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EAN : 9782881942938
386 pages
Mon Village (01/11/2015)
3.5/5   2 notes
Résumé :
«C’est donc début mars 2007 vers six heures du matin (tôt pour moi), après ce qui n’était qu’un beau rêve, qu’une idée fixe poussée à l’obsession m’extirpa de mon lit douillet: partir à St-Jacques de Compostelle... »
Quinze jours plus tard, Pierre-Alain Savary est au Puy-en-Velay, point de départ classique de cet extraordinaire pèlerinage : 1600 kilomètres à travers la France et l’Espagne jusqu’à St-Jacques de Compostelle.
Ce Chemin de St-Jacques est u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'homme semble difficile à cerner : médecin, musicien baryton, pianiste et écrivain... Mais, qui est au juste Pierre-Alain Savary ? En dégustant les presque quatre-cents pages du récit de son pèlerinage depuis le Puy-en-Velay jusqu'au tombeau de l'apôtre, on saura presque tout de lui et pour cause !

Ce pèlerin atypique partage avec le lecteur ses états d'âme les plus intimes, y compris les moins avouables. Malgré ou grâce à cette franchise tout helvétique, son témoignage est l'un des meilleurs que j'ai lus depuis longtemps sur le Camino.

Abandonné par Christiane, son grand-amour, il part début mars du Puy sous la neige. D'emblée, outre les conditions climatiques, il affronte l'indifférence de la population locale, les agressions canines et la désertification des villages. Si on y ajoute que la moitié des hébergements ne lui convient pas faute de confort et que les hospitaliers lui apparaissent souvent dépressifs, voire hostiles, on se demande où il a trouvé la force de poursuivre malgré tout son chemin.

La réponse tient en trois mots : résilience, entêtement et foi. En effet, ce marcheur suisse a été abandonné par ses parents à l'âge de 4 ans et placé en orphelinat chez des soeurs de Fribourg, sa ville d'origine. A 11 ans, le voilà relégué par les autorités de l'époque (années 60) dans une famille paysanne qui l'exploite comme un esclave. Lorsqu'un beau jour les services sociaux viennent faire leur suivi de routine, il leur dit : « Emmenez-moi d'ici ou je vous jure que je me suicide ! ».

Grâce à l'empathie, exceptionnelle pour l'époque, des travailleurs sociaux, il trouvera une famille d'accueil qui lui permettra de devenir l'homme accompli que l'on connaît. Mais, les profondes blessures de son enfance ne se sont jamais complètement cicatrisées. D'où son aversion pour les dortoirs qui lui rappellent sa triste condition d'autrefois.

Et là apparaît une première incohérence du bonhomme : Monsieur veut sa chambre individuelle, mais sans vouloir y mettre le juste prix. Moralité, les hôteliers qui lui louent des chambres miteuses sont qualifiés par Sa Majesté le grand artiste-médecin de voleurs...

Entêtement. Malgré des pieds en lambeaux dès les premiers kilomètres et un moral plus bas que terre, il s'accroche à son but, trop fier pour s'avouer vaincu. Un orgueil qui le poussera à marcher 30 kilomètres par jours en France et quarante en Espagne, sans un seul jour de pause jusqu'à destination ! Un vrai chameau.

Heureusement, depuis qu'il a renoué avec le catholicisme, il puise son énergie et sa résilience dans l'amour de Dieu. En plus de chanter ses louanges en chemin, il prie régulièrement avec beaucoup d'assiduité sans s'en cacher aux yeux du lecteur.

A ce stade, je ne résiste pas à l'envie de partager deux passages emblématiques du personnage : « Ma solitude terrestre est largement compensée par son amour et peu importe de n'avoir aucune preuve de son Existence. » (p. 130) Une page plus loin on croit être revenu un siècle en arrière, au minimum : « La femme constitue un réel danger pour l'homme, tout au moins une entrave à son évolution. » (p. 131).

Mais, au risque de surprendre, j'ai adoré chaque page de ce récit un peu hors du commun tant l'auteur nous laisse pénétrer au plus profond de son être : « Ma vie n'aura été qu'incessantes poursuites d'espoirs rarement concrétisés et réalisés. »

Un témoignage d'une sincérité assez exceptionnelle d'un Helvète nanti confronté à tous ses démons : passé traumatisant, abandon, solitude, sociabilité relative, intolérance, avarice, vanité, regrets, démon de midi et j'en passe.

