuis le temps qu'il me faisait de l'oeil, depuis le temps que j'entendais parler de ce bouquin, combien de fois ai-je prononcé la fameuse phrase de lecteur :
"Il faudra que je le lise celui-là "
Voilà, c'est fait.
Et pour mon plus grand plaisir.
J'ai adoré.
Quand Riad (l'auteur, lui-même) naît à Paris en ce mois de mai 1978, il ne sait pas dans quel monde il met les pieds.
Lui, le fils d'une française et d'un étudiant Syrien, lui qui grâce à ce mélange des sangs va connaître des cultures différentes, qui va vivre et s'enrichir de ce pluralisme culturel.
Lui qui grandira entre trois pays, la France, la Libye et la Syrie.
Lui qui se nourrira des traditions de chacun de ces pays.
Du Cap Fréhel en Bretagne à Homs en Syrie en passant par Ter Maaleh en Libye, ce premier volume raconte donc la petite enfance de l'auteur.
Ses parents, grands-parents (aux antipodes les uns des autres), les rapports familiaux, les religions, l'école autant de sujets sensibles où  se mêlent, avec talent dans ce livre, humour et sensibilité.
Notre pays à bien changé  depuis la fin des années 70, mais que dire de la Libye et de la Syrie qui ne sont plus celles qu'à connut Sattouf dans sa plus tendre enfance et qu'il nous conte là.
L'arabe du futur, c'est lui, mais c'est nous aussi.
C'est ce monde qui nous entoure, son histoire, ses conflits.
Quoi de mieux pour nous l'expliquer que la bande dessinée et avec le regard d'un enfant.
Et puis il est original ce graphisme, et ces couleurs attribuées à un pays, un événement ou un objet.
J'ai repris l'avion avec Riad et ses parents, et comme lui, qui angoisse à l'idée de faire sa rentrée dans un pays où il n'est pas forcément bien accueilli par ceux de son âge, j'ai hâte de me poser dans le deuxième volume et de connaître la suite...

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Dans ce premier tome Riad Sattouf nous raconte les premières années de sa vie entre la Lybie, la Syrie et la France où il est né.
Cette autobiographie nous plonge dans l'Histoire de ces pays à travers les yeux d'un enfant, dans la vie quotidienne des habitants de ces contrées sous dictatures.
Avec sensibilité, intelligence et de l'humour parfois, l'auteur nous montre les différences de Culture, de modes de vie entre ces différents pays.
A travers ses leçons de vie, on note l'évolution du père et le changement qui commence à s'opérer en lui quand il rentre dans son pays d'origine.
Le début de cette série (1978-1984) est vraiment très intéressant, j'ai hâte de lire la suite.
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Avec 112 critiques sur Babelio, qu'est-ce qui n'a pas été dit sur cet album génial de Riad Sattouf, ce dessinateur mi-breton, mi-syrien qui a passé son enfance dans la Lybie de Khadafi et la Syrie d'Hafez Al-Assad ? Peu de chose assurément mais ce qui m'a particulièrement séduite c'est que l'auteur ait su retrouver le ton de l'enfance pour restituer ce que peut-être la vie dans ces deux pays durant les années 80.
Tour à tour drôle, émouvant, inquiétant, avec une fausse naïveté, cet album se lit autant comme une autobiographie drôle et touchante que comme le témoignage d'une époque et de pays dont on a beaucoup entendu parler, mais dont on ne sait presque rien.
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Né d'une mère Française et d'un père Syrien, tous deux étudiants à Paris, le petit Riad est trimbalé de Paris à Tripoli (Libye), puis de nouveau en France, avant que le père ne retourne au pays avec toute sa famille.
Le gamin y vit les contradictions de deux cultures, Européenne et Arabe, avec un père qui oscille entre les deux, cherchant à s'intégrer dans la première tout en légitimant beaucoup des excès de la seconde.
Une autobiographie en forme de BD
Le graphisme est simple, mais très expressif. Les textes sont percutants, ne cachant rien ou presque des vérités les plus dérangeantes.
Un bon moment de lecture, même pour quelqu'un comme moi qui n'est plus un fan de bande dessinée.
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L'Arabe du futur ou les pérégrinations d'un enfant mi-français mi-syrien entre la France et le Moyen Orient. le petit Riad, tout blond, né en France, fait un plongeon brutal dans le monde oriental, racines de son père. On ressent toute la tendresse éprouvée pour ce père perdu entre deux mondes, entre deux cultures. Il a été déçu par la France et sa rancoeur les transporte, lui et sa famille de la Libye à la Syrie en faisant un petit passage par la Bretagne. On sent cet homme fragile, déçu, l'instruction dont il attendait tant ne lui a pas permis de s'épanouir dans une Europe toujours raciste. Il quitte donc le pays pour enseigner d'abord en Libye puis en Syrie. le choc des cultures est immense pour sa famille, quant à lui, il se perd petit à petit sous l'influence de sa famille syrienne et flirte avec les prémices du religieux, lui qui était athée à son départ de France. On traverse les dictatures avec eux et en lisant, je me suis sentie presque aussi déracinée que le petit Riad, victime lui aussi, de par sa blondeur, du racisme ambiant envers la population juive. le père ne semble pas prendre en compte les émotions de sa famille, il est centré sur ses propres contradictions, quant à la mère, je l'ai sentie absente, évanescente, presque soumise, ce qui m'a beaucoup surpris également. On note néanmoins déjà l'acuité et l'intelligence de Riad qui note mentalement les contradictions de son père, et les différences entre la France et la Syrie semblent beaucoup le marquer. J'attends avec impatience de pouvoir lire les tomes 2 et 3 afin de savoir quelle expérience il en a tiré et l'influence que tout ceci a eu sur sa vie, à moins qu'il ne faille attendre pour cela un tome 4, aucune idée, et je ne veux pas savoir xD. En tout cas, cette BD pleine d'humour est riche d'enseignement pour une petite française comme moi qui n'a pas beaucoup voyagé (sauf à travers les livres) et je suis surprise de ma méconnaissance du monde Arabe, ce qui me pose la question de savoir si j'ai dormi pendant les cours d'histoire ou si, au contraire, on aurait omis de nous éduquer sur ce point? Je conseille fortement en tout cas.
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L'Arabe du Futur, largement plébiscité sur Babelio mérite vraiment l'engouement de ses lecteurs. Je vais donc rejoindre le choeur des panégyriques!
Le style graphique est très épuré, dessins à l'encre de chine avec des fonds de couleurs pures unies très criardes, du jaune, du bleu, du rouge qui changent en fonction des pérégrinations de la famille Sattouf. le ton est humoristique, assez décapant, du grand art dans le domaine de l'auto dérision, bref le tout est jubilatoire!
Quelle idée de génie de raconter l'histoire familiale à travers un regard enfantin, celui du jeune Riad Sattouf, une liberté de parole garantie et quelle fraîcheur dans ce point de vue enfantin à la fois naïf et pertinent à défaut d'être impertinent.
Il me tarde tout simplement de lire la suite de la saga familiale entre la France maternelle et la Syrie paternelle, le poids du dessin, le choc des cultures.
Nul doute que nous nous retrouvions tous un peu dans Riad Sattouf!
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