Un ouvrage qui n'a pas pour ambition de révéler des scoops sur l'histoire du Minitel (!). On retrouve les différents épisodes assez connus de la chronologie : le rattrapage français en matière de téléphone, la découverte de la télématique, les premières expérimentations de l'annuaire électronique et des premiers services interactifs en Bretagne et en Ile-de-France, l'opposition de la presse à ce terminal qui allait menacer leur recettes publicitaires, le retournement de situation avec la bonne fortune des groupes de presse qui se seront engagés dans la télématique et les messageries roses...
Jusqu'à la fameuse question (non tranchée) : le Minitel a-t-il été une chance ou un boulet pour la France au moment du développement de l'Internet ?
A l'heure où certains parlent de minitélisation de l'Internet pour dénoncer les systèmes clos dans lesquels les géants du Net (Google, Amazon et Apple, toujours les mêmes) veulent nous enfermer, il est tout à fait pertinent de retracer cette épopée française avec le recul des deux auteurs. Cette aventure est en effet tout à fait exemplaire en terme d'innovation à grande échelle, sur le plan technique, mais également des usages et de la société, comme le rappelle
Dominique Wolton dans la postface : "En tous cas la mise à jour des différentes cultures télématiques qui s'installent à l'époque est plus riche que le libéralisme qui domine depuis, et qui ne parle que d'individualisme, d'interactions, et d'accès à des informations. Sans aucune autre réflexion critique. Comme si l'information pour tous échappait à toute capacité de réflexion critique...".