Mais, en fin de compte, une magnifique leçon de vie et de courage face à l'adversité d'un homme qui estime n'avoir rien à cacher mais tout à prouver. Un énième livre sur Compostelle à marquer d'une pierre blanche ; incontestablement.
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Pèlerinage ou chemin de croix ? Avec tous les inconvénients physiques vécus par Pierre-Alain Savary, il est légitime de se poser la question. Partir sur un "coup de tête" et sans préparation mentale ou physique contraint le marcheur à régler ses problèmes de blessures corporelles ou spirituelles au cours de son périple. Un journal tenu au jour le jour peut servir d'exutoire à la tristesse et aux déboires rencontrés. C'est ce journal que Pierre-Alain Savary partage avec les lecteurs, il y met vraiment tout ce qu'il a vécu au cours de son "Camino", sans filtres. Ce témoignage est centré sur ce que l'auteur a vécu, de sa perception du Dieu qui l'accompagne à chaque heure du jour et de la nuit. Mais je trouve qu'il parle peu des vraies rencontres et de l'esprit qui les anime.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
En ce moment, il ne m’est guère difficile de comprendre ceux qui mettent un terme à leur existence, une forte colère monte en moi. On voudrait nous faire croire que le suicide est condamné par Dieu. Tu parles d’une connerie. On n’a pas idée jusqu’où la souffrance peut aller. Seule liberté qu’ont les humains : dire NON, je rien peux plus, je ne veux plus de cette existence. Le suicide est un acte qualifié de lâche par les esprits limités, dépourvus de la plus petite compassion. Nulle autre alternative pour leurs auteurs. Je pense n’avoir jamais le courage d’y recourir. S’agit-il d’un choix, d’une liberté? Réfléchissez-y. Mon opposition à cet acte ne m’autorise pas à le |uger d’autant que je l’ai moi-même envisagé à plusieurs reprises. La liberté de choix, c’est aussi de dire OUI... je veux me battre.
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Toutes les phobies antérieures ayant réduit mon existence à quelque chose d’étriqué, s’estomperont une à une pour disparaître complètement et définitivement. Exemple, avant de partir, je craignais de dormir dans tout autre lit que le mien. En fait, à de rares exceptions près, j’ai passé d’excellentes nuits dans les gîtes, chambres d’hôtes, monastères, presbytères et autres lieux d’accueil. De plus, le fait de partager avec mes coreligionnaires les repas du soir réduira considérablement cette sensation de solitude, car la solitude n’est rien d’autre qu’une sensation. J’avais peur de tout, de la pluie, de la solitude, du froid, de l’accident, bref, tout était prétexte à inquiétudes. Ma confiance au Très-Haut devint telle et fut si efficace que je finis par ne plus craindre quoi que ce soit, me contentant dorénavant de croire simplement. Même la mort n’était considérée que comme une étape extraordinaire de ma route en direction de Celui dont je recherchais jour après jour, le contact absolu.
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Chemin faisant, pour des raisons qu’il m’est impossible de vous avouer, je constate une fois encore que Dieu est Amour et Tolérance. Il me pardonne sans condition mes faiblesses du jour, du moment, de l'instant. Il connaît tout de moi, ma fatigue, mon désespoir, ma solitude, ma souffrance... bref, tout ce qui existait avant et durant ce pèlerinage.
Ma solitude chronique est si intense que Sa compagnie invisible - mais très fortement ressentie surtout dans la prière et à l’occasion de miracles toujours opportuns - suffit à me permettre de poursuivre dans cette vie de misère. Durant mon périple, force est de constater qu’il opère une régression en mon for intérieur, nécessaire à mon renouveau.
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La nourriture espagnole constituera un réel handicap pour l’organisme en proie aux carences. Cela compromettra d’autant le déroulement et les chances de succès de ce qu’il faut bien qualifier de performance sportive. Prévention de crampes, tendinites, défenses contre l’infection, le froid et tant d’autres maladies passent par une bonne alimentation. De plus, le rituel du petit déjeuner n’existe pas en Espagne. Il ne sera donc pas rare que le pèlerin quitte l’hôtel au petit matin le ventre vide. De fait, ce qui servira à améliorer ma ligne contribuera à péjorer ma condition en Espagne.
A cela, il convient de dénoncer le peu d’hygiène des gîtes d’accueil dont les paillasses regorgent de punaises, lentes et autres parasites, sans omettre les classiques ronflements, rots, tirage des chasses d’eau de WC et autres bruits. De ce fait, le pèlerin prendra son départ au petit matin, chassé vers 7 heures tel un malpropre par les maîtres des lieux.
Fatigué à l’extrême, sa journée en sera d’autant compromise. Il est utile de dénoncer ces faits dans le seul but de procéder à l’amélioration globale de l’accueil. Cela facilitera la condition de ces humains dans leur noble quête de vérité. Ce sont des hommes et non des bœufs. Ils méritent respect et compassion.
Rappelez-vous, pèlerinage et non chemin de croix.
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Chemin faisant, réflexion et bilan prendront le pas dans mon esprit sur ce que fut la journée d’hier, sorte de mélange entre désespoir profond et prodigieuse avancée, à la découverte de qui je suis. Au finish : je me suis si bien enfui de moi-même que j’ai fini par me rattraper selon un effet boomerang.
Pourquoi craindre de se faire face et se voir tel que l’on est. Serait-ce le malaise lié à l’incompatibilité existant entre la géométrie variable de toute personnalité et la définition de ce que nous sommes à un instant précis qui nous rend si insaisissable ?
Créations et productions de tout un chacun concourent-elles à mieux nous définir et nous situer dans le temps et dans l’espace ? Que je suis fort et fragile en même temps. Fragile pour avoir très mal vécu ce face à face avec moi-même et fort pour m’en être, grâce à Dieu, sorti pas trop abîmé et surtout vivant (tout ce qui ne tue pas, rend plus fort).
